Compte-rendu de la rencontre-débat HELPP du 05/01/2012
Cancer : parler avec les enfants de la maladie des parents
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ERI territorial Gard
"L'annonce de la perte des cheveux a été moins évidente pour elle. Elle m'a dit
"mais je ne vais plus te reconnaître?". Quelques jours plus tard, elle m'a
demandé "et moi, quand est-ce que tu m'achète une perruque?". Cette histoire
de cheveux la travaille, surtout quand je mets le bonnet. Elle me dit "je veux
voir!", puis "Ah, tu me fais peur!". Quand je suis dans la salle de bain, elle
essaye de rentrer, comme si elle voulait apprivoiser cette nouvelle image de sa
mère. C'est dur pour moi, parce que je ne peux pas lui donner l'insouciance
qu'elle mérite à cinq ans; lui donner le meilleur".
Oui, mais vous pouvez lui donner le meilleur par rapport à une situation donnée,
la vôtre.
"La perception que les enfants ont du mot cancer est différente de la notre. Pour
nous, il y a trente ans, c'était synonyme de mort. Eux, ne connaissent pas cette
époque".
Effectivement, c'est pour cela qu'il faut partir de ce que l'enfant sait, de ce qu'il a
compris. Quels sont ses mots, ses représentations à lui ? Parler avec l'enfant
c'est l'accompagner depuis là où il est.
"C'est difficile de faire la part des choses. De jouer son rôle de parent,
d'éducateur, quand la maladie est là."
"Est-ce que ce n'est pas plus difficile avec des enfants plus âgés?"
Ce qui est frappant chez les ados et les enfants de 10-12 ans, c'est le sentiment
de honte, de peur et de colère qu'ils peuvent témoigner envers leurs parents, qui
pour eux, ne sont plus les mêmes.
"Ma fille m'a dit hier, alors que je me préparerais pour l'accompagner à l'école,
"surtout n'oublie pas ta perruque!".
L'adolescence est une période durant laquelle va se construire l'identité, c’est un
moment de crise souvent d’opposition avec les parents. Pour se faire,
l'adolescent a besoin d'attaquer la figure parentale, pour se différencier, se
singulariser. Mais comment le faire quand le parent est fragilisé par la maladie?
Il est important de dire à l'enfant qu'il n'est en rien responsable de ce qui arrive,
car les enfants culpabilisent facilement. De même, expliquez qu'un cancer n'est
pas contagieux.
***
Mme Ratat propose ensuite de visionner un court-métrage de 16 mn réalisé par
l'Institut de cancérologie Gustave Roussy. Intitulé "Il faut parler … savoir", il a
été conçu pour susciter les échanges entre enfants et adultes au sein de groupes
de soutien proposés depuis 10 ans à Paris, par l'Institut de cancérologie Gustave
Roussy.
On voit dans le film un petit garçon dont la mère a un cancer, on le voit en parler
avec un copain, visiter sa mère à l'hôpital. Une partie du film est consacré aux
groupes de soutien, on y voit les enfants discutés entre eux et avec un
psychologue et dessiner pour exprimer leurs émotions et leurs craintes.
Ce type de groupe de soutien pour enfants sera proposé prochainement au CHU
de Nîmes et co-animé par Mme Ratat et un soignant. Il a pour vocation de faire
se rencontrer des enfants qui vivent la même situation, celle d'avoir un parent
atteint d'une maladie grave à risque létal, le cancer. Entendre que d'autres
tiennent les mêmes propos, partagent les mêmes angoisses, rassurent les