Calcul diff´
erentiel
mars 2016
On s’int´
eresse `
a des applications d´
efinies d’un ouvert de E, evn de dimension finie, dans Fidem.
Le plus souvent, on consid`
erera les ev standards Rn,Rpavec n, p 63.
1 Continuit´
e, d´
erivabilit ´
e
Il n’est pas ´
evident de d´
efinir ce que l’on souhaite entendre par «continu, d´
erivable », dans le cas d’une application `
a
plusieurs variables. Le point difficile est que l’on souhaite exprimer des propri´
et´
es vraies dans un voisinage (c`
ad une
boule ouverte) d’un point de U, alors que les m´
ethodes naturelles consistent `
a se limiter `
a une direction — ou une
coordonn´
ee.
1.1 Continuit´
e
D´
EFINITION 1. L’application fest continue en assi f(x)f(a)quand xa.
Il s’agit donc de la d´
efinition usuelle de la continuit´
e dans un evn.
o
o
PROPOSITION.Soient (f1,...,fp)les composantes de f, c’est `
a dire que dans une base appropri´
ee on a f=f1.e1+
. . . +fp.ep. Alors fest continue toutes les file sont.
En revanche, il ne sert de rien de consid´
erer coordonn´
ees par coordonn´
ees dans l’espace de d´
epart :
L’application (x, y)7
0si x=y=0
x2y
x4+y2sinon est continue par rapport `
axet `
ay, mais elle est discontinue en
l’origine.
N´
eanmoins, on a tous les th´
eor`
emes usuels sur la continuit´
e dans les evn :
PROPOSITION.Tout «cocktail »d’applications continues (somme, produit, compos´
ee) est continu.
ce qui permet d’assurer la continuit´
e de toute combinaison de fonctions usuelles l`
a o`
u elle est d´
efinie.
1.2 Diff´
erentiabilit´
e
La g´
en´
eralisation naturelle de la d´
erivabilit´
e passe par le d´
eveloppement limit´
e`
a l’ordre 1 :
1.2.1 Application lin´
eaire tangente
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
D´
EFINITION 2. On dit que fest diff´
erentiable en aUssi il existe une application lin´
eaire
dfa∈ L(E, F)telle que f(x) = f(a) + dfa(xa) + o(xa)
pour xvoisin de a.
dfas’appelle la diff´
erentielle de fen a, ou encore l’application lin´
eaire tangente.
Rappelons que o(h)signifie khk × ε(h)o`
uε(h)est une fonction qui tend vers 0 avec h.
Quand une application est diff´
erentiable, elle est donc localement «proche »d’une application affine (son graphe res-
semblera donc `
a une vari´
et´
e affine, etc).
o
o
o
o
o
o
o
o
o
EXERCICE 1. Montrer `
a la main que l’application
(x, y)7(x2+y2, 3xy)
est diff´
erentiable au point (a, b).
PROPOSITION.Toute application diff´
erentiable en aest continue en a.
PROPOSITION.Toute application lin´
eaire est diff´
erentiable, et ´
egale en tout point `
a sa diff´
erentielle.
o
o
D´
EFINITION 3. Si dfaexiste pour tout aalors on dit que fest diff´
erentiable (tout court). Sa diff´
erentielle est
l’application df:a7dfa, qui va de dans L(E, F)( !).
Cette notion s’av`
ere insuffisante pour les applications que nous envisageons, tout comme on ne s’est pas content´
e des
applications d´
erivables (de Rdans R), on est all´
e d´
efinir la classe C1.
Essayons donc de g´
en´
eraliser la notion de d´
erivabilit´
e dans une autre direction :
1.2.2 D´
eriv´
ee dans une direction
Soit aU; notons que si uest un vecteur quelconque (non nul), le segment [aεu, a +εu]est inclus dans Upour
ε>0assez petit.
On peut donc d´
efinir une application vectorielle d’une variable r´
eelle par
φu(t) = f(a+tu)
pour tvoisin de 0. Ce qui suffit `
a d´
eriver φu:
o
o
o
o
o
D´
EFINITION 4. fadmet en aune d´
eriv´
ee selon le vecteur ussi φuest d´
erivable en 0 ; on pose alors
Duf(a) = φ0
u(0)
L’id´
ee est `
a la fois simple et profonde : on consid`
ere la restriction de f`
a un segment (passant par a) et on d´
erive cette
restriction. On esp`
ere acqu´
erir suffisamment de renseignements sur fen op´
erant ainsi dans toutes les directions possibles.
