EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE INTRODUCTION : Le foie est un organe vital aux multiples fonctions : * il intervient dans le métabolisme intermédiaire (glucidique, lipidique, protéique) * Il joue un rôle important dans la désintoxication de l’organisme. * Il a un rôle exclusif dans la sécrétion de la bile, et son excrétion. I - RAPPEL ANATOMO-HISTO-PHYSIOLOGIQUE : 1 - ANATOMIE : - le foie est l’organe le plus volumineux du corps humain, ayant un poids de 02 kilos. - le foie est situé dans la loge sous phrénique droite, il ne ressemble à aucune forme géométrique Il est formé de 02 lobes : - droit volumineux - Gauche plus petit Vascularisation du foie Sur le plan vasculaire, le foie est irrigué par 02 vaisseaux : - une veine nutritive : veine porte, elle apporte le sang chargé de nutriments de l’intestin. - une artère nourricière : artère hépatique, elle apporte l’oxygène pour la survie du foie. Le sang quitte le foie par les veines sushépatiques (droite ,gauche et sagittale) qui se jettent immédiatement dans la veine cave hépatique. 2 - HISTOLOGIE : Sur le plan histologique, il s’agit d’un organe plein, parenchymateux qui présente : - Une capsule conjonctif (capsule de Glisson) qui s’invagine dans le parenchyme hépatique permettant de déterminer les lobules hépatiques. - Le parenchyme hépatique est organisé en lobules qui sont des formations hexagones séparés entre eux par des espaces conjonctivo-vasculaires, ce sont les espaces de Kiernan Au niveau de l’espace de kiernan, on retrouve une branche de l’artère hépatique, une branche de la veine porte et une branche du canal biliaire. Lobules du foie Au centre de chaque lobule se trouve la veine centrolobulaire. Les canalicules biliaires : espace intercellulaire (entre 02 hépatocytes) dans lequel s’accumule la bile puis circule vers le canal biliaire. Le foie est formé de 02 types de cellules : • HEPATOCYTES : 75٪ des cellules ,elles sont nuclées et volumineuses ,riches en glycogène et en lipides. Leur fonction se résume à l’épuration, siège de nombreuses voies métaboliques L’hépatocyte possède un pole vasculaire en rapport avec les capillaires sinusoïdes, et un pole biliaire en rapport avec les canalicules biliaires(s/f de microvillosités) • CELLULES DES SINUSOIDES : 25 ٪ des cellules ,parmi lesquelles : Cellules de kupffer (défense) : macrophages tissulaires Cellules endothéliales (barrière séparant les hépatocytes du flux sanguin) : jouent un rôle actif dans le transport vers l’ hépatocyte de certaines substances (HDL modifiées, glycoprotéines); Cellules Ito : impliquées dans le stockage de vitamine A Membrane intercellulaire Membrane canaliculaire Membrane sinusoïdale Les cellules du foie :hépatocyte II - Les Grandes Fonctions du Foie : - fonction biliaire - fonction métabolique - fonction de détoxification 1. Fonction Biliaire : Le foie est une glande digestive exocrine par sa sécrétion de bile, acheminée par les canaux biliaires vers le duodénum. Le foie synthétise environ un litre de bile par jour, mais sa sécrétion diffère : → Entre les repas : le sphincter d’Oddi est fermé et la bile est stockée dans la vésicule biliaire ayant une contenance de 80 ml → Lorsque la nourriture est placée dans la bouche, le sphincter se relâche, et quand le contenu gastrique pénètre dans le duodénum, la CCK (CholéCystoKinase : hormone sécrétée par la muqueuse du grêle) déclenche la contraction de la vésicule biliaire (La cholérèse : sécrétion de la bile). La bile est un fluide iso-osmotique au