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donné tout d’un coup. Il retarde ou il est, plutôt,
retardement ».
Plus le temps de Kant est obscur, plus celui de
Bergson est clair. Pour Bergson le temps se traduit par
la durée et la durée est conditionnée par la nécessité
d’un côté (attendre que le sucre fonde dans la tasse de
thé) et, de l’autre côté, par la liberté de l’être
intelligent (l’action humaine).
Dans le contexte de cette philosophie de la durée,
tous les « paradoxes » de la Grèce antique
s’évanouissent spontanément pour laisser place à cette
« machine à faire des dieux » qu’est l’univers dans
lequel nous vivons. Ce n’est pas la peine de contredire
la Bible car les auteurs ont bel et bien existé, pensé,
écrit, raconté. Maintenant qu’on ne vient pas
remplacer Dieu par le Christ car ce dernier n’est que
le lien entre l’absolu et l’intelligence qui doit se
manifester, justement, parce que Dieu existe (« Je suis
celui qui est »).
Avec Bergson on découvre la critique de Kant ou
la critique de « La critique de la faculté de juger » ou la
critique de « La critique de la raison pure ». Pour
Bergson, il n’y a rien de plus sacré que la faculté de
juger. Kant disait « la vérité dépend de la structure
générale de l’esprit humain ». Bergson va plus loin, en
affirmant que « la structure générale de l’esprit
humain dépend d’un certain nombre d’esprits
individuels ». Kant parle des limites infranchissables
de l’esprit humain et de « la chose en soi »,