Compte rendu de la rencontre-débat : Le couple, les proches face au cancer
05/04/2012 - ERI CHU de Nîmes
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"On a mis longtemps à en parler ensemble. J'étais dans un schéma différent,
tout en sachant que le risque existait. C'est ma femme qui allait voir le
psychologue. J'étais dans mon scénario, après la chimio ce serait bon, donc
je n'avais pas à me lamenter et à inquiéter les autres. C'était pas dramatique
Je n'en parlais pas pour protéger ma femme."."
"Je voyais les médecins sans lui, pour comprendre, je voulais savoir. C'était
une très grande solitude pour moi."
Chacun traverse cette période à sa façon. Mais chacun est seul dans cette
traversée, la personne malade, le proche. Pour certains cette solitude est
très difficile, voire insupportable.
"On veut pas baisser les bras, aller de l'avant, ça aide à garder le moral".
"Avec cette maladie, on a pas trop le choix".
"Je veux continuer mes activités, je les fait quand les effets secondaires de la
chimiothérapie s'arrêtent. C'est le signe que je vis."
On voit souvent le ou la partenaire être trop maternant. La personne malade
est traitée comme un petit garçon ou une petite fille. Le malade qui est déjà
"objet de soins" se sent régressé lorsqu'il est trop materné.
Parallèlement, certaines personnes malades ont tendance à se décharger sur
leurs proches.
"Une psychologue m'a dit de prendre soin de moi, de ne pas laisser la
personne malade se défouler sur moi. J'ai dit à mon mari : tu abuses de la
situation".
Ces moments d’échange et de partage font apparaître à quel point chacun
est touché, bouleversé, changé par la maladie et comment il est
particulièrement difficile de parler à ses proches ou à son conjoint… le souci
de l’autre prend une grande place. Le souci de l’image de l’autre aussi.
Tout a été abordé à demi-mots ou à mots pleins, avec pudeur et sensibilité,
douleur et désir de respect de soi comme de l’autre… en interrogations et en
observations fines, concernées.
Les paroles ont témoigné de la démarche où chacun se trouve engagé sans
l’avoir choisie… parfois, c’est le dialogue qui est mis à mal à travers la mise
à mal du corps, mais aussi la confiance en soi, l’autonomie, la
reconnaissance de l’autre, ou par l’autre… tout change, tout questionne, tout
effraie.
Comment préserver le dialogue, le poursuivre ou le créer, alors qu’on est
traversé par des angoisses si vives ?
Comment (re)trouver un équilibre pour continuer à avancer ?… comment
aborder les découvertes auxquelles la maladie invite, comment oser parler de