1.2.2.5. Les mesures du Coping 1.2.2.6. Les études empiriques du

20
Ces résultats sont en ligne avec un modèle intégratif multifactoriel assez complexe que
je vous présente ici. Nous n’allons pas l’étudier en détail. La particularité de ce modèle est de
fixer des variables antécédentes comme l’environnement social et physique qui constitue un
élément à la fois stresseur et sécurisant dont le sujet fera l’évaluation en matière de stress, de
contrôle perçu et de soutien social perçu. Les variables psychosociales, les variables de
personnalité et des données biomédicales participent également à la détermination du niveau
de stress ressenti, de contrôle perçu et de soutien social perçu. On peut voir d’emblée que le
choix de stratégies de Coping sera largement déterminé par le résultat de cette transaction
individu-contexte, et que l’efficacité du Coping à diminuer le stress, à renforcer l’obtention de
soutien social ou à renforcer le sentiment de pouvoir contrôler les événements à venir
juguleront les effets du stress sur la santé physique et psychologique des sujets, leur bien-être
subjectif ou leur satisfaction.
1.2.2.5. Les mesures du Coping
Nous allons nous restreindre à quelques échelles de Coping.
La Ways of Coping Checklist (WCCL) de Lazarus et Folkman vise à évaluer deux
types de stratégies de coping. Celles qui sont centrées sur l’émotion et celles qui sont
focalisées sur le problème. Elle sera refondée plus tard par la Ways of Coping Questionnaire
(WCQ) et pour finir par une proposition de variante de Vitaliano. Elle se compose de 42 items
répartis en 5 échelles de stratégies :
- centration sur le problème
- recherche de soutien social
- autoblâme
- prendre ses désirs pour des réalités
- évitement
Ces échelles sont faites de manière empirique, c’est-à-dire que les chercheurs proposent une
gamme large de comportements, diversifiés et représentatifs des réponses possibles. Les
comportements ne sont pas ciblés en fonction d’un intérêt théorique particulier mais en
fonction des possibilités d’occurrences de comportements. Ces différentes échelles ont une
faible propriété psychométrique.
Le Coping Inventory for Stressfull Situations (CISS) a été élaboré afin de pallier ce
problème. Il se compose de 44 items mesurant 3 styles de Coping (centration sur la tâche avec
19 items, centration sur l’émotion avec 12 items et centration sur l’évitement avec 13 items).
Ces échelles corrèlent avec la WCCL et la WCQ.
Le COPE est un questionnaire dérivé d’une théorie du Coping et non plus empirique
comme les échelles précédentes. Carver et collaborateurs (1989) a proposé cette échelle. Ils
ont identif 14 types de Coping : actif, planification, suppression des activités concurrentes,
coping restreint, recherche de soutien pour information, recherche de soutien émotionnel,
reformulation positive, acceptation, coping religieux, attention aux autres et expression des
émotions, déni, désengagement comportemental, désengagement mental et désengagement
par le biais des drogues/alcool.
1.2.2.6. Les études empiriques du Coping
L’usage de stratégies selon l’âge n’est pas homogène. Les plus jeunes cherchent de
l’aide auprès de leur entourage pour résoudre des difficultés alors que les plus âgés se centrent
21
sur les émotions. Les adultes et jeunes adultes se centrent sur le problème. Des résultats
variables sont cependant observables en fonction des études. On constate parfois que les plus
âgés se centrent sur le problème et les plus jeunes sur les émotions. Cette variabilité des
résultats est liée aux facteurs culturels et environnementaux (par exemple l’expérience de la
guerre de 1939 par rapport aux jeunes des années 90 et 2000) jouent sur les attitudes et poids
des stratégies de Coping. Le niveau de maturation cognitive et émotionnelle est plus
important que l’âge en tant que tel.
Au niveau des différences de sexe, on peut noter que les hommes adolescents jusqu’aux
jeunes adultes s’orientent vers les aspects externes, l’action pour faire face au conflit alors que
les femmes s’orientent plutôt sur l’interne et l’évitement et la recherche de soutien. Le conflit
conduit davantage à l’auto-blâme chez les filles que les garçons.
