Compte rendu de la rencontre-débat : Cancer : Comment soulager et prévenir la douleur ?
01/03/2012 - ERI CHU de Nîmes
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Même si la douleur est souvent un révélateur de la maladie et du cancer, le
Dr BREDEAU tient à souligner que tous les patients soignés pour un cancer
ne sont pas douloureux. On chiffre à 40% le taux de patients déclarant une
douleur. Ce taux augmente dans les cas où une guérison n'est pas
envisageable: 80%. Cependant, il existe aujourd'hui une grande variété de
médicaments à proposer à ces patients pour les soulager.
Emotions et représentations de la douleur
La douleur est le résultat d'une sensation perçue comme désagréable
associée à des émotions. On ne peut pas dissocier la douleur des émotions.
On voit bien comment son intensité, sa durée peuvent modifier le caractère,
le comportement, l'humeur de la personne qui souffre et ce d'autant plus, si
la douleur n'est pas prise en compte, si elle est niée.
De même, la douleur est perçue différemment par chacun, selon son histoire
de vie, selon ses représentations. Ainsi, le soignant va écouter votre douleur
à travers sa propre expérience. Le professionnel n'est pas fait de bois ou de
plomb mais de ressentis. On se rend compte que la prise en compte de la
douleur est souvent différente en fonction du professionnel:
Ainsi, on dit qu'une aide soignante entendra plus votre douleur, qu'une
infirmière, qui l'entendra plus qu'un médecin, qui l'entendra plus qu'un
médecin des urgences.
Pourquoi? Pour chacun de ces professionnels le temps passé au contact d'une
personne en souffrance est différent. De ce fait l'écoute de cette souffrance
est différente.
Trois attitudes majeures peuvent apparaître de la part du corps médical:
- La première est de banaliser, de minimiser la douleur "c'est normal, ça
va passer, il vous faut vivre avec". En ne donnant pas de vraie
réponse, le médecin évite de se mettre en défaut vis à vis de la
réponse attendue par le patient.
- La seconde attitude est de renvoyer la demande de plainte du patient,
de ne pas la reconnaître : "c'est votre faute, c'est dans votre tête".
Autrement dit "l'attaque est meilleure que la défense".
- La troisième est la fuite. Elle peut se traduire par le fait de donner une
ordonnance comme toute réponse, souvent inadaptée à une plainte
mal écoutée et donc mal entendue.
La qualité de la prise en charge de la douleur dépend donc en majeure partie
de la qualité d'écoute du praticien. Ecouter le patient sans banaliser,
minimiser ou nier sa douleur.
La douleur nécessite un temps de mise en perspective, c'est-à-dire que l'on
doit en exposer toutes les dimensions (organiques, émotionnelles,
temporelles), en préciser le contexte, pour être dans "la juste écoute".