Lettre L’Observatoire des tendances n°3 juillet 2014
Cuisine et crowdfunding
Economie collaborative et nancement participatif
De quelques dizaines de millions d’euros aujourd’hui, le
nancement participatif en France devrait atteindre les 6 milliards
d’euros d’ici 2020. Selon la Banque mondiale, il pourrait dépasser les
200 milliards d’euros dans le monde, d’ici 2025.
C’est en mai 2014 que le premier site de nancement participatif
français entièrement dédié à la cuisine a été lancé (www.foodraising.
com). Seulement un mois après son ouverture, un premier projet
a été nancé : il s’agit de Fodette, un concept de panier de recettes
de proximité qui propose de cuisiner chez soi des recettes de saison
accessibles, originales et gourmandes à partir de produits frais et de
qualité. On trouvait déjà quelques projets alimentaires sur des sites
classiques dédiés à la créativité et à l’innovation tels que Kiss Kiss
Bank Bank et Kick starter.
En matière de vin aussi, plusieurs sites de crowdfunding existent. Le
site anglais Naked Wines, qui commercialise du vin dans le monde
entier, a enregistré un chiffre d’affaires de 40 millions de Livres en
2013, aide ainsi à nancer plus de 130 producteurs dans le monde.
Toujours sur le principe de l’économie collaborative, aux Etats-Unis,
depuis 4 ans un supermarché d’un nouveau genre (la Food Coop
de Park Slope) a vu le jour à New York. Il s’agit d’un supermarché
collaboratif proposant uniquement des produits locaux. 16 200 membres
y travaillent gratuitement 2h45 toutes les quatre semaines pour assurer
le fonctionnement de l’enseigne; 75% de la main-d’œuvre est donc
bénévole et les membres peuvent y faire les courses pour acheter des
produits locaux 20 à 40% moins chers qu’ailleurs. Un concept similaire
va ouvrir à Paris dans le 18ème arrondissement en 2015 et s’appellera
« La Louve ». Le projet a d’ailleurs été nancé sur le site Kiss Kiss
Bank Bank, La Louve s’engage à rendre la coopérative accessible à
tous, l’une de ses missions étant de répondre aux besoins et choix
alimentaires de la population de l’arrondissement et au-delà. La Louve
sera également un lieu de sensibilisation aux enjeux alimentaires
actuels et un lieu d’échange et de partage autour de la nourriture.
Kid snacks
Les innovations en matière de snacking/goûter pour enfant
Informés par les pouvoirs publics et les médias, notamment dans le
cadre du PNNS, les parents sont de plus en plus sensibles par rapport
à la nutrition de leurs enfants. Pourtant, l’offre de snacking sain pour
les enfants n’est pas encore très développée. Un récent sondage en
Angleterre montre que 82 % des parents peinent à trouver des aliments
dits « sains » pour leurs enfants quand ils sont hors de chez eux.
En Europe, plusieurs innovations ont récemment vu le jour pour
répondre à ce décit d’offre en snacking sain. En Italie,« Hasta La
Pizza » propose des snacks en sticks de type pizza enrichis en calcium
et en oméga 3. Les produits sont légers et faciles à digérer, conçus
spécialement pour les enfants. Ils sont distribués sous la forme de
bâtonnets comme des glaces. En Allemagne, Edrbar propose des box,
des sticks, des petits paquets de légumes et de fruits dans des formats
adaptés aux enfants. La coopérative hollandaise The Greenery a, elle
aussi, lancé des mini légumes (mini tomates, mini carotte) marketés
pour séduire les enfants, avec également un étui de transport pour
les tomates-cerises. En Angleterre, Ella’s Kitchen a développé un
mini distributeur automatique ludique (1,15 mètre) dédié aux jeunes
enfants leur proposant une offre de snacks sains à base de fruits et
de céréales. Ce distributeur automatique propose 12 snacks sains
différents. L’appareil est très basique an d’être utilisé facilement par les
plus jeunes. Ce distributeur automatique permet également d’habituer
les enfants à consommer les produits sains des distributeurs, ce type
d’appareil étant traditionnellement associé à la « mal-bouffe ».
En effet, proposer des produits de snacking sains est une chose, mais
encore faut-il que les enfants s’orientent vers les bons produits. C’est
pourquoi il est important de mettre en place différentes actions pour
amener les enfants vers ces produits. Des initiatives intéressantes
ont notamment été mises en place pour donner envie aux enfants de
manger des fruits en ajoutant une touche d’humour et d’originalité. L’an
dernier en France, la marque Tête de pomme a distribué des stickers
pour décorer ses pommes. En n d’année dernière, il y a eu dans 9
pays (Espagne, Belgique, Russie,…) la « Banana Comic Week 2013 »
durant laquelle chaque jour de la semaine la société Fyffes a distribué
dans des écoles maternelles des bananes customisées avec des BD
humoristiques, faisant passer un message sur l’intérêt de consommer
des bananes. Le marché lié aux enfants est en plein essor, il est donc
cohérent de voir des offres leur étant destinées se développer de plus
en plus.
La formation des enfants en matière de nutrition saine et équilibrée
est aussi un élément important.
Aux Etats-Unis par exemple
Michelle Obama a lancé depuis
quelques années le programme
« Let’s move » pour lutter contre
l’obésité infantile. Elle sensibilise
les enfants en collaborant avec
Disney par exemple, pour que
ce dernier améliore la qualité de
l’alimentation dans ses parcs et
ne diffuse plus de spot TV pour la
junk food sur ses chaines de TV.
Les problématiques de santé et les convictions personnelles des
individus rendent de plus en plus difcile les repas collectifs, entre amis
ou même au sein du foyer. On constate un fort développement de l’offre
dite « d’alimentation personnalisée », ainsi qu’un fort développement de
la prévalence des maladies chroniques nécessitant un régime adapté.