Avec l’âge, ces différences entre les sexes s’atténuent et l’usage de stratégies devient
indépendant du sexe. Il semble que ces choix préférentiels liés au sexe soient dépendants des
facteurs de vulnérabilité que l’on rencontre pendant la période de l’adolescence (garçons :
agression, filles : troubles émotionnels) et de la vie de jeune adulte. Une fois ces
préoccupations liées au développement personnel sont résolues, les choix de coping
deviennent plus variés.
On peut noter cependant une certaine stabilité intra-individuelle des personnes dans leurs
choix de Coping au cours de leur vie. Des études longitudinales révèlent que les sujets ont des
modes de Coping préférentiels qu’ils tendent à conserver.
Les stratégies de Coping varient également en fonction des événements. Par exemple,
si l’on prend le cas des maladies chroniques comme l’asthme, le cancer, le diabète, l’arthrite
et la maladie coronaire, leurs aspects diffèrent et requièrent des Coping très différents. Il est
difficile de prévoir si l’un des modes de Coping sera efficace pour toutes les maladies, pour
certaines et pas d’autres. Par exemple, des maladies exigeantes comme le diabète et l’asthme
nécessitent des changements dans les habitudes quotidiennes très différentes de celles
qu’imposent un cancer ou une maladie coronaire. Les premières ont des répercussions sur le
quotidien et aux secondes se sur ajoutent une confrontation à la mort.
1.2.2.7. Les interventions thérapeutiques pour réduire le stress, les réactions
au stress, et pour produire un Coping adapté
Les compétences au Coping s’acquièrent par l’expérience et par l’utilisation de
stratégies adoptées par le passé ou vues chez autrui. Mais parfois ce que l’on a fait, appris ou
vu chez les autres n’est pas adéquat.
Nous allons décrire les méthodes cognitives et comportementales.
Ces méthodes se focalisent sur les comportements des personnes et sur les processus de la
pensée qui opèrent chez la personne.
La relaxation et la désensibilisation
Se relaxer quand on est sous stress peut être possible par la technique de relaxation
progressive des muscles (relaxation progressive). Il s’agit de focaliser son attention sur des
groupes musculaires spécifiques en les contractant puis les relâchant successivement. Il a été
observé une réduction du niveau de tension musculaire quand on focalisait l’attention des
22
sujets sur leur corps. Il semblerait que cela rende actives des pensées plaisantes durant le
processus. Ci-joint un exemple appliqué à des enfants.
La désensibilisation systématique
C’est une méthode pour réduire la peur et l’anxiété. Elle se fonde sur le principe du
conditionnement classique, les peurs s’apprennent par conditionnement classique, par
association d’un objet ou d’une situation à un événement déplaisant. Une visite chez le
dentiste associée à de la douleur entraîne une sensibilité accrue aux « dentistes ». Une
procédure de conditionnement classique désensibilisante consiste à renverser cet
Les thérapies cognitives et comportementales
Un exemple de protocole de relaxation musculaire progressive pour les enfants (enfant allongé)
Bien, lève tes bras et place les au dessus de toi. Maintenant serre tes mains très fort. Tiens tes poings
fortement serrés et tu vas sentir tes muscles dans tes poings et bras (maintenir 7-10 secondes).
Très bien, maintenant quand je dis relâche, je veux que tes muscles de tes bras et mains deviennent tout
mous comme une poupée en chiffon, et tu mets tes bras ballants sur le côté. OK, relâche (15 secondes)
2° Lève tes jambes. Maintenant et tiens les avec tes bras, serre très fort et tiens comme ça (7-10 s)
Très bien. Maintenant relâche tes muscles de tes jambes et laisse les sur le sol. Elles se sentent bien,
relâchées (15 secondes)
Maintenant, on va faire le ventre. Contracte les muscle du ventre et tiens (7-10 secondes)
OK, relâche ton ventre et sens comment ton ventre est bien, confortable (15 secondes)
Laisse tes bras sur le côté mais contracte les muscles du cou et de l’épaule. Tu peux y arriver en
bougeant tes épaules vers la tête. Tiens tes muscles contractés très fort (7-10 s)
Maintenant relâche tes muscles, qu’ils soient tout mous et sens tes muscles (7-10 s)
Contracte les muscles de ton visage. Grimace, serres tes dents, la bouche, le nez (7-10 s)
Maintenant relâche tous les muscles du visage, mâchoire. Sens comme tu es bien (15 s)
6. Maintenant je veux que tu fasses une très forte inspiration, si forte quil n’y ait plus place pour davantage
d’air. Retiens ta respiration (6-8 s)
Cest bien. Maintenant, lentement expulse lair de tes poumons, très lentement jusqu’à ce que tout soit
sorti et maintenant respire normalement (10-15 s).
