Introduction
De la nécessité des modèles aléatoires en biologie
Les termes biologie ou sciences du vivant ont des spectres très larges : ils re-
couvrent à la fois l’étude de phénomènes à l’échelle microscopique, macroscopique,
ou mésoscopique. Du coté de “l’infiniment petit”, on peut citer par exemple la re-
cherche de séquences sur un brin d’ADN, l’étude des échanges moléculaires dans une
cellule, l’évolution de tumeurs cancéreuses, l’invasion de parasites dans une cellule.
À l’opposé, parmi les problèmes macroscopiques, mentionnons ceux des comporte-
ments de grands groupes d’individus et leurs interactions (extinction de populations,
équilibre des éco-systèmes, équilibre proies-prédateurs), ou des problèmes de géné-
tique de populations (recherche d’ancêtres communs à plusieurs individus dans une
espèce, phylogénie).
Dans la modélisation mathématique de ces différents phénomènes, quelque soit
leur échelle, l’introduction d’objets de nature aléatoire est très fréquente. Il y a
plusieurs raisons à cela parmi lesquelles les deux suivantes. D’une part, l’aléa peut-
être intrinsèque au phénomène à étudier, auquel cas, une approche probabiliste est
inévitable. On peut penser par exemple à l’existence ou non d’une mutation aux
cours de la réplication de l’ADN.
D’autre part, l’introduction de quantités aléatoires est motivée par le principe
général suivant : même si un phénomène biologique semble présenter un certain
nombre de caractéristiques déterministes, il résulte le plus souvent d’interactions
entre un grand nombre d’individus (molécules, espèces) dont le comportement est
complexe et soumis à une grande variabilité. Un modèle déterministe cherchant à
décrire l’évolution globale du phénomène au cours du temps et prenant en compte
le comportement de chaque individu, résulterait en un gigantesque système d’équa-
tions le plus souvent non résoluble en pratique. La démarche probabiliste consiste à
supposer que le comportement de chaque individu est aléatoire (la complexité et la
variabilité sont alors cachées dans l’aléa) puis d’utiliser la théorie des probabilités (loi
des grands nombres, théorème limite central etc.) pour en déduire l’évolution globale
du phénomène. Cela permet ainsi, à partir d’une description individuelle / micro-
scopique très précise d’en déduire des comportements globaux / macroscopiques de
manière rigoureuse, qu’ils soient déterministes ou aléatoires.
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