1242 Cécile Armana
Hp(C)des cochaînes harmoniques paraboliques pour 0(p)⊂GL2(A)à valeurs
complexes. D’après Drinfeld, elles s’identifient naturellement à des formes au-
tomorphes paraboliques pour GL2sur les adèles de K. L’algèbre de Hecke T
est la sous Z-algèbre commutative de End(Hp(C)) engendrée par les opérateurs
de Hecke. Le théorème 7.5(ii) est alors valable pour les premiers ptels que la
fonction Lde toute forme primitive de Hp(C)pour Hecke s’annule à l’ordre ≤1
au centre de symétrie (on dira que psatisfait la condition C). Signalons aussi le
théorème 7.8 qui donne Y0(p)(K)=∅pour q≥5 et pde degré ≥5 vérifiant C. La
condition Cprésente l’avantage d’être testable sur machine, par exemple à l’aide
des symboles modulaires pour Fq(T)[Teitelbaum 1992]. On l’a ainsi vérifiée pour
tous les premiers de degré 5 dans F2[T](déjà couverts par le théorème 1.3(i))
et, par exemple, pour les premiers suivants de F3[T]:(T5+T3−T2−T+1),
(T5+T4+T3−T2+T−1),(T5−T4−T2−1). L’ensemble Y1(p)(K)est donc
vide pour de tels p.
Cette condition Cn’est certainement pas vérifiée par tout idéal premier p. En
effet, d’après Ulmer [2002] il existe des courbes elliptiques non-isotriviales sur
Fq(T), pour qpremier, de rang arithmétique arbitrairement grand. Par le théo-
rème de modularité pour les courbes elliptiques sur K(corollaire des travaux de
Grothendieck, Deligne, Jacquet–Langlands et Drinfeld, voir [Gekeler et Reversat
1996]) et en supposant la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer pour ces courbes,
on voit que la condition Cn’est pas satisfaite pour tout p. Cependant, on s’attend
à ce qu’elle le soit assez fréquemment car une philosophie courante prédit que les
courbes elliptiques de rangs élevés (≥2) sont rares. Heath-Brown, Young et ré-
cemment Bhargava et Shankar ont obtenu des résultats en ce sens pour les courbes
elliptiques sur Q. De façon générale, déterminer la densité d’idéaux pvérifiant C
semble être un problème délicat.
Le deuxième énoncé relie l’existence de points rationnels sur Y1(p)aux formes
modulaires de Drinfeld, en exploitant la méthode de Mazur dans le cas général.
Commençons par des notations. Soit Sple A[1/p]-module des différentielles re-
latives globales de degré 1 de X0(p)sur A[1/p]. Ce sont des formes modulaires
de Drinfeld algébriques doublement paraboliques de poids 2 pour 0(p). Pour l
un idéal premier non nul de Aet distinct de p, notons Flle corps fini A/let
Sp(Fl)=Sp⊗A[1/p]Fl. L’algèbre Tagit sur Sp(Fl)via son quotient T/pToù p
désigne la caractéristique de Fq. De plus, tout élément fde Sp(Fl)possède un
développement de la forme Pi≥1bi(f)t1+i(q−1)∈Fl[[t]] en la pointe infinie de
X0(p)(voir section 6).
Dans [Armana 2011b], on a défini un symbole modulaire parabolique erela-
tivement à 0(p)au sens de Teitelbaum [1992]. C’est l’analogue de l’élément
d’enroulement de Mazur [1977]. L’algèbre de Hecke Tagit aussi sur les sym-
boles modulaires pour Fq(T). Soient Ieet ˜
Ieles idéaux annulateurs dans Tde eet