Lire l`article complet

publicité
fiche
patient
L’autosondage
G. Amarenco*, P. Denys**
autosondage (ou autocathétérisme
intermittent) est une méthode thérapeutique permettant d’assurer la vidange vésicale en cas de rétention urinaire complète ou
incomplète quelle qu’en soit la cause. Le principe en est simple : c’est l’introduction, par le
patient lui-même, d’une sonde dans la vessie à
travers l’urètre, pour la vider.
L’autosondage est une technique déjà ancienne
développée dans les années 70. Initialement,
elle était utilisée par des patients paraplégiques à la phase aiguë de leur accident et
dont la vessie ne se contractait pas. Progressivement, les indications se sont élargies et,
désormais, cette technique est utilisée comme
mode de drainage à long terme dans de nombreuses maladies touchant l’appareil urinaire :
maladies urologiques, affections neurologiques, enfants, personnes âgées. Sa facilité de
réalisation, le recul important et les nombreuses études qui ont été pratiquées ont pu
démontrer tout son intérêt dans la préservation
de la fonction rénale et la prévention des infections urinaires.
Fiche
à
détacher
et
à
archiver
L’
Fonctionnement vésical
normal et pathologique
conduisant à l’autosondage
*Hôpital Rothschild, Paris.
**Hôpital Raymond-Poincaré, Garches.
Le déroulement de la miction (évacuation des
urines contenues dans la vessie) est, chez l’individu sain, totalement automatique : le réservoir vésical se contracte, alors que les sphincters s’ouvrent largement pour laisser s’écouler
les urines. Au contraire, pendant la phase de
continence, la vessie est parfaitement relâchée,
se laissant remplir d’urines, alors que les
sphincters sont contractés. Cette coordination
entre vessie et sphincters au cours de la miction
est totalement automatique. Dans certaines
conditions pathologiques, le fonctionnement
Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. III - janvier/février/mars 2003
vésical est défaillant, avec une miction soit
impossible, soit incomplète. Deux types de dysfonctionnements vésicaux peuvent se rencontrer au cours des rétentions urinaires.
● La vessie hypo- ou acontractile rétentioniste,
qui est une vessie qui ne se contracte pas ou
peu, en raison :
– d’une paralysie du muscle vésical secondaire
à une lésion neurologique soit des centres nerveux (cerveau, moelle), soit des voies de
conduction de l’influx nerveux (faisceaux
médullaires, racines nerveuses, nerfs) ;
– d’une altération de sa structure musculaire :
vessies forcées (“vessie claquée”) secondaires
à une distension excessive prolongée dépassant 1 litre ; altération de la vessie chez la personne âgée avec modification progressive de la
structure mécanique ;
– d’une acontractilité induite volontairement
par des médicaments (anticholinergiques) .
● La vessie reste contractile mais est rétentionniste, la contraction du muscle vésical restant
possible, mais la vessie ne se vide pas, en raison :
– d’une non-ouverture des sphincters pendant
cette contraction ;
– d’un obstacle à l’écoulement des urines le
long du trajet de l’urètre, soit par une compression extérieure (adénome de la prostate...), soit
du fait d’une lésion à l’intérieur du conduit
(rétrécissement posttraumatique, postinfectieux, diverticule...).
Le pourquoi
de l’autosondage
La mauvaise vidange vésicale et/ou les poussées abdominales pour tenter de la vider, peuvent déterminer des complications plus ou
moins graves et plus ou moins immédiates :
47
L’autosondage
fiche
48
Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. III - janvier/février/mars 2003
archiver
à
et
Au cours d’un traitement par autosondage, les
infections urinaires sont peu fréquentes quand
les conditions de réalisation correcte sont respectées : diurèse suffisante, nombre de sondages optimaux, hygiène correcte. La constatation d’un examen cytobactériologique des
urines “positif” isolé, sans signe de gravité
(fièvre, fuites d’urines, aggravation de l’état clinique) doit pousser à consulter le médecin traitant, mais cède la plupart du temps à la simple
augmentation du volume des boissons et du
nombre de sondages. Point n’est besoin, dans
la majorité des cas, de stériliser les urines par
des antibiotiques qui, souvent, ne feraient que
sélectionner des germes plus pathogènes.
À l’inverse, la constatation de signe associé
quel qu’il soit, et tout particulièrement d’une
fièvre, impose de consulter pour rechercher une
infection de la prostate, des testicules ou des
reins, conduisant à la prescription d’antibiotiques.
Des lésions urétrales sont observées chez
3 à 5 % des hommes et sont exceptionnelles
chez la femme. Il s’agit le plus souvent de sténoses de l’urètre ou de plaies de la paroi.
L’urétrocèle (poche dilatée de la paroi urétrale)
est très rare.
Elles se révèlent par des difficultés au sondage,
une sensation de butée, de passage difficile ou
encore par une urétrorragie devant conduire à
consulter dans les plus brefs délais.
■
détacher
Le sondage vésical transurétral est habituellement effectué à un rythme de 6 à 7 par jour
(toutes les 4 heures), avec une diurèse de deux
litres régulièrement répartie sur les 24 heures,
pour obtenir des volumes de sondage d’environ
300 à 400 ml. Deux techniques sont utilisées :
l’autosondage par sonde autolubrifiée à faible
friction ; l’autosondage par sonde sèche lubrifiée (vaseline, huile) chez l’homme. Désormais,
le sondage est très habituellement effectué par
des sondes urinaires stériles à usage unique.
Le lavage préalable des mains à l’eau et au
savon est indispensable, ainsi qu’une toilette
locale réalisée soit à l’eau savonneuse, soit à
l’aide d’une lingette, plus rarement par un antiseptique local. La sonde est introduite par le
méat, puis progressivement poussée jusque
dans la vessie. La vidange de l’urine est assurée, puis complétée par une pression manuelle
au-dessus du pubis pour finir de bien vider la
Les complications
de l’autosondage
à
Les techniques
d’autosondage
vessie. La sonde est retirée très progressivement pour assurer une toilette de l’urètre, surtout chez l’homme.
Fiche
infections urinaires basses à répétition, la stase
vésicale favorisant la prolifération microbienne ; infections ascendantes du rein (pyélonéphrite) ; lithiase (calculs vésicaux, urétéraux
ou rénaux favorisés par l’infection) ; dilatation
de la vessie avec risque d’anomalie de sa structure (hernie de sa paroi réalisant des diverticules) ; reflux des urines depuis la vessie jusqu’aux reins menaçant de les détruire ;
dégradation et chute progressive du périnée
induites par les efforts de poussée abdominale
pouvant être responsables de complications
locales (hémorroïdes, prolapsus rectal, gynécologique, bascule de la vessie...).
Téléchargement