européenne de Défense, en 1954, quatre ans avant qu'il
soit rappelé au pouvoir. La CED aurait également
signifié, bien entendu, une politique étrangère commune,
idée qui répugnait à tous les Français.
C'est pourquoi une des réponses, et peut-être la plus
importante, à la question de savoir pourquoi il n'existe
pas aujourd'hui d'Europe intégrée ou unie, alors que
tous les gens rationnels pensent qu'elle serait essentielle
à la paix et à la défense de la civilisation, ne doit pas être
recherchée simplement sur la scène politique française
contemporaine mais surtout dans le passé et le caractère
du peuple.
«La France est la Gascogne de l'Europe», écrivit
Henrich Heine, correspondant à Paris, à son journal
allemand : l'Augsburger Allgemeine Zeitung, en 1831 (De la
France, sixième lettre). C'était treize ans avant
qu'Alexandre Dumas immortalise d'Artagnan, mousque-
taire gascon, soixante-six ans avant qu'Edmond Rostand
rende le caractère gascon internationalement célèbre
avec son Cyrano de Bergerac. Tout le monde sait à présent
que les Gascons sont proverbialement chevaleresques,
prodigues, généreux, téméraires, débordants d'imagi-
nation, irrésistibles lorsqu'ils rencontrent des femmes et,
par-dessus tout, vains et vantards. Selon les mots mêmes
de Rostand : «Libres combattants, libres amants,
gaspilleurs, défenseurs de vieilles demeures, de vieux
noms, de vieilles splendeurs… se vantant de crêtes et de
pédigrés.» Presque inévitablement, cet animal
éminemment gascon, le coq, fut choisi il y a bien
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Ces européens sont impossibles !