(On peut aussi d´
eriver la restriction de f`
a une courbe de l’espace, comme on le verra plus tard). Nous verrons que cela est `
a la
fois trop optimiste et trop pessimiste :
D’une part il suffit de d´
eriver dans ndirections ind´
ependantes.
D’autre part la d´
erivabilit´
e dans ces (toutes les) directions ne suffira pas, nous exigerons que ces d´
eriv´
ees partielles
soient continues.
o
o
o
o
o
TH´
EOR `
EME 1. Si fest diff´
erentiable en a, alors elle est d´
erivable dans toute direction. De plus, on aura alors pour tout
vecteur u
Duf(a) = dfa(u)
D´
emonstration ais´
ee. Examinons ce qui en r´
esulte dans une base de E, soit (e1. . . en):
o
o
o
o
o
D´
EFINITION 5. La d´
eriv´
ee dfa(ej)dans la direction du vecteur de base ejest la ji`
eme d´
eriv´
ee partielle. C’est une
fonction de Edans F, comme f. On la note Djf(a)ou ∂f
∂xj
(a)ou jf.
o
o
o
o
o
o
o
REMARQUE 1. La notation traditionnelle avec est ambig¨
ue : que signifie ∂f(u+v, u v)
∂x2
?. . . la notation x2n’a pas
d’autre vertu que de signaler le NUM´
ERO de la variable de d´
erivation consid´
er´
ee. En ce sens la notation Djou j
est plus pure.
o
o
o
PROPOSITION.Si h= (h1. . . hn)on a Dhf(a) = dfa(h) =
n
P
j=1
hjDjf(a)
On a donc une formule de Taylor `
a l’ordre 1 :
f(a+h) = f(a) + da(h) + o(h) = f(a) +
n
X
j=1
hjDjf(a) + o(h)
2
EXERCICE 2. Quel rapport y a-t-il entre Duf(a)et Dλuf(a)?
Le gros malheur est que la r´
eciproque de ce th´
eor`
eme est fausse :
o
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o
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o
o
o
o
EXERCICE 3. On d´
efinit f: (x, y)7
x2y
x2+y2si (x, y)6= (0, 0)
0si x=y=0
.
Montrer que fadmet en l’origine des d´
eriv´
ees dans toutes les directions, sans ˆ
etre diff´
erentiable [hint : ses d´
eriv´
ees
selon (Ox)et (Oy)´
etant nulles, une ´
eventuelle diff´
erentielle serait nulle].
Pour gagner cette r´
eciproque, il faut corser les hypoth`
eses :
1.2.3 Classe C1
o
o
D´
EFINITION 6. fest de classe C1sur Ussi pour tout vecteur uE, l’application x7Duf(x)est continue sur U
autrement dit, si toutes les d´
eriv´
ees partielles [dans n’importe quelle base] sont continues.
Ce n’est pas le cas dans l’exemple pr´
ec´
edent.
o
o
o
o
o
o
o
o
TH´
EOR `
EME FONDAMENTAL.
Si il existe une base de Edans laquelle toutes les d´
eriv´
ees partielles sont continues, alors fest de classe C1et
diff´
erentiable.
On dit alors que fest continˆ
ument diff´
erentiable.
D´
emonstration. Un sens est ´
evident. Supposons qu’il existe une base dans laquelle les d´
eriv´
ees partielles de fsont
continues, et pour simplifier les notations consid´
erons le cas d’une application `
a deux variables, `
a valeurs r´
eelles : on
suppose donc que D1fet D2fsont continues et on veut montrer que fest diff´
erentiable. Il en r´
esultera que les d´
eriv´
ees
directionnelles sont continues, puisque si u= (u1, u2)on a Duf=u1D1f+u2D2f.
