LETTRE D’INFORMATION « MARCHÉS » DE VITAGORA® Le marché du Halal La diversification au-delà des produits carnés A ujourd’hui les convictions, les modes de vie et les pratiques alimentaires se diversifient au sein d’une même zone géographique, et il devient de plus en plus important de proposer des offres toujours plus segmentées. On parle désormais d’hyper segmentation ou encore de double segmentation pour répondre à la multiplicité de ces attentes. Exemple avec les produits Halal. Le marché français du Halal est en plein essor : il pèse environ 5,5 milliards € en valeur et a augmenté de 15 % par an ces 5 dernières années. En prévision, en 2025, la population française musulmane représentera 30% de la population totale. A l’origine, le marché des produits Halal était presqu’entièrement porté par les produits carnés. Aujourd’hui, il se diversifie rapidement et touche de nombreuses catégories de produits. En France notamment, on peut constater une offre de plus en plus riche et ciblée de produits Halal : par exemple, avec les compléments alimentaires halal des Laboratoires H.L.L distribués par Leclerc ou encore du lait caillé spécial Ramadan commercialisé par Le Gall. En matière de restauration égale- ment, l’offre se diversifie elle dans les grandes villes : on trouve désormais des restaurants Mexicains/Halal, Japonais/Halal, Chinois/Halal, Africain/ Halal, Indien/Halal, Coréen/Halal, etc. Même les applications mobiles se multiplient, avec en France l’appli Annu-Halal qui permet de trouver les restaurants halal en France, ou au Japon l’appli Halal minds qui recense à la fois les restaurants et les commerces halal. La France est un marché Halal clé en Europe étant donné que la population musulmane y est la deuxième en importance. La Russie compte la plus grande population musulmane en Europe et présente donc des débouchés pour les exportateurs d’aliments Halal. Dans le monde aussi la tendance va vers le développement de l’offre de produits Halal. En février 2014, la création du premier cluster alimentaire et cosmétique Halal a été annoncée à Dubaï. La consommation Halal se développe aussi fortement en Asie du sud-est :la zone regroupe 60%de la population musulmane au monde et offre ainsi de belles perspectives pour l’industrie halal. La Malaisie par exemple est le plus grand marché Halal d’Asie. La force du pays réside d’ailleurs dans la mise en place d’une norme halal unique, sous une autorité religieuse nationale, le Jakim, la seule agence habilitée à délivrer des certificats Halal. Cette norme est par ailleurs reconnue en Indonésie, à Singapour, au Brunei, en Thaïlande : elle est véritablement la clé du marché du Halal en Asie. La Thaïlande, qui est un grand pays agricole à minorité musulmane, a rapidement vu le potentiel du Halal en développant une stratégie d’export. Avec une progression globale d’environ 20% chaque année, le marché du Halal représente un fort potentiel de développement dans les années à venir. Les concepts d’aliments Le laboratoire au service de l’invention alimentaire L e potentiel d’innovation en matière d’alimentation est immense. Aujourd’hui, nous assistons à un fort développement de nouveaux concepts d’aliments, de substituts de viande ou bien d’inventions alimentaires. Ces « concepts d’aliments » sont des aliments innovants voire très innovants, issus de long processus de recherche. Aux Etats-Unis par exemple la start-up californienne Hampton Creek Food a conçu les premiers « œufs sans œufs » : il s’agit d’œufs de synthèse créés à partir de céréales et de végétaux sans cholestérol mais avec un réel goût d’œuf. L’entreprise a déjà commencé la commercialisation de Just Mayo, une mayonnaise créée à partir de leur concept d’œuf, chez deux distributeurs : Whole Food aux EtatsUnis ainsi qu’à Hong Kong. L’ambition d’Hampton Creek Food est de révolutionner les modèles de consommation alimentaire pour diminuer l’impact écologique des produits consommés. Beyond Meat conçoit et distribue aux Etats-Unis des substituts de viande grâce à une protéine à base de plante qui a, non seulement le goût, mais aussi l’apparence et la texture du blanc de poulet. Ce type de concept attire d’ailleurs des investisseurs : Bill Gates par exemple a choisi d’investir dans Beyond Meat et en fait la promotion sur son blog personnel. Ces concepts ont été conçus pour palier à l’évolution de la consommation de viande, qui a doublé durant les 20 dernières années et devrait doubler encore d’ici à 2050. Enfin, une innovation d’un autre genre a fait beaucoup parler d’elle ces derniers mois : il s’agit de Soylent, créée par l’américain