Pornographie talmudique
« Vos holocaustes, joignez-y vos excréments et mangez-le tout, je n’en veux pas »
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On ne pense pas par procuration.
Un enseignant est tenu de placer la Torah dans la bouche de ses élèves (Irouvin, 54b). Tenu de se taire,
de donner la parole à ses élèves. D’entendre sa propre parole (celle qu’il avait lui-même reçue en tant
qu’élève et qu’il a depuis fait sienne) dans la bouche de ses élèves, avant d’engager à la réflexion sur
l’enseignement en question (Avodah Zara, 19a ; voir aussi l’étude rapportée par D. Kanter sur
Nedarim, 81a pour la dimension collective de l’étude de la Torah).
C’est pourquoi s’il parle, lui seul, sans arrêt, son enseignement ressemble à de la masturbation
talmudique, ou biblique : il s’étend dans les plaisirs de sa propre compréhension, dans ses propres
approfondissements, expose ses doutes purement personnels, y répond, revient en arrière, hésite,
choisit un meilleur angle d’approche, et repart de plus belle.
Si chaque « élève » se régale dans sa propre tête, en poursuivrant en parallèle la même démarche, avec
des applications personnelles, nous avons une salle de branleurs qui se prend pour un Beit Hamidrach.
Si, autre variante, tout le monde se régale de la jouissance de l’enseignant, on baigne dans la
pornographie talmudique.
A l’opposé de ces immondices, il y a l’enseignement tel qu’il s’appréhende dans les trois guemarot
citées plus haut. Et le conseil du Ramban : lorsque tu fermes ton livre, réfléchis à la manière
d’appliquer ce que tu as appris.
La différence entre apprendre à l’université et étudier la Torah ne se résume pas à l’opposition : cursus
et somme de connaissance d’un côté face à construction de la personne de l’autre. Ces données
existent dans les deux enseignements. Mais en la matière (cursus, connaissances, construction) la
Torah exige et construit l’intériorité, l’intimité, là où l’université alterne projecteurs et bronzage.
La différence principale et la plus évidente est ailleurs : dans l’enseignement universitaire seul le prof.
parle, alors que pour la Torah, le maître doit se préoccuper de la répétition de l’élève.
Certes, la halakha exige la répétition de l’enseignement jusqu’à ce que l’élève ait compris, exigence
moindre (le faisons-nous toutefois ?!). L’enseignant n’est donc tenu de s’assurer, d’après la halakh’a,
« que » de la compréhension de l’élève. Mais les guemarot citées vont plus loin, et indiquent la voie à
suivre :le maître doit placer la Torah dans la bouche des élèves. Nous sommes à l’opposé de nombreux
enseignements qui sont de nos jours à notre disposition
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Verset inexistant mais inventé pour sa ressemblance avec d’autres versets en attendant des références précises.
2
On peut sans doute rapprocher cette régression dans l’enseignement juif à l’influence quasi monopolistique sur l’étude juive
en France de la pensée du Maharal à l’exclusion de celle du Rambam. Ici, nous nous contentons d’amorcer une réflexion plus
profonde qui nécessitera de plus longs développements. Et peut-être faut-il ici distinguer le Maharal lui-même de ses élèves
ou de ceux qui s’y réfèrent comme il est souhaitable de le faire pour le Rabbi de Loubavitch ou le Rav Kooq.
En tout cas, d’après le pr. Leibowitz, la sainteté (quedoucha) inhérente au peuple telle qu’on la trouve dans la pensée du
Maharal est a rapprocher de celle que Qorah’ invoque (Lettre au Rav Rabinovitch, éditions Keter, en hébreu,p.237). On est
proche de la kabbale qui expose les actions de Dieu sur le monde. Dieu s’appréhende par les catégories humaines : nous
connaissons ses agissements. Dieu, ses « actions » et sa sainteté sont à notre mesure. Cela revient à dire avec Qorah’ que
nous sommes les dépositaires de sa sainteté.
A l’opposé, Rambam focalise sur le culte que l’homme voue à Dieu et pousse à l’extrême l’élimination de tout
anthropomorphisme. Dieu n’est pas à mon service, je ne parle pas de ses « agissements » vers moi ou vers le monde, mais je
suis à son service.
Il en va de même pour l’étude et pour notre sujet : l’enseignement. La tâche est-elle taillée à la mesure du plaisir de
l’enseignant ou s’impose-t-elle à lui, inaccessible ?
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