Page 183 Mise au point en médecine cardiovasculaire L’amylose cardiaque à transthyrétine (TTR) Frederick L. Ruberg, MD ; John L. Berk, MD de l’ordre de 2 500 nouveaux cas par an,7 dont près de la moitié comporterait une participation cardiaque.8–10 En l’absence de traitement, le pronostic de l’amylose AL est sombre, la survie médiane après diagnostic étant inférieure à un an lorsqu’il existe des symptômes d’insuffisance cardiaque.8 Contrairement à l’amylose cardiaque de type AL, la cardiomyopathie amyloïde à transthyrétine est d’évolution lente et cliniquement bien tolérée, de sorte que le diagnostic n’est souvent porté qu’en présence d’un important épaississement des parois ventriculaires, d’une dysfonction diastolique majeure et de troubles de la conduction. Non traités, les patients atteints d’amylose cardiaque à transthyrétine peuvent vivre des années, voire plusieurs décennies. L’amylose secondaire ou de type AA résulte du plissement incorrect de l’amyloïde A, un marqueur sérique de phase aiguë de l’inflammation chronique. Les examens échocardiographiques pratiqués dans trois études chez, respectivement, 48, 30 et 224 patients atteints d’amylose AA ont mis en évidence des signes caractéristiques de cardiomyopathie amyloïde chez seulement 1,3 % des sujets de la cohorte totale, une insuffisance cardiaque congestive avérée ayant été observée chez moins de 1 % d’entre eux.1–13 Bien que des signes histologiques d’amyloïde cardiaque soient présents chez 30 % des patients finlandais atteints de polyarthrite rhumatoïde, l’insuffisance cardiaque est rare au sein de cette population.14 Ces données montrent que le myocarde et les voies de conduction ne sont que rarement le siège de dépôts d’amyloïde AA ayant un retentissement clinique significatif et que l’infiltration des artères coronaires est peu fréquente.15 La TTR, autrefois appelée préalbumine, est une protéine de transport de 56 kDa, constituée de 127 acides aminés et qui est principalement exprimée par le foie. Normalement, la TTR circule sous la forme d’un homotétramère, mais, sous l’effet de mutations génétiques ou du vieillissement, les tétramères peuvent se scinder en monomères dont l’assemblage incorrect aboutit à la formation de fibrilles amyloïdes.16 Comme il existe deux formes d’amyloses à TTR (l’une liée à l’âge, encore appelée amylose sénile [TTR de type sauvage], et l’autre ayant un caractère familial [TTR mutée]), nous comparerons ici l’épidémiologie, la pathogenèse, le diagnostic et le traitement de l’ASS et de la cardiomyopathie amyloïde familiale. es amyloses systémiques forment un groupe d’affections secondaires à des erreurs de plissement ou d’assemblage de diverses protéines. Le dépôt extracellulaire de ces protéines sous forme de feuillets anti-parallèles β-plissés, solubles ou insolubles, perturbe le fonctionnement des organes vitaux.1 Plus de 27 pré-protéines différentes sont à même de constituer des fibrilles amyloïdes.2 A chacune de ces pré-protéines dont le plissement anormal donne naissance à des fibrilles amyloïdes correspondent un type d’amyloïde et une évolution clinique particulière de la maladie. Plusieurs variétés d’amyloïdes peuvent infiltrer le cœur, provoquant une dysfonction diastolique et systolique progressive, une insuffisance cardiaque congestive et le décès du patient. Le traitement de l’amylose cardiaque est conditionné par le type d’amyloïde en cause et par l’importance des dépôts. Un dépistage précoce et un étiquetage précis sont donc deux éléments essentiels.3 Le diagnostic de l’amylose repose sur l’identification histologique des dépôts amyloïdes. Le rouge Congo les colore en rose saumoné en microscopie optique, alors qu’en lumière polarisée ils présentent une biréfringence vert pomme caractéristique (Figure 1). L’application d’une coloration immunohistochimique spécifique des pré-protéines permet d’établir à quel type appartient l’amyloïde (Figure 2).4 Ce sont toutefois la microscopie électronique avec immunomarquage à l’or colloïdal et la spectrométrie de masse qui font preuve des meilleures sensibilité et spécificité en matière de typage des amyloïdes.5,6 Deux types d’amyloïdes infiltrent couramment le cœur : (1) la protéine constituée d’une chaîne légère d’immunoglobuline (amyloïde AL ou systémique primitive) et (2) la protéine appelée transthyrétine (TTR). Les amyloses à transthyrétine se répartissent elles-mêmes en deux variétés : une forme familiale résultant du plissement incorrect d’une TTR ayant subi une mutation (cardiomyopathie amyloïde familiale ou polyneuropathie amyloïde familiale [PAF]) et une forme sporadique, d’origine non génétique, provoquée par l’agrégation anormale d’une transthyrétine de type sauvage (amylose systémique sénile [ASS]). Une amylose cardiaque peut également être causée par d’autres pré-protéines telles que l’apolipoprotéine A1, mais il s’agit d’une forme dont la prévalence est faible et qui sort du cadre de cette mise au point.3 En revanche, l’incidence de l’amylose AL est estimée L Amyloid Treatment and Research Program (F.L.R., J.L.B.) et département de médecine cardiovasculaire (F.L.R.), faculté de Médecine de l’université de Boston et Centre médical de Boston, Boston Massachusetts, Etats-Unis. Le supplément de données, uniquement disponible en ligne, peut être consulté, tout comme cet article, sur le site : http://circ.ahajournals.org/lookup/suppl/ doi:10.1161/CIRCULATIONAHA.111.078915/-/DC1. Correspondance : Frederick L. Ruberg, MD, Section of Cardiovascular Medicine, Department of Medicine, Boston Medical Center, 88 E Newton St, Boston, MA 02118, Etats-Unis. E-mail : [email protected] (Traduit de l’anglais : Transthyretin (TTR) Cardiac Amyloidosis. Circulation. 2012;126:1286–1300.) © 2012 American Heart Association, Inc. Circulation est disponible sur le site http://circ.ahajournals.org 183 12:48:15:04:13 Page 183 Page 184 184 Circulation Mai 2013 Figure 1. Coloration au rouge Congo du tissu myocardique d’un patient atteint d’une cardiomyopathie amyloïde. A, aspect en microscopie optique ; B, aspect en microscopie en lumière polarisée, grossissement × 400. Figure 2. Cardiomyopathie amyloïde à transthyrétine étudiée par coloration immunohistochimique. Des échantillons biopsiques endomyocardiques ont été colorés au moyen d’anticorps respectivement dirigés contre (A) la chaîne légère kappa, (B) la chaîne légère lambda, (C) l’amyloïde sérique A et (D) l’amyloïde de la transthyrétine. Aspects microscopiques en lumière vive à grossissement × 400. Epidémiologie Amylose liée à l’âge ou ASS L’amylose cardiaque liée à l’âge fut décrite pour la première fois par Soyka en 1876,17 cela ayant été suivi de la publication d’un grand nombre d’observations cliniques et de petites séries de cas au cours des cent années ultérieures. En 1965, Pomerance a estimé que la prévalence de l’amylose cardiaque sénile était d’environ 10 % parmi la population âgée de plus de 80 ans et de 50 % chez les individus de plus de 90 ans.18 Les autopsies pratiquées chez 85 patients consécutifs âgés de 80 ans ou plus ont mis en évidence des dépôts amyloïdes prenant la coloration immunohistochimique de la préalbumine (TTR) au niveau des oreillettes ou du ventricule gauche de 21 de ces sujets, ce qui situe à 25 % la prévalence de l’amylose à TTR 12:48:15:04:13 Page 184 liée à l’âge dans cette population âgée.19 Un examen plus approfondi a toutefois révélé que seulement les deux tiers des cœurs qui avaient pris la coloration de la TTR étaient le siège d’infiltrats ventriculaires gauches, décrits comme « minimes et très disséminés » dans plus de 50 % des cas. Ces observations tendent à indiquer que l’amylose cardiaque à TTR n’a de traduction histologique notable que chez 8 à 16 % des individus de plus de 80 ans. Une étude prospective menée chez des octogénaires finlandais (Vantaa 85+) a également objectivé la présence de dépôts d’amyloïde de type TTR dans 25 % des cœurs sur un total de 256 autopsies.20 Là encore, des infiltrats cardiaques modérés à sévères n’ont été relevés que chez seulement 5,5 % des sujets autopsiés. La prévalence de l’ASS augmente incontestablement avec l’avancée en âge, la quasi-totalité des patients étant âgés de Page 185 Ruberg et Berk plus de 60 ans lorsque le diagnostic de l’affection est porté. Cette dernière présente une très forte spécificité sexuelle, frappant environ 25 à 50 hommes pour une femme.21 Bien que les investigateurs de l’étude finlandaise post-mortem n’aient pas signalé de prédominance masculine des dépôts amyloïdes, les colorations générées par ces derniers ont été plus marquées (témoignant donc d’ASS plus sévères) chez les hommes que chez les femmes. Par des mécanismes de vieillissement encore mal cernés, l’agrégation et l’accumulation cardiaque de TTR génétiquement normale augmente avec le temps. Les données post-mortem tendent à montrer que les dépôts de TTR de type sauvage, bien que mis en évidence par l’examen histologique dans 25 à 30 % des tissus myocardiques de septuagénaires et d’octogénaires, induisent une dysfonction cardiaque chez un pourcentage plus faible mais néanmoins significatif de sujets âgés. Compte tenu de l’augmentation attendue du nombre d’octogénaires au cours des vingt prochaines années, l’ASS semble appelée à devenir la forme d’amylose cardiaque la plus courante. Cardiomyopathie amyloïde familiale Le gène de la TTR siège sur le chromosome 18q12.1 et s’étend sur 4 exons et 5 introns. Il existe plus d’une centaine de polymorphismes mononucléotidiques codant pour des variants de cette protéine, 80 mutations pathogènes ayant d’ores et déjà été identifiées.22 Ces mutations tendent à s’agréger par zones géographiques ou groupements ethniques et sont transmises sur le mode autosomique