La relation entre la consommation d’alcool et certains types de cancers est un fait établi. De manière générale, les politiques de lutte contre l’alcoolisme se divisent en deux catégories: les politiques axées sur la réduction de l’offre et celles visant une baisse de la demande. Pour ce qui est des politiques de réduction de l’offre par le biais de mesures portant sur les prix, les limites d’âge, la densité des points de vente et les horaires de vente, l’abondante documentation disponible apporte la preuve de leur efficacité. Par contre, les faits sont moins probants concernant les politiques de réduction de la demande. La prévention de l’alcoolisme en milieu scolaire semble peu efficace et peu durable. Les campagnes médiatiques n’apportent généralement pas de modification notable des comportements. Toutefois, les interventions de type communautaire semblent, elles, prometteuses. L’efficacité d’interventions ponctuelles de la part des médecins généralistes est aussi suffisamment démontrée. En matière de prévention de l’alcoolisme, les organisations non gouvernementales indépendantes jouent un rôle crucial. Outre leurs interventions en tant que groupes de pression, elles jouent également un rôle normatif auprès du grand public. 122 L’alcool L’alcool 123 Preuves scientifiques du rôle de l’alcool dans l’apparition des cancers Normes sociales et consommation d’alcool dans les sociétés occidentales Méthodes et caractéristiques des interventions efficaces Informations manquantes Recommendations et conclusions 124 L’alcool Preuves scientifiques du rôle de l'alcool dans l'apparition des cancers Voies aéro-digestives supérieures Les études de cohorte révèlent que le risque relatif en matière de Les publications scientifiques cancer de la cavité buccale et font état depuis longtemps de la du pharynx est de 2 à 5 fois relation entre cancer et consom- supérieur pour les personnes mation d’alcool. Ainsi, le lien ayant une forte consommation entre consommation d’alcool et d’alcool que pour les consomma- cancer des voies aéro-digestives teurs modérés. Pour le cancer de supérieures (cavité buccale, pha- l’œsophage, ce risque varie entre rynx, larynx et œsophage) est 2 et 5 selon les études. Il se situe établi de manière indubitable. Le entre 1,4 et 5,4 pour le cancer du lien consommation larynx (3). Il est généralement d’alcool et le cancer du foie est admis qu’une forte consomma- également démontré, tandis que tion d’alcool alliée au tabagisme la relation alcool et cancer du accroît le risque de cancers de ce sein d’une part, cancer rectal type de manière additive, voire d’autre part, semble probable. multiplicative (4). entre la Par contre, il n’existe aucune preuve formelle du lien entre la Cancer du foie consommation le Le risque relatif lié à l’alcool cancer de la vessie et aucun lien concernant les cancers du foie n’a été établi entre consomma- varie entre 1 à 35 selon les tion d’alcool et cancer de l’esto- études (1). C’est un fait établi mac, du pancréas, de la prostate qu’une ou des reins (1-2). d’alcool augmente le risque de d’alcool et forte consommation cirrhose hépatique, facteur de risque principal du cancer du foie. Cancer du sein Si bon nombre d’études associent la consommation chronique d’alcool à une légère augmentation du L’alcool Richard Müller Institut Suisse de Prévention de l’Alcoolisme et autres Toxicomanies, Lausanne, Suisse 125 risque de cancer du sein chez la d’alcool est un acte revêtant une femme (5), l’interprétation de ces signification sociale, de même que études est encore sujette à contro- la quantité d’alcool consommée et verse. Toutefois, une nouvelle le contexte de cette consommation. analyse de données issues de 53 Elles déterminent également com- études épidémiologiques menées ment la consommation d’alcool est dans plusieurs pays révèle une intégrée dans la vie quotidienne. élévation du risque de cancer du Ainsi, chacun sait que boire de sein chez les femmes consommant l’alcool est un phénomène plutôt plus de 10 grammes d’alcool par masculin que féminin et que jour (10g = une unité standard: l’alcoolisme