Cœur et sport
Si l’on en croit le dictionnaire, le
mouvement peut se définir par l’action ou
la manière de se mouvoir, de déplacer le
corps, une partie du corps ; il se définit
encore par : “ensemble des gestes, des
déplacements du corps”.
Si on admet cette définition, il va de soi
que le mouvement repose avant tout sur la
contraction et la décontraction musculaire,
contraction qui dépend de l’énergie qui est
fournie aux muscles. Cette énergie, le
muscle la tire de substrats, essentiellement
les glucides et les lipides, prélevés in situ,
ou amenés par la circulation sanguine.
Cette circulation est constituée d’un
système de « tuyauterie » dans lequel une
« pompe », le cœur, envoie un débit qui
s’adapte en permanence au besoin de la
périphérie et en particulier des muscles. Le
cœur est ainsi un organe central au cours
de l’exercice musculaire, donc au sein du
mouvement et il est tout à fait logique que
notre observatoire s’intéresse à son
fonctionnement chez le sportif.
En cela, l’ODM colle à l’actualité puisque
récemment, les problèmes cardiologiques
chez le sportif ont été abondamment
médiatisés. La mort subite de sportifs
jeunes, footballeurs ou cyclistes a interpellé
le milieu sportif mais aussi les médecins
qui se sont posés un certain nombre de
questions : faillite de la prévention ?
Conséquences du dopage ? Déficit dans les
systèmes de prise en charge des urgences ?
Ainsi de nombreux congrès ont choisi le
thème « cœur et sport » fin 2005. En
novembre, c’est la Conférence Médicale
Interfédérale du Comité National
Olympique et Sportif Français qui a
consacré à ce sujet toute une demi-journée.
LETTRE D’INFORMATION (3 numéros par an) janvier 2006
N°17
L A L E T T R E
Editorial
Adaptations cardio-vasculaires à l’exercice musculaire :
F. Carré 1
L’électrocardiogramme de l’athlète : particularités
et limites : L. Corneloup 5
La mort subite du sportif:
L.Chevalier 8
Opinion : D. Rivière 10
Brèves 4
SOMMAIRE
Ces adaptations cardiovasculaires sont de deux
types :aiguës,dont le but est l’apport suffisant d’oxy-
gène aux muscles en activité et chroniques,en répon-
se à la pratique sportive répétée dont le but est
d’améliorer l’efficacité des réponses aiguës.Ces
adaptations cardio-vasculaires sont importantes à
connaître pour le médecin car d’une part leur pertur-
bation explique de nombreux symptômes d’effort
et car d’autre part les limites des adaptations chro-
niques avec la pathologie peut parfois être difficile
à préciser.
Les adaptations cardiovasculaires
aiguës
Le système cardio-vasculaire apporte l’O2aux
muscles actifs en mobilisant les réserves de sa fonc-
tion “ pompe”et en facilitant le transport et la redis-
tribution du débit sanguin.Les adaptations dépen-
Adaptations cardio-vasculaires
à l’exercice musculaire
Pour fonctionner durablement et de manière optimale,nos cellules réclament la présence d’oxygène.
Ce métabolisme aérobie est analysable et quantifiable par la mesure de la consommation d’oxygène
(VO2,l/min) qui au repos est voisine de 3,5 ml O2/min/kg.Cette valeur correspond à 1 MET,pour
metabolic equivalent task.Si au repos les muscles squelettiques ont une activité métabolique faible,
lors d’un exercice d’intensité maximale celle ci peut-être multipliée par 10.Les augmentations
d’apport en O2par le sang et d’extraction d’O2par le muscle permettent de répondre à cette demande
accrue.L’apport sanguin dépend surtout du débit cardiaque (DC,l/min) et de la vascularisation en
particulier locale ;l’extraction ou différence artério-veineuse en O2dépend de la qualité musculaire.
