Les Objets Délicieux du Chocolat Planète Musée Chocolat ©Stéphanie ROUDIER
Sévigné qui confesse ne pas savoir vivre sans, écrit à sa fille le 11 février 1671, « mais
vous n’avez pas de chocolatière, j’y ai pensé mille fois, comment ferez-vous ? »
La préparation du chocolat réclame un long bouillonnement et une constante agitation du
liquide. Ces longs préparatifs, destinés à faire fondre toutes les parcelles du chocolat et à
faire mousser la boisson, sont à l’époque, souvent dévolus à des serviteurs noirs. Ils
impliquent, plus encore que pour la théière ou la cafetière, une matière solide comme
l’argent, garant de la chaleur.
Ce type de verseuse est muni d’un manche horizontal en bois précieux pour éviter de se
brûler les doigts.
Elancée, la chocolatière se distingue par son orifice placé au centre du couvercle
permettant le passage çà un bâtonnet nommé moussoir ou moulinet, avec lequel on agite
le mélange d’eau, de lait bouillant ou de pâte de chocolat.
La chocolatière est montée jusqu’au 19ième siècle sur un trépied lui
assurant stabilité et qui permet à un petit réchaud d’être glissé
dessous afin de garder le chocolat au chaud et d’éviter le dépôt de
graisse. L’apparition de la poudre de cacao soluble en 1828, inventée
par Van Houten fait disparaître cette obligation et les pieds
demeurent aujourd’hui pour des raisons esthétiques. Le bec verseur
situé très haut retenait les résidus de nombreuses épices composant la
recette du chocolat au 18ième.
Avec le moussoir, masse de buis à la tête ciselée, on bat le liquide pour obtenir un
chocolat mousseux, parfumé et chaud.
La préparation obtenue, le comble du raffinement était alors de la servir dans des tasses
appropriées permettant d’en développer l’arôme et de le maintenir à bonne
température.
LE SERVICE A CHOCOLAT : MANCERINAS, TREMBLEUSES ET TASSES A LA REINE
Les premiers ustensiles utilisés pour la fabrication du chocolat furent créés par les
aztèques qui buvaient le Xocoalt dans des coquilles de noix de coco, des demi-courges
séchées richement décorées. Le roi Moctezuma, quant à lui, buvait son chocolat dans une
tasse en or.
Il faut attendre le 17ième siècle pour voir apparaître des tasses adaptées à cette nouvelle
boisson à la mode, aux côtés des chocolatières. Leur usage est rapporté par la comtesse
D’AULNOY: « le chocolat est servi dans une tasse appropriée, soit haute et étroite à fond
épais, soit plus ouverte avec un fond qui s’incruste dans l’assiette »
Cette soucoupe stabilise la tasse et porte le nom de MANCERINA, venant du marquis de
Mancerina (1664) qui l’a conçue afin d’éviter les taches de chocolat sur les robes des
dames participant à ses fêtes galantes.
La soucoupe sert alors également à faire refroidir le chocolat trop brûlant. Il était
d’usage, lorsque la boisson était trop chaude, d’en verser un peu dans la soucoupe pour
qu’elle tiédisse, puis de la boire dans cette assiette.