Le Rabbin Haïm TORJMAN
LE POUVOIR DE LA PAROLE
D. créa l’homme à partir de la poussière de la terre. Il lui insuffla dans ses narines une âme de vie et
l’homme devint ainsi une personne vivante.
Bérechit :
Le célèbre commentateur, Rachi, nous dit que la Torah vient nous apprendre -entre autres- qu’il a été
donné à l’homme la connaissance et le verbe.
En effet, la parole est l’articulation magique entre le corps et l’âme. Cette capacité d’établir un
dialogue lui permet de réaliser un lien social, de s’intéresser au monde qui l’entoure, à méditer sur
l’univers…
Pour ce faire, le Créateur nous a doté de cette faculté de parler. Cet instrument fabuleux nous permet
de communiquer avec le Maître de l’univers : il s’adresse à nous et nous nous adressons à Lui à travers
l’étude et la prière. D’ailleurs nos sages des Pirkei Avoth (Maximes de nos pères) enseignent au nom
de Rabbi Téradion : Deux personnes qui étudient la Torah, la présence divine est parmi eux. Le
Maharal déclare que, certes celui qui étudie seul, a le salaire de son étude, mais deux personnes qui
s’entretiennent de la Torah sont à même de faire venir la Chekhina la présence divine à leur côté.
La faculté de parler est un liant, elle permet d’établir des liens, des attaches, des rapprochements, des
ponts, des passerelles. Par contre, lorsque celle-ci est utilisée de façon dérogée, elle cause un rupture,
elle désunit, elle détruit.
Nous comprenons pourquoi, dans la Thora, celui qui avait fait du ערה ןושל du colportage, de la
médisance était mis en « quarantaine » isolé pendant 7 jours à l’issue de cette période d’isolement. Le
ןהכ devait dire un seul mot « pur » ou « impur ». Il comprenait alors la force et le pouvoir de la parole.
La parole est comme une harpe, nous enseigne le Rav Wolbe Z.L. La qualité sonore de cet instrument
ne dépend pas seulement des cordes mais également de l’encadrement, de la qualité du bois afin que la
caisse de résonance soit profonde. Le bois est passé au crible par le menuisier. Ainsi l’homme -comme
la harpe- sa parole et son être constituent une entité indissociable.
Contrairement à l’enfant qui balbutie n’a pas toute la conscience lorsqu’il commence à communiquer
avec le monde qui l’entoure. Par contre, l’homme qui a toute la maturité et le développement se doit
d’utiliser cet instrument avec précaution.
Le verbe constitue les molécules de la création « ושענ םימש ׳ה רבדב » « par la parole de D. les cieux se
sont constitués ».
Nous devons faire attention à cette arme redoutable qui peut construire, mais qui peut aussi détruire ou
ruiner des êtres, des vies.
Redonnons à la parole ses lettres de noblesse afin que les mots ne deviennent pas des maux.
Comme l’enseigne nos sages le Rempart de la Sagesse est le silence.
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ד׳סב