PHARMACIE rielle et de la bandelette urinaire chez les patients traités, quelle que soit la molécule utilisée. Ces effets secondaires semblent aussi « doses-dépendants » et apparaissent donc après plusieurs cycles de traitement. Ils disparaissent aussi le plus souvent rapidement après l’arrêt du médicament responsable. Pourtant, des études montrent que le traitement antiangiogénique est d’autant plus efficace sur la tumeur que certains effets secondaires comme l’HTA se développent et les praticiens sont donc peu enclins à arrêter le traitement ; il est donc indispensable de surveiller ces effets secondaires, les traiter, comprendre leur physiopathologie et de n’arrêter le traitement qu’en cas de signes de gravité. L’HTA semble très fréquente (12 à 100% selon les études), aussi bien de novo que majorant une HTA connue (en moyenne de 20%) . La pression artérielle varie souvent en fonction du moment du cycle de traitement, elle augmente les jours ou semaines de traitement et rediminue pendant les périodes sans traitement. La pression artérielle doit donc être systématiquement mesurée au cours du traitement, au mieux en automesure à domicile pour adapter le traitement 52 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr antihypertenseur du patient au cycle de traitement. Les traitements classiques de l’HTA et en particulier les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 (ARA-2) sont le plus souvent efficaces pour traiter cette HTA et permettent de continuer le traitement antiangiogénique tout en contrôlant l’HTA. La fréquence de la protéinurie est mal connue car celle-ci n’est pas systématiquement recherchée et seuls les cas les plus graves, patients néphrotiques ou insuffisants rénaux, sont adressés aux néphrologues. La protéinurie est souvent associée à l’HTA et à des oedèmes des membres inférieurs plus ou moins importants. Seulement quelques biopsies rénales ont été réalisées, la plupart rapportant une Micro-Angiopathie Thrombotique (MAT) correspondant à des microthromboses dans les petits vaisseaux rénaux. Quelques cas de néphrites de type immunoallergiques, ont aussi été rapportés. Il est essentiel de rechercher cette protéinurie régulièrement par une simple bandelette urinaire et une éventuelle insuffisance rénale associée par une prise de sang évaluant le taux de créatinine. La biopsie rénale, même sur le rein unique, peut être indiquée pour apprécier l’étendue et la nature exacte des lésions et ainsi permettre de poursuivre ou non le traitement. Les traitements antiprotéinuriques comme les IEC ou les ARA2 peuvent être prescrits à la fois pour contrôler la pression artérielle mais aussi diminuer la protéinurie. La physiopathologie de ces effets secondaires reste mal connue et nécessite des études complémentaires. Pour les patients présentant un cancer du rein en particulier, la biopsie du rein restant d’où provient la protéinurie est délicate mais parfois indispensable. Le tableau clinique associant HTA, protéinurie et oedèmes des membres inférieurs ressemble à la situation de la femme enceinte prééclamptique et des similitudes de physiopathologie devraient permettre à la recherche de comprendre ce qu’il se passe sous antiangiogénique. Enfin, des articles récents laissent penser que les médicaments freinant la production ou l’action de l’angiotensine 2 pourraient diminuer la fréquence et l’agressivité de certains cancers dont le cancer du rein. En effet, l’angiotensine 2, hormone essentielle dans la régulation de la pression artérielle a aussi des effets prolifératifs, en particulier sur les cellules tumorales notamment du cancer du rein. Les IEC, les ARA2 ou les inhibiteurs de la rénine pourraient donc en plus de contrôler les effets secondaires des traitements antiangiogéniques, avoir un effet « adjuvant » sur le cancer. Des études sont en cours, notamment chez l’animal, pour essayer de montrer cet effet sur des tumeurs rénales. En résumé, le cancer du rein est dans un grand nombre de cas un cancer de découverte fortuite et facilement guéri par une chirurgie partielle ou totale. Cependant, quand la tumeur a métastasé ou est évoluée localement, un traitement complémentaire par médicaments antiangiogéniques peut être nécessaire pour freiner le développement des néovaisseaux tumoraux et la dissémination de la tumeur. Ces traitements nécessitent une surveillance, notamment de la pression artérielle et de la bandelette urinaire à la recherche de complications qui peuvent nécessiter un traitement complémentaire, ou d’arrêter le traitement antiangiogénique.