dominant. Le phénotype clinique des amyloses à TTR mutées varie fortement selon la mutation en cause, ce qui se traduit par d’importantes différences touchant à l’âge de début du trouble, à sa pénétrance, à son évolution clinique et à son pronostic. La plupart des patients atteints d’une neuropathie amyloïde familiale présentent une atteinte du système nerveux accompagnée ou non d’amylose cardiaque.23 Le Tableau 1 décrit les variants le plus fréquemment responsables d’amylose cardiaque à TTR mutée. La mutation qui est à la fois la plus couramment cause de neuropathie amyloïde et la mieux décrite est V30M (substitution de la valine par une méthionine en position 30), qui touche principalement les individus d’origine japonaise, portugaise ou suédoise. Dans les populations présentant le génotype Met30, la pénétrance de la maladie est variable, l’expression de cette dernière dépendant du lieu de naissance, du sexe, de la transmission L’amylose cardiaque à transthyrétine génétique parentale et de l’âge.24 La mutation T60A (substitution de la thréonine par une alanine en position 60) affectant la TTR est également une cause fréquente de neuropathies et cardiomyopathies amyloïdes, présente chez 1 % de la population d’Irlande du Nord-ouest (Comté de Donegal).25 Alors que, selon le Centre national britannique d’étude des amyloses, près de 100 % des patients atteints d’une cardiomyopathie amyloïde familiale à TTR T60A s’accompagnant de neuropathie présenteraient une atteinte cardiaque,26 l’expérience américaine est plus hétérogène. Parmi les variants de la TTR ayant principalement un retentissement cardiaque, la substitution d’une valine par une isoleucine en position 122 (V122I ou Ile122) est celle qui est la plus répandue à travers le monde.27 Originellement décrite en 1989 par Gorevic et al,28 la prévalence de cette mutation V122I a été estimée par Jacobson et al29,30 à près de 3 ou 4 % chez les Noirs américains, alors que ce variant n’est pratiquement jamais mis en évidence dans la population blanche.31 La mutation fondatrice V122I paraît avoir pris naissance en Afrique de l’Ouest, ce qui expliquerait son expression clinique dans les îles des Caraïbes (Haïti, Jamaïque et Bermudes ; D. Jacobson, communication personnelle). Bien que la pénétrance de cet allèle particulier soit inconnue, il semble exister une étroite corrélation entre le statut de porteur, la survenue d’une insuffisance cardiaque (risque relatif de 2,6)32 et les caractéristiques échocardiographiques de l’amylose cardiaque.33 A l’examen des échantillons qui avaient été conservés pour les besoins de l’essai BEST (BetaBlocker Evaluation in Survival Trial [étude de l’influence du traitement bêtabloquant sur la survie]), Buxbaum et al34 ont constaté qu’environ 10 % des participants noirs insuffisants cardiaques âgés de plus de 60 ans étaient porteurs de cette mutation V122I, ce qui porte à penser que certains cas d’insuffisance cardiaque pourraient être imputables à une amylose cardiaque méconnue. Cet essai a porté sur des patients présentant une dysfonction systolique (fraction d’éjection ventriculaire gauche inférieure à 35 %), anomalie cardiaque plus fréquemment observée quand la TTR est l’objet d’une mutation de type V122I que lorsque d’autres variants sont en cause.35,36 Selon de récentes données de l’Office de statistiques des Etats-Unis, près de 1,5 million de Noirs seraient porteurs de la mutation V122I et, donc, exposés à développer une amylose cardiaque à TTR.37 Plus précisément, les Noirs de plus de 65 ans qui sont atteints du Tableau 1. Caractéristiques des amyloses cardiaques à transthyrétine de type sauvage et de formes mutées communes 12:48:15:04:13 Page 185 185 Page 186 186 Circulation Mai 2013 variant V122I constituent une population encourant un risque immédiat de survenue clinique d’une cardiomyopathie à TTR ; sachant que, lors du recensement effectué en 2010, leur nombre a été estimé de l’ordre de 99 600 à 132 800 individus (soit entre 3 et 4 % des 3 320 000 Noirs), la mutation V122I pourrait représenter une importante cause d’insuffisance cardiaque dans la communauté noire âgée. Pathogenèse La transthyrétine, protéine formée de 127 acides aminés, est codée par un unique gène dont les quatre exons ne représentent que 7 kb d’ADN et qui siège sur le chromosome 18.38 A l’état natif, la transthyrétine circulante est un tétramère comportant deux sites C2 de liaison de la thyroxine symétriques, ayant une forme d’entonnoir, au niveau de son interface dimère-dimère.39 D’élégantes études thermodynamiques ont montré que la dissociation du tétramère en monomères de transthyrétine constitue l’étape auto-limitante de l’anomalie de plissement de ces derniers, qui conduit à la formation des fibrilles amyloïdes.16 Dans l’ASS, celles-ci semblent se constituer sous l’influence de processus liés au vieillissement qui ne sont encore qu’imparfaitement connus, dont la modification biochimique post-traductionnelle de la TTR de type sauvage ou de ses protéines chaperonnes. Des observations recueillies chez la souris transgénique surexprimant l’ASS humaine suggèrent que la propension d’un cœur sénile à devenir amylosique serait subordonnée à l’existence d’altérations de la synthèse hépatique de molécules chaperonnes ou de l’épuration protéasomique de la protéine non plissée.40 Dans la PAF, la substitution d’un acide aminé au sein de la TTR native (TTR mutée) déstabilise le tétramère, concourant ainsi à la fragmentation de la protéine en monomères. Au final, le caractère amyloïdogène d’un variant donné de la transthyrétine est déterminé par la capacité d’une substitution d’acide aminé particulière à déstabiliser les tétramères de TTR circulants, ce qui entraîne la libération des monomères, condition indispensable pour que se produise le plissement incorrect. A ce jour, plus d’une centaine de variants de la TTR ont été décrits. Nombre de substitutions d’acides aminés sous-tendent des profils d’atteintes organiques spécifiques et donnent donc lieu à des évolutions cliniques différentes. En règle générale, le variant de transthyrétine découle de la substitution d’un seul nucléotide ; il apparaît toutefois que le remplacement d’un acide aminé au sein de la protéine peut résulter de la substitution de deux nucléotides ou de la délétion complète d’un codon.41 Les organes atteints hébergent constamment des dépôts amyloïdes extracellulaires. Les opinions divergent quant au fait de savoir si ces dépôts sont effectivement responsables des dysfonctions organiques ou s’ils ne constituent qu’un épiphénomène (témoin de la maladie). L’examen des biopsies de nerf saphène externe pratiquées chez 31 patients porteurs d’une mutation V30M de la TTR a objectivé la présence de dépôts amyloïdes épineuraux et de dégénérescences nerveuses chez la moitié de la cohorte. Aucun lien n’a pu être établi entre l’existence de tels dépôts amyloïdes et les lésions histologiques des nerfs,42 ce qui semble indiquer que ces dernières relèveraient d’un autre mécanisme. Au niveau rénal, le degré d’altération fonctionnelle n’est pas régi par l’importance des 12:48:15:04:13 Page 186 dépôts amyloïdes.43,44 De plus, la réalisation de biopsies rénales échelonnées chez des patients atteints d’amylose AL, avant et après un traitement cliniquement efficace, a montré que la charge en dépôts amyloïdes n’avait pas varié malgré la nette amélioration de la protéinurie.45,46 Un nombre croissant de données atteste du rôle majeur que jouent les protéines circulantes ou préfibrillaires dans l’altération de la fonction cardiaque associée à l’amylose de type AL ou à TTR. La perfusion de cœurs de souris par une chaîne légère d’immunoglobuline clonale (AL-LC) issue de patients présentant une cardiomyopathie amyloïde de type AL induit rapidement une dysfonction diastolique. En revanche, la fonction cardiaque ex vivo demeure inaltérée lorsque la chaîne légère perfusée provient de patients indemnes d’amylose AL.47 In vitro, l’exposition de cultures de cardiomyocytes à des taux physiologiques d’AL-LC stimule la production d’espèces réactives de l’oxygène ainsi que l’activité de l’hème oxygénase de type 1, une protéine redox-sensible qui est un marqueur des dommages cellulaires.48 En plus de modifier le statut d’oxydoréduction intracellulaire des cardiomyocytes, l’AL-LC diminue leur teneur en calcium et leur contractilité, cela en l’absence de toute formation de fibrilles amyloïdes.48 De récentes données montrent que l’AL-LC modifie les mouvements ioniques au sein des cardiomyocytes, ainsi que la contractilité et la mort programmée de ces cellules par une voie de signalisation non canonique des protéines kinases activée par le mitogène p38α.49 Le même type de lésions des organes cibles occasionnées par l’amyloïde à TTR préfibrillaire a été observé dans la PAF. L’analyse immunohistochimique par anticorps anti-TTR et l’examen en microscopie électronique à l’or colloïdal de biopsies nerveuses pratiquées chez des individus qui étaient porteurs asymptomatiques d’une mutation V30M de l’ATTR ont mis en évidence des agrégats de protéines préfibrillaires ne prenant pas la coloration au rouge Congo.50 L’état d’activation du facteur nucléaire κB et des cytokines pro-inflammatoires au sein de ces échantillons biopsiques était la marque des effets toxiques exercés sur les cellules par ces agrégats de TTR non fibrillaire, bien avant que n’apparaissent les premiers signes cliniques de la maladie. L’exposition de cultures neuronales à des agrégats de TTR L55P non fibrillaire a induit la production de caspase 3 et l’expression d’une mort cellulaire programmée. En revanche, les fibrilles amyloïdes matures de TTR L55P n’ont nullement stimulé l’expression de la caspase 