
INTRODUCTION
La critique universitaire doit-elle — ou peut-elle — s'attacher à des
œuvres contemporaines ? La question n'est pas triviale, elle se pose
fréquemment dans la recherche historique qui s'intéresse au XXè siècle.
La contemporanéité de la période fait courir le risque aux études
littéraires qui accordent une place prépondérante au contexte de n'avoir
accès qu’à des travaux erronés, partiels, voire partials, qui fausseraient
leur approche du texte. Les œuvres étudiées devraient dans ces conditions
n'appartenir qu'à un passé révolu et certain. Les approches plus
immanentes se heurtent à un second problème qui est celui de
l'inachèvement de l'œuvre qui va continuer de croître, de développer les
réponses aux questions qu'elle pose à elle-même. Est-il légitime de vouloir
figer ce qui est encore en mouvement ?
La question est plus cruciale encore s'agissant d'un auteur dont le
premier roman n'a été publié qu'en 1985. Huit années nous sépare en effet