Le rôle des adaptations cardiovasculaires aux contraintes de l’exercice musculaire est donc majeur.
suite en page 10
ble circulatoire régulée de l’organisme.Elle est
égale au produit du DC par les résistances péri-
phériques (RP).Ses adaptations dépendent
donc des modifications de ces deux paramèt-
res.Malgré la baisse majeure des RP,l'impor-
tance de l'augmentation du DC et les phéno-
mènes de “balance circulatoire”entre les diffé-
rents organes expliquent l'élévation modérée
de la PA moyenne avec l’intensité de l’exerci-
ce.Comme la PA systolique (PAs) augmente
linéairement avec l'intensité de l'effort et la PA
diastolique (PAd) varie peu,la différentielle
(PAs - PAd) s‘élargit à l’exercice.
Des chiffres maximaux de PA « acceptables »
sont proposés (PAs 250 mm Hg et PAd
130 mmHg).Il faut en connaître les limites en
particulier chez le sujet sain et sportif.Si une
élévation de la PAd,malgré la difficulté de sa
mesure à l’exercice intense,est supérieure à
10 mm Hg, elle est sûrement anormale,les
valeurs limites de PAs sont plus discutables car
d’origine multifactorielle (âge,sexe,puissan-
ce développée,…).
Adaptations lors de la phase de récupération.
La récupération post-exercice est pas une phase
hémodynamiquement instable.D’où l’intérêt
d’une récupération active en particulier chez
les sédentaires et les patients porteurs d’une
pathologie cardiaque.Dés l’arrêt de l’effort,la
FC diminue par restauration immédiate du frein
vagal puis par levée retardée de l'action du
sympathique et des catécholamines. Le DC
retrouve plus lentement son niveau basal,car
le VES diminue plus lentement (retour veineux
grâce à la récupération active et action des caté-
cholamines). Les RP remontent lentement
jusqu’à leur niveau initial. La PAs s’abaisse
progressivement et retrouve sa valeur de repos
en moins de 6 minutes.Dans les heures qui
suivent l’exercice les chiffres tensionnels,du fait
de la persistance de la vasodilatation,restent
souvent inférieurs aux valeurs pré-effort.
Variations du schéma général des
adaptations cardio-vasculaires
Les adaptations cardio-vasculaires décrites précé-
demment varient selon les conditions de réali-
sation de l’exercice.Ces différences d’adapta-
tion sont importantes à connaître pour le méde-
cin du sport car elles aident à comprendre
certains symptômes et à conseiller une activi-
té physique adaptée à l’état de santé des patients.
Les effets d’une pathologie intercurrente et des
traitements pharmacologiques ne seront pas
abordés ici.
Caractéristiques de l’exercice
Exercice dynamique réalisé avec les mem-
bres supérieurs
L’importance de la masse musculaire mise en
jeu joue un rôle majeur dans les adaptations
dent des caractéristiques de l’exercice (type,
durée,intensité,environnement) et du sujet
(sexe,âge,niveau d’entraînement,pathologie).
Schéma général des adaptations
cardiovasculaires
Il est classique de décrire les adaptations obser-
vées chez un jeune adulte sédentaire sain lors
d’un exercice dynamique (vélo, course à
pied,…).progressivement maximal au niveau
de la mer.L’intensité est définie en pourcentage
de la VO2maximale (VO2max.) individuelle.
Le débit cardiaque et ses composantes
Le débit cardiaque (DC) augmente propor-
tionnellement avec l’intensité de l’exercice.Il
est important de retenir que chez tous les sujets
pour une élévation de la VO2de 1 litre/min le
DC augmente environ de 6 litres/min.Pour un
exercice d’intensité maximale,le DC plafonne,
le DC de repos (5 l/min) est multiplié par un
facteur 4 - 5 (DC maximal = 20 - 25 l/min).Le DC
maximal représente,chez les sédentaires sains,
le facteur limitant principal de la VO2max.
Le DC est la résultante du produit de la fréquen-
ce cardiaque (FC,bpm) par le volume d’éjec-
tion systolique (VES,ml).Ces deux composan-
tes évoluent différemment à l’exercice.
Au début de l’exercice la FC augmente vite puis,
au delà de 40-50 % de la VO2max.son éléva-
tion devient linéaire.L’accélération initiale de
la FC est surtout liée à la levée du frein vagal ;
les effets du système nerveux sympathique et
de l'adrénaline médullo-surrénalienne sont
retardés (50-60% de la VO2max.).La FC maxi-
male (FC max.) dépend essentiellement de
l’âge et peut être approximée par la formule
classique,FC max.= 220 - âge ± 10 bpm qui a
été établie sur ergocycle.Il existe cependant
des variations individuelles importantes et les
FC max.mesurées lors de la course à pied sont
souvent plus élevées.
Au repos,le VES en position couchée (100-
120 ml) est environ le double de celui observé
en position assise ou debout (60-80 ml) en posi-
tion couchée.Il augmente dès le début de l'exer-
cice puis plafonne pour une intensité voisine
de 40-50 % de la VO2max.Il est assez bien reflé-
té par le pouls d’O2(rapport VO2/FC). Le VES est
égal à la différence du volume de fin de dias-
tole (volume télédiastolique,VTD,ml) et du volu-
me de fin de systole (volume télésystolique,VTS,
ml).Le VTD qui augmente au début grâce au
retour veineux accru (action de la pompe
musculaire) et au meilleur remplissage diasto-
lique a tendance à diminuer l'effort maximal à
cause du raccourcissement du temps de dias-
tole et de la contrainte péricardique.Le VTS
diminue tout au long de l'effort grâce à l’aug-
mentation de la contractilité cardiaque (loi de
Frank et Starling et catécholamines)et à la bais-
se des résistances périphériques.Ainsi à l’exer-
cice,le cœur se remplit plus en diastole et se
vide mieux en systole ;les pressions ventricu-
laire et auriculaire gauches augmentent peu.
Les adaptations vasculaires
Elles varient selon les organes.Au niveau des
muscles squelettiques sollicités,la diminution
des résistances périphériques est graduée en
fonction de l’intensité de l’exercice.Ainsi tous
les capillaires ne sont pas dilatés simultané-
ment mais alternativement et le débit sanguin
musculaire n'atteint jamais ses capacités maxi-
males (300-400 ml/min/100g).Au repos le débit
musculaire représente 15% du DC et à l’effort
maximal 85 % !
Au niveau des organes inactifs,une vasocons-
triction générale est observée au début de l’ef-
fort.Quand l’exercice se prolonge,les adapta-
tions varient selon les organes.Le débit sanguin
diminue au niveau du tube digestif,foie,rate et
rein.Au niveau cutané,une vasodilatation succè-
de à la vasoconstriction initiale.Ces ajustements
circulatoires,on parle de “balance circulatoire”,
permettent d’assurer un apport suffisant de sang
aux muscles sollicités tout en maintenant une
pression sanguine de perfusion efficace et en
luttant contre la chaleur.
Certains organes ont des adaptations particuliè-
res qui peuvent en cas de pathologie associée
être dépassées.Au niveau de la circulation pulmo-
naire,les résistances pulmonaires baissent rela-
tivement moins que les résistances périphériques.
La pression artérielle (PA,mm Hg) moyenne dans
l’artère pulmonaire augmente proportionnelle-
ment plus que la PA systémique.Ainsi,à l’exer-
cice,le travail du ventricule droit est propor-
tionnellement supérieur à celui du ventricule
gauche.Au niveau de la circulation coronaire,
l’adaptation à la demande myocardique en O2
se fait par l'augmentation du débit,car l'extrac-
tion d'O2 est déjà presque maximale au repos.
Grâce à une vasodilatation importante,le débit
coronarien peut être multiplié par 4 à 5.Au niveau
cérébral,le débit sanguin reste stable en valeur
absolue tout au long de l'exercice,grâce à l’au-
torégulation circulatoire de cet organe.
Adaptations de la pression artérielle
La pression artérielle (PA) moyenne est la varia-
N° 17 - PAGE 2- LALETTRE DE L’OBSERVATOIRE DU MOUVEMENT
cardio-vasculaires.Lorsqu’un exercice est réali-
sé avec les bras,les composantes nerveuse et
catécholergique jouent un rôle majeur alors
que l’influence de la “pompe”musculaire est
relativement faible.À intensité d’exercice sous-
maximale égale,la FC est plus basse et les PA
systolique et diastolique sont plus élevées
lorsque l’exercice est réalisé avec les bras que
lorsqu’il est effectué avec les jambes.Pour un
exercice dynamique d’intensité maximale,les
valeurs de VO2,FC et DC sont d’autant plus
élevées que la masse musculaire sollicitée est
importante (tapis roulant > ergocycle > ergo-
mètre à bras).Les valeurs maximales de PA
varient peu.
Exercice statique et mixte.
Parfois aussi appelé isométrique,ce type d’exer-
cice sollicite des masses musculaires moins
importantes que les exercices dynamiques.Le
mouvement est réalisé à vitesse nulle (contrac-
tion musculaire constante sans modification de
longueur du muscle) contre une résistance fixe
et la ventilation est souvent restreinte.En réali-
té,les exercices statiques purs sont rares dans
la vie courante et sportive ;même les exercices
dits de “musculation”sont le plus souvent mixtes,
dynamique et statique.
Lors de ce type d’exercice la contrainte est dite
barométrique en opposition à la surcharge volu-
métrique de l’exercice dynamique.Les adap-
tations cardio-vasculaires dépendent de la masse
musculaire sollicitée,du pourcentage de la force
maximale volontaire (FMV,équivalent de la VO2
max.pour les exercices statiques) utilisée et du
temps de maintien de la contraction.Si l’inten-
sité est faible (< 20-40% FMV) et si l’exercice est
bref,la FC s’élève modérément,le VES ne varie
pas,le DC et la PA augmentent donc peu.Si
l’exercice est plus intense et surtout s’il est
prolongé (>1-2 minutes),le VES varie peu mais
la FC et surtout les RP augmentent.Ainsi,les
deux composantes de la PA augmentent beau-
coup sans élargissement de la différentielle.
Cette charge tensionelle est majorée par le bloca-
ge de la respiration (manœuvre de Valsalva).
Dans la circulation pulmonaire aussi les pres-
sions s’élèvent proportionnellement plus que
lors d’un exercice dynamique.L’effort purement
statique intense risque donc d’être mal toléré
par les “cardiaques”. Lors d’un exercice mixte,
statique et dynamique (aviron,cyclisme inten-
se ou en côte),les adaptations sont intermé-
diaires et la contrainte tensionnelle est atténuée.
Position de l’exercice
Lorsque l’exercice est réalisé en position
couchée,le volume sanguin séquestré dans les
membres inférieurs est plus faible qu’en posi-
tion assise ou debout.Le VTD est plus élevé,les
RP sont plus faibles,le VES est plus important
et la FC plus basse.
Intensité de l’exercice
Lors d’un exercice supra-maximal (> VO2max.),
comme le sprint court ou les sports explosifs,
c’est le métabolisme anaérobie qui est surtout
sollicité.Du fait de leur inertie,les variations de
la FC,du VES et du DC dépendent surtout de la
durée de l’exercice.Les modifications de la PA
dépendent de la part statique de l’exercice et
du type de ventilation qui l’accompagne.
Durée de l’exercice
Les adaptations varient aussi avec la durée de
l’exercice.Le rendement mécanique de l’exer-
cice musculaire est médiocre et plus de 75% de
l’énergie produite par la contraction musculaire
est dissipée en chaleur.Lors d'un exercice sous-
maximal constant et de courte durée (45 min.),
après une adaptation progressive liée à l’iner-
tie du système aérobie (3-4 min.) un état d'équi-
libre s'installe si l’intensité est inférieure au
« seuil » ventilatoire.Si l'effort se prolonge (> 30-
80 min.),l’élimination de la chaleur devient un
problème majeur.La déshydratation et la redis-
tribution du volume sanguin dans les plexus
veineux sous-cutanés entraînent une baisse du
volume plasmatique efficace donc du VES.Celle-
ci associée à la relative fatigue myocardique et
à la baisse de l’“efficacité”du geste explique le
phénomène de “dérive cardio-vasculaire”avec
élévation progressive de la FC qui compense la
baisse du VES et maintient le DC constant.La
PA moyenne se stabilise à un niveau inférieur
à celui du début d’effort.
Caractéristiques individuelles
L’âge
La sensibilité des récepteurs adrénergiques,la
compliance ventriculaire et surtout celle des
gros vaisseaux diminuent avec l’âge.A l'effort,
chez le sujet âgé la pente d’accroissement de la
relation DC-intensité de l'exercice s’aplatit.Les
valeurs maximales de la FC,du VES donc du DC
sont diminuées,ce qui ajouté à la baisse de la
masse musculaire explique la diminution de la
VO2max.avec l’âge.Au-delà de 45-50 ans,les pres-
sions dans la circulation pulmonaire déjà plus
élevées au repos augmentent beaucoup plus à
l’exercice que chez le sujet plus jeune.La PA
systolique augmente plus et plus vite.
Le sexe
Pour un exercice sous-maximal,à intensité égale,
la PA est plus basse et la FC plus élevée chez la
femme que chez l’homme. Ces différences
semblent dues aux réponses différentes des
systèmes sympathique et catécholergique dans
les deux sexes.
Caractéristiques environnementales
La météorologie
En ambiance chaude l’hypoperfusion splanch-
nique et la déshydratation augmentent.Si l’hu-
midité ambiante est importante,l’évaporation
de la sueur,donc l’élimination de la chaleur sont
limitées.Pour un niveau d‘effort donné la FC est
N° 17 - PAGE 3- LALETTRE DE L’OBSERVATOIRE DU MOUVEMENT
Brèves
Classification des Dysplasies et autres
cardiopathies du ventricule droit
Fontaine G,
Cardinale Tome XVI fév 2004, P 8
Guy Fontaine est un pionnier de l’électrophysiologie
cardiaque. Il a identifié en 1997 la D.A.V.D qu’il a isolé
du cadre des Tachycardies ventriculaires résistan-
tes du sujet jeune.
Il s’agit d’une maladie primitive du myocarde ( cardio-
myopathie ventriculaire droite arythmogène).
Cette article fait le point sur les différentes formes
de C.M.D.A.
À côté de la forme pure du DVDA avec sa traduction
électrique et ses lésions (remplacement fibroadi-
peux du myocarde de la paroi du ventricule droit)
d’autres formes sont évoquées.
- La D.V.D.A avec extension au ventricule gauche
- La forme non arythmogène.
- Syndrome de dissociation adipeuse du ventricule
droit.
- La D.V.D.A avec myocardite superposée.
- Tachycardie infundibulaire et extrasystoles béni-
gnes.
- Prolapsus valvulaire mitral.
- Maladie de Uhl
- Syndrome de Brugada
La plupart de ces atteintes myocardiques à traduc-
tion électrique peuvent être responsables d’une mort
subite chez des sujets jeunes lors de la pratique spor-
tive.
Cet article très documenté fait le point sur cette
pathologie du myocarde et insiste sur le rôle impor-
tant de l’ECG dans le bilan du cœur du sportif. (impor-
tante bibliographie).
ECG dans le diagnostic de la DVDA
Fontaine G,
Cardinal Tome XVI fév 2004, P 12
Le remplacement fibreux et adipeux du myocarde
du VD a une traduction électrique très caractéris-
tique.
- Inversion des ondes T
- Prolongation de la durée des QRS
- Ondes epsilon
- Potentiels tardifs
Ces éléments peuvent induire des troubles de la
conduction au niveau du VD ce qui explique les consé-
quences cliniques possibles.
Place de l’IRM cardiaque dans la DVDA.
Azarine Arshid,
Cardinale Tome XVI, Fév 2004 p 20
L’hypersignal de la paroi du ventricule droit est la
traduction de l’infiltration graisseuse myocardique.
L’IRM permet également de faire une étude fonc-
tionnelle de l’ensemble des cavités cardiaques en
particulier du VG.
Article très clair et précis apportant des éléments
objectifs important dans la connaissance de cette
pathologie.
L’étude échocardiographique (Ivana Vranic) appor-
te également des renseignements précis et indis-
cutables dans les formes frustres (même revue
p. 22).
plus élevée qu’en ambiance neutre pour
compenser la baisse du volume plasmatique.
Une déshydratation,même modeste,diminue la
performance en particulier myocardique.Dans
des cas extrêmes ou en cas de susceptibilité indi-
viduelle particulière,les phénomènes d’adap-
tation peuvent être dépassés et un collapsus
circulatoire (« coup de chaleur » peut survenir.
