Théorème de Burnside Florent Nacry 24 janvier 2015 Référence : Oraux X-E.N.S., Algèbre 2. Proposition. Soient n ∈ N? , A ∈ Mn (C). Si pour tout k ∈ N? , tr(Ak ) = 0, alors A est nilpotente. Démonstration. Raisonnons par l’absurde en supposant que A ne soit pas nilpotente. Notons λ1 , . . . , λr ses valeurs propres non nulles (r ∈ N? ) et distinctes deux à deux. Notons n1 , . . . , nr les multiplicités respectives de λ1 , . . . , λr dans le polynôme caractéristique de A. Il existe P ∈ GLn (C) telle que A = P −1 T P où T ∈ Mn (C) est triangulaire supérieure. Les éléments diagonaux de T sont les valeurs propres de T (celles-ci apparaissant autant de fois que leurs multiplicités dans le polynôme caractéristique de A). Pour tout k ∈ N? , on a Ak = P −1 T k P. Par passage à la trace, on obtient pour tout k ∈ N? tr(Ak ) = tr(T k ) = r X ni λki = 0. i=1 De ce fait, on a λ1 . . . λr η1 0 . . . . . .. . .. = .. . r r λ1 . . . λr ηr 0 (1) Observons tout de suite que l’on dispose de l’égalité λ1 . . . λr . .. det .. . = λ1 . . . λr det λr1 . . . λrr λ01 . . . λr−1 1 .. .. . . . 0 r−1 λr . . . λr Si r ≥ 2, on exploite le résultat sur les déterminants de Vandermonde pour obtenir λ01 . . . λr−1 1 Y . .. . det (λj − λi ) 6= 0. . . = 1≤i<j≤r 0 r−1 λr . . . λr 1 Si r = 1, ce même déterminant vaut 1 6= 0. Dans les deux cas, λ1 . . . λr . .. . . ∈ GLn (C). . r r λ1 . . . λr En combinant ceci avec (1), il vient n1 = . . . = nr = 0. Ceci est absurde et nous permet de conclure la preuve. Rappelons la notion d’exposant pour un groupe. Définition. Soit (G, ?) un groupe. S’il existe un entier n ∈ N? tel que pour tout x ∈ G, x . . ? x} = eG , | ? .{z n fois alors on dit que G est d’exposant fini. Si G est d’exposant fini, le plus petit entier naturel non nul ω(G) satisfaisant pour tout x ∈ G, x . . ? x} = eG , | ? .{z ω(G) fois est appelé exposant de G. Théorème. (Burnside) Soient n ∈ N? , G un sous-groupe de GLn (C). Alors, G est fini si et seulement si G est d’exposant fini. Démonstration. ⇒, Trivial. ⇐, Supposons que G soit d’exposant fini. Notons N l’exposant de G et Posons L = vectC G. Puisque L ⊂ Mn (C), L est de C-dimension finie (notée m) et évidemment, on a l’inégalité dimC L ≥ 1. Puisque G est une partie C-génératrice de L, elle contient une C-base de L. Choisissons M1 , . . . , Mm ∈ G tels que (M1 , . . . , Mm ) soit une C-base de L. Definissons une application f par f : G −→ Cm A 7−→ (tr(AM1 ), . . . , tr(AMm )). Fixons X, Y ∈ G tels que f (X) = f (Y ). On a pour tout i ∈ {1, . . . , m} tr(XMi ) = tr(Y Mi ). Via la C-linéarité de la trace, on a tout de suite, pour tout M ∈ L tr(XM ) = tr(Y M ). Posons D = XY −1 ∈ G. Montrons par récurrence que pour tout k ∈ N? , tr(Dk ) = n. Tout d’abord, remarquons que (2) et Y −1 ∈ G nous donnent tr(XY −1 ) = tr(Y Y −1 ) = n, 2 (2) ce qui permet d’initialiser la récurrence. Fixons k0 ∈ N? tel que tr(Dk0 ) = n. Puisque Y −1 Dk0 ∈ G, on a tr(Dk0 +1 ) = tr(DDkà ) = tr(X(Y −1 Dk0 )) = tr(Y Y −1 Dk0 ) = tr(Dk0 ) = n. Ceci termine la récurrence. Remarquons alors que pour tout k ∈ N? , on a k tr((D − In ) ) = tr( k X j=0 k X k k j k−j (−1) D ) = n (−1)j . j j=0 j ! ! Sans difficultés, on a pour tout k ∈ N? k X j=0 ! k (−1)j = 0. j On en déduit que pour tout k ∈ N? , tr((D − In )k ) = 0. Via notre lemme, D − In est nilpotente. Comme G est d’exposant fini N ≥ 1, on a pour tout g ∈ G, g N = In . Ainsi, X N − 1 ∈ C [X] est annulateur de tout , élément de G et donc tout élément de g est diagonalisable sur C. En particulier, D est diagonalisable sur C, de même que D − In . La matrice D − In est donc nilpotente et diagonalisable sur C, c’est donc la matrice nulle, i.e. D − In = 0. Ceci nous donne X = Y , i.e. f est injective. Constatons que l’on dispose de l’inclusion f (G) ⊂ {tr(A) : A ∈ G}m . L’ensemble {tr(A) : A ∈ G}m est fini (les valeurs propres des éléments de G sont incluses dans l’ensemble des racines N -ièmes de l’unité qui est fini). Donc, f (G) est un ensemble fini. En combinant ceci à l’injectivité de f , on a le fait que G est fini, ce qui termine la preuve. 3