3, ce qui tend à indiquer que les agrégats de TTR préfibrillaire seraient les médiateurs neurotoxiques de la maladie. D’autres observations portent à penser que les récepteurs aux produits finals de glycation avancée (RAGE) joueraient un rôle facilitateur dans les lésions organiques induites par l’ATTR.51 Dans les études originellement menées pour comparer les effets des amyloses respectivement liées aux variants V30M et L55P de la TTR chez la souris transgénique atteinte d’une PAF, aucune différence n’a été objectivée quant à la toxicité nerveuse des formes non fibrillaires de ces deux variants de la protéine. Considérées dans leur globalité, les données recueillies à partir des modèles d’amyloses AL et à TTR démontrent que ce sont les agrégats de protéines préfibrillaires, et non les Page 187 Ruberg et Berk fibrilles amyloïdes matures, qui exercent des effets toxiques sur les organes. Diagnostic Le diagnostic de l’amylose systémique repose sur l’identification histologique des dépôts amyloïdes par la coloration au rouge Congo. Contrairement à ce qui est de règle dans l’amylose à chaîne légère (AL), il n’y a pas ici d’atteinte cliniquement significative des reins et de la langue, de sorte qu’il n’est généralement pas pratiqué de biopsies de ces organes.36 L’aspiration de la graisse abdominale est une approche biopsique de mise en œuvre aisée, réalisable au cabinet médical, qui permet la mise en évidence des dépôts amyloïdes chez près de 70 % des patients atteints d’une forme liée à une mutation de la TTR telle que V122I.35 La biopsie cardiaque demeure le meilleur moyen de diagnostiquer une cardiomyopathie amyloïde, qui n’est pas grevé d’artefacts liés au prélèvement (responsables de résultats faussement positifs ou négatifs) comme cela peut se produire pour d’autres affections infiltrantes telles que la sarcoïdose. Une fois la présence de dépôts amyloïdes confirmée par la coloration au rouge Congo, des colorations immunohistochimiques spécifiques des chaînes légères κ et γ, de l’amyloïde A et de la TTR peuvent être entreprises pour identifier la pré-protéine en cause. Il peut être fait appel aux anatomopathologistes d’un centre international de prise en charge des amyloses pour avoir confirmation des résultats histologiques et de la nature de la protéine amyloïdogène. Lorsque l’examen immunohistochimique des dépôts amyloïdes a établi que la protéine impliquée est la TTR, une analyse complémentaire est nécessaire pour déterminer s’il s’agit de la protéine de type sauvage ou d’une forme mutée. L’électrophorèse avec focalisation isoélectrique permet, dans la plupart des cas, d’effectuer ce diagnostic différentiel en se fondant sur la charge de la protéine (Figure 3). Dans notre expérience, la focalisation isoélectrique permet d’identifier près de 95 % des variants examinés sur la base des différences de migration L’amylose cardiaque à transthyrétine 187 électrophorétique. La réalisation d’une réaction de polymérisation en chaîne et d’un séquençage des exons 1 à 4 de la TTR permet de valider les résultats de la focalisation isoélectrique et d’affirmer le caractère normal ou muté du génotype de la TTR. Une autre possibilité consiste à analyser un prélèvement biopsique par la mise en œuvre conjointe d’une spectrométrie de masse en tandem, d’une dissection laser et d’une chromatographie liquidienne, ce qui permet d’identifier la pré-protéine avec une sensibilité de 98 %.6 Il est quelquefois possible de diagnostiquer l’amylose cardiaque à TTR sans avoir à pratiquer de biopsie cardiaque ; dès lors que la nature du variant de la TTR est établie, les biopsies tissulaires réalisées au niveau d’autres sites confirment la présence des dépôts amyloïdes à TTR, l’atteinte cardiaque étant ensuite validée par des méthodes non invasives (cf. infra). Dans de nombreux centres internationaux de prise en charge des amyloses, l’amylose AL et la gammapathie monoclonale bénigne (ou de signification indéterminée) sont les deux pathologies cliniques dominantes, ce qui rend parfois difficile l’identification des amyloses à TTR de type sauvage ou mutée. Lachmann et al52 ont ainsi découvert des mutations de la TTR chez 4 % des patients adressés à un centre national de prise en charge des amyloses en vue de l’exploration et du traitement d’une supposée amylose AL. Aucun de ces patients atteints d’amylose à TTR ne présentait d’antécédents familiaux en faveur du caractère génétique de leur maladie. Elément méritant d’être relevé, tous les patients atteints d’une ATTR présentaient une cardiomyopathie. La coloration immunohistochimique des coupes tissulaires a finalement permis d’établir que la sous-unité protéique en cause était bien la TTR.52 De même, Connors et al35 ont fait état d’amyloses AL prouvées par biopsie chez 12 % des patients porteurs d’une mutation V122I. Ces données issues de grands centres de prise en charge des amyloses montrent combien il est important d’identifier correctement la sous-unité protéique formant les dépôts amyloïdes tissulaires, en particulier chez les patients dont l’enquête génétique a révélé une positivité pour l’ATTR. Explorations non invasives Figure 3. Electrophorèse sur gel avec focalisation isoélectrique. Sérums de patients atteints d’amyloses à transthyrétine (ATTR) respectivement liées à une mutation V122I, à une transthyrétine de type sauvage (TS) et à une mutation L58H. La flèche désigne la migration de la transthyrétine de type sauvage. A noter, la présence de deux bandes distinctes dans les colonnes se rapportant aux protéines mutées V122I et L58H. 12:48:15:04:13 Page 187 Le diagnostic de l’amylose cardiaque peut être porté en s’appuyant sur une biopsie cardiaque invasive ou sur une approche non intrusive qui, en fonction du contexte clinique, reposera sur une exploration de confirmation non sanglante et sur l’identification de dépôts amyloïdes dans des tissus extra-cardiaques tels que la graisse abdominale prélevée par aspiration (Figure 4). Les méthodes actuelles de diagnostic non invasif de l’amylose cardiaque à TTR comprennent l’échocardiographie avec imagerie de déformation, l’imagerie par résonance magnétique cardiaque (IRMC), l’électrocardiographie (ECG) et la recherche des biomarqueurs sériques tels que le peptide natriurétique de type B (BNP ou fragment N-terminal du pro-BNP) ou les troponines cardiaques (T et I). L’examen physique ne permet habituellement pas d’identifier le type d’amyloïde en cause, à l’exception notable de la macroglossie et des ecchymoses périorbitaires qui sont pathognomoniques de l’amylose AL.36 Les signes physiques varient fortement selon la sévérité de la dysfonction Page 188 188 Circulation Mai 2013 Figure 4. Algorithme de diagnostic des amyloses cardiaques à transthyrétine (TTR). IRMC : imagerie par résonance magnétique cardiaque ; AL : amylose à chaîne légère ; LC/MS : couplage de la microdissection laser, de la chromatographie liquidienne et de la spectrométrie de masse en tandem ; ASS : amylose systémique sénile ; PCR : réaction de polymérisation en chaîne ; ATTR : amylose à TTR. cardiaque, pouvant aller d’un examen relativement normal au stade précoce de la maladie jusqu’à des signes majeurs d’insuffisance cardiaque congestive consistant notamment en un épanchement pleural, une élévation de la pression veineuse jugulaire et des œdèmes des membres inférieurs. Dans nombre de cas d’amylose à TTR, devant le caractère apparemment isolé de l’atteinte cardiaque ou le manque de valeur diagnostique des échantillons biopsiques recueillis au niveau d’autres sites (prélèvement de graisse abdominale par aspiration, biopsies gastriques ou rectales, biopsie du ligament annulaire antérieur du carpe lors d’une chirurgie du canal carpien, biopsies des glandes salivaires), il est indispensable d’effectuer un prélèvement endomyocardique direct. Echocardiographie L’échocardiographie demeure la technique d’imagerie la plus utile pour diagnostiquer et surveiller une amylose cardiaque. La facilité d’acquisition et d’interprétation des images, son coût relativement modique, sa capacité inégalée d’analyse de la fonction diastolique et la possibilité qu’elle offre de réaliser des études en série font de l’échocardiographie l’instrument universel d’exploration de la cardiomyopathie amyloïde, en dépit des différences techniques en matière d’acquisition des données ou de la progression de la maladie. De récents travaux ont validé l’approche consistant à rechercher l’existence d’une discrète dysfonction systolique par écho-Doppler tissulaire et suivi de pixels.53 Selon la description échocardiographique classique, le phénotype de l’amylose cardiaque se traduit par un épaississement des parois ventriculaires, un aspect pixélisé du myocarde, un volume ventriculaire gauche réduit, un épaississement des valves cardiaques, une dilatation des oreillettes et des signes liés à l’élévation des pressions de remplissage (épanchement péricardique, épanchements pleuraux, dilatation de la veine cave) du fait d’un remplissage diastolique de type restrictif (Figure 5 ; Film I du supplément de données uniquement disponible en ligne).54 Bien que l’essentiel des données ayant servi de base à l’établissement de ces signes échocardiographiques ait été recueilli chez les patients atteints d’amylose AL, des observations similaires 12:48:15:04:13 Page 188 ont été rapportées dans la cardiomyopathie à TTR.21 L’épaississement des parois ventriculaires demeure le principal signe sur lequel repose le diagnostic d’amylose cardiaque. Selon un comité de consensus qui regroupait des spécialistes internationaux des amyloses, la constatation d’un septum interventriculaire dont l’épaisseur excède 12 mm en l’absence de toute valvulopathie aortique ou