Robert Lettre L’Observatoire des tendances n°3 juillet 2014 Rhinehart. Soylent est une poudre blanche à diluer qui contiendrait tout ce dont l’organisme a besoin : vitamines, minéraux, acides aminés, lipides, glucides. D’après le fondateur, 100 dollars suffiraient à satisfaire les besoins nutritionnels d’une personne pendant un mois si le Soylent était produit à la chaîne. Par ailleurs, ce produit engendre aussi l’absence de cuisson, de vaisselle et donc une baisse de la consommation d’énergie. La start-up a fait appel au crowdfunding pour financer son projet et avec 2,1 millions de dollars collectés : c’est l’une des plus grosses levées de fonds de l’histoire du crowdfunding dans le monde. L’alimentation personnalisée Social dining Cuisine et crowdfunding L D D Soigner son capital santé individuel es problématiques de santé et les convictions personnelles des individus rendent de plus en plus difficile les repas collectifs, entre amis ou même au sein du foyer. On constate un fort développement de l’offre dite « d’alimentation personnalisée », ainsi qu’un fort développement de la prévalence des maladies chroniques nécessitant un régime adapté. En effet, que cela soit pour des maladies graves (Alzheimer, cancer, maladies cardiaques…), des pathologies liées à l’alimentation (diabète, cholestérol, obésité,…) ou bien durant certains moments de la vie (Grossesse, 3ème âge,…), les consommateurs attendent des gammes de produits spécifiques répondant aux besoins de régimes stricts. La maladie d’Alzheimer représente un marché potentiel qui dépasse largement les 10 milliards de dollars par an et qui concerne 35 millions de malades, un nombre qui pourrait passer à 100 millions en 2050. Pour le moment, l’offre industrielle est quasiment inexistante, bien que des développements soient en cours. Nestlé travaille notamment sur un yaourt qui préserverait de la maladie alors que Danone a lancé, en 2013, «Souvenaid», un yaourt à boire enrichi en nutriments pour accompagner les patients dans la phase précoce de la maladie, déjà commercialisé en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Brésil. En 2010, 285 millions de personnes souffraient de diabète dans le monde et l’OMS prévoit que cette pathologie concernera 438 millions de diabétiques en 2030. Aux Etats-Unis, près de 8% des américains souffrent de diabète, c’est pourquoi l’offre de produits spécifiques est assez développée de ce côté de l’Atlantique : on trouve par exemple des gammes sans sucre dans de nombreuses marques, incluant des desserts, des snacks, des boissons, des sauces, et des bonbons. La marque GlucoBrand a lancé sur le marché américain la « Glucopouch » pour répondre aux attentes des consommateurs sur ce secteur : il s’agit de gourdes facilement transportables contenant 15 grammes de gels de glucose aromatisés à différents parfums. Durant leur grossesse, les femmes enceintes ont des besoins alimentaires spécifiques. Pour y répondre, Heinz, a lancé en Inde, par exemple, un complément alimentaire appelé Maplan-P spécialement dédié aux femmes enceintes et enrichi en protéines. Mais c’est en Chine que le marché de l’alimentation grossesse est le plus prometteur, notamment avec la politique de l’enfant unique, qui pousse les femmes chinoises à définir avec beaucoup de précautions leur alimentation durant la grossesse. Par la perte de confiance des consommateurs chinois envers le marché national de l’agro-alimentaire, et le déficit d’image lié, les produits ayant un label « bio » ou une certification européenne sont les plus à même de rassurer, et donc de séduire, les femmes enceintes chinoises. Les nouvelles technologies permettent aussi de maitriser et de faciliter cette personnalisation de l’alimentation. L’application WeCook par exemple propose des menus et des listes de courses personnalisés à ses utilisateurs en fonction de leurs envies, de leurs goûts, et même de leurs compétences culinaires. L’application KcalMe de 3d Minded est un calorimètre 3d qui permet de suivre sa consommation de calories, qui saura, sans aucun doute, trouver ses utilisateurs au sein des consommateurs les plus attentifs à la charge nutritionnelle de leurs repas. Lettre L’Observatoire des tendances n°3 juillet 2014 Rencontre et gastronomie epuis quelques mois, un mouvement mondial a fait son apparition : le « Social Dining » ou « Diner 2.0 ». Le Social Dining, c’est la rencontre entre inconnus venus partager un moment convivial autour d’un bon repas. L’idée est très intéressante et regroupe plusieurs concepts de consommation collaborative – celui d’aller manger chez un inconnu