plasma, composé d’eau, d’électrolytes, d’acides biliaires, cholestérol, phospholipides et de bilirubine, de coloration jaune-verdâtre, de PH basique variant entre 7.6 à 8.6, son rôle dans la digestion se résume : • • • La bile neutralise le chyme gastrique acide, grâce à des ions bicarbonates. La bile permet la formation de micelles (émulsion) nécessaire à la digestion des graisses par la lipase pancréatique Elle favorise l’absorption des lipides par l'intestin grêle. Rôle physiologique de la bile Canal cystique Canal hépatique Vésicule Cholédoque Sphincter d’Oddi Les voies biliaires • Pigments biliaires (Bilirubine) : L’hémoglobine des GR ( ainsi que les autres protéines héminiques et non héminiques) est catabolisée en bilirubine au niveau du système réticulo-endothélial (rate, moelle osseuse, cellules de kuffer du foie), au bout de 120 jours de vie pour les GR de l’adulte et de 90 jours pour le NNé. Métabolisme de la bilirubine La bilirubine libérée par le SRE appelée : bilirubine non conjuguée (indirecte) non filtrable par le rein, est insoluble dans l’eau c’est la raison pour laquelle cette fraction circule dans le sang liée à l’albumine, acheminée vers le foie ,elle sera conjuguée via une enzyme hépatique : UDP glucuronyl transférase à l’acide glucuronique, ainsi transformée en bilirubine hydrosoluble appelée bilirubine conjuguée (directe). Cette bilirubine conjuguée va être acheminée du foie vers la bile à travers les canalicules biliaires. La bilirubine déversée vers le duodénum va être dé conjuguée et transformée en urobilinogène puis en strectobilinogéne qui vont être (pour la grande partie) oxydés respectivement en urobiline (éliminé dans les urines responsable de la coloration) et strecobiline (éliminé dans les matières fécales responsable de la coloration) • Sels biliaires (issus du Cholestérol) : Ce sont des stéroïdes souvent conjugués dans le foie à des acides aminés (glycine et taurine) pour donner des glycocholates et des taurocholates. Les sels permettent de solubiliser (émulsionner) les graisses au niveau intestinal facilitant l’action la lipase pancréatique. En cas de cholestase, les sels biliaires vont passer dans le sang et provoquer l’apparition d’un prurit 24 24 Sels biliaires primaires 3 Sels biliaires secondaires 24 C24 : Glyco- ou tauro-conjugué Structure des acides biliaires Circulation entéro-hépatique des sels biliaires Cholestérol foie Sels biliaires Iaires Circulation vésicule biliaire 95% porte 5% Circulation systémique 90% Sels biliaires Iaires IIaires duodénum intestin SELLES 95 ٪ des sels biliaires sont réabsorbés par l’intestin et regagnent le foie c’est ce qu’on appelle le cycle entéro-hépatique. 2. fonction métabolique : Particularités au niveau des différents métabolismes : Glucides Lipides Protéines Anabolique : glycogénogenèse Néoglycogénése Anabolique : Synthèse des AC gras Synthèse des TG,CHOL Synthèse des lipoprotéines Anabolique : AA, protéines, Facteurs coagulation, albumine Catabolique : Glycogénolyse Glycolyse Catabolique : lipolyse Acétyl CoA Catabolique : protéines, NH4 urée Exploration biologique Glycémie, glycosurie, HGPO Test de tolérance au fructose galactosurie provoquée Dosage du Chol, TG, HDL , LDL Chol estérifié Protides totaux, électrophorèse des protéines, albumine, Urée, NH4, Fibrinogène, Ig, Facteurs V, VIII Pathologies Diabète Insuffisance hépato cellulaire Galactosémie congénitale Fructosurie congénitale Insuffisance hépato cellulaire (TG↓ , CHOL ↓) Stéatose hépatique (TG et CHOL ↑,ASAT et ALAT ↑) Insuffisance hépato cellulaire ( alb , fibrinogène↓ ,urée, NH4 Temps de Quick ↑) Rôle Cycle de l’urée 3 - Fonction de détoxification et transformation des xénobiotiques : 1°-Fonction de détoxication But : obtention de composés plus polaires 1-1-Réaction par modification de structure -Désamination des acides aminés ;exple : L’uréogenèse(cycle de l’urée) qui a pour but l’élimination de l’N toxique, 60% à 90% de l’N de l’organisme est excrété s/ f d’urée ,voie strictement hépatique -Oxydation : exemple de l’oxydation des phénols -Déshalogénation : exemple de la désiodation de la thyroxine : T3 → T 4 1-2-Réaction de conjugaison -Glucuronoconjugaison de la BRB -Conjugaison avec acides aminés : exple glycocolle * avec acide cholique → sels biliaires * « acide benzoïque → acide hippurique (test de la fonction de détoxication hépatique). 2°- Transformation ou métabolisme des xénobiotiques Xénobiotiques = médicaments, polluants alimentaires ou industriels (colorants, insecticides, pesticides, solvants) Leur transformation implique des réactions d’oxydation par le système des cytochromes, obtenant des dérivés plus solubles parfois plus toxiques ; exple : formaldéhyde et acide formique plus dangereux que le méthanol. • Remarque : chez le fœtus, la capacité de transformation des xénobiotiques est négligeable de ce fait y a des précautions à prendre chez la femme enceinte prenant des médicaments. EXPLORATION DE LA FONCTION HEPATIQUE : 12345- Exploration de la fonction biliaire Exploration de la cytolyse hépatique Exploration de la fonction métabolique Exploration de l’épuration plasmatique et de détoxification Exploration de la fonction inflammatoire A – Exploration de la fonction biliaire : 1 - La bilirubine : Permet d’évaluer l’intensité de l’ictère. La bilirubine totale et conjuguée sont dosées, alors que la bilirubine non conjuguée (libre) est déduite : Bil libre = bil tot – bil conj Méthode de dosage : Prélèvement sanguin sur tube sec, conserver le sérum à l’abri de la lumière(bilirubine est photosensible) Méthode de dosage est colorimétrique en utilisant le principe de diazotation : repose sur la formation d’azodérivés colorés en réagissant avec les sels de diazonium. Elle comporte deux étapes : -Préparation extemporanée du diazodérivé qui correspond à l’acide sulfanilique + nitrite de sodium en milieu acide fort - Diazodérivé + bilirubine donne naissance au azodérivé coloré (intensité appréciée à 550 nm) Seule la bilirubine conjuguée est dosée (soluble dans le milieu aqueux) La bilirubine totale est obtenue par solubilisation de la bilirubine libre à l’aide d’adjuvant, on utilise soit : - Caféine – benzoate - diméthylsulfoxyde → → coloration verte (méthode Gendrassik-Grof) coloration violette lue à 555 nm La bilirubine peut être dosée par voie enzymatique sous l’action de la bilirubine oxydase qui donne la biliverdine. La chromatographie liquide haute pression HPLC est la méthode de référence mais elle n’est pas utilisée en routine à cause de son coût élevé Il existe une nouvelle méthode d’appréciation de la bilirubinémie qu’on appelle bilirubinométrie transcutanée dont le principe est la spectrophotométrie = émission de lumière, analyse de la lumière réfléchie dans les longueurs d’onde d’absorption de la bilirubine (grâce un petit appareil comme sur la photo) Elle est non invasive : pas de ponction veineuse, mais ne remplace pas le dosage sérique Valeurs usuelles : BRB TOT ≤ 10 mg /l ; BRB conj ≤2 mg /l ; BRB libre ≤ 8 mg /l 2 - Phosphatase alcaline : Permet de confirmer une cholestase =diminution du débit biliaire soit intra ou extra hépatique. La PAL est une enzyme qui se situe au niveau des villosités canaliculaires, libérée lors d’atteinte des voies biliaires intra ou extra hépatiques ou maladies infiltratives. Cette enzyme catalyse la libération d’un phosphate inorganique à partir d’esters phosphate à ph alcalin Le choix de la technique de dosage est basé sur le choix du tampon , du substrat, de la température : • Substrat : chromogène paranitrophénylphosphate (PNPP) • Tampon : -amino-2 méthyl-2 propanol ( AMP ) technique de la SFBC(société française de biologie clinique) -Diéthanolamine ( DEA) technique DGKC Température : 37 °c • En présence de tampon et de MG++ , la PAL hydrolyse le PNPP en PNP ( paranitrophénol),dont l’intensité de la coloration est lue à 405 nm. Les valeurs usuelles varient en fonction de l’âge et de la technique : SFBC DGKC Enfant < 375 UI /L < 645 UI /L Adulte < 125 UI /L < 275 UI /L En réalité, cette enzyme fait partie d’une grande famille : hépatique, osseuse, intestinale, placentaire ces iso enzymes de la PAL sont séparées par électrophorèse sur gel d’acétate de cellulose, la fraction rapide est celle de l’iso enzyme hépatique, la fraction placentaire est retrouvée en cas de cancer. Les valeurs observées dans le tableau sont élevées chez les enfants en raison de la croissance osseuse, ainsi que chez la femme enceinte à cause de la fraction placentaire. 3 - GAMMA GLUTAMYL TRANFERASE GGT Enzyme ubiquitaire dont le taux élevé isolement révèle un alcoolisme chronique. Le principe de dosage : δ glutamyl-paranitroaniliode + glycyl-glycine → δ glutamyl glycyl-glycine + paranitroaniline 37 °c ; PH = 8.25 Valeurs physiologiques : Homme < 61 UI /l Femme < 36 UI /l Elle est élevée 5 à 30 Normale dans la cholestase, les hépatites médicamenteuses, métastases hépatiques Elle augmente aussi dans de nombreuses affections extra-hépatiques, telles les : atteintes pancréatiques, diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale B- Exploration de la cytolyse hépatique : 1 – TRANSAMINASES : Les transaminases sont des enzymes intra hépatiques de ce fait elles permettent l’évaluation de la lyse hépatique (destruction du parenchyme), elles sont au nombre de 02 enzymes : ASAT ; ALAT. Elles assurent la catalyse du transfert d’un groupement aminé (NH2) : Ac. aspartique + Ac. α - cétoglutarique - ASAT =TGO Ac. glutamique + Ac. oxaloacétique (AOA) Alanine ALAT = TGP Ac.glutamique + + Ac. α - cétoglutarique Ac. Pyruvique Les méthodes de dosage : - techniques colorimétriques Basées sur la formation des 2,4 dinitro-phénylhydrazones des ac.αcétoniques (AOA,ac pyruvique) -techniques spectrophotométriques dans l'UV *ASAT : réaction à pH = 7,4 AOA PLP NADH2 Ac. Malique NAD *ALAT : réaction à pH = 7,2 Ac. Pyruvique PLP Ac. Lactique NAD NADH2 Consommation de NADH2 : DO à 340 nm PLP = pyridoxal phosphate = (Vitamine B 6) Valeurs usuelles avec PLP (37° C) (IFCC) : ASAT ALAT Homme ≤ 50 ≤ 50 Femme ≤ 35 ≤ 35 ALAT est retrouvé au niveau du foie, rein, muscle cardiaque, muscles squelettiques, pancréas, rate. ASAT est retrouvé au niveau du muscle cardiaque, foie, muscles squelettiques, rein, pancréas, poumons Il faut savoir que dans les globules rouges : activité ASAT 15 fois celle du sérum « ALAT 7 « « « « éviter sérum hémolysé 2- LACTATE DESHYDROGENASE (LDH) - Activité totale non demandée en hépatologie - 5 types d’isoenzymes séparés par électrophorèse dont LDH1 de migration anodique et LDH5 de migration