EPFL - Section de Mathématiques Semestre d’automne 2014 Algèbre Prof. Eva Bayer Fluckiger Sections : Systèmes de communications, Informatique, Chimie et génie chimique Solution du Test 2 Exercice 1. (10 points) 1. On effectue l’algorithme d’Euclide : pgcd(P, Q) est le polynôme unitaire associé au dernier reste non nul. X 4 + X 2 − 2 = X(X 3 − 1) + X 2 + X − 2 X 3 − 1 = (X − 1)(X 2 + X − 2) + 3X − 3 2 1 X 2 + X − 2 = (3X − 3)( X + ) + 0 3 3 On obtient donc D(X) = X − 1. 2. Pour trouver de tels polynômes U (X) et V (X), on remonte l’algorithme d’Euclide. 3D(X) = P (X) − (X − 1)(X 2 + X − 2) = P (X) − (X − 1)(Q(X) − XP (X)) 3D(X) = (X 2 − X + 1)P (X) − (X − 1)Q(X) On peut donc prendre U (X) = 31 (X 2 − X + 1) et V (X) = − 13 (X − 1). Exercice 2. (20 points) 1. La décomposition en facteurs premiers de 385 est 5 · 7 · 11. Par conséquent, il a ϕ(385) = 4 · 6 · 10 = 240 unités dans Z/385Z. Or, dans Z/385Z, il y a trois types d’éléments : 0, les unités, et les diviseurs de zéro. On en déduit qu’il y a 385 − 1 − 240 = 144 diviseurs de zéro dans Z/385Z. 2. D’après le théorème des restes chinois, qui s’applique ici car 5, 7 et 11 sont deux-à-deux premiers entre eux, il suffit de montrer que tout entier x satisfait x241 = x(mod p), pour p = 5, 7 et 11. Or de deux choses l’une : soit x = 0(mod p) et alors l’égalité est claire, soit x est une unité modulo p, et donc xp−1 = 1(mod p) d’après le théorème de Fermat. Dans le second cas, on remarque que p − 1 divise 240, donc x240 = 1(mod p). En multipliant par x des deux côtés, on obtient l’égalité voulue. Exercice 3. (20 points) 1. C’est faux. Prenons par exemple P (X) = X 2 + X + 1. Ce polynôme est irréductible dans F2 [X] car il n’a pas de racine dans F2 . Par conséquent, l’anneau F2 [X]/(P (X)) est un corps à quatre éléments. Ce corps est donc isomorphe à F4 , et l’image de [X] par un isomorphisme F2 [X]/(P (X)) → F4 fournit une racine de P dans F4 . Par conséquent P n’est pas irréductible dans F4 [X]. 2. C’est faux. Tout élément x de F4 vérifie x + x = 0, donc l’ordre de x dans (F4 , +) est soit 1 soit 2. 3. C’est vrai. On a [X] · [X] = [X 2 ] = [0] dans Q[X]/(X 2 ), mais [X] 6= 0 car X 2 ne divise pas X. 4. C’est vrai. En effet, on a [X + 1] · [1 − X] = [1 − X 2 ] = [1] dans Q[X]/(X 2 ), donc [X + 1] est une unité, et son inverse est [1 − X]. 5. C’est vrai. Si G = {1}, alors G est cyclique. Si G 6= {1}, soit g ∈ G \ {1}. Le sous-groupe hgi est différent de {1} car il contient g et est donc égal à G par hypothèse. On en déduit que G est cyclique. Exercice 4. (25 points) 1. Il s’agit de résoudre le système de congruences suivant : x ≡ 9 (mod 10) x ≡ 1 (mod 6) x ≡ 4 (mod 15). On commence par résoudre le système formé des deux premières congruences. Si une solution à ce système existe alors elle est unique à un multiple de ppcm(10, 6) = 30 près. Par ailleurs, une telle solution peut s’écrire 9 + 10a ou 1 + 6b, avec a et b des entiers. On obtient 8 = 6b − 10a, et l’on voit que l’on peut prendre a = 1 et b = 3. Par conséquent, le système initial est équivalent au système suivant : x ≡ 19 (mod 30) x ≡ 4 (mod 15). Remarquons maintenant que dans ce dernier système, la deuxième équation est satisfaite si la première l’est. On obtient donc : S9,1,4 = {19 + 30k, k ∈ Z}. 