par exemple. A une époque où le « tout-connecté » est omniprésent, où l’on peut presque tout faire depuis son smartphone, et où aller au restaurant est devenu un luxe, cette nouvelle tendance est une alternative originale qui permet d’économiser tout en créant un lien physique entre les participants. Ainsi, il permet à des amateurs de cuisine d’ouvrir leur porte pour accueillir des inconnus en quête de découvertes gourmandes. Le principe est simple : l’hôte doit se rendre sur l’un des sites existant, il propose sa table et choisit les caractéristiques de l’invitation (nombre de personnes, prix, thème de la soirée, …), ensuite les hôtes s’inscrivent via le site pour le diner de leur choix, règlent le diner par carte bancaire sur le site web et reçoivent ensuite les informations concernant l’adresse, l’heure, etc. En France il existe aujourd’hui plusieurs sites de Social Dining : « CookNmeet », « Cookening », « Beyond Croissant » ou bien encore « Viens manger à la maison » qui est un site bourguignon, dont le créateur vient de Chalon-sur-Saône. A l’international aussi, ce principe se développe, notamment avec le site américain « EatWith », disponible dans une quarantaine de pays (Allemagne, Pérou, Espagne, Israël, …). Le concept de « co-lunching » s’inscrit également dans la tendance Social Dining. Le principe est assez proche des sites de rencontres, et l’originalité réside dans le fait que les rendez-vous se déroulent ici dans des restaurants. Le premier site du domaine a été Colunching.com, qui propose aux utilisateurs de réserver leur place autour d’une table dans un restaurant préalablement sélectionné. Une autre start-up, MyBusyMeal.com, vient de créer sa plateforme de co-lunching réservée exclusivement à une cible professionnelle. En effet, ici, le concept est de mettre en relation des professionnels qui souhaitent échanger pour élaborer un projet, partager leurs idées sur des thèmes précis, répondre à une problématique, crée des liens et élargir leurs réseaux, et rencontrer des businessmen de nationalités et de cultures différentes, le tout autour d’un repas pour rendre les choses plus conviviales. Economie collaborative et financement participatif e quelques dizaines de millions d’euros aujourd’hui, le financement participatif en France devrait atteindre les 6 milliards d’euros d’ici 2020. Selon la Banque mondiale, il pourrait dépasser les 200 milliards d’euros dans le monde, d’ici 2025. tous, l’une de ses missions étant de répondre aux besoins et choix alimentaires de la population de l’arrondissement et au-delà. La Louve sera également un lieu de sensibilisation aux enjeux alimentaires actuels et un lieu d’échange et de partage autour de la nourriture. C’est en mai 2014 que le premier site de financement participatif français entièrement dédié à la cuisine a été lancé (www.foodraising. com). Seulement un mois après son ouverture, un premier projet a été financé : il s’agit de Fodette, un concept de panier de recettes de proximité qui propose de cuisiner chez soi des recettes de saison accessibles, originales et gourmandes à partir de produits frais et de qualité. On trouvait déjà quelques projets alimentaires sur des sites classiques dédiés à la créativité et à l’innovation tels que Kiss Kiss Bank Bank et Kick starter. En matière de vin aussi, plusieurs sites de crowdfunding existent. Le site anglais Naked Wines, qui commercialise du vin dans le monde entier, a enregistré un chiffre d’affaires de 40 millions de Livres en 2013, aide ainsi à financer plus de 130 producteurs dans le monde. Toujours sur le principe de l’économie collaborative, aux Etats-Unis, depuis 4 ans un supermarché d’un nouveau genre (la Food Coop de Park Slope) a vu le jour à New York. Il s’agit d’un supermarché collaboratif proposant uniquement des produits locaux. 16 200 membres y travaillent gratuitement 2h45 toutes les quatre semaines pour assurer le fonctionnement de l’enseigne; 75% de la main-d’œuvre est donc bénévole et les membres peuvent y faire les courses pour acheter des produits locaux 20 à 40% moins chers qu’ailleurs. Un concept similaire va ouvrir à Paris dans le 18ème arrondissement en 2015 et s’appellera « La Louve ». Le projet a d’ailleurs été financé sur le site Kiss Kiss Bank Bank, La Louve s’engage à rendre la coopérative accessible à Kid snacks Les innovations en matière de snacking/goûter pour enfant I nformés par les pouvoirs publics et les médias, notamment dans le cadre du PNNS, les parents sont de plus en plus sensibles par rapport à la nutrition de leurs enfants. Pourtant, l’offre de snacking sain pour les enfants