féminin rencontre une verre de vin ou de spiritueux ou réprobation plus forte que l’alcoo- «demi» de bière), par rapport aux lisme masculin. Dans de nomb- femmes ne consommant pas d’al- reux pays, les jeunes consomment, cool (6). La fréquence du cancer pour la plupart, leur premier verre du sein comme cause de mortalité assez tôt, généralement à l’occa- chez les femmes fait qu’une éléva- sion d’une fête de famille. Dans la tion, même minime du risque a majorité des sociétés occidentales, des conséquences importantes en l’apprentissage de l’alcool est donc matière de santé publique. une phase normale du développement des jeunes. Les normes Cancer colo-rectal socioculturelles en matière d’alcool Les preuves scientifiques révèlent permettent une légère corrélation entre consom- chaque société, le risque potentiel mation d’alcool (de bière en parti- de dommages liés à l’alcool. Les culier) et cancer colo-rectal (7). problèmes liés à l’alcool varient Dans l’ensemble, les études dispo- non seulement en fonction de la nibles ne permettent toutefois pas consommation par habitant, mais de conclusions homogènes. aussi en fonction des habitudes de de calculer, pour consommation, comme, par exem- 126 Normes sociales et consommation d’alcool dans les sociétés occidentales ple, l’alcoolisme du samedi soir (8). Dans la plupart des sociétés occi- les jeunes suscite l’inquiétude. dentales, la consommation d’alcool Jackson et al (10) indiquent que est profondément enracinée dans «ces dernières années, on assiste la culture. Les normes sociocultu- dans la ‘culture jeune’ à une valo- relles déterminent la manière de risation des marques et des boire dans une société. Ces nor- symboles accompagnée d’un dés- mes définissent les personnes intérêt pour les valeurs associées pour lesquelles la consommation à une hygiène de vie. En réponse à La publicité pour l’alcool ciblant Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe (http://data.euro.who.int/alcohol/) (9) sur l'invalidité (DALY), l’alcool a consommation quotidienne été, en 2000 dans le monde, à plus de 10 g d’alcool (1 unité/verre l’origine de 4 % de la charge glo- standard) augmente les risques de bale de morbidité et de 3,2 % de la cancer, cette consommation sem- mortalité (12). Les effets physio- ble en même temps avoir un effet logiques et psychologiques de la protecteur sur les maladies cardio- consommation d’alcool ont été vasculaires. Toutefois, rien ne parfaitement décrits en relation permet de penser que cet avantage avec d’autres pathologies, telles potentiel suffise à encourager la que celles affectant le foie, le consommation d’alcool chez les système digestif, le système ner- personnes qui n’en boivent pas. veux central et le système cardio- Ainsi, de vasculaire. L’ingestion d’alcool consommation d’alcool n’est pas l’alcool a conçu des boissons entraîne une augmentation des une alcoolisées qui attirent les jeunes risques d’hypertension et d’obésité auprès du public en vue de la en usant de stratégies de marke- (13). La consommation d’alcool ne prévention des maladies corona- ting bien documentées et précisé- repose riennes» (14). ment ciblées.» (voir l’illustration). physiologique et entraîne une Un article récent de Wollin et dépendance. Par ailleurs, cette Jones (15) montre que certains La controverse sur les risques et les avantages de la consommation d’alcool consommation, affecte l’assimila- des effets protecteurs des boissons tion d’autres éléments nutritifs et alcoolisées sont attribuables à l’al- possède une valeur calorique de cool même, tandis que d’autres S’il est clair que la consommation 7 k/cal par gramme, à laquelle proviennent des composés bioac- d’alcool peut comporter des avan- s’ajoutent calories tifs (composés phénoliques princi- tages tant sur le plan social que issues des sucres présents dans, palement) du vin (voire du simple sur celui de la santé, ces avan- les boissons alcoolisées (que ces jus de raisin). Les auteurs notent tages ne compensent pas les effets sucres proviennent du processus également que «la consommation négatifs de l’alcool