hypertension artérielle notable constitue le critère échocardiographique qui signe l’infiltration cardiaque chez les patients atteints d’une amylose systémique de type AL (il n’existe pas de critère validé pour l’amylose à TTR).55 Toutefois, ce seuil unifié ne prend pas en compte les différences normales d’épaisseur des parois selon le sexe56 et, s’il permet d’établir l’envahissement cardiaque avec un haut degré de spécificité, sa sensibilité est, en revanche, réduite. La progressivité de l’atteinte cardiaque rend son dépistage précoce difficile lorsque l’épaisseur des parois et la fonction diastolique ne sont encore que peu affectées. La relative rareté de l’amylose cardiaque comparativement aux autres maladies plus courantes qui, tels le remodelage d’origine hypertensive et la cardiomyopathie hypertrophique, provoquent un épaississement ventriculaire fait que les cardiologues méconnaissent probablement un certain nombre de nouveaux cas. L’échocardiographie isolée est souvent inapte à faire la distinction entre ces pathologies très différentes, ce qui impose une évaluation multimodale. Cela étant, comme il est rare qu’un remodelage hypertensif ou une cardiomyopathie hypertrophique se manifeste par un important épaississement de la paroi ventriculaire droite, un épaississement du septum inter-auriculaire et une dysfonction diastolique de type restrictif (grade 3), la présence de ces signes est de nature à orienter vers l’existence d’une amylose à TTR.24,33 La difficulté de diagnostic des amyloses cardiaques à TTR qui reproduisent les signes d’une cardiomyopathie hypertensive ou hypertrophique a pour conséquence une reconnaissance tardive de la nature de l’affection. C’est pourquoi il est plus fréquent de constater la présence de lésions de remodelage évoluées lors du diagnostic d’une cardiomyopathie à TTR que dans le cas d’une amylose cardiaque de type AL. Chez les patients présentant une atteinte cardiaque Page 189 Ruberg et Berk L’amylose cardiaque à transthyrétine 189 Figure 5. Aspect échocardiographique d’une amylose cardiaque à transthyrétine (ATTR) liée à la mutation V122I. Incidences parasternales selon le grand axe (A) et l’axe court (B), objectivant l’augmentation d’épaisseur de la paroi ventriculaire et les épanchements pleural et péricardique. C, Doppler transmitral de type restrictif. D, vélocités de l’écho-Doppler tissulaire témoignant d’une diminution du raccourcissement systolique longitudinal (réduction de la vélocité S’) et d’une dysfonction diastolique (réduction de la vélocité e’). liée à une ASS, l’épaississement des parois ventriculaires et la masse myocardique tendent à être nettement supérieurs à ce qui est observé dans l’amylose AL21 et dans les cardiomyopathies à TTR mutée.36 Bien que, dans ces deux dernières formes d’amylose, la dysfonction systolique témoigne souvent du caractère évolué de la maladie, elle n’en est pas moins relativement courante dans l’ASS, cela étant, là encore, sans doute lié au retards mis à diagnostiquer l’affection. Chez les patients atteints d’une ATTR, la diminution de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (en dessous de 50 %) est corrélée avec une réduction de l’espérance de vie.57 L’évaluation de la déformation longitudinale par échoDoppler tissulaire et par suivi de pixels échocardiographique constitue désormais un précieux moyen clinique de dépistage d’un éventuel envahissement myocardique dans l’amylose AL53 et peut, en outre, aider au diagnostic différentiel entre une amylose cardiaque et les autres causes d’épaississement des parois telles que l’hypertension artérielle ou la cardio- 12:48:15:04:13 Page 189 myopathie hypertrophique.58 L’amylose cardiaque à TTR provoque, elle aussi, une diminution du raccourcissement longitudinal, dont la signification pronostique n’a toutefois pas été établie. Imagerie par résonance magnétique cardiaque Comparativement à l’échocardiographie, l’IRM permet une meilleure délimitation des contours myocardiques ainsi qu’une quantification des volumes, de l’épaisseur pariétale et de la masse des ventricules selon un mode tridimensionnel (Film II du supplément de données uniquement disponible en ligne). Plus précise et mieux reproductible que l’échocardiographie, elle est toutefois plus onéreuse, moins largement accessible et a pour inconvénient de ne pouvoir être pratiquée chez les patients porteurs de stimulateurs cardiaques ou de défibrillateurs automatiques implantables. A l’heure actuelle, l’échocardiographie est la technique d’imagerie permettant le mieux d’évaluer la fonction Page 190 190 Circulation Mai 2013 Figure 6. Imagerie par résonance magnétique cardiaque d’une amylose à transthyrétine. Sont présentées les images avec rehaussement tardif du gadolinium (RTG) acquises en coupes médioventriculaires selon l’axe court, montrant les différents profils de RTG observés. A, le RTG est ici très net (flèches), se présentant sous sa forme sous-endocardique diffuse caractéristique (patient atteint d’une amylose à transthyrétine de type sauvage). B, signal transmural diffus, de faible intensité, avec mauvaise démarcation entre la masse sanguine et le myocarde (patient porteur du variant V122I de la transthyrétine). C, RTG en aires, hautement échogène, intéressant le sous-endocarde de la paroi latérale, mais aussi la paroi septale dans toute son épaisseur (flèches ; patient atteint d’une amylose à transthyrétine de type sauvage). diastolique ventriculaire, sa résolution temporelle étant supérieure à celle de l’IRM. Néanmoins, le principal avantage qu’offre cette dernière par rapport à l’échocardiographie tient au fait qu’elle permet la mise en évidence directe des dépôts amyloïdes grâce aux images de rehaussement tardif après injection de gadolinium (RTG). Le gadolinium est un produit de contraste extracellulaire qui, dans les conditions normales, n’est pas fixé par le myocarde après avoir été injecté. L’infiltration d’amyloïde a pour effet d’élargir l’espace extracellulaire et d’altérer la cinétique de distribution myocardique du gadolinium, ce qui entraîne la rétention du produit de contraste par le cœur. En imagerie avec analyse du RTG, le signal normal du tissu myocardique est supprimé, mais, en raison de la rétention diffuse du gadolinium, ce résultat est difficilement obtenu dans l’amylose cardiaque. Une importante limite à l’utilisation de l’IRM avec prise de contraste dans la cardiomyopathie amyloïde à TTR réside dans la coexistence d’une insuffisance rénale chronique, en raison du risque de fibrose néphrogénique systémique qui en découle.59 Lorsque la clairance de la créatinine est inférieure à 30 ml/min, l’injection de gadolinium comporte un risque qui interdit toute imagerie avec étude du rehaussement tardif. Maceira et al60 ont été les premiers à décrire des aspects de l’IRMC sur lesquels s’appuyer pour porter le diagnostic d’amylose cardiaque, mais ils ont utilisé pour cela une technique d’imagerie dans laquelle, pour obtenir des images de RTG optimales, le délai d’acquisition après administration du produit de contraste devait être extrêmement court. Les études menées par la suite sur des cohortes de patients atteints aussi bien d’amyloses de type AL qu’à TTR ont montré que la sensibilité et la spécificité de l’IRMC en matière de diagnostic de l’amylose cardiaque atteignent près de 90 % de celles de la biopsie endomyocardique.61–63 Contrairement aux RTG associés à l’infarctus du myocarde, qui se manifestent sous forme de foyers hyperéchogènes, dans l’amylose cardiaque, les 12:48:15:04:13 Page 190 aspects observés sont variables, le rehaussement pouvant, selon le cas, intéresser la totalité de la zone sousendocardique, avoir un caractère diffus ou se limiter à des foyers (Figure 6).64 De plus, la rétention du gadolinium a pour effet de fortement raccourcir le T1 myocardique,65 caractéristique fondamentale de l’imagerie par résonance magnétique sur laquelle repose le contraste du RTG. En raison de cette prise de contraste, le T1 myocardique est proche de celui de la masse sanguine ventriculaire, ce qui réalise un aspect spécifique d’abolition précoce du signal myocardique (coïncidant avec celui de la masse sanguine) témoignant d’une infiltration amyloïde diffuse. Les études publiées sur l’emploi de l’IRM dans l’amylose cardiaque ont majoritairement porté sur des cohortes mixtes de patients atteints d’amyloses AL ou à TTR relativement évoluées, à l’exception notable du travail de Di Bella et al,66 dans lequel l’IRM et la scintigraphie nucléaire ont été utilisées pour rechercher des infiltrats cardiaques chez des patients atteints de PAF. Bien que les pré-protéines diffèrent, les aspects rapportés dans les amyloses cardiaques à TTR et de type AL en termes de RTG sont relativement similaires. Comme cela est décrit dans la littérature échocardiographique, dans l’amylose cardiaque à TTR, l’épaisseur pariétale des ventricules et leur masse mesurées par IRM sont supérieures à celles observées dans la forme à chaîne légère.67 Electrocardiographie La traduction électrocardiographique de l’amylose cardiaque consiste classiquement en la présence de complexes QRS de faible amplitude et en des modifications des ondes Q ou T rappelant celles observées dans l’infarctus du myocarde. La constatation d’un bas voltage des complexes QRS et d’un épaississement des parois ventriculaires gauches à l’échocardiographie doit inciter à rechercher une amylose cardiaque. De plus, certains aspects électrocardiographiques sont Page 191 Ruberg et Berk davantage en faveur d’une cardiopathie à TTR que d’une forme AL. Dans plusieurs séries de cas, la présence de complexes QRS de faible amplitude a été mise en évidence de façon reproductible chez environ 46 à 60 % des