En effet, que cela soit pour des maladies graves (Alzheimer, cancer,
maladies cardiaques…), des pathologies liées à l’alimentation (diabète,
cholestérol, obésité,…) ou bien durant certains moments de la vie
(Grossesse, 3ème âge,…), les consommateurs attendent des gammes
de produits spéciques répondant aux besoins de régimes stricts. La
maladie d’Alzheimer représente un marché potentiel qui dépasse
largement les 10 milliards de dollars par an et qui concerne 35 millions
de malades, un nombre qui pourrait passer à 100 millions en 2050. Pour
le moment, l’offre industrielle est quasiment inexistante, bien que des
développements soient en cours. Nestlé travaille notamment sur un
yaourt qui préserverait de la maladie alors que Danone a lancé, en 2013,
«Souvenaid», un yaourt à boire enrichi en nutriments pour accompagner
les patients dans la phase précoce de la maladie, déjà commercialisé en
Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Brésil.
En 2010, 285 millions de personnes souffraient de diabète dans le
monde et l’OMS prévoit que cette pathologie concernera 438 millions
de diabétiques en 2030. Aux Etats-Unis, près de 8% des américains
souffrent de diabète, c’est pourquoi l’offre de produits spéciques est
assez développée de ce côté de l’Atlantique : on trouve par exemple
des gammes sans sucre dans de nombreuses marques, incluant des
desserts, des snacks, des boissons, des sauces, et des bonbons. La
marque GlucoBrand a lancé sur le marché américain la « Glucopouch
» pour répondre aux attentes des consommateurs sur ce secteur : il
s’agit de gourdes facilement transportables contenant 15 grammes de
gels de glucose aromatisés à différents parfums. Durant leur grossesse,
les femmes enceintes ont des besoins alimentaires spéciques. Pour
y répondre, Heinz, a lancé en Inde, par exemple, un complément ali-
mentaire appelé Maplan-P spécialement dédié aux femmes enceintes et
enrichi en protéines. Mais c’est en Chine que le marché de l’alimentation
grossesse est le plus prometteur, notamment avec la politique de l’en-
fant unique, qui pousse les femmes chinoises à dénir avec beaucoup
de précautions leur alimentation
durant la grossesse. Par la perte
de conance des consommateurs
chinois envers le marché national
de l’agro-alimentaire, et le décit
d’image lié, les produits ayant un
label « bio » ou une certication
européenne sont les plus à même
de rassurer, et donc de séduire, les
femmes enceintes chinoises.
Les nouvelles technologies per-
mettent aussi de maitriser et de fa-
ciliter cette personnalisation de l’ali-
mentation. L’application WeCook
par exemple propose des menus
et des listes de courses personna-
lisés à ses utilisateurs en fonction
de leurs envies, de leurs goûts, et
même de leurs compétences culi-
naires. L’application KcalMe de 3d
Minded est un calorimètre 3d qui
permet de suivre sa consommation
de calories, qui saura, sans aucun
doute, trouver ses utilisateurs au
sein des consommateurs les plus
attentifs à la charge nutritionnelle
de leurs repas.
Social dining
Rencontre et gastronomie
Depuis quelques mois, un mouvement mondial a fait
son apparition : le « Social Dining » ou « Diner 2.0 ».
Le Social Dining, c’est la rencontre entre inconnus venus
partager un moment convivial autour d’un bon repas. L’idée
est très intéressante et regroupe plusieurs concepts de
consommation collaborative – celui d’aller manger chez un
inconnu par exemple. A une époque où le « tout-connecté
» est omniprésent, où l’on peut presque tout faire depuis
son smartphone, et où aller au restaurant est devenu un
luxe, cette nouvelle tendance est une alternative originale
qui permet d’économiser tout en créant un lien physique
entre les participants. Ainsi, il permet à des amateurs de
cuisine d’ouvrir leur porte pour accueillir des inconnus en
quête de découvertes gourmandes. Le principe est simple :
l’hôte doit se rendre sur l’un des sites existant, il propose sa
table et choisit les caractéristiques de l’invitation (nombre de
personnes, prix, thème de la soirée, …), ensuite les hôtes
s’inscrivent via le site pour le diner de leur choix, règlent le
diner par carte bancaire sur le site web et reçoivent ensuite
les informations concernant l’adresse, l’heure, etc.
En France il existe aujourd’hui plusieurs sites de Social Di-
ning : « CookNmeet », « Cookening », « Beyond Croissant »
ou bien encore « Viens manger à la maison » qui est un site
bourguignon, dont le créateur vient de Chalon-sur-Saône.
A l’international aussi, ce principe se développe, notamment
avec le site américain « EatWith », disponible dans une qua-
rantaine de pays (Allemagne, Pérou, Espagne, Israël, …).
Le concept de « co-lunching » s’inscrit également
dans la tendance Social Dining. Le principe est assez
proche des sites de rencontres, et l’originalité réside
dans le fait que les rendez-vous se déroulent ici dans
des restaurants. Le premier site du domaine a été
Colunching.com, qui propose aux utilisateurs de réserver leur
place autour d’une table dans un restaurant préalablement
sélectionné. Une autre start-up, MyBusyMeal.com, vient de
créer sa plateforme de co-lunching réservée exclusivement
à une cible professionnelle. En effet, ici, le concept est
de mettre en relation des professionnels qui souhaitent
échanger pour élaborer un projet, partager leurs idées sur
des thèmes précis, répondre à une problématique, crée des
liens et élargir leurs réseaux, et rencontrer des businessmen
de nationalités et de cultures différentes, le tout autour d’un
repas pour rendre les choses plus conviviales.
L’alimentation personnalisée
Soigner son capital santé individuel