cathodique : LDH-1 (4H) - principalement dans le cœur LDH-2 (3H1M) - principalement dans le système réticulo-endothélial LDH-3 (2H2M) - principalement dans les poumons LDH-4 (1H3M) - principalement dans les reins LDH-5 (4M) - principalement dans le foie et les muscles striés - méthode de dosage de la LDH : Pyruvate + NADH,H+ ↔ Lactate + NAD Ph = 7.2 Lecture de la disparition de NADH à 340 nm - valeurs physiologiques à 37°c : 240 - 480 UI /l 3– 5’nucléotidase et leucine aminopeptidase Peu spécifiques 4- ornithine carbamoyl transférase Enzyme de l’uréogenèse, très spécifique du foie mais son dosage pose des contraintes techniques. C - Exploration de la fonction métabolique 1 – taux d’albumine : C’est une des protéines synthétisées par le foie , elle est dosée par différentes méthodes (colorimétrique, néphélémétrique…)généralement grâce à la méthode de BCG Valeurs physiologiques : 35 – 50 g/l Sa diminution est due à différents processus tels les augmentations de pertes (protéinurie pathologique, brulures) mais aussi au cours de diminution de synthèse hépatique observée lors d’insuffisance hépato- cellulaire 2 – fibrinogène : Dosage est basé sur la méthode fluorimétrique : Fibrinogène → fibrine Thrombine+ calcium Valeurs physiologiques : 2 – 4 g/l Le fibrinogène est diminué en cas d’insuffisance hépatique et élevé en cas d’état inflammatoire. 3 – taux de prothrombine (TP) : Il s’agit de déterminer le temps de quick par addition de thromboplastine et de calcium. Le temps de quick est allongé en cas d’insuffisance hépatique (défaut de production des facteurs de coagulation) ce qui correspond à un taux de prothrombine bas (< 70% ). D – Exploration de l’épuration plasmatique et de détoxification 1 – test d’épuration plasmatique : Il s’agit de calculer la clearance relative (k)d’une substance = fraction du volume plasmatique total épuré par unité de temps. Après injection IV de la substance considérée, on distingue : - une étape de diffusion de quelques minutes - une étape d’épuration durant laquelle la concentration e la substance diminue de manière exponentielle selon la relation : Ct = Co e –kt → Log Ct = Log C0 – kt Ct = concentration plasmatique de la substance au tps t Co = concentration plasmatique de la substance au tps o K = clearance relative T = tps E = base des log népériens Log Ct 1 = sujet sain 2 = sujet avec obstruction 3 = sujet cirrhotique 3 2 1 T (min) En pratique on administre la solution de BSP bromosulfone phtaléine à une dose rapportée au poids corporel ( 5 mg /kg de poids) ,puis effectuer des prélèvements à des temps précis (8,15,45,90,120 min). La disparition de la BSP = conséquence de sa fixation par les hépatocytes, suivie par son élimination par voie biliaire. Valeurs normales de K = 12 - 18 % Variations pathologiques : - K diminue en cas d’atteinte hépatique - présence de 02 pentes (k1 et k2) correspond à un trouble de l’élimination. Ce test est très sensible mais peu spécifique, surtout sans aucun intérêt diagnostic étiologique. 