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Effets à court et à long termes des
probiotiques administrés dès le plus
jeune âge
Hania Szajewska
Introduction
L’administration précoce de probiotiques pose la double question
du timing et de la durée. En effet, ces apports sont souvent fournis dès
la petite enfance, voire à la naissance, lorsque le microbiote intestinal n’est pas entièrement établi et l’administration quotidienne de ces
produits se fait souvent sur une longue période (plusieurs semaines
ou plusieurs mois). Dans le cas des nourrissons non allaités, les probiotiques peuvent être fournis sous la forme d’une préparation pour nourrissons qui pourrait être la seule source d’alimentation sur une période
prolongée. Enfin, le fait que des effets bénéfiques mais également des
effets néfastes soient observés plusieurs années après l’administration
de probiotiques durant les premiers mois de la vie, fait craindre la survenue d’autres effets à long terme. .
Les probiotiques chez les enfants prématurés
Les conséquences d’une colonisation anormale de l’intestin pour
la santé des prématurés ne sont pas connues. Cependant, elle pourrait
favoriser une vulnérabilité accrue aux infections et le développement
de l’entérocolite nécrosante (NEC).
Un certain nombre de revues systématiques, avec ou sans métaanalyse, ont examiné les données sur les effets de l’administration
entérale de probiotiques sur les risques de NEC et la mortalité chez
les prématurés. Parmi ces travaux, le plus récent est la méta-analyse
actualisée de Deshpande et al. [1] (date de recherche: mars 2009) qui
a identifié 11 études randomisées et contrôlées sur 2176 enfants prématurés. Comparés au groupe témoin, les nouveau-nés prématurés du
groupe probiotique présentaient des risques moindres de NEC et de
toutes les causes de mortalité, mais il n’y avait pas de différence entre
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Tableau 1. Arguments pour et contre le regroupement des données
obtenues pour différents probiotiques
Arguments pour
Arguments contre
Le regroupement des données permet: •
•
d’augmenter la taille de
l’échantillon et la puissance de
•
l’étude
•
d’établir s’il existe un effet
•
de déterminer dans quel sens est
cet effet
•
de déterminer l’ampleur de l’effet
(et son IC à 95%)
•
d’évaluer la reproductibilité de
l’effet dans les différentes études
•
d’identifier le(s) probiotique(s)
•
le(s) plus prometteur(s) et
de décider s’il est nécessaire
d’approfondir les recherches sur
ce(s) probiotique(s)
Une complémentation avec
des probiotiques n’est pas un
traitement homogène
Le regroupement de données
obtenues pour différents
genres, espèces, souches et
doses de probiotiques, chez
des populations différentes,
présentant probablement des
microbiotes intestinaux natifs
différents, devrait conduire à des
conclusions erronées
Le risque est que les résultats
soient extrapolés, à tort, à
différents probiotiques et
différentes populations
les groupes concernant le risque de septicémie. Le problème principal
concernant cette méta-analyse, comme beaucoup d’autres méta-analyses dans le domaine des probiotiques, est de savoir s’il est pertinent
de regrouper les données obtenues pour différents microorganismes.
Les arguments pour et contre ce regroupement sont présentés dans
le tableau 1. Cette méta-analyse doit-elle modifier notre pratique?
Récemment, le Comité nutritionnel de la Société Européenne de Gastroentérologie Pédiatrique, d’Hépatologie et de Nutrition (ESPGHAN) a
conclu que les données actuellement disponibles ne permettent pas de
recommander l’utilisation systématique de probiotiques comme compléments alimentaires chez les nourrissons prématurés pour prévenir la NEC. Ce comité a également recommandé que chaque souche
de probiotique et chaque association potentielle soient caractérisées
séparément pour chaque produit [2]. Dans les régions où l’incidence
de la NEC est élevée, on peut envisager l’utilisation de probiotiques
– seuls ou en association. Cependant, il faut prendre soin de choisir
ceux qui sont les mieux étudiés, les plus efficaces et les plus sûrs [3].
Les probiotiques dans les laits infantiles
Récemment, le Comité nutritionnel de la ESPGHAN a examiné de
manière systématique les données relatives à la sécurité et aux effets
sur la santé de l’administration de lait infantiles complémentés avec
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des probiotiques [4]. Ce comité a conclu que les données scientifiques
disponibles permettent de penser que l’administration de laits infantiles complémentés en probiotiques chez le nourrisson en bonne santé
est sûre en ce qui concerne la croissance et ne présente pas d’effets
indésirables. L’administration de laits 1er âge ou 2e âge complémentés
en probiotiques au-delà de la petite enfance semble être associée à certains bénéfices cliniques, comme la réduction du risque d’infections
gastro-intestinales non spécifiques, la réduction des risques liés à
l’utilisation d’antibiotiques et une fréquence plus faible des coliques
et/ou de l’irritabilité. Cependant, la qualité méthodologique, les probiotiques spécifiques étudiés, la durée des interventions et les doses
utilisées varient d’une étude à l’autre. C’est pourquoi le comité a indiqué qu’il y avait encore trop d’incertitudes pour tirer des conclusions
fiables à partir des données disponibles. De manière générale, les données sur les effets à long terme de l’administration de laits infantiles
complémentés en probiotiques sont insuffisantes.
Conclusions
Le concept de manipulation du microbiote intestinal par
l’administration de probiotiques en début de vie pour réduire les risques et prévenir ou traiter certaines maladies, même celles qui se manifesteront plus tard dans la vie, est séduisant. Cependant, une approche
prudente est nécessaire et les conséquences à long terme d’une telle
administration doivent être analysées en détail. Aujourd’hui, les questions restent plus nombreuses que les réponses. Des progrès rapides
dans ce domaine de recherche sont donc nécessaires.
Bibliographie
1
2
3
4
Deshpande G, Rao S, Patole S, et al: Updated meta-analysis of probiotics for preventing necrotizing enterocolitis in preterm neonates. Pediatrics
2010;125:921–930.
Agostoni C, Buonocore G, Carnielli VP, et al, ESPGHAN Committee on
Nutrition: Enteral nutrient supply for preterm infants: commentary from the
European Society of Paediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition
Committee on Nutrition. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2010;50:85–91.
Tarnow-Mordi W, Wilkinson D, Trivedi A, et al: Re: ESPGHAN commentary
and education that probiotics substantially reduce all-cause mortality and
necrotizing enterocolitis in preterm infants. J Pediatr Gastroenterol Nutr
2010;50:694, réponse de l’auteur 694–695.
ESPGHAN Committee on Nutrition: Supplementation of infant formula
with probiotics and/or prebiotics: a systematic review and comment by the
ESPGHAN Committee on Nutrition. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2010, sous
presse.
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