sur la santé de fermentation naturelle ou qu’ils de vin rouge ne suffit pas à elle physique et mentale (5, 11). aient été ajoutés comme édulco- seule à inhiber le développement Mesuré en années de vie ajustées rants). S’il est admis que la des maladies cardio-vasculaires. ces tendances, l’industrie sur aucune toutes les nécessité «l’augmentation de mesure à de la recommander Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe L’alcool Si dans certains pays occidentaux, tels la France et l’Italie, la consommation d’alcool s’est stabilisée ou a baissé ces dernières années, dans d’autres pays d’Europe, tels l’Estonie, la Finlande, l’Irlande, la Pologne, l’Espagne ou les pays d’Europe de l’Est, cette consommation est en augmentation. Les grandes tendances du comportement des jeunes face à l’alcool révèlent une augmentation du nombre d’enfants faisant l’expérience de l’alcool ainsi qu’une augmentation des habitudes de consommation à haut risque telle que l’alcoolisme du week end. Chez les adolescents, il existe un lien clair entre consommation d’alcool, tabagisme et usage de drogues. 127 possible. Les hausses de prix dimi- Limites d’âge nuent la consommation (16). Les La plupart des pays réglementent variations sont fonction du type de l’âge minimum pour l’achat de boisson et de l’enracinement de ces boissons alcoolisées. Ces régle- De manière générale, il existe deux boissons dans les cultures et les mentations sont toutefois rare- grandes stratégies de prévention modes de consommation. Ainsi, ment strictement appliquées. Les de mesures dans les pays anglo-saxons, on études américaines sur l’effet de ciblant la demande, d’une part, et note généralement que l’augmenta- l’augmentation ou de la baisse de les mesures ciblant l’offre, d’autre tion du prix de la bière entraîne une la limite d’âge auquel la consom- part. A l’évidence, ces mesures diminution mation visent à réduire les risques à long moindre que celle du vin ou révèlent clairement l’impact de ces terme de l’alcoolisme comme ses des alcools forts (16). Les faits mon- mesures sur les accidents de la risques à court terme (accidents, trent, de manière empirique, que route occasionnés par l’alcool pour violence, etc.). Les risques à court l’impôt sur les boissons alcoolisées la terme n’interviennent pas en est un mode d’intervention utile en Quelques études indiquent de matière de prévention du cancer et matière de santé publique (9), car plus qu’une élévation de cette ne seront donc pas abordés ici. toute augmentation du prix des limite d’âge entraîne une baisse de Méthodes et caractéristiques des interventions efficaces l’alcoolisme: les de consommation tranche est d’âge autorisée concernée. boissons alcoolisées affecte les forts la consommation générale d’alcool Mesures ciblant l’offre consommateurs d’alcool comme les parmi les tranches d’âge visées par Les comportements quotidiens buveurs modérés. la loi. L’effet à long terme de ces mesures reste toutefois incertain. sont relativement imperméables à Cependant O’Malley et Wagenaar toute tentative de modification par Densité des points de vente de simples actions à visée éduc- Plus le nombre de points de vente (1991) (18) trouvent une baisse de ative ou informative, a fortiori globalement au la consommation d’alcool à long lorsqu’il s’agit de mesures visant nombre d’habitants sont élevés terme parmi les groupes de les comportements face à l’alcool. dans une région, plus les ventes population d’Amérique du Nord Les mesures ciblant l’offre d’alcool d’alcool ainsi que, par consé- pour lesquels la limite d’âge a été revêtent donc une importance quence, la consommation d’alcool relevée d’une année au moins. particulière au sein des politiques sont élevées dans cette région (17). ou rapporté Horaires de vente Mesures ciblant la demande Mesures portant sur les prix Une série d’études des modifica- Prévention de l’alcoolisme Les interventions portant sur le tions des horaires des ventes ou en milieu scolaire prix des boissons alcoolisées sont des jours d’ouverture des points de Les programmes de prévention de généralement