patients atteints d’amylose AL, contre seulement 25 à 40 % de ceux qui présentaient une cardiomyopathie à TTR.36,68,69 En revanche, les signes de « pseudo-infarctus » sont observés avec une fréquence similaire dans l’amylose AL (47-69 %) et dans la forme à TTR (66-69 %).36,68,69 Les troubles de la conduction, notamment à type de bloc de branche gauche, sont plus fréquents dans l’ASS. Enfin, bien que la plupart des patients demeurent en rythme sinusal, la fibrillation atriale est plus courante dans cette dernière forme de la maladie (fréquence de l’ordre de 30 %) que dans l’amylose à TTR mutée (moins de 10 % des cas) et dans celle de type AL (fréquence généralement inférieure à 20 %).36,68 Scintigraphie nucléaire La mise en évidence des dépôts amyloïdes cardiaques par l’utilisation d’agents pharmaceutiques est une approche diagnostique en cours de développement. Trois classes de marqueurs radioactifs sont employés à cette fin : (1) les traceurs de la tomographie à émission de positons, (2) les composés qui se fixent sélectivement sur les tissus osseux et (3) les molécules ciblant les dépôts amyloïdes. Les traceurs employés dans la tomographie à émission de positons La molécule à la base des marqueurs utilisés dans la tomographie à émission de positons est la thioflavine T, un colorant de la famille des benzothiazoles qui devient fluorescent en présence de fibrilles amyloïdes riches en β-peptides. Les difficultés d’utilisation clinique que posaient les composés marqués au 11C en raison de leur courte demi-vie ont conduit à concevoir des traceurs faisant appel au 18F, l’un d’eux, le florbétapir ou 18F-aV-45 (Amyvid), ayant récemment reçu de la Food and Drug Administration (FDA) des Etats-Unis l’autorisation de mise sur le marché en tant que marqueur de la protéine β-amyloïde dans la maladie d’Alzheimer. Aucune donnée n’a encore été publiée sur l’emploi des traceurs de la tomographie à émission de positons dans la cardiomyopathie amyloïde. Les agents qui se fixent sélectivement sur les tissus osseux Trois molécules formant des complexes avec les éléments osseux présentent une affinité plus ou moins marquée pour les dépôts amyloïdes cardiaques ; ce sont des composés marqués au technétium 99m, à savoir le pyrophosphate (99mTc-PYP), le méthylène diphosphonate (99mTc-MDP) et l’acide 3,3-diphosphono-1,2-propanodicarboxylique (99mTc-DPD). Bien que le mécanisme de fixation de ces molécules demeure l’objet de débats, dès le début des années 1980 il a été fait état d’augmentations de la captation cardiaque du 99mTc-PYP lors de scintigraphies osseuses pratiquées chez des patients présentant des infiltrats amyloïdes. Des études menées sur de petites cohortes de patients atteints d’amylose ont confirmé que le 99mTc-PYP se fixe sur les tissus cardiaques présentant des dépôts amyloïdes ; l’emploi de ce traceur est toutefois obéré par la faible intensité du signal émis et par les faux 12:48:15:04:13 Page 191 L’amylose cardiaque à transthyrétine 191 positifs auxquels il donne lieu en cas de cardiomyopathie hypertensive, sarcoïdosique ou dilatée.70,71 Le 99mTc-MDP se lie préférentiellement aux infiltrats amyloïdes cardiaques, avec néanmoins une avidité et une sensibilité moindres que le 99mTc-PYP. Dans une étude ayant comparé ces deux traceurs chez 7 patients atteints d’amyloses cardiaques confirmées par biopsie, la sensibilité du 99mTc-PYP a été estimée à 100 %, contre seulement 56 % pour le 99m Tc-MDP.72 En outre, ce dernier est fixé moins intensément que le 99mTc-PYP, ce qui diminue l’intérêt de l’utiliser comme traceur pour l’exploration scintigraphique de l’amylose cardiaque. A la différence des autres molécules présentant une avidité pour le tissu osseux, le 99mTc-DPD a une affinité toute particulière pour les infiltrats de la cardiomyopathie à TTR. Dans la première des deux études menées à Bologne (Italie), des scintigraphies au 99mTc-DPD ont été pratiquées chez 15 patients atteints d’amylose à TTR et chez 10 autres présentant une cardiomyopathie de type AL. Une captation myocardique du traceur radioactif a été objectivée chez tous les patients atteints d’ATTR, alors qu’aucun de ceux qui étaient atteints d’une amylose AL n’a présenté de fixation cardiaque.73 Dans la seconde étude, qui a porté sur 79 patients atteints de cardiomyopathies amyloïdes (45 ATTR et 34 AL) ainsi que sur 15 témoins, le 99mTc-DPD a donné lieu à un signal léger au niveau des tissus myocardiques des individus atteints d’amylose AL, ce qui amoindrit la sélectivité dont était crédité le traceur à l’égard des infiltrats cardiaques à TTR.74 Bien que cela n’ait pas de valeur absolue, la captation cardiaque du 99m Tc-DPD chez un patient atteint d’une amylose systémique est donc fortement en faveur d’une ATTR.75 D’autres études devront néanmoins être menées pour pleinement évaluer l’intérêt de la scintigraphie au 99mTc-DPD chez les patients présentant une suspicion d’amylose cardiaque. Les molécules ciblant les dépôts amyloïdes L’amyloïde P sérique (APS) est un élément stabilisateur de tous les infiltrats amyloïdes. Une scintigraphie à la 123I-APS peut donc être pratiquée chez les patients atteints d’amylose pour estimer la charge en amyloïde au niveau du foie, de la rate et des reins (système réticulo-endothélial). Toutefois, cette exploration n’induit pas une échogénicité suffisante au niveau myocardique pour pouvoir être utilisée dans un but de diagnostic ou de surveillance d’une amylose cardiaque.76 L’aprotinine est un inhibiteur des sérine-protéases et un constituant de la substance fondamentale de la matrice amyloïde, ce qui a conduit à utiliser la 99mTc-aprotinine comme marqueur amyloïde. Dans deux études, une captation cardiaque de ce traceur a été objectivée chez 19 patients (40 %) parmi les 47 sujets présentant des infiltrats amyloïdes myocardiques qui constituaient la cohorte totale.77,78 Outre son manque relatif de sensibilité diagnostique chez les patients atteints d’une cardiomyopathie amyloïde avérée, la scintigraphie à la 99mTc-aprotinine n’offre qu’un faible rapport signal sur bruit de fond en termes de fixation cardiaque, ce qui rend difficile l’interprétation des études. La 123I-méta-iodobenzylguanidine (MTBG) est un traceur radioactif permettant d’étudier la captation de ce neurotransmetteur par les neurones sympathiques et qui est utilisé Page 192 192 Circulation Mai 2013 chez les patients atteints d’amylose pour documenter la dénervation cardiaque.79 Toutefois, cette approche n’a pas fait preuve d’un apport diagnostique aussi intéressant que les autres stratégies telles que l’échocardiographie ou l’IRM. Biomarqueurs cardiaques L’amylose cardiaque de type AL donne lieu à une élévation des taux sériques des biomarqueurs cardiaques, c’est-à-dire du BNP ou du fragment N-terminal de son pro-peptide (NTpro-BNP) et des troponines cardiaques, élévation dont le degré est corrélé avec la survie.80,81 L’élévation du taux de BNP est consécutive à l’augmentation des pressions de remplissage cardiaques, elle-même secondaire à l’infiltration amyloïde, alors que, dans le cas des troponines, elle est la conséquence de la lyse des myocytes. Dans l’amylose AL, l’élévation du taux de BNP pourrait être l’expression d’un effet toxique directement exercé par les chaînes légères par augmentation du stress oxydatif,48 alors que, dans l’ATTR, elle refléterait les dommages causés par les protofilaments. Chez 29 patients atteints d’ATTR, Suhr et al82 ont analysé les signes de cardiomyopathie amyloïde fournis par les explorations échocardiographiques bidimensionnelles, en mode M, par Doppler et avec imagerie de déformation en les comparant aux taux de troponines et de BNP mesurés chez ces sujets. Les élévations des taux de BNP se sont révélées étroitement corrélées avec l’épaisseur du septum interventriculaire et le profil basal de déformation de ce dernier chez 76 % des sujets de la cohorte. En revanche, aucune corrélation n’a été notée entre les anomalies échocardiographiques et les taux de troponines I et T. Alors que de nombreuses études ont été publiées sur l’amylose à chaîne légère, rares sont les données disponibles sur la valeur pronostique des taux de BNP ou de troponines dans l’amylose cardiaque à TTR, bien que ces derniers semblent être augmentés dans les formes évoluées et puissent être utiles pour surveiller la progression de la maladie.83 Lors de l’enquête diagnostique, l’élévation des taux de biomarqueurs peut être considérée comme un élément en faveur de l’existence d’une amylose à TTR. Evolution clinique L’évolution clinique de l’amylose cardiaque à TTR varie en fonction du type d’amyloïde (de type sauvage ou mutée), de la mutation sous-jacente, de l’âge de début et, éventuellement, du caractère fragmenté ou intact des fibrilles.84 En l’absence de traitement, l’ATTR est créditée d’une espérance de vie médiane nettement plus longue que l’amylose de type AL, mais la progression se fait néanmoins vers l’insuffisance cardiaque incurable et vers la mort secondaire à une défaillance cardiaque systolique ou à un trouble du rythme. Rapezzi et al ont estimé les taux de survie à 2 et 5 ans à respectivement 98 % et environ 75 % chez les patients atteints d’amyloses à TTR mutée.36 Il convient toutefois de souligner que la cohorte de l’étude ne comprenait pas de patients porteurs du variant V122I de l’ATTR, qui est la mutation la plus fréquemment observée aux Etats-Unis. Dans une analyse rétrospective effectuée sur les patients atteints d’amylose cardiaque due à ce variant V122I qui avaient été adressés à notre centre de traitement, la survie médiane après diagnostic n’a été que de 27 mois.35 De même, dans TRACS (Transthyretin 12:48:15:04:13 Page 192 Amyloidosis Cardiac Study [étude sur