En ambiance froide,pour une intensité d'effort
donnée,la FC est plus basse et le VES plus élevé
qu’en ambiance neutre.
L’altitude
En altitude,FC et DC augmentent plus vite à l’ef-
fort.Les RP diminuent moins et la PA s’élève
plus.Si les valeurs maximales de ces paramè-
tres sont les mêmes qu’en plaine,la puissance
maximale de l’exercice et la VO2 max.sont dimi-
nuées.En très haute altitude (> 3500m),la FC
maximale peut être diminuée.Après acclima-
tation,pour des exercices d’intensité sous-maxi-
males ces différences s’amenuisent,mais le DC
maximal reste diminué à cause d’une baisse du
volume plasmatique et de la FC maximale.
Adaptations cardio-vasculaires
chroniques
L’entraînement physique améliore les adapta-
tions cardio-vasculaires à l’exercice.Des effets
bénéfiques sont observés dés qu’une activité
physique régulière est réalisée à raison de 3 séan-
ces hebdomadaires de 30-45 minutes avec une
intensité d’effort comprise entre 60-80% de la
VO2max.L’activité sympathique basale est dimi-
nuée et la sensibilité des récepteurs adréner-
giques est accrue.Ainsi au niveau cardiaque,le
remplissage diastolique et la vidange systolique
sont améliorés ,ce qui se traduit par une brady-
cardie et un VES augmenté au repos.
Malgré des variations individuelles liées en partie
au capital génétique,la VO2max.augmente en
moyenne de 20 à 30%,après un entraînement
suffisamment intense.Cette amélioration est liée
à des adaptations cardio-vasculaires et muscu-
laires.Chez le sportif de haut niveau d’entraî-
nement ( > 8-10 heures à plus de 60 % de la VO2
max.) une hypertrophie-dilatation harmonieu-
se des quatre cavités cardiaques (« cœur d’ath-
lète ») peut-être observée par l’échographie.
L’hypervascularisation musculaire anatomique
et fonctionnelle avec capacité de filtration
améliorée facilite l’apport d’O2aux muscles.
Chez le sportif,le DC maximal est plus élevé et
peut atteindre 30 à 40 l/min.Lors d'un exercice
dynamique progressivement croissant,sa FC
s’accélère moins vite.Sa FC maximale est géné-
ralement non modifiée,parfois un peu dimi-
nuée.Ainsi,si le sédentaire accroît son DC en
augmentant surtout sa FC, l’athlète majore
d’abord son VES,et « épargne » sa FC pour les
niveaux d'effort les plus élevés.Cette « hyper-
adaptation » est due aux modifications anato-
miques cardiaques,à l’augmentation du volu-
me sanguin (+20-25%),à l’efficacité accrue de
la pompe musculaire squelettique (hypertro-
phie et hypertonie musculaire) et à la meilleu-
re conductance vasculaire.Lors de la récupé-
ration,la baisse de la FC est plus rapide.
Régulations des adaptations
cardio-vasculaires
Les ajustements étroits de la circulation aux
besoins métaboliques de l’organisme au cours
de l’exercice restent incomplètement expliqués.
Lors d’un exercice dynamique,la demande en
oxygène est le stimulus majeur et c’est le main-
tien d’une PA efficace qui est le facteur de régu-
lation principal.Le DC et la balance vasodila-
tation/vasoconstriction sont donc au centre des
mécanismes de régulation.
Le système cardiovasculaire a une régulation
intrinsèque.Ainsi,la loi de Frank et Starling dit
que la force de contraction d’une fibre myocar-
dique est proportionnelle à son niveau d’éti-
rement.De même,au niveau vasculaire le degré
de dilatation dépend de la réponse endothé-
liale locale (libération de monoxyde d’azote,
NO,par exemple) aux contraintes pariétales
dues à l’élévation du débit sanguin.
