Histoire CRPE
La naissance de la République en France
Sup deCours– Etablissement d’EnseignementSupérieur PriveRNE 0333 119 L - 73, ruedeMarseille– 33001 Bordeaux Cedex
1881. Les libertés politiques sont également étendues avec l’adoption de la liber-
té syndicale et la réforme de l’élection des maires jusque-là nommés par le gou-
vernement (1884) ; ils seront dorénavant désignés par le Conseil municipal, lui-
même élu au suffrage universel. La mairie devient en même temps le relais local
indispensable du régime, la maison de tous les citoyens, exposant le drapeau –
bleu, blanc, rouge –, la devise – liberté, égalité, fraternité –, et le buste d’une
Marianne nourricière et féconde. Et puis, pêle-mêle, le divorce est rétabli (1884)
et la réforme de la conscription généralise le service militaire obligatoire (1889)
en supprimant le volontariat, les remplacements et les exemptions ; toute la po-
pulation masculine, et même les curés, les aristocrates et les bourgeois, est ame-
née à effectuer son devoir républicain. Le sentiment républicain gagne ainsi tou-
tes les couches de la population, par l’égalité, dont l’armée et l’école sont les pi-
liers. On l’a dit, l’esprit de la République, et qui plus est celui des opportunistes,
est marqué par l’idée de progrès ; il est également teinté de patriotisme et
d’anticléricalisme. Or l’enracinement du régime suppose que l’ensemble des ci-
toyens soit instruit de la même manière, avec les mêmes valeurs. Mais en 1879,
l’enseignement est encore aux mains de congrégations religieuses. La réforme
passe donc tout d’abord par l’interdiction pure et simple de celles d’entre-elles
qui sont accusées d’organiser « l’école de la contre-Révolution », dont les Jésui-
tes (1880). Après le rétablissement du divorce, l’inspiration laïque du régime se
renforce alors que le délit d’outrage à la religion est supprimé en même temps
que l’obligation du repos dominical (1881). Jules Ferry, ministre de l’Instruction
publique, pouvait alors dérouler son train de réformes : en 1881, gratuité de
l’enseignement primaire, en 1882, obligation de la scolarité de 6 à 13 ans et laïci-
té de l’enseignement (le personnel ne sera laïcisé qu’en 1886). Ainsi, la République
allait-elle pouvoir compter sur des citoyens formés à partir d’un socle commun –
l’enseignement des « hussards noirs de la République » (le mot est de Charles
Péguy) –, puis enrôlés dans le service militaire. Au moment des lois scolaires, la
France est largement alphabétisée mais les disparités sont importantes entre le
nord et le sud du pays d’une part, et entre garçons et filles d’une même classe
d’âge, d’autre part. L’école est alors mieux dotée, en matériel et en personnels
formés à cet effet. Les programmes scolaires sont adaptés à la morale patrioti-
que du régime et voient par exemple disparaître l’instruction religieuse. C’est
notamment l’époque de la parution du livre
Le Tour de France par deux enfants
d’Augustine Fouillée alias G. Bruno (1877 pour la première édition chez Belin),
premier manuel scolaire diffusé sur une grande échelle ; 3 millions d’exemplaires
entre 1877 et 1887, 6 millions en 1900. Cet ouvrage, très patriotique, est desti-
né à la formation historique, géographique, civique, scientifique et morale des
jeunes générations ; il est présent dans les classes durant tout le régime. Le li-
vre conte l’histoire de deux frères, André et Julien, qui parcourent la France à la