n’est pas encore très développée. Un récent sondage en Angleterre montre que 82 % des parents peinent à trouver des aliments dits « sains » pour leurs enfants quand ils sont hors de chez eux. En Europe, plusieurs innovations ont récemment vu le jour pour répondre à ce déficit d’offre en snacking sain. En Italie,« Hasta La Pizza » propose des snacks en sticks de type pizza enrichis en calcium et en oméga 3. Les produits sont légers et faciles à digérer, conçus spécialement pour les enfants. Ils sont distribués sous la forme de bâtonnets comme des glaces. En Allemagne, Edrbar propose des box, des sticks, des petits paquets de légumes et de fruits dans des formats adaptés aux enfants. La coopérative hollandaise The Greenery a, elle aussi, lancé des mini légumes (mini tomates, mini carotte) marketés pour séduire les enfants, avec également un étui de transport pour les tomates-cerises. En Angleterre, Ella’s Kitchen a développé un mini distributeur automatique ludique (1,15 mètre) dédié aux jeunes enfants leur proposant une offre de snacks sains à base de fruits et de céréales. Ce distributeur automatique propose 12 snacks sains différents. L’appareil est très basique afin d’être utilisé facilement par les plus jeunes. Ce distributeur automatique permet également d’habituer les enfants à consommer les produits sains des distributeurs, ce type d’appareil étant traditionnellement associé à la « mal-bouffe ». En effet, proposer des produits de snacking sains est une chose, mais encore faut-il que les enfants s’orientent vers les bons produits. C’est pourquoi il est important de mettre en place différentes actions pour amener les enfants vers ces produits. Des initiatives intéressantes ont notamment été mises en place pour donner envie aux enfants de manger des fruits en ajoutant une touche d’humour et d’originalité. L’an dernier en France, la marque Tête de pomme a distribué des stickers pour décorer ses pommes. En fin d’année dernière, il y a eu dans 9 pays (Espagne, Belgique, Russie,…) la « Banana Comic Week 2013 » durant laquelle chaque jour de la semaine la société Fyffes a distribué dans des écoles maternelles des bananes customisées avec des BD humoristiques, faisant passer un message sur l’intérêt de consommer des bananes. Le marché lié aux enfants est en plein essor, il est donc cohérent de voir des offres leur étant destinées se développer de plus en plus. La formation des enfants en matière de nutrition saine et équilibrée est aussi un élément important. Aux Etats-Unis par exemple Michelle Obama a lancé depuis quelques années le programme « Let’s move » pour lutter contre l’obésité infantile. Elle sensibilise les enfants en collaborant avec Disney par exemple, pour que ce dernier améliore la qualité de l’alimentation dans ses parcs et ne diffuse plus de spot TV pour la junk food sur ses chaines de TV. Evènements sur le sujet pour en savoir plus ! RAPIDE & RESTO SHOW, Salon Professionnel de la Restauration Rapide et de la vente à emporter, du 24 au 25 septembre 2014, à Paris. http://www.rapidrestoshow.com/ LE SIAL, le Salon n°1 Mondial de l’Alimentation se tiendra à Paris, du 19 au 23 octobre 2014. http://www.sialparis.fr/ OPEN INNOVATION FORUM FOOD & FMCG PITCHING EVENT, Evénement international de crowd-funding en agroalimentaire, le 19 novembre 2014 à Londres (date maximale pour déposer son pitch : 19 octobre). http://www.ifm. eng.cam.ac.uk/events/oipitching14/ Evènements internationaux de Vitagora® LA MISSION RUSSIE du 15 au 19 septembre 2014 Contact : [email protected] LA MISSION JAPON du 3 au 8 novembre 2014 Contact : [email protected] APPETITE FOR CONNECTED FOOD le 5 novembre 2014 Contact : [email protected] Vous souhaitez aller plus loin ? Contactez Elisabeth Lustrat de Vitagora® pour suggérer des thématiques d’articles ou pour approfondir votre connaissance sur vos marchés potentiels... Tél. : 03 80 78 97 96 Email : [email protected] Lettre d’information bimestrielle réalisée pour les adhérents du Pôle de Compétitivité Vitagora®. Sélection et rédaction des tendances : Elodie Thomas Crédits photos : Fotolia, Paul Joseph, Vitagora® 2014 AVEC LE SOUTIEN DE : EN PARTENARIAT AVEC : Member of F²Cinnovation French Food Cluster LES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ MOTEURS DE CROISSANCE ET D'EMPLOI Maison des Industries Alimentaires de Bourgogne - 4 boulevard Docteur Jean-Veillet - BP 46524 - 21065 DIJON Cedex - FRANCE Tél. 03 80 78 97 91 - Fax: 03 80 78 97 95 - E-mail : [email protected] - Web : www.vitagora.com Association régie par la loi du 1er juillet 1901 - SIRET 487 507 121 00027 - APE 732OZ