Sarafino, 1986
Les thérapies cognitives et comportementales (suite)
Exemple de hiérarchie des stimuli pour la peur du dentiste
1° Imagine que tu es dans la salle dattente de ton dentiste, simplement pour accompagner
quelqu’un d’autre qui vient pour une visite de contrôle.
2° Regarde une photo dune personne assise dans un fauteuil de soin et qui sourit.
3° Imagine cette personne très calme et qui a un examen dentaire.
4° Pense à parler au dentiste à propos des frais de soins.
5° Pose lui la question sur les frais dentaires.
6° Tu tinstalles dans ta voiture après avoir été chez le dentiste sans avoir eu à payer les frais
de soins.
7° Tu es dans la salle dattente et l’aide médicale te dit que cest ton tour.
8° Tu tinstalles dans la salle de soin et le dentiste te trouve une dent à soigner.
9° Tu entends et vois la fraiseuse en marche sans quelle soit prés du visage ou de ta bouche.
10° Le dentiste touche ta dent avec un instrument et dit que ce nest pas très beau.
11° Tu vois le dentiste préparer une seringue pour tadministrer l’anesthésie.
12° Sens la seringue toucher les gencives.
13° Imagine que ta dent est fraisée.
14° Imagine que ta dent est extraite.
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apprentissage en associant l’objet craint ou la situation à des événements neutres ou plaisants.
La réponse calme remplace graduellement la réponse de peur. Cette méthode est utilisée pour
réduire les peurs telles que celles des dentistes, de la salle publique, des tests, de parler en
public. La méthode de la hiérarchie du stimulus consiste à conduire progressivement une
personne en contact avec la source de la peur en une dizaine ou une quinzaine d’étapes. La
personne suit les étapes. Elles comprennent des moments de la vie réelle au cours desquels la
personne est en contact avec la source qui fait peur et d’autres moments où la source n’est pas
présente. Ce sont des situations imaginées où le sujet s’approche progressivement avec la
source (appeler le dentiste) entrecoupée de moments sans contact et symboliques (imaginer
visage souriant). Ces étapes se font alors que la personne est calme et détendue et bien
installée. Les scènes vont de la moins difficile à la plus éprouvante ou effrayante pour
l’individu. Chaque étape focalise le sujet sur le comportement craint mais la personne est en
contrepartie encouragée à rester relâchée. Une fois qu’une étape est franchie et que la
personne est calme l’étape suivante est introduite. On peut diviser les séances en sessions (ici
par exemple six sessions d’une demi-heure). Les sessions avec des enfants sont plus courtes
que celles avec des adultes.
Le biofeedback
Un système de contrôle électromécanique rend compte des processus physiologiques
de la personne comme le rythme cardiaque, la tension des muscles. Ces informations sont
données à la personne. Elle lui permet de contrôler personnellement les processus mentaux et
physiques par le conditionnement opérant. Si par exemple la personne veut réduire la tension
des muscles de son cou et que le moniteur l’informe que le niveau de tension tend à diminuer,
cette information renforce les efforts que la personne fournie pour réduire davantage le niveau
de tension musculaire. Cette méthode est utilisée dans le cas des problèmes de santé, de maux
de tête, de douleurs musculaires. Cette méthode n’est pas à proprement parlé plus efficace que
les précédentes. Toutefois elle fonctionne mieux chez les enfants, que chez les adultes (jeu,
enthousiasme). Le temps de passation doit être très court pour les enfants (sessions de 10
minutes maxi) et association de récompenses pour minimiser la distractivité de l’enfant.
