démérité de la vieille France, je vous offre de créer de l’autre coté de l’Océan une France
nouvelle ».
A chaque période de difficultés ou à chaque discours de coloniaux qui veulent donner une
direction nouvelle à l’expansion française, la colonisation est présentée comme un remède à la
crise sociale. « La colonisation comme soupape de sûreté d’une nation » est une expression
très répandue, et ce même dans le dictionnaire comme en témoigne l’article « Colonie » du
Nouveau Dictionnaire d’économie politique de J. Chailley (1891).
L’argument est aussi couramment employé à la Chambre, par les membres du Parti Colonial
(exemple du rapport Chautemps en 1895). Cependant le lien fait dans le discours colonial
entre colonisation et ordre social est aussi un moyen de discréditer l’anticolonialisme
socialiste. Ainsi dans la revue des Deux Mondes ont peut lire : « les colonies servent de
soupapes de sûreté, les hommes hardis, aventureux, vont y chercher fortune ce qui diminue le
nombre de mécontents et donc le nombre de militants ».
2) La France se doit d’assurer sa mission civilisatrice au sein de l’Empire
colonial :
Les Républicains Ferry et Gambetta ont fait de la politique coloniale une des missions de la
III ème République. J. Ferry est le principal partisan du devoir civilisateur de la France.
« L’œuvre civilisatrice qui consiste à relever l’indigène, à lui tendre la main, à le civiliser,
c’est l’œuvre quotidienne d’une grande nation. »
A la fin du XIX ème siècle, l’idée que la colonisation permette l’éducation des barbares et que
cela corresponde au génie de la France, est alors très répandue. Cette idée ne fait toutefois pas
l’unanimité, même chez les coloniaux.
3) L’argumentation politique des hommes d’état et des publicistes impérialistes :
Les propos de Leroy-Beaulieu sont ici éclairants : « Un peuple qui colonise, c’est un peuple
qui jette les assises de sa grandeur dans l’avenir et de sa suprématie future ».
Gambetta souhaite que la France vaincue mais non pas ruinée puisse reprendre véritablement
le rang qui lui appartient dans le monde. Il faut, selon lui, « sortir du rond autour de la
question d’Alsace-Lorraine ».
Les publicistes expliquent quant à eux qu’il faut se hâter face à la concurrence internationale
prévisible de nombreuses nations et notamment de l’Angleterre et de l’Allemagne. Ainsi, la
politique de recueillement qui consiste à regarder vers les provinces perdues est considérée
par beaucoup de colonialistes comme le chemin de la décadence.
Il s’agit alors de lutter pour que la France ne soit pas un siècle plus tard une puissance
européenne de second rang.
Ainsi, G. Charmes affirme : « la lutte des peuples et des races a désormais le globe entier pour
théâtre » et que le fait de perdre des terres en Europe ne justifie pas d’en perdre dans le
monde.
Cependant, après la défaite de Lang Son, présentée à l’opinion comme un « Sedan colonial «
par les anticolonialistes, qui entraîne la chute de Ferry, on peut avoir l’impression que la
ferveur coloniale est passée. Arthur Ranc, souvent présenté comme l’éminence grise des
gambettistes, se lance alors dans sa « campagne de 1885 » pour ré intéresser l’opinion
publique française.
4) Le discours colonial prend aussi en compte des arguments économiques