l’amylose cardiaque à TTR]), une étude observationnelle prospective et multicentrique qui visait à comparer l’amylose à TTR V122I à l’ASS, la survie après diagnostic a été inférieure pour les patients atteints de la forme mutée (26 mois contre 46).83 Cela étant, on peut craindre que, tant dans l’étude de Connors et al35 que dans TRACS,83 l’évaluation de la survie ait été biaisée par le stade relativement avancé auquel l’amylose cardiaque des patients était parvenue lorsque ces derniers ont été cliniquement pris en charge. L’évolution clinique de l’amylose liée au variant Ala60 semble légèrement plus lente, les durées médianes de survie rapportées étant de 6,6 ans après l’apparition des symptômes et de 3,4 ans après le diagnostic.26 S’agissant de l’amylose à TTR de type sauvage, l’espérance de vie des patients ayant développé une cardiomyopathie amyloïde semble extrêmement favorable, la survie médiane observée variant de 43 à 75 mois.21,83 On ne dispose que de peu de données sur le rythme de progression de l’amylose cardiaque à TTR. En s’appuyant sur l’échocardiographie et l’IRM volumétrique (en l’absence, toutefois, d’analyse du RTG) pour étudier l’évolution de cette affection, Benson et al85 ont constaté d’importantes augmentations de la masse myocardique (ayant atteint, en moyenne, 8 % à l’IRM et 22 % à l’échocardiographie) après un an de suivi. Les investigateurs de l’étude multicentrique TRACS ont observé, sur une période de 18 mois, des dégradations de la fraction d’éjection ventriculaire gauche et de l’épreuve de marche de six minutes allant de pair avec une élévation du taux de NT-proBNP, cela aussi bien chez les patients atteints d’ASS que chez ceux qui présentaient une ATTR.83 S’il est établi que, dans l’amylose de type AL, un traitement efficace stabilise l’infiltration amyloïde myocardique ou fait régresser l’épaississement des parois ventriculaires,86,87 on ignore, en revanche, quel est l’effet d’un tel traitement sur la cardiopathie amyloïde à TTR. Traitement Dans l’amylose cardiaque à TTR, le traitement répond à deux objectifs : contrôler les symptômes d’insuffisance cardiaque et freiner ou stopper l’accumulation progressive de substance amyloïde. Contrairement aux autres formes de cardiomyopathies, pour lesquelles on dispose de vastes séries de données, l’amylose cardiaque à TTR n’a fait l’objet que d’un nombre restreint de travaux sur lesquels appuyer les décisions thérapeutiques. Traitement symptomatique de l’insuffisance cardiaque Comme l’amylose cardiaque de type AL, la forme impliquant la TTR provoque un épaississement progressif des parois ventriculaires, une dysfonction diastolique résultant d’une perte de compliance et des symptômes d’insuffisance cardiaque congestive liés à l’augmentation des pressions de remplissage cardiaques. En raison des difficultés que pose le diagnostic des cardiopathies amyloïdes, chez de nombreux patients, l’affection est décelée à un stade tardif de son évolution, alors que, souvent, il existe déjà des symptômes d’insuffisance cardiaque. Page 193 Ruberg et Berk L’optimisation de l’équilibre liquidien est le principe cardinal de la prise en charge de l’amylose cardiaque. La meilleure stratégie pour y parvenir consiste à administrer au patient un diurétique de l’anse ou de la spironolactone. Il est fréquent qu’une insuffisance rénale aiguë ou chronique complique la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, la diurèse forcée provoquant une hypotension. Bien que Lobato et al43 aient objectivé la présence de dépôts amyloïdes dans les reins de patients atteints d’ATTR à variant V30M, indépendamment de l’existence de signes cliniques (protéinurie ou diminution du taux de filtration glomérulaire), une insuffisance rénale significative n’est observée que chez environ 3 % des patients.88 De façon générale, l’insuffisance rénale chronique ne constitue pas une manifestation marquante de l’ATTR. Certaines pathologies associées telles que le diabète, l’hypertension artérielle ou la réduction du nombre de néphrons liée à l’âge, peuvent, en revanche, contribuer à la survenue d’une insuffisance rénale. De même, celle-ci peut être favorisée par certains facteurs hémodynamiques, dont l’hypoperfusion rénale induite par l’insuffisance cardiaque congestive diastolique. Il est extrêmement important de diminuer la posologie ou d’arrêter les médicaments susceptibles d’obérer les mécanismes compensatoires inotropes ou chronotropes. Etant donné que l’accumulation d’amyloïde de type TTR altère fortement le remplissage diastolique et diminue le volume systolique, la tachycardie est un mécanisme compensatoire indispensable au maintien du débit cardiaque. C’est pourquoi l’administration de doses élevées d’un bêtabloquant est souvent mal tolérée, car elle atténue cette tachycardie compensatoire et exerce un effet inotrope négatif plus marqué sur le muscle cardiaque lorsque celui-ci est amylosique. Les inhibiteurs calciques89,90 et les digitaliques91 sont contre-indiqués dans la cardiopathie amyloïde, car ces médicaments se fixent sur les fibrilles amyloïdes, d’où une potentialisation de leurs effets toxiques. L’administration de faibles doses d’antagonistes des récepteurs à l’angiotensine II ou d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine peut être bénéfique pour diminuer la postcharge, notamment en cas de coexistence d’une hypertension artérielle, de manière à améliorer le débit cardiaque d’entrée et la perfusion rénale. Prise en charge des troubles du rythme La fibrillation atriale est le trouble du rythme le plus fréquemment associé à l’amylose cardiaque à TTR de type sauvage, présent dans près de 30 % des cas. En raison de la dilatation auriculaire découlant de l’augmentation des pressions télédiastoliques ventriculaires et de l’accumulation de substance amyloïde dans les oreillettes, la restauration du rythme sinusal est problématique et rarement assurée sur le long terme. Il est toutefois licite de tenter de rétablir le rythme sinusal en pratiquant une cardioversion à courant continu, sous réserve que l’échocardiographie transœsophagienne n’ait pas mis en évidence de thrombus auriculaire. La fibrillation atriale ayant le plus souvent tendance à récidiver, l’instauration conjointe d’une anticoagulation et d’un traitement visant à ralentir la fréquence cardiaque est indispensable dans la plupart des cas. Chez les patients atteints d’amylose 12:48:15:04:13 Page 193 L’amylose cardiaque à transthyrétine 193 AL, la coexistence d’une fibrillation atriale induit un risque thromboembolique extrêmement élevé, tout comme il est généralement admis que le risque auquel sont exposés les patients atteints d’une amylose à TTR est, lui aussi, bien supérieur à celui encouru par les individus indemnes de cardiopathie amyloïde ; la prescription de warfarine permet de réduire le risque embolique.92,93 L’administration d’un bêtabloquant à faible dose est utile pour régulariser la fréquence cardiaque ; il y a toutefois lieu de veiller à ne pas porter la dose à un niveau tel que l’action bénéfique du médicament en vienne à être annulée par ses effets chronotrope et inotrope négatifs (la posologie indiquée étant habituellement de 50 à 100 mg par jour pour le métoprolol). L’amiodarone peut être intéressante pour ralentir le rythme cardiaque ; elle est susceptible de transformer la fibrillation en un flutter atrial lent, ce qui facilite la normalisation de la fréquence. L’amiodarone est considérée comme dénuée de risque chez les patients atteints d’amylose cardiaque à TTR, bien qu’il y ait naturellement lieu de surveiller ses effets toxiques connus ; ce médicament est, par ailleurs, à éviter en cas d’important trouble de la conduction (tel qu’un bloc de branche gauche) si le patient n’est pas équipé d’un stimulateur cardiaque. La dronédarone n’est que rarement utilisée dans l’amylose cardiaque à TTR, car elle est contre-indiquée dans l’insuffisance cardiaque évoluée. S’il s’avère impossible de ralentir la fréquence cardiaque associée à la fibrillation atriale sans aggraver l’insuffisance cardiaque ou diminuer le débit cardiaque, il convient alors d’envisager une ablation de la jonction atrioventriculaire avec pose d’un stimulateur ventriculaire (ou biventriculaire) à demeure. Nous avons également pour principe de proposer la pose d’un stimulateur cardiaque à nos patients atteints d’amylose cardiaque à TTR sujets à des symptômes lipothymiques et qui présentent un bloc cardiaque de degré élevé (tel qu’un bloc auriculo-ventriculaire du premier degré avec bloc de branche droit et bloc du faisceau antérieur gauche), cela afin de prévenir l’évolution vers le bloc cardiaque complet du fait de l’aggravation de l’envahissement amyloïde, mesure qui est conforme aux toutes dernières recommandations conjointes de l’American College of Cardiology et de l’American Heart Association concernant la pose de stimulateurs cardiaques.94 Il n’existe aucune étude ayant démontré l’intérêt de traiter la fibrillation atriale ou le flutter atrial accompagnant une amylose cardiaque à TTR par la réalisation d’une ablation par courant de radiofréquence ; toutefois, l’expérience que nous avons acquise est que cette approche peut être utilisée, notamment pour abolir un circuit de flutter typique. Très peu d’études ont été menées pour évaluer l’intérêt de la pose d’un défibrillateur automatique implantable en vue de la prévention primaire de la mort subite dans l’amylose cardiaque à TTR. Dans une petite cohorte de patients atteints d’une amylose AL et qui étaient à haut risque, le recours à un tel dispositif n’a pas amélioré la survie globale car la principale cause de décès d’origine arythmique a été l’activité électrique sans pouls.95 La pose