2 – test de détoxification : Test à l’acide hippurique (AH) Administration par IV de benzoate de sodium, puis doser l’acide hippurique une heure après dans les urines. Administration du benzoate de sodium par voie orale, réaliser le dosage de l’acide hippurique 4 heures après au niveau urinaire. Chez le sujet normal on retrouve au moins 50% du benzoate de sodium sous forme d’acide hippurique dans les urines. L’acide hippurique retrouvé dans les urines est inférieur à 50% du benzoate de sodium en cas d’insuffisance hépatique (cirrhose et hépatite). E – Exploration de l’inflammation 1 – électrophorèse des protéines sériques : Les différentes protéines plasmatiques sont synthétisées par le foie, de ce fait tout processus pathologique intra-hépatique génère un profil protéique particulier. Expl : cirrhose décompensée du foie (œdèmo-ascitique) → bloc βδ avec albumine basse Hépatite chronique →δ globulines élevées et albumine basse 2 – les immunoglobulines Leur dosage immunoturbidimétrique est nécessaire dans l’exploration des affections hépatobiliaires : Le principe de cette technique est qu’il y ait une absorption de la lumière par le complexe immun AG-AC en milieu aqueux - ↗ IgM dans la cirrhose biliaire primitive - ↗ IgG dans l’hépatite chronique active - ↗ IgA dans la cirrhose alcoolique 3 – dosage des protéines de l’inflammation Orosomucoide (α1 globulines) Haptoglobine (α2 globulines) Fractions du complément ( c3 et c4 ) PATHOLOGIE HEPATIQUE : On va étudier l’ictère et ses différentes étiologies. L’ictère se définit comme un symptôme et non une pathologie propre, il s’agit de la coloration jaunâtre des téguments (peau, muqueuses) . - Ictére à brb non conjuguée Ictére à brb conjuguée 1 – ictére à BNC a - Ictère pré-hépatique : L’affection responsable de l’ictère est en amont du foie (avant), donc le foie est sain. L’étiologie = Hyper hémolyse (dépassement des capacités de conjugaison de la bilirubine libre issue de la dégradation de l’hème du GR). Comme pathologies, on retrouve : 1. Maladie de Minkowski-Chauffard ou sphérocytose héréditaire : Anémie hémolytique par anomalie membranaire du GR. 2. Hémoglobulinopathie : Thalassémies = défaut de synthèse des chaines de globine (α,β ) Drépanocytose = défaut qualitatif de l’hémoglobine (Hb s) 3. Ictère hémolytique néonatal : - infection néonatale (CRP élevée) - incompatibilité fœto-maternelle (système ABO/système Rh) - enzymopathie du GR : - déficit en glucose 6 phosphate déshydrogénase( G6PD) : enzyme globulaire de la voie des pentoses phosphate, à transmission lié à X - déficit en pyruvate kinase : enzyme globulaire de la glycolyse , transmission autosomale récessive. 4. Céphalohématome : Traumatisme crânien 5. Ictère hémolytique chez l’adulte : Autoimmune /médicamenteuse/ Tableau biologique : BRB libre ↗↗↗ BRB conj ↗ Augmentation de l’urobiline et strecobiline (urines et selles fonçées) Bilan de cholestase est normal Bilan de cytolyse normal b - Ictère intra-hépatique par défaut de la glucuronoconjugaison - déficit transitoire de l’UDP-glucuronyl transférase Ictère physiologique du nouveau né ( 2 éme – 5 éme jour) - inhibition de l’UDP glucuronyl transférase Soit due au lait maternel (prégnane) ou la novobiocine (antibiotique) - anomalie génétique de l’UDP glucuronyl transférase = syndrome de Crigler - Najjar Il s’agit d’une pathologie rare,il en existe 02 types : Type 1 Type 2 Déficit de l’enzyme Total partiel Début de l’ictère A la naissance De la naissance à l’âge de 10 ans Risque d’ictère nucléaire Oui Non Transmission Autosomique récessive Complications Neurologiques +++ Autosomique récessive ou autosomique dominante Neurologiques + Traitement Photothérapie 10h -12h par jour jusqu’à une éventuelle transplantation hépatique phénobarbital Remarque : le mécanisme d'action de la photothérapie imparfaitement connu aboutit à la formation de photo-isomères de la bilirubine, plus hydrosolubles et par conséquent plus facilement éliminés. - hypothyroïdie congénitale Pathologie due au défaut de synthèse des hormones thