– Les antidépresseurs ne doivent jamais être uti-
lisés en monothérapie dans la phase dépres-
sive du TBI, mais uniquement en traitement
combiné avec des stabilisateurs de l’humeur ou
des neuroleptiques atypiques.
Comme le signale [42], le traitement psycho -
pharmacologique de la dépression bipolaire est
complexe, difficile et ne fait pas l’objet à l’heure
actuelle d’un consensus clairement établi. Dans
ce contexte, les antipsychotiques de deuxième géné -
ration, notamment la quétiapine, mais aussi l’olan-
zapine, représentent une alternative intéressante
dont certains patients pourront sans doute béné -
ficier.
En effet, chez les adolescents bipolaires, ces
médicaments sont faciles à administrer et repré-
sentent un moyen sûr et efficace pour juguler la
crise suicidaire [35]. Ils restaurent le sommeil,
diminuent l’angoisse et l’idéation suicidaire. Ils
agissent non seulement sur l’appétit et le sommeil,
mais aussi sur la tristesse apparente et exprimée
ainsi que sur les pensées pessimistes, la lassitude
et l’incapacité à ressentir des émotions [43]. Cette
indication clinique vient étayée par des recherches
qui montrent l’effet de ces molécules sur les ré-
cepteurs alpha-adrénergiques [44, 45].
Conclusions
Des progrès peuvent être encore accomplis dans le
diagnostic précoce du TBEA chez les jeunes qui
consultent les services de pédopsychiatrie. Près de
la moitié des tentatives de suicide des adolescents
scolarisés sont attribuées au TBEA, tandis que la
moitié des adolescents bipolaires interrogés évo-
quent une problématique suicidaire qui dans le
tiers des cas aboutira à un passage à l’acte dont
l’issue est trop souvent fatale.
C’est pourquoi, détecter et traiter précocement
le TBEA constitue un axe essentiel dans la pré-
vention contre le suicide. Parallèlement aux fac-
teurs de vulnérabilité génétique indispensables
au diagnostic de TBEA [19], le clinicien doit être
particulièrement attentif lorsque des symptômes
prodromiques surgissent chez des enfants ou ado-
lescents issus de familles à haut risque et ce d’au-
tant plus si l’anamnèse familiale fait état d’abus
de substances et/ou de tentatives de suicide.
Ainsi, lorsque des enfants, aux antécédents
familiaux (risque génétique) et à l’anamnèse de
vulnérabilité clairement établie, présentent les
symptômes prodromiques2, le clinicien devrait
pouvoir être alerté quant à l’éventualité d’un trou -
ble bipolaire de l’enfant et de l’adolescent et donc
quant à un risque suicidaire augmenté. Il est alors
recommandé de débuter un traitement psycho-
pharmacologique adapté, associé bien entendu à
des mesures psychothérapeutiques, psychoéduca-
tives et d’encadrement familial indispensables en
pareil cas.
Enfin, il apparaît maintenant clairement que
le diagnostic aussi précocement que possible du
trouble bipolaire de l’enfant et de l’adolescent
constitue un défi majeur dans l’avenir, et d’autant
plus qu’il peut s’avérer une stratégie fondamenta-
le dans la lutte contre le suicide.
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2 Oscillations d’humeur, irritabilité, altérations du sommeil,
manie, dépression, intolérance à la frustration, hyperac-
tivité, impulsivité.