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(physiques comme la couleur, le son, l'odeur ou le toucher et non physique comme le
personnel) faisant appel à nos sens dans le but de susciter une prédisposition favorable à l'acte
d'achat » (Ayadi, 2003). L’intérêt pour ce type de recherche est né du constat que les
distributeurs rencontrent de plus en plus de difficultés à se différencier uniquement sur la base
du merchandising, du prix, de la promotion ou de la localisation (Baker et alii., 1994). En
revanche, le magasin lui-même - et plus précisément son ambiance - peut procurer une
expérience d'achat unique. L'atmosphère du point de vente peut alors être considérée comme
un élément de différenciation des magasins. Par ailleurs, nous parlons aujourd’hui de la
« personnalité du magasin » au même titre que la « personnalité de la marque ». L'ambiance
du point de vente peut donc devenir un véritable vecteur d'identité, lorsque la musique
diffusée, les couleurs, l'odeur et autres éléments atmosphériques constituent un ensemble
cohérent qui permet au consommateur de vivre une expérience de consommation unique. Les
études dans ce domaine2 sont prolixes et ont porté sur les effets, sur le comportement du
consommateur, de la musique (Rieunier, 2000 ; Guégen, Jacob et Legoherel, 2002), de l'odeur
(Maille, 2001), de la couleur (Bellizi, Crowler et Hasty, 1983 ; Crowley, 1993) et de
l’ambiance du magasin en général (Lichtlé, Llosa et Plichon, 2002). Des résultats intéressants
ont ainsi mis en évidence l’influence de certains éléments de l'atmosphère du point de vente
sur le comportement du consommateur. A titre d’exemple, l’étude de Spies et alii. (1997) -
qui a porté sur l’influence de l'atmosphère du point de vente sur l'humeur du consommateur -
révèle qu’une atmosphère plaisante agit positivement sur l'humeur du consommateur et
l’incite à dépenser spontanément plus d'argent dans les articles qu'il aime.
Si les travaux qui ont porté sur l’atmosphère du point de vente sont abondants en marketing,
les recherches qui se sont intéressées à une dimension sensorielle en particulier sont, en
revanche, beaucoup plus rares. Le goût étant un sens peu connu des chercheurs en
comportement du consommateur et en marketing, il s’avère utile d’en connaître le mécanisme
afin de proposer des actions marketing mieux orientées vers la cible enfantine.
Dans cet esprit, l’objectif de cet article est de comprendre à travers un état de l’art la
formation du goût chez l’enfant et de montrer comment l’enfant se socialise, c'est-à-dire
devient consommateur, à travers l’apprentissage du goût. Pour cela, nous présenterons dans
2 Pour une revue voir Daucé et Rieunier (2002), Le marketing sensoriel du point de vente, Recherche et
Applications en Marketing, 17, 4, 45-65.