Les autosondages 887
l’apparition d’une vessie hypocontractile. Les situations
d’obstructions sous-vésicales sont principalement marquées
par l’hypertrophie bénigne de la prostate. Lorsque les trai-
tements médicamenteux sont inefficaces et en attendant
la réalisation d’une désobstruction chirurgicale ou lorsque
cette dernière est contre-indiquée temporairement ou défi-
nitivement, chez un patient en rétention, la réalisation
d’autosondage peut être proposée. Elle permet d’éviter les
complications liées au port d’une sonde à demeure et il a
même été rapporté que la réalisation d’autosondages était
associée à de meilleurs résultats postopératoires, voire per-
mettait, dans certains cas, d’éviter la chirurgie, les patients
reprenant des mictions spontanées. Une autre indication est
l’autodilatation de l’urètre chez un patient ayant une sté-
nose de l’urètre traitée par uréthrotomie. Cette technique
permet de diminuer le risque de récidive de la sténose.
Elle peut être proposée quel que soit le siège de la sté-
nose y compris au niveau d’une anastomose vésico-urétrale
chez un patient ayant eu une prostatectomie radicale. La
dernière indication urologique est l’hypertonie sphincté-
rienne (sphincter externe de l’urètre trop fort) qui peut être
responsable d’une vessie acontractile. Plusieurs situations
pathologiques ont ainsi été décrites comme le syndrome
de Fowler secondaire à un dysfonctionnement du muscle
sphinctérien d’origine hormonale, le syndrome d’Ochoa
(maladie génétique associant une anomalie de l’expression
faciale et une dysfonction de la vidange vésicale), le syn-
drome d’Hinman-Allen (association de troubles mictionnels,
psychologiques, parfois digestifs, d’une dyssynergie vésicos-
phinctérienne et d’une dilatation du haut appareil urinaire)
et le syndrome du plancher périnéal spastique ou hyperacti-
vité du plancher pelvien ou hypertonie du plancher pelvien
d’origine non neurogène (spasticité plus ou moins contrôlée
du plancher périnéal).
Pathologies gynécologiques
Les pathologies gynécologiques conduisant à la réalisation
de l’autosondage sont rares et le plus souvent temporaires le
temps qu’un traitement spécifique soit réalisé. Elles sont le
plus souvent responsables d’une obstruction sous-vésicale.
Les pathologies en cause sont les fibromes utérins en parti-
culier de localisation isthmique, les tumeurs du corps et du
col de l’utérus, du vagin, des lésions d’endométriose et un
prolapsus génito-utérin.
Plus rarement, elles vont être responsables d’une perte
de la contractilité vésicale, principalement par des méca-
nismes d’inhibition réflexe de l’innervation vésicale ou
par envahissement de ses nerfs. Ce peut être le cas lors
d’infections génitales telles que les infections herpétiques
ou zostériennes, lors de lésions traumatiques pelviennes
d’origine obstétricale, par exemple, ou par envahissement
par de volumineuses tumeurs.
Pathologies digestives
À l’instar des causes gynécologiques, la nécessité de réa-
liser des autosondages est souvent temporaire, le temps
qu’un traitement étiologique soit instauré et soit effi-
cace. Le mécanisme le plus fréquent est une inhibition de
toute contractilité vésicale par des mécanismes réflexes.
Les pathologies digestives en cause sont un fécalome, une
fissure anale, une poussée hémorroïdaire... Les tumeurs
digestives peuvent également être responsables de réten-
tion d’urine soit par compression soit par atteinte de
l’innervation vésicale.
Origine iatrogène
Elle constitue une cause fréquente de rétention d’urine et
donc d’indication d’autosondage. Les mécanismes sont le
plus souvent par inhibition ou par diminution de la contrac-
tilité vésicale lorsqu’ils sont d’origine médicamenteuse et
de nature obstructive après chirurgie. L’hypocontractilité
ou acontractilité n’est pas toujours à interpréter comme un
effet indésirable mais peut aussi être recherchée volontaire-
ment en particuliers chez des patients neurologiques traités
par anticholinergiques ou toxine botulique.
Les médicaments les plus fréquemment en cause sont les
anticholinergiques (oxybutinine, trospium...), les morphi-
niques et dérivés, la toxine botulique, les neuroleptiques,
certains antiparkinsoniens...
L’hypocontractilité vésicale liée à une intervention chi-
rurgicale, en dehors des dénervations évoquées plus haut,
fait suite à l’interposition de tissu digestif au sein du bas
appareil urinaire. C’est, notamment, le cas après un agran-
dissement de vessie ou après réalisation d’un remplacement
complet de la vessie. Toutefois, tous les patients ayant eu
ces interventions ne nécessitent pas l’autosondage, les taux
habituellement rapportés sont de 70 % d’autosondage après
une chirurgie d’agrandissement vésical et jusqu’à 25 % après
un remplacement de vessie.
Toutes les chirurgies ayant pour objectif d’augmenter
les résistances sous-urétrales peuvent aboutir à une obs-
truction plus ou moins complète à l’écoulement de l’urine.
L’injection d’agents de comblement (collagène, macroplas-
tique), la mise en place d’une bandelette sous-urétrale
(Tension-free Vaginal Tape [TVT]®), de ballons Adjustable
Continence Therapy (ACT)®ou ProACT®et d’un sphinc-
ter artificiel urinaire peuvent conduire à une rétention
d’urine.
Pathologies psychiatriques
Certains traumatismes psychologiques peuvent aboutir à
l’apparition d’une hypertonie sphinctérienne rebelle qui
peut conduire à une vidange incomplète, voire impossible
de la vessie.
Une rétention d’urine par hypocontractilité vésicale peut
également se rencontrer lors de conversions hystériques.
Aptitudes nécessaires pour pouvoir
réaliser l’autosondage
Au-delà de l’indication médicale guidée par le dys-
fonctionnement vésicosphinctérien du patient, proposer
l’autosondage impose auparavant de s’assurer de ses capa-
cités à réaliser le geste, à l’intégrer dans sa vie quotidienne
(sociale, professionnelle et personnelle), à en compren-
dre les raisons et la technique. Il s’agit d’obtenir une
vidange régulière, complète, pluriquotidienne de la vessie.
L’acceptabilité totale est donc indispensable. Certains fac-
teurs pouvant affecter l’acceptation de ce traitement ont