La régulation extrinsèque des adaptations
cardiovasculaires est nerveuse et humorale.La
régulation nerveuse est double,centrale et
réflexe.Le système nerveux central est respon-
sable du recrutement des unités motrices
musculaires.Il initie les adaptations cardio-
vasculaires immédiates et détermine les modi-
fications du système nerveux autonome sur le
cœur et les vaisseaux.Les centres de régulation
cardiovasculaires qui sont en permanence
renseignés sur le niveau d‘activité musculaire
répondent par des mécanismes réflexes afin
d’adapter l’apport d’O2aux besoins.Les infor-
mations issues des récepteurs mécaniques et
métaboliques musculaires et articulaires sont
acheminées aux centres par des fibres nerveu-
ses afférentes et renseignent sur le type et l'in-
tensité de l'exercice.Les voies efférentes sont
essentiellement les fibres sympathiques.La régu-
lation humorale aussi est double,générale par
l'intermédiaire des catécholamines et loco-
régionale grâce à l'action de métabolites muscu-
laires (ADP,protons) et endothéliaux (NO).
Lors des exercices statiques,le pourcentage de
FMV mis en jeu est le stimulus principal.Les
adaptations dépendent de la levée du frein vagal
et de l’activation du sympathique par les chémo-
réflexes (ischémie musculaire).
FrançoisCarré
Explorations Fonctionnelles -
francois.car[email protected]
Université Rennes 1 - Hôpital Pontchaillou
N° 17 - PAGE 4- LALETTRE DE L’OBSERVATOIRE DU MOUVEMENT
L’électrocardiogramme de l’athlète :
particularités et limites
L’électrocardiogramme (ECG) de repos tient une place essentielle dans le bilan médical
d’aptitude au sport de compétition.
Cette bradycardie peut également favoriser
une activation ectopique.Des ondes P négati-
ves dans les dérivations D2,D3,aVF suivies de
QRS fins évoquent un rythme du sinus coro-
naire.Si la forme de l’onde P varie sur une
même dérivation électrocardiographique,on
parle d’un « pacemaker vagabond » (ou
« wandering pace-maker » pour les anglo-
saxons).Des complexes QRS fins non précé-
dés d’ondes P correspondent à un rythme jonc-
tionnel (fig.1).Enfin,des complexes QRS larges
non précédés d’ondes P signent un rythme
idioventriculaire.
Fig.1 :Alternance rythme sinusal et
échappement jonctionnel chez un cycliste
professionnel
Ces aspects disparaissent rapidement à l’effort,
ce qui témoigne de leur bénignité.
On peut constater également l’existence d’ex-
trasystoles supraventriculaires isolées,asymp-
tomatiques.Elles disparaissent à l’effort et sont
considérées comme bénignes.
Onde P
L’élargissement et l’augmentation d’amplitu-
de des ondes P ne sont pas significativement
plus fréquents chez les jeunes sportifs que chez
les sédentaires du même âge.Par contre,chez
les coureurs de grand fond et les sportifs plus
âgés,on retrouve souvent des critères d’hy-
pertrophie auriculaire droite (voltage des ondes
P > 2,5 mV) et gauche (élargissement des ondes
P avec un aspect en double bosse).Ces parti-
cularités électriques sont probablement en
rapport avec la dilatation du massif auriculai-
re fréquemment observée en échocardiogra-
phie chez ce type de sujets.
Conduction auriculo-ventriculaire
La conduction auriculoventriculaire correspond
à l’intervalle de temps séparant l’activation auri-
culaire de l’activation ventriculaire et est mesu-
rée sur l’ECG par l’intervalle PR.
De par sa simplicité de réalisation et son coût
modique,cet examen est couramment utilisé
en consultation,permettant d’orienter les athlè-
tes ayant des tracés pathologiques vers un
bilan cardiologique complémentaire (épreu-
ve d’effort,imagerie cardiaque,explorations
rythmologiques…).Sa réalisation est notam-
ment obligatoire depuis avril 2000 pour les
sportifs inscrits sur les listes de haut niveau
par leur fédération.
Si l’ECG de repos est banal chez 50 à 55 % des
sportifs,la pratique intensive et régulière d’un
sport peut induire des modifications électro-
cardiographiques significatives.Celles-ci n’ap-
paraissent que chez des athlètes ayant un haut
niveau d’entraînement avec au moins 8 à 10
heures hebdomadaires à une intensité dépas-
sant le seuil ventilatoire,soit au moins 70 à 75 %
de la fréquence cardiaque maximale indivi-
duelle.