considérées comme vente d’alcool indiquent qu’une l’alcoolisme en milieu scolaire sont un paramètre important des poli- augmentation du nombre d’heures l’approche la plus classique en tiques de lutte contre l’alcoolisme. de vente entraîne une augmenta- matière de prévention. L’évolution Leur efficacité relative s’exprime tion de la consommation d’alcool et des programmes de prévention par la variation de consommation qu’une réduction des jours de de l’alcoolisme en milieu scolaire en fonction du prix et des revenus vente est associée à une baisse de laisse apparaître trois phases. Au et dépend des effets de substitution la consommation d’alcool (16). cours de la première phase (du de lutte contre l’alcoolisme. 128 d’alcool Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe début des années 1960 au début Tableau 1 des années 1970), ces program- Efficacité de la prévention de l’alcoolisme dans les écoles mes visaient principalement à Nature de l’intervention Efficacité* cool. La seconde phase (du début diffusion d’informations pas d’efficacité des années 1970 au début des éducation psychologique pas d’efficacité années 1980) a vu une prédomi- approche axée sur les influences sociales – initiation psychologique – correction des attentes normatives – développement des capacités de résistance fournir des informations sur l’al- psychologique. Ces programmes étaient axés sur certains aspects du développement personnel, tels que la prise de décision et la définition de valeurs. Durant la troi- légère efficacité approche visant l’amélioration de l’intégration de l’influence ou de la compétence sociale légère efficacité *Efficacité de l’intervention quand celle-ci est utilisée seule. Si l’intervention appartient à une approche intégrée, cette efficacité peut augmenter. sième phase (du milieu des années Intervention auprès du public campagnes publiques de préven- 1980 jusqu’à nos jours), le modèle Les interventions auprès du public tion de l’alcoolisme existent. Les de l’influence sociale domine les ont pour but d’influencer les recherches laissent à penser que programmes de prévention de l’al- modes de consommation d’alcool les campagnes n’ont pas d’effet sur coolisme en milieu scolaire. Ces ou le mode de perception de la la consommation d’alcool déclarée programmes visent au développe- consommation d’alcool. Les pro- par ment des compétences sociales et grammes de prévention de l’alcoo- certains effets limités sur les de la capacité à résister. De ma- lisme au sein de la population croyances et les comportements nière générale, ces programmes allient des moyens ciblant les ont été signalés. Quand les campa- éducatifs sont souvent méthodolo- personnes par secteur d’influence gnes médiatiques sont complétées giquement incorrects et semblent, et des changements ciblant l’envi- par d’autres interventions axées dans ces conditions, ne produire ronnement. Si les programmes sur les personnes ou sur les que peu d’effets (19, 20), comme communautaires de prévention de politiques environnementales, elles illustré dans le tableau 1. l’alcoolisme ne produisent pas peuvent contribuer à une modifica- d’impact considérable sur les tion des comportements (16). les intéressés. Toutefois, Intervention en milieu familial cibles visées, ils permettent tout Nul doute que les parents jouent de même d’obtenir certains résul- Interventions brèves un rôle majeur dans la consom- tats sur l’alcoolisme aigu (réduc- Dans la plupart des pays occiden- mation de diverses substances, tion du nombre d’accidents de la taux, une proportion importante dont l'alcool, par leurs enfants, par route, par exemple) (5). de personnes a une consommation le biais de facteurs génétiques d’alcool dépassant les limites aussi bien que de facteurs sociaux Campagnes médiatiques recommandées (plus de 20 gram- tels que le mode d’éducation et Les recherches portant sur l’effet mes d’alcool, soit par jour deux la consommation d’alcool des des campagnes médiatiques sont, verres standard, pour les hommes parents eux-mêmes. Les interven- pour la plupart, faussées par de et plus de 10 grammes d’alcool, tions au sein de la famille sem- graves problèmes de méthodologie. soit un verre standard, pour les blent être en mesure de réduire Seules quelques études compara- femmes) (22). Il importe donc d’i- l’alcoolisme (21). tives portant sur l’efficacité des dentifier les personnes «à risque». Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe L’alcool nance de programmes à visée 129 Un certain nombre d’outils per- tements ou de la perception du comportements, ce qui est difficile mettant de détecter les buveurs à risque. Toutefois, les chiffres à mesurer de manière empirique. risque ont été testés et validés signalés par les consommateurs Des recherches récentes semblent dans un cadre clinique et médical. ont fait état d’une réduction de témoigner d’un tel effet (5). Ces outils sont d’un haut degré de la consommation d’alcool des sensibilité et de précision. Si les femmes enceintes sept mois après résultats des examens et des éva- la parution de ces avertissements luations indiquent qu’une person- sur les étiquettes (26). Au fil des ans, beaucoup de don- ne est à risque, une intervention nées scientifiques ont témoigné de brève par un professionnel de Restriction des publicités l’efficacité de certaines stratégies santé permet de réduire de façon La mondialisation des médias et de prévention, stratégies capables significative la consommation d’al- des marchés façonne de plus en d’entraîner une réduction des cool de l’intéressé ainsi que les plus les perceptions, les choix et coûts sociaux et des coûts en problèmes qui y sont liés (23). Un les comportements des jeunes. De matière nombre important de recherches nos jours, les jeunes disposent permanente de ces mesures doit indiquent que les interventions souvent d'offres plus accessibles et être évaluée. Toutefois, seul un brèves constituent un moyen effi- de revenus supérieurs, mais sont nombre très limité d’études coûts- cace de réduire la consommation probablement d'autant plus vulné- bénéfices ou coûts-efficacité dans d’alcool des patients et les problè- rables aux techniques de vente et le domaine de la prévention sont mes de ceux-ci avec l’alcool (24). de marketing. Les résultats des basées sur des méthodes quantita- Ces interventions brèves sont recherches sur les effets des publi- tives formelles. Fait encore plus basées sur différents types de cités pour l’alcool sont mitigés et frappant, peu d’études concernant protocoles. Elles se composent ne permettent pas de tirer de les processus de mise en œuvre de essentiellement d’informations, de conclusions satisfaisantes. Néan- la prévention, ont été réalisées. Il conseils et de consultations spé- moins, les publicités pour les s’ensuit que si nous possédons des cialisées. Fait intéressant, les boissons alcoolisées abondent et connaissances satisfaisantes en recherches indiquent que les sim- sont axées principalement sur les matière de prévention des problè- ples conseils ont parfois le même thèmes de la fortune, du prestige et mes liés à l’alcool, nous ne sommes degré d’efficacité qu’une consulta- de la réussite. Cela pourrait à long pas capables de mettre en œuvre tion spécialisée (25). terme affecter les attitudes et les les stratégies correspondantes. Avertissements figurant sur l’étiquetage des bouteilles L’impact des avertissements concernant les méfaits de l’alcool figurant sur l’étiquetage des bouteilles a été évalué dans plusieurs états américains avec des résultats mitigés. Les études “ Code Européen contre le Cancer «Si vous buvez de l’alcool, qu’il s’agisse de bière, de vin ou d’alcools forts, limitez votre consommation à deux verres par jour pour les hommes ou un verre par jour pour les femmes» ne révèlent, pour la plupart, aucune modification des compor- 130 Informations manquantes http://www.cancercode.org/ [22] ” de santé. L’efficacité Recommandations et conclusions Les ONG doivent principalement jouer le rôle de «groupe de pression» ou de «lobby». En tant que partisans informés et efficaces de la prévention de l’alcoolisme, elles ont un rôle à jouer dans la définition des priorités et dans