A partir du XIXème siècle, les européens se lancent dans la conquête coloniale, qui connaîtra une accélération
à partir de 1850, aboutissant à la domination de la quasi-totalité de l’Afrique et de l’Asie par les deux principales
puissances coloniales : la Grande-Bretagne et la France. En 1930, le processus de colonisation est terminé et la
France constitue un vaste empire colonial alors à son apogée. C’est pour afficher cette réussite, que les autorités
françaises décident, en 1931, d’organiser une vaste exposition coloniale qui se tient à Vincennes, près de Paris.
En quoi, cet évènement constitue-t-il un reflet de l’idéologie coloniale, dont il fait apparaître les réalités mais aussi
les oppositions naissantes ?
L’empire colonial français est le deuxième après celui de la couronne britannique, il s’étend sur trois
continents, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique. Contrairement à la politique coloniale britannique indirecte,
l’administration des colonies françaises est directe : la métropole gère directement sa colonie en y nommant des
administrateurs. La plupart des colonies françaises sont en effet administrées directement (AOF, AEF, Tonkin), le cas
de l’Algérie est particulier puisque celle-ci est départementalisée, elle fait donc partie du territoire métropolitain. La
France a tout de même recours au protectorat dans certains cas en laissant subsister le souverain déjà en place (cas
de la Tunisie et du Maroc), mais ces situations restent minoritaires. L’intégration progressive des peuples
autochtones dans les administrations est cependant inévitable en raison de la carence en administrateurs
européens. Sur le plan culturel, la France pratique une politique d’assimilation, se basant sur la volonté d’imposer la
culture française et occidentale aux territoires colonisés (imposition de la langue, organisation urbaine, etc.). En
1931, alors que l’empire colonial français est à son apogée, les autorités décident d’organiser une exposition
coloniale dans le but de montrer aux citoyens la richesse l’étendue et la variété des possessions françaises ; de plus
cette exposition a pour but de convaincre de la nécessité et de la réussite de l’entreprise coloniale, à la fois
génératrice de ressources et de débouchées à l’exportation si l’on en crois les propos tenus par Paul Reynaud,
ministre des colonies lors de cet évènement qui attirera huit millions de visiteurs. Afin de justifier cette intervention,
la France avance la mission civilisatrice qu’elle mène dans ces territoires qu’elle juge trop peu avancés, cette action a
donc pour but de développer, d’éduquer ces peuples.
Ainsi l’empire est présenté par ses défenseurs comme une nécessité sur le plan politique et économique, il
est donc exploité dans plusieurs domaines par la métropole. Dans les années 1930, la France est en pleine crise
économique, les colonies constituent alors un débouché important pour un bon nombre de productions françaises ;
en 1930, les territoires de l’empire colonial absorbaient plus de la moitié des productions de coton et le tiers des
automobiles issues de l’exportation métropolitaine. Les investissements au sein des colonies sont faibles, les
autorités partant du principe que les territoires colonisés doivent s’autofinancer. Cela n’empêche en rien le troc
abusif de produits surévalués, pratiqué par les sociétés implantées, contre des produits de grande valeur à l’époque
(ivoire, caoutchouc), profitant ainsi des populations locales en particulier en AEF, et réalisant des bénéfices
anormalement importants. Les colonies, qui sont un des plus grands atouts de la France en ce temps de crise, se
divisent en deux catégories : les colonies d’exploitation et les colonies de peuplement, nous étudierons deux cas, le
Congo français, colonie d’exploitation, et l’Algérie, colonie de peuplement.
Le Congo français fait partie de l’Afrique-Equatoriale française qui est un regroupement de colonies. Dès le
début du XXe siècle, l’exploitation de ce territoire est déléguée à des compagnies concessionnaires, des compagnies
privées profitant du monopole du commerce avec des régions extérieures à l’Europe. Ces entreprises ont recours au
pillage systématique des ressources naturelles du pays et au travail forcé. Dans les concessions, les conditions de
travail sont désastreuses, les indigènes sont forcés, par la présence de miliciens, à travailler en mettant leurs vies en
péril, le travail est donc obligatoire sous peine de sanctions. Face à la rive belge, très productive, le territoire français
instaure un impôt de capitation, payable notamment par le travail dans les récoltes de caoutchouc, principale
activité du secteur. Au lendemain de la première guerre mondiale, la métropole décide d’entreprendre une mise en
valeur agricole et des infrastructures de transport, marquant par cet investissement la transition vers une économie
coloniale tournée vers l’exportation. De 1921 et 1934, une ligne ferroviaire reliant Brazzaville, capitale de l’AEF, et le