On ´
ecrit donc
f(x+h)f(x) = f(x1+h1, x2+h2)f(x1, x2) = f(x1+h1, x2+h2)f(x1, x2+h2)+f(x1, x2+h2)f(x1, x2)
Consid´
erons la quantit´
ef(x1+h1, x2+h2)−f(x1, x2+h2). Elle est de la forme g(h1)−g(0)o`
ug(t) = f(x1+t, x2+h2)
est de classe C1(`
a une variable), par hypoth`
ese. On a donc
f(x1+h1, x2+h2)−f(x1, x2+h2) = g(h1)−g(0) = h1g0(0)+o(h1) = h1D1f(x1, x2+h2)+o(h1) = h1D1f(x1, x2)+o(h1)
en utilisant la continuit´
ede D2fpour la derni`
ere ´
egalit´
e.
De mˆ
eme il vient
f(x1, x2+h2) − f(x1, x2) = h2D2f(x1, x2) + o(h2)
En recollant on a bien trouv´
e
f(x1+h1, x2+h2) − f(x1, x2+h2) = h1D1f+h2D2f(x1, x2) + o(h)
donc fest diff´
erentiable et ite missa est.
Cela signifie exactement que l’application d f:a7dfaest continue (combinaison lin´
eaire des Djf(a)).
Nous ne consid`
ererons plus que des fonctions de ce type, au moins, pour ´
eviter les pathologies. Concr`
etement, pour
´
etablir qu’une fonction `
a plusieurs variables est de classe C1, on utilisera les th´
eor`
emes «cocktails »;`
a d´
efaut, on
calculera les d´
eriv´
ees partielles et on v´
erifiera qu’elles sont continues.
EXERCICE 4. Montrer sans calculs que l’application A7A1d´
efinie dans G`n(R)est de classe C1.
o
o
o
o
o
EXERCICE 5. (d´
elicat) Montrer que la fonction f: (x, y)7e1/(xy)2
e1/x4+e1/y4est discontinue en l’origine. Pourtant
elle admet (en posant f(0, 0) = 0) des d´
eriv´
ees partielles `
a tout ordre (qui sont nulles).
3
1.3 Combinaisons de diff´
erentielles
Il est clair que sommes, combinaisons lin´
eaires, produits (scalaires, vectoriels, etc. . .) respectent aussi bien la diff´
erentiabilit´
e
que la classe C1. Ce qui permet d’affirmer que des applications compliqu´
ees, mais ´
el´
ementaires, sont C1(et mˆ
eme plus,
cf. infra).
EXERCICE 6. Si f, g sont diff´
erentiables de R, quelle est au juste la diff´
erentielle en ade f×g?
Consid´
erons maintenant le probl`
eme de la composition :
o
o
o
o
o
LEMME 1. Si fest diff´
erentiable en aet gest diff´
erentiable en f(a), alors gfest diff´
erentiable en aet
d(gf)a=dgf(a)dfa
C’est assez ´
evident intuitivement : infiniment pr`
es de a(resp. f(a)), f(resp. g) est affine ; donc gfaussi !
D´
emonstration. On ´
ecrit f(a+h) = f(a) + dfa(h) + o(h) = f(a) + k.
Comme d faest lin´
eaire en dimension finie, elle est lipschitzienne i.e. d fa(h) = O(h).
De mˆ
eme, g(f(a+h)) = g(b+k) = g(b) + dgb(k) + o(k)en posant b=f(a). Par lin´
earit´
e, il vient
dgb(k) = dgbdfa(h) + o(h)=dgbdfa(h) + dgb(o(h)) = dgbdfa(h) + o(h)
en utilisant cette fois la lipschitzian´
eit´
e de d gb. On conclut en remarquant que o(k) = o(O(h)) = o(h).
L’expression de d(gf)permet de calculer les d´
eriv´
ees partielles de gfcomme sommes et produits de celles de fet
de g. Donc :
TH´
EOR `
EME 3. Si fet gsont de classe C1, il en est de mˆ
eme de gf.