l’élabora- Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe tion des messages de communica- Boissons alcoolisées contenant 10 g d’alcool (par unité) tion. Les ONG peuvent également aider à bâtir un réseau de personnes et d’organismes échangeant des idées, des informations et des ressources en vue de la promotion d’objectifs communs en matière de réduction de l’alcoolisation. Elles peuvent également faire office de forum permettant une approche pluridisciplinaire intégrant les professions de santé, mais aussi d’autres acteurs. Leurs p Alcopo l m 211–253 actions peuvent porter à différents idre londe/c Bière, b 422 ml 316– ge Vin rou l m 5 1 1 – 3 9 niveaux: politique locale (pro- ux Spiritue l 32–35 m grammes régionaux, application d’une loi par un tribunal régional), politique nationale (modification des stratégies gouvernementales, tabagisme, faire pression en vue mes et un verre standard par jour suivi de pour les femmes. des l’application de politiques industries) et définition de normes efficaces au niveau gouvernemen- en tant «qu’entrepreneur moral». tal et divulguer toute intervention néfaste de l’industrie. Une grande En ce qui concerne l’alcool, les vigilance, ainsi qu’un suivi efficace industries ont créé des organisa- du comportement de l’industrie tions afin de gérer les problèmes sont nécessaires. pouvant affecter leurs affaires. Elles essayent d’influencer la Selon les recommandations actu- politique en matière d’alcool et de elles du World Cancer Research tabac des organisations gouverne- Fund (WCRF), la consommation mentales nationales et internatio- d’alcool est déconseillée. Pour les nales. Les organisations non personnes gouvernementales indépendantes consomment, il y a un consensus ont un rôle particulier à jouer pour général sauvegarder de de Recherche sur le Cancer, politiques efficaces de lutte contre Organisation Mondiale de la Santé, l’alcoolisme ainsi qu’en matière de Code Européen contre le Cancer, suivi du comportement de l’indus- WCRF et bon nombre d’autres trie. Les ONG doivent informer et organisations) pour limiter la mobiliser la société civile concer- consommation nant les problèmes liés à l’alcoolo- standard par jour pour les hom- la réalisation qui néanmoins (Centre à en Calcul de la teneur en alcool des boissons % d’alcool par volume (A/V) x densité de l’alcool (0,78) = g d’alcool/100 ml ex.: 13% A/V de vin rouge x 0,78 = 10,14 g d’alcool par verre de 100 ml Calcul du nombre d’unités de 10g d’alcool par contenant International deux verres % A/V x volume (ml) 1000 ex.: 13% A/V de vin rouge x bouteille de 750 ml 13 X 750 = 9,8 unités d’alcool 1000 Prévention des cancers: Stratégies d’actions à l’usage des ONG européennes - Un manuel de l’UICC pour l’Europe L’alcool comportements Source: Medical Council on Alcohol 2003 [27] des 131 Notons toutefois que le concept de consommation standard est une Bibliographie 1. World Cancer Research Fund. Food, nutrition and the prevention of cancer: A global perspective. 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Cette mesure est également fonction du «verre standard» proposé dans les bars. Ainsi, si un verre de vin peut contenir de 114 à 432 ml, l’ensemble des pays européens ont adopté une mesure standard de 25 ou de 35 ml pour les alcools forts. De plus, de nombreuses bières de fermentation basse sont vendues en canettes ou en bouteilles de volume différent (voir illustration de la page précédente). Il convient également de tenir compte du titrage (volume en alcool) de la boisson lors de l’esti- (27) 11. Edwards G, Anderson P, Babor TF et al. Alcohol policy and the public good. Oxford: Oxford University Press, 1994. 12. World Health Organization. The world health report 2002. Geneva, 2002. 13. World Health Organization/Food and Agriculture Organization of the United Nations. Expert consultation. Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases. http://www.who.int/hpr/NPH/docs/who_fao_expert_report.pdf 14. Marmot M. Alcohol and coronary heart disease. Int J Epidemiol 2001;30:724–9. 15. 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