Il faut,bien sûr,éviter de déclarer inapte un athlè-
te,avec toutes les conséquences qui en décou-
lent,devant des particularités ECG secondaires
à la pratique sportive.A l’opposé,il existe,le
risque de passer à côté d’une cardiopathie
menaçant le sportif en attribuant trop facile-
ment des anomalies ECG à l’entraînement.Or,
la mort subite du sportif est,dans plus de 90 %
des cas,d’origine cardiovasculaire…
L’ECG de l’athlète :
particularités
Rythme cardiaque
Une bradycardie est fréquente bien que
souvent modérée (seuls 2 % des sportifs ont
une bradycardie inférieure à 40 batte-
ments/min).Elle est essentiellement observée
chez les athlètes pratiquant un sport d’endu-
rance.Cette bradycardie est principalement
liée à une modification de la balance auto-
nomique avec une hypervagotonie et une hypo-
sympaticotonie.Corrélée avec le niveau d’en-
traînement,elle peut être importante,avec
parfois des valeurs inférieures à 30/min au
repos. Il s’agit,le plus souvent,d’une brady-
cardie sinusale,avec une onde P positive qui
précède un complexe QRS.Malgré cette brady-
cardie de repos,la fréquence cardiaque suit
les variations physiologiques du rythme nycthé-
méral avec une majoration de la bradycardie
la nuit et des accélérations normales en pério-
de de stress,en particulier lors des exercices
physiques.
Fig.2 : Bradycardie sinusale à 37/min avec un
BAV du premier degré (durée de PR à 320 ms)
chez un marathonien.
Elle est plus fréquemment ralentie chez les
sujets pratiquant assidûment des sports d’en-
durance que chez les sédentaires.Ces modifi-
cations,observées chez les sportifs au repos
(fig.2),peuvent correspondre à un bloc auri-
culo-ventriculaire (BAV) du premier degré
(durée de PR > 0,20 secondes) voire à un BAV
du second degré de type Mobitz 1,encore appe-
lé type Lucciani Wenckebach (allongement
progressif de l’intervalle PR jusqu’au blocage
d’une onde P,c’est-à-dire une onde P isolée
non suivie de complexe QRS).Ces aspects
disparaissent à l’effort.
Complexe QRS
La conduction intraventriculaire correspond
au temps de dépolarisation des ventricules et
est mesurée par la durée des complexes QRS.
Le bloc de branche droit incomplet (durée de
QRS entre 0,10 et 0,11 secondes avec aspect
RSR’dans les dérivations V1 ±V2 et une onde S
profonde dans les dérivations D1 et aVL) est
plus fréquent chez les sujets sportifs,et parti-
culièrement chez ceux pratiquant des sports
d’endurance.
Les critères électriques habituels d’hypertrophie
ventriculaire droite ou gauche (tels que l’indi-
ce de Sokolow :amplitude de S en V1 + ampli-
tude de R en V5 ou V6) sont peu sensibles et peu
spécifiques chez le sédentaire et encore moins
chez le sportif.En cas de signe ECG en faveur
d’une hypertrophie ventriculaire gauche,il faut
toujours demander un bilan complémentaire
avec une échocardiographie avant de se pronon-
cer sur l’aptitude sportive de l’athlète.
Repolarisation
L’intervalle QT peut être allongé chez certains
sportifs présentant une bradycardie secondai-
re à leur entraînement aérobie.Pour pouvoir
comparer cet intervalle aux valeurs considé-
rées comme normales,il existe des formules
tenant compte de la fréquence cardiaque pour
calculer le QT corrigé (QTc).Cependant,ces
formules ne sont pas exactes en cas de brady-
cardie inférieure à 55/min.En pratique,on peut
retenir que la valeur moyenne de QTc accep-
tée chez le sportif est de 420 ms avec une valeur
extrême de 470 ms.Au-delà de ces chiffres,un
bilan spécialisé sera nécessaire.
N° 17 - PAGE 5- LALETTRE DE L’OBSERVATOIRE DU MOUVEMENT
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