Le Modelage
On apprend le stress et à avoir peur par observation et par imitation. Par exemple, des
enfants qui observent un camarade qui a peur (réactions de peurs, pleurs etc) d’un objet ou
d’une personne, auront des comportements d’évitement de cet objet ou de cette personne. La
méthode de modelage par réduction de la peur et du niveau de stress est identique à celle de la
désensibilisation. La personne se relâche et regarde un modèle en train de réaliser calmement
une série d’activités organisées selon le principe des stimuli hiérarchisés du moins stressant
au plus stressant. La procédure de modelage peut être présentée symboliquement en utilisant
des films, des vidéos ou des modèles réels. Cette méthode est applicable dans le cadre de la
préparation à une intervention chirurgicale. Cela accélère la récupération post-chirurgicale.
Pour des enfants de moins de 8 ans, cette méthode semble les effrayer davantage qu’elle ne
les relâche. En revanche elle convient pour des plus âgés et adolescents.
L’approche focalisée sur les processus cognitifs
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Le stress découle d’un manque d’informations ou de mauvaises évaluations du
problème ou de croyances irrationnelles. La restructuration cognitive est un processus par
lequel les pensées qui provoquent du stress ou les croyances irrationnelles sont remplacées
par des pensées plus constructives ou réalistes qui réduisent une focalisation des sujets sur les
aspects menaçants. Une méthode de restructuration cognitive par exemple est la thérapie
Emotionnelle-Rationnelle.
On énumère des idées irrationnelles. Par exemple la pensée terrifiée (c’est terrible, je
ne peux pas le faire rien que d’y penser), ou la personne qui ne peut supporter une idée, une
chose (je ne peux pas le supporter) ou les personnes qui disent « Je dois ». Ces pensées
exagèrent le point de vue négatif de la situation et accroissent la déception.
Imaginons le cas d’un sportif : Il n’obtient pas les performances qu’il veut atteindre. Elles
sont trop exigeantes. Il déprime. Il se fatigue trop, il s’entraîne trop.
La thérapie consiste à utiliser la méthode de relaxation progressive et à réfléchir sur
deux choses importantes. La première est que la motivation et le désir de bien faire au-delà
d’un certain seuil d’exigence entraînent une chute des performances. La seconde est que de
réaliser des entraînements moins intenses n’est pas terrible ni intolérable, mais permet de se
reposer.
La procédure consiste finalement à réaliser des étapes dans la réflexion du sujet. Elle
est utilisée pour la dépression et l’anxiété.
Une autre méthode de restructuration cognitive est la thérapie cognitive.
Proposée par Beck (1976, Beck et al. 1990) elle tente de modifier les pensées inadaptées.
Appliquée à la dépression et l’anxiété. Il s’agit de conduire les personnes à voir qu’elles ne
sont pas responsables de tous les problèmes qu’elles rencontrent, ou que les événements
négatifs qu’elles ont vécus ne sont pas des catastrophes ou bien que leurs croyances sur ces
événements ne sont pas logiques etc.
Par exemple on peut imaginer le dialogue suivant :
Thérapeute : « qu’est-ce qui fait que vous avez raison ? que vous êtes peureuse, que vous
êtes laide. Qu’est-ce qui fait ou prouve que ce que vous dites, ce que vous êtes n’est
pas vrai. Quelles données avez-vous pour appuyer ou non ce que vous dites ? »
Patient : « Je me compare aux autres que je trouve très belles, très attirantes et je me trouve
petite à côté ».
Thérapeute : « Donc, si vous vous comparez à cette belle personne vous êtes moins bien ? ».
Les thérapies cognitives et comportementales (suite)
Exemple de Thérapie émotionnelle-rationnelle
A Description du patient de l’expérience ou de l’événement qui a précipité le bouleversement (mon
patron m’a licencié, il en avait assez de mes retards et de ma lenteur).
BQuestions et focalisation sur les croyances et pensées personnelles sur l’événement (e.g., je nose
plus sortir, j’ai honte, je n’ose pas dire que je suis licenciée etc).
CSymboliser les conséquences émotionnelles et comportementales des sentiments de désappointement
et la volonté de changer les choses pour un autre emploi. Les conséquences réelles ont été par
exemple la dépression, la honte, linaction, l’absence de démarches de recherche d’emploi.
D Questions et focalisation sur les croyances décrites en B et en C et leur contradiction avec dautres
idées comme «!J’espère que cela va aller mieux pour le prochain emploi, je ferai mieux etc). Les
pensées et idées de type B et C sont systématiquement examinées de façon logique et critique
EObservation des effets de la thérapie qui consistent en une restructuration du système de croyances et
des idées.
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