2. Supposons que S1,0,0 est non vide. Soit x ∈ S1,0,0 . L’entier x satisfait donc le système de congruences suivant : x ≡ 1 (mod 10) x ≡ 0 (mod 6) x ≡ 0 (mod 15). La première congruence impose à x d’être impair et la deuxième lui impose d’être pair, ce qui est une contradiction. Le même argument montre par exemple que S3,0,0 est aussi vide. 3. Pour voir que U est un sous-groupe de Z3 , commençons par observer que (0, 0, 0) appartient à U , car S0,0,0 est non vide (par exemple, 0 appartient à S0,0,0 ). Ensuite, donnonsnous (a, b, c) et (a0 , b0 , c0 ) deux éléments de U et montrons que la différence (a, b, c) − (a0 , b0 , c0 ) = (a − a0 , b − b0 , c − c0 ) est aussi un élement de U . Par définition de U , on peut fixer un élément x ∈ Sa,b,c et un élément x0 ∈ Sa0 ,b0 ,c0 . On a donc : x ≡ a (mod 10) x ≡ b (mod 6) x ≡ c (mod 15) et x0 ≡ a0 (mod 10) x0 ≡ b0 (mod 6) x0 ≡ c0 (mod 15). On obtient alors : x − x0 ≡ a − a0 (mod 10) x − x0 ≡ b − b0 (mod 6) x − x0 ≡ c − c0 (mod 15). Ce qui montre que x − x0 appartient à Sa−a0 ,b−b0 ,c−c0 et donc à fortiori que cet ensemble est non vide. Par définition, cela montre que (a, b, c) − (a0 , b0 , c0 ) appartient à U . Exercice 5. (25 points) 1. Notons P (X) = X 4 + X 3 + X 2 + X + 1. Tout d’abord, observons que P (1) = 0. On peut donc factoriser P (X) par X − 1. Une division euclidienne montre que l’on a : P (X) = (X − 1)(X 3 + 2X 2 + 3X + 4). On voit alors que 1 est à nouveau une racine du quotient X 3 +2X 2 +3X +4, ce qui nous permet d’écrire : P (X) = (X −1)2 (X 2 +3X +1). Finalement, comme 3 = −2 dans F5 , on reconnaı̂t dans X 2 + 3X + 1 le développement de (X − 1)2 , ce qui nous donne P (X) = (X − 1)4 . Pour factoriser Q(X) = X 4 − X 3 + X 2 − 1, on commence aussi par remarquer que Q(1) = 0. Par une division euclidienne, on obtient alors : Q(X) = (X − 1)(X 3 + X + 1). Par ailleurs : 03 + 0 + 1 = 1, 13 + 1 + 1 = 3, 23 + 2 + 1 = 1, 33 + 3 + 1 = 1, 43 + 4 + 1 = 4, donc le polynôme de degré trois X 3 + X + 1 n’a pas de racine dans F5 . Il est donc irréductible. Enfin, notons R(X) = X 3 + X 2 + 1. On a R(0) = 1, R(1) = 3, R(2) = 3, R(3) = 2 et R(4) = 1, donc le polynôme de degré trois X 3 + X 2 + 1 n’a pas de racine dans F5 . Il est donc irréductible. 2. Notons α la classe de congruence de X − 1 dans l’anneau A = F5 [X]/(P (X)). Il est clair que α est non nul car P (X) ne divise pas X − 1. De plus, par définition de la multiplication dans l’anneau A, α4 est la classe de congruence de (X − 1)4 . Comme P (X) = (X − 1)4 , on voit que α4 = 0. 3. Notons γ (resp. δ) la classe de congruence de X −1 (resp. X 3 +X +1) dans dans l’anneau B = F5 [X]/(Q(X)). On a γ 6= 0 et δ 6= 0 car Q(X), étant de degré 4, ne divise ni X − 1 ni X 3 + X + 1. De plus, d’après la factorisation obtenue dans la question 1., γδ est la classe de congruence de Q(X), donc γδ = 0. On voit donc que γ et δ sont des diviseurs de zéro dans l’anneau B. Soit aussi β un élément de B tel que β 4 = 0. Soit S(X) un polynôme dans F5 [X] dont β est la classe de congruence. On voit donc que Q(X) divise S(X)4 . Par conséquent, les polynômes irréductibles X − 1 et X 3 + X + 1 divisent S(X)4 et donc S(X), par unicité de la décomposition d’un polynôme en facteurs irréductibles. Le produit Q(X) de ces deux facteurs divise donc S(X) ce qui montre que β = 0. 4. Les anneaux A et B ne sont pas isomorphes. En effet, en reprenant les notations des questions précédentes, si f : A → B est un isomorphisme d’anneaux, alors f (α)4 = f (α4 ) = 0 et f (α) 6= 0. Or un tel élément f (α) n’existe pas dans B, comme on l’a vu à la question 3. Les anneaux A et C sont isomorphes. Par exemple, l’application A → C, [T (X)] → [T (X + 1)] est bien définie et est un isomorphisme. D’après la question 1., le polynôme R est irréductible. Par conséquent, l’anneau D est un corps, et il ne possède donc pas d’élément non nul tel que 4 = 0. Comme A possède un tel élément, A et D ne sont pas isomorphes. Les anneaux B et C ne sont pas isomorphes, car sinon, comme A et C sont isomorphes, on aurait que A et B sont isomorphes, ce qui n’est pas le cas comme on l’a déjà vu. Les anneaux B et D ne sont pas isomorphes car B possède un diviseur de zéro et pas D, qui est un corps. Les anneaux C et D ne sont pas isomorphes, car sinon, comme A et C sont isomorphes, on aurait que A et D sont isomorphes, ce qui n’est pas le cas comme on l’a déjà vu.