Explorons plus en d´
etail l’expression analytique de ces d´
eriv´
ees partielles ;
1.4 Matrice jacobienne
Tout d’abord, rappelons que fest une combinaison lin´
eaire de ses composantes fi:
f=
p
X
i=1
fiei
En cons´
equence, la diff´
erentiabilit´
e, etc, de frevient `
a celle des fiet l’on a
dfa=
p
X
i=1
dfiaeiDjf(a) =
p
X
i=1
Djfi(a)ei
∂f
∂xj
=
p
X
i=1
∂fi
∂xj
ei
Les coordonn´
ees de Djfsont donc les Djfi. On peut noter, symboliquement,
df=
n
X
j=1
∂f
∂xj
dxj
qui a l’avantage d’avoir encore un sens quand les xjsont des fonctions d’autres variables (cf. diff´
erentielle de fonctions
compos´
ees infra).
o
o
REMARQUE 2. Cette formule donne sens `
a l’expression «continˆ
ument diff´
erentiable »: on voit que dfest continue
(comme application de L(E, F)) ssi les Djfle sont.
Prenons un exemple : (r, θ)7(xcos θ, y sin θ). Les d´
eriv´
ees partielles de x=rcos θet y=rsin θsont donn´
ees par
dx=cos θdrrsin θdθ
dy=sin θdr+rcos θdθ
On voit surgir la matrice de terme g´
en´
eral Djfi:
4
1.4.1 Matrice jacobienne
On voit apparaˆ
ıtre ici la matrice d’une application lin´
eaire (d f(a), bien sˆ
ur) :
o
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o
o
D´
EFINITION 7. La matrice jacobienne de fau point aest la matrice de terme g´
en´
eral ∂fi
∂xj. C’est la matrice de dfa!
On a donc
dfa(h) = ∂fi
∂xji,j
.h =
n
X
j=1
Djf1.hj
.
.
.
n
X
j=1
Djfi.hj
.
.
.
=
p
X
i=1
n
X
j=1
Djfi.hjei
Ce qui permet de caract´
eriser ais´
ement la diff´
erentielle d’une compos´
ee :
PROPOSITION.La matrice jacobienne de gfest le produit des matrices jacobiennes de get de f.
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EXERCICE 7. Justifier (et apprendre par cœur !) la formule de la chaˆ
ıne :
()∂f(x, y)
∂u =∂f
∂x
∂x
∂u +∂f
∂y
∂y
∂u o`
u(x, y) = g(u, v)
et plus g´
en´
eralement
∂f(x1, . . . , xn)
∂u =X∂f
∂xj
∂xj
∂u
quand les x, y, xjsont des fonctions d’autres variables u, v . . . .
o
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o
EXERCICE 8. Montrer que si fet gsont r´
eciproques l’une de l’autre et diff´
erentiables, la diff´
erentielle de f1en f(a)
est l’application lin´
eaire inverse de la diff´
erentielle de fen a: la matrice jacobienne de f1est l’inverse de celle
de f[en particulier elle est carr´
ee !]
o
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EXERCICE 9. Matrice jacobienne, et son inverse, des changements de variables en polaires, en sph´
eriques, et en cylin-
driques.
Matrice jacobienne de l’inversion de R2dans lui-mˆ
eme d´
efinie en complexes par z7z
z2=x+iy
x2+y2.
1.4.2 Compos´
ee avec une application vectorielle
Il s’agit de d´
eriver une application qui court sur une courbe.
Diff´
erentions fφ, o`
uφ:IRU. On a donc φ(t) = (x1(t), x2(t),...,xn(t)). On a d´
ej`
a´
etudi´
e cela dans le cas
particulier des d´
eriv´
ees selon un vecteur, qui ne sont autres que df(a+tu)
dt|t=0=Duf(a). Commenc¸ons par clarifier
la diff´
erentielle d’une application bˆ
etement d´
erivable de Rdans R:
o
o
o
o
o
LEMME 2. La diff´
erentielle de φ:IRen aest l’application lin´
eaire qui multiplie son argument (r´
eel) par φ0(a):
dφa(h) = h.φ0(a)ou encore φ0(a) = dφa(1).
D’apr`
es la formule g´
en´
erale, il vient donc
dfφ(a) (h) = X∂f
∂xj
∂xj
∂t =X∂f
∂xj
x0
j(a) = dfφ(a)(φ0(a))
o
o
o
o
o
PROPOSITION.La d´
eriv´
ee de fφen aest l’image de φ0(a)par dfφ(a):
(fφ)0(a) = dfφ(a)(φ0(a)) = dfφ(a)0(a)
(cette derni`
ere notation fera plus sens quand on aura parl´
e de gradient, cf. ce paragraphe infra)
C’est bien ce que l’on pouvait esp´
erer de plus simple.
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