d’un défibrillateur automatique implantable n’a, de ce fait, d’indications qu’en prévention secondaire, par exemple, chez un patient ayant fait un arrêt cardiaque récupéré ou chez un individu présentant un Page 194 194 Circulation Mai 2013 trouble du rythme documenté tel qu’une tachycardie ventriculaire soutenue. Greffe d’organe La transthyrétine est essentiellement produite par le foie, les sources accessoires étant les plexus choroïdes (système nerveux central) et l’épithélium pigmentaire rétinien.96 Les premières transplantations hépatiques orthotopiques (THO) ont été réalisées par l’Institut Karolinska de Suède en 1990 et par le Deaconess Hospital de Boston (Massachusetts, EtatsUnis) en 1991, la manipulation génétique ainsi effectuée visant à remplacer le principal organe producteur d’une transthyrétine mutée par un organe sain produisant la protéine de type sauvage.97 Au cours des vingt années qui ont suivi, le registre mondial des transplantations pour PAF (http://www.fapwtr.org) a reçu 1 844 notifications de THO émanant des centres de transplantation, 911 (49 %) de ces greffes ayant été pratiquées au Portugal, 235 (12,7 %) en France, 137 (7,4 %) en Suède, 97 (5,3 %) au Brésil, 83 (4,5 %) aux Etats-Unis et 80 (4,3 %) au Royaume-Uni. Ces THO ont été réalisées pour l’essentiel chez des patients atteints d’ATTR dues à la mutation V30M (94,3 %), les cas d’ATTR non liés à ce variant qui ont été ainsi traités ne représentant que 5,7 % de la population des patients transplantés. Les données cumulées recueillies sur les 579 THO pratiquées au cours des dix premières années ayant suivi la création du registre mondial des transplantations pour PAF font apparaître un taux de survie à 5 ans de 77 %,98 un pourcentage élevé de décès (39 %) ayant été rapporté à des causes cardiaques. L’Institut Karolinska a, par la suite, publié les données relatives aux 141 greffes hépatiques pratiquées dans son centre, faisant état d’un taux de survie de 83 % à 10 ans et de 60 % à 15 ans, ce qui était significativement supérieur aux taux enregistrés au sein d’une cohorte témoin traitée médicalement (respectivement, 62 et 19 %).99 La transplantation hépatique fait disparaître la transthyrétine mutée du courant circulatoire ; toutefois, des observations d’infiltration cardiaque progressive après THO ont commencé à être publiées six ans après la première transplantation pratiquée aux Etats-Unis, les patients atteints d’ATTR non liées au variant V30M ayant été alors considérés comme étant la seule population à risque.100 Mais, dans un second temps, il est apparu que les individus présentant une ATTR à V30M étaient sujets au même épaississement progressif du septum interventriculaire,101 la cardiomyopathie amyloïde préexistante semblant être le facteur prédisposant, que l’amylose soit ou non liée à la mutation V30M. L’analyse biochimique des biopsies cardiaques pratiquées, postérieurement à la réalisation d’une THO, chez les patients ayant développé une cardiomyopathie progressive a montré que des fibrilles de TTR de type sauvage s’étaient déposées dans la matrice amyloïde riche en TTR mutée,102 phénomène qui, par la suite, a également été décrit chez les patients ayant présenté une neuropathie progressive après THO.103 La progression de la cardiomyopathie amyloïde préexistante en dépit d’une transplantation hépatique réalisée avec succès a conduit à entreprendre la première transplantation cardiaque orthotopique (TCO) avec pour objectif d’éliminer le site d’hébergement de futurs dépôts amyloïdes. 12:48:15:04:13 Page 194 A ce jour, le registre mondial des transplantations pour PAF fait état de 26 patients ayant fait l’objet d’une double transplantation orthotopique, hépatique et cardiaque, réalisées conjointement dans 16 cas et à la suite l’une de l’autre dans 9 autres cas. Dubrey et al100 ont publié les données britanniques sur les THO effectuées dans le cadre d’une cardiomyopathie amyloïde. Sur les 24 greffes pratiquées, 17 l’ont été chez des patients atteints d’amyloses de type AL, 3 chez des patients atteints d’ATTR, 2 chez des patients atteints d’ASS et 2 chez des individus qui présentaient d’autres formes d’amyloses héréditaires. Les taux de survie après THO ont été de 38 % à 5 ans chez les patients atteints d’amylose AL, de 67 % à 2 ans chez ceux atteints d’ATTR et de 100 % à 3 ans chez les sujets qui présentaient une ASS.100 La littérature fait mention de 5 THO pratiquées pour ASS (le patient le plus âgé étant un Coréen de 77 ans), la survie rapportée atteignant jusqu’à 4 ans, avec absence de tout signe biopsique de réapparition de dépôts amyloïdes au niveau du cœur greffé.104,105 L’expérience acquise sur les THO pratiquées chez les patients atteints de PAF montre que les caractéristiques cliniques ayant une incidence optimale sur la survie après l’opération sont les suivantes : (1) un âge inférieur à 50 ans, (2) une maladie évoluant depuis moins de 7 ans, (3) l’appartenance au sexe féminin, (4) un indice de masse corporelle modifié supérieur à 600 (IMC [kg/m2] × albuminémie [g/dl]), (5) une régulation vasomotrice neurovégétative et une fonction vésicale normales, (6) une absence de cardiomyopathie amyloïde et (7) une ATTR à V30M.99 L’avantage dont est créditée cette forme d’amylose en termes de survie a pour fondement l’expérience acquise à partir d’une petite cohorte de patients atteints d’ATTR non liées à la mutation V30M. En 2004, Herlenius et al98 ont, en effet, publié les données de survie après THO se rapportant à 449 patients atteints d’ATTR à V30M et à 62 patients dont l’amylose était due à un autre type de TTR, la survie à 5 ans ayant été estimée à 85 % pour les premiers et à 60 % pour les seconds. Lors de sa dernière mise à jour (au 31 décembre 2010), la base de données du registre mondial des transplantations pour PAF ne réunissait toujours que 106 cas d’ATTR non imputables au variant V30M, les cas en question répondant à 46 génotypes de transthyrétine différents. La fréquence des décès de causes cardiaques chez les patients ayant fait l’objet d’une THO pour ATTR a conduit certaines équipes à se demander s’il était préférable de poser un stimulateur cardiaque à titre préventif ou seulement en cas de survenue d’un événement arythmique. Le peu de données disponibles rend toutefois l’analyse malaisée. Une étude rétrospective monocentrique (menée par l’Institut Karolinska) chez 104 patients atteints d’ATTR à V30M a recensé 26 implantations de stimulateurs, dont 7 réalisées préalablement à la THO et 19 effectuées dans un délai médian de 5 ans après la greffe.106 La THO n’a pas diminué l’incidence des troubles du rythme, pas plus que la pose d’un stimulateur n’a amélioré la survie.106 Une autre équipe (celle de l’université Johannes Gutenberg de Mayence, Allemagne) n’a pas relevé de différence entre les taux de survie à 5 ans, chez les patients ayant fait l’objet d’une THO pour ATTR, selon qu’ils avaient été équipés d’un stimulateur (n = 9) ou n’en avaient pas reçu (n = 7).107 Une étude prospective randomisée est donc Page 195 Ruberg et Berk nécessaire pour que l’on puisse définitivement juger de l’impact de la pose d’un stimulateur sur la survie après réalisation d’une THO pour ATTR. Petites molécules inhibitrices L’étude d’une famille portugaise qui s’était révélée porteuse du génotype de l’ATTR à V30M sans en présenter les manifestations cliniques a permis d’établir que ses membres étaient des doubles hétérozygotes, à la fois porteurs du variant V30M de la transthyrétine et d’une seconde mutation de cette dernière (T119M) ayant pour effet d’inhiber la maladie.108 Convaincue que l’effet trans-suppresseur intragénique exercé par T119M sur V30M était l’une des clés permettant d’appréhender le mécanisme du plissement incorrect des protéines, l’équipe de Kelly à l’Institut de recherche Scripps (La Jolla, Californie, Etats-Unis) a fabriqué des tétramères de TTR recombinants exprimant les différentes combinaisons de V30M avec T119M.109 L’incorporation du variant T119M de la TTR aux homotétramères de type V30M a empêché ces derniers de se dissocier sous l’effet de divers facteurs de stress dénaturant.109 Des études thermodynamiques ont montré que l’expression de T119M avait relevé le seuil d’activation de la dissociation des tétramères de TTR, ce qui avait ralenti l’étape auto-limitante de formation des fibrilles amyloïdes.109,110 Ayant observé que la liaison à la thyroxine avait également pour effet de stabiliser le tétramère de TTR, Kelly et al ont recherché le site de liaison de l’hormone, sélectionné les composés ayant une conformation stérique similaire à cette dernière et testé les molécules susceptibles d’exercer une action stabilisatrice à l’égard des tétramères de TTR, ce qui leur a permis d’identifier deux petits ligands intéressants car à même d’empêcher la formation des fibrilles amyloïdes in vitro : il s’agissait du diflunisal, un anti-inflammatoire non stéroïdien agréé par la FDA, et d’une molécule nouvelle, aujourd’hui désignée sous le nom de tafamidis. En se combinant au site de liaison de la thyroxine à l’interface dimère-dimère, chacun de ces deux médicaments renforce la cohésion de tétramères de TTR, ce qui empêche la libération des monomères et bloque la formation des fibrilles amyloïdes.39,110 Le tafamidis se lie plus étroitement aux tétramères de TTR que le diflunisal, mais celui-ci compense son degré de liaison inférieur par sa concentration sérique élevée. Un essai clinique en preuve de concept dans lequel du Tableau 2. 12:48:15:04:13 L’amylose cardiaque à transthyrétine tafamidis avait été prescrit à 126 patients atteints d’ATTR à V30M avec début de neuropathie périphérique (stade I) a montré que la progression de la maladie avait été fortement ralentie chez les patients qui avaient effectué l’intégralité de la période de 18 mois de l’essai.110 Les critères d’inclusion définis dans le Diflunisal Trial (http://www.clinicaltrials.gov, identifiant unique : NCT00294671) ont été plus larges, l’essai ayant porté sur 130 patients présentant des troubles neurologiques très divers et dont les amyloses à TTR étaient imputables à tous types de variants. Le recueil des données sur les 24 mois de participation à l’étude s’est achevé en décembre 2012. L’Agence européenne du médicament a récemment octroyé au Groupe Pfizer l’autorisation de mise sur le marché du tafamidis au sein de l’Union européenne. La FDA a, par ailleurs, annoncé il y a quelques mois (février 2012) qu’elle avait décidé d’accepter la demande d’AMM du tafamidis présentée par Pfizer ; pour autant, à ce jour, le médicament n’est pas encore commercialisé aux Etats-Unis. Les essais cliniques ayant montré que certaines petites molécules ayant pour effet de stabiliser la TTR étaient à même de freiner l’aggravation de l’atteinte neurologique chez l’Homme ont conduit à imaginer qu’en supprimant l’expression de la TTR il était possible de complètement enrayer l’ATTR (Tableau 2). Dans une étude en preuve de concept, Benson et al111 ont démontré que, par l’emploi d’oligonucléotides anti-sens dirigés contre le variant I84S de la TTR humaine, ils étaient parvenus à abolir jusqu’à 80 % de la transcription de cette dernière et de la traduction de son ARN dans un modèle de souris transgénique. Isis Pharmaceutical (Carlsbad, Californie, Etats-Unis) et Alnylam Pharmaceutical (Cambridge, Massachusetts, Etats-Unis) ont par la suite rapporté, lors de congrès internationaux, que des techniques fondées sur l’emploi d’ARN anti-sens ou interférents avaient permis d’inhiber entre 40 et 90 % de l’ARNm de la TTR et de l’expression de la protéine dans des modèles de souris transgénique, chez le primate non humain et dans des essais cliniques de phase I. Les premiers essais de phases II et III destinés à évaluer ces deux types d’ARN dans la PAF devraient voir le jour fin 2012 ou début 2013. Médicaments à l’étude Dans une cohorte de patients atteints de cardiomyopathies amyloïdes de type AL, l’administration d’épigallocatéchine-3- Petites molécules utilisées dans le traitement de l’amylose à transthyrétine Page 195 195 Page 196 196 Circulation Mai 2013 gallate (EGCG), qui est le principal polyphénol du thé vert, a eu pour effets de diminuer l’épaisseur du septum interventriculaire et l’indice de masse ventriculaire gauche, d’augmenter la fraction d’éjection ventriculaire gauche et d’améliorer la classe fonctionnelle de la New York Heart Association.112 Dans la PAF, l’EGCG stabilise les tétramères de TTR circulants en se fixant sur un site de liaison dimèredimère distinct du site de transport de la thyroxine par l’intermédiaire duquel les petits ligands stabilisateurs exercent leur action.113 A la différence de ces petites molécules stabilisatrices, l’EGCG inhibe également la formation in vitro des fibrilles amyloïdes matures à partir de la TTR.114 Dans un modèle de PAF chez la souris transgénique exprimant la TTR V30M humaine, l’EGCG a empêché l’accumulation de protéine préfibrillaire (cela ayant été validé par l’examen immunohistochimique) et a fait disparaître les biomarqueurs témoignant de l’exposition du réticulum endoplasmique à un stress oxydatif (BiP, FLB, nitrotyrosine 3) et qui sont aussi le reflet des effets toxiques exercés par ce précurseur amyloïde précoce.114 L’administration d’EGCG à la souris transgénique exprimant la TTR V30M fait également régresser la matrice des fibrilles amyloïdes matures, ce qui est en accord avec les travaux ayant fait état d’une lyse desdites fibrilles au sein de cultures de cellules nerveuses.115 Le resvératrol, ou 3,5,4’-trihydroxystilbène, un polyphénol principalement présent dans la peau de raisin, stabilise la TTR tétramérique en se liant à la poche de transport de la thyroxine.39,116 Des études menées sur des cultures de cellules cardiaques humaines ont montré que le resvératrol atténue les effets toxiques des agrégats de TTR préfibrillaire en stimulant la formation de tétramères à partir des monomères libres.116 Administré par voie orale, le resvératrol fait preuve d’une faible biodisponibilité du fait de la rapidité de sa conjugaison au niveau intestinal, moins de 5 % de la dose médicamenteuse reçue circulant finalement dans le sang sous forme libre.117 La consommation de vin ou de raisin n’a pas d’influence avérée sur l’évolution clinique de la PAF (la teneur du vin en resvératrol est inférieure à 25 µmol/l).118 Un essai de phase II a récemment été lancé pour évaluer l’effet exercé par le resvératrol (administré à raison de 500 mg à 2 g par jour) sur les marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer, ce qui souligne les niveaux de doses nécessaires pour pouvoir agir sur la chimie des affections neurodégénératives. Chez la souris transgénique, la doxycycline, un antibiotique de la classe des tétracyclines, empêche la formation des fibrilles amyloïdes et détruit les dépôts de fibrilles matures dans la PAF (souris privée de TTR murine et exprimant la TTR V30M humaine)119 et dans l’amylose AL (souris CMV-γ6).120 Il est à souligner que l’administration de doxycycline (15 mg/l) à des souris transgéniques atteintes d’amylose AL a généré les mêmes concentrations sériques que celles induites chez l’Homme par la posologie standard (soit 100 mg deux fois par jour).121 Dans ces deux modèles murins, la doxycycline a également inhibé la métalloprotéase matricielle de type 9, qui est un médiateur des lésions organiques provoquées par les fibrilles amyloïdes.122 Toutefois, bien que certains travaux aient montré que cet antibiotique était à même de détruire les dépôts de fibrilles amyloïdes matures in vitro, il s’est révélé dépourvu d’action sur les agrégats toxiques de TTR préfibril- 12:48:15:04:13 Page 196 laire.119,122 En revanche, l’acide tauro-ursodésoxycholique (TUDCA), un acide biliaire doté de propriétés antioxydantes et antiapoptotiques, diminue ces agrégats chez la souris transgénique exprimant la TTR sans exercer d’effet notable sur les fibrilles matures.122 Administrés de façon consécutive à de telles souris pendant, respectivement, 15 et 30 jours, la doxycycline et le TUDCA ont fortement réduit les dépôts fibrillaires prenant la coloration par le rouge de Congo ainsi que le taux d’oligomères de TTR non fibrillaire.122 Les dommages tissulaires d’origine oxydative (appréciés par la mesure des taux de BiP, de FLB et de nitrotyrosine 2) ont tous régressé sous traitement, ce qui confirme l’efficacité de ce dernier à éliminer les produits intermédiaires toxiques de la TTR.122 Afin de vérifier ces observations chez des patients atteints de PAF, l’IRCCS Policlinico San Matteo de Pavie (Italie) a entrepris en juillet 2010 une étude monocentrique ouverte de phase II portant sur l’administration de doxycycline (100 mg deux fois par jour) et de TUDCA (750 mg une fois par jour) sur une période de 12 mois. Les investigateurs prévoient que le recueil des données devrait s’achever en juillet 2012 et que les résultats devraient être présentés en décembre 2012 (http://www.clinicaltrials.gov). Conclusions L’amylose cardiaque à transthyrétine est une cause d’insuffisance cardiaque du sujet âgé qui est sous-estimée. Bien que le diagnostic de cette affection impose habituellement de pratiquer une biopsie tissulaire afin de mettre en évidence la protéine amyloïde par des techniques histologiques, l’amylose cardiaque peut également être objectivée de façon non invasive par l’échocardiographie et l’IRMC. Etant donné que la prise en charge clinique de l’amylose cardiaque à TTR diffère de celle des autres formes d’insuffisance cardiaque, il est impératif de savoir reconnaître la maladie. La transplantation hépatique demeure le traitement de référence des neuropathies et cardiomyopathies amyloïdes liées à une mutation de la TTR ; toutefois, certaines petites molécules pharmacologiques peuvent constituer des substituts efficaces au traitement chirurgical. Ces petites molécules pourraient notamment être d’un précieux apport dans l’ASS, dont, à ce jour, seule la greffe cardiaque est à même de stopper la progression. Le rôle que peuvent jouer les thérapeutiques médicales nouvelles ou en cours de développement chez les individus porteurs du gène de l’ATTR demeure, par ailleurs, à établir. Remerciements Les auteurs souhaitent remercier les Drs Martha Skinner, Lawreen H. Connors, David Seldin et Vaishali Sanchorawala ainsi que le personnel des essais cliniques hématologiques et oncologiques. Sources de financement Ce travail a été financé par des bourses octroyées au Dr Ruberg par l’American Heart Association (10SDG2550011) et l’Amyloidosis Foundation (Prix du Chercheur junior) et au Dr Berk par les National Institutes of Health des Etats-Unis (R01NS051306), ainsi que par une dotation du Young Family Amyloid Research Fund. Déclarations Le Dr Ruberg déclare avoir antérieurement bénéficié du soutien financier de FoldRx Pharmaceuticals, société rachetée par le Groupe Page 197 Ruberg et Berk Pfizer en 2010. Le Dr Berk déclare bénéficier du soutien financier d’Alnylam Pharmaceuticals, d’Isis Pharmaceuticals et du Groupe Pfizer. Références 1. Merlini G, Seldin DC, Gertz MA. Amyloidosis: pathogenesis and new therapeutic options. J Clin Oncol. 2011;29:1924–1933. 2. Sipe JD, Benson MD, Buxbaum JN, Ikeda S, Merlini G, Saraiva MJ, Westermark P. Amyloid fibril protein nomenclature: 2010 recommendations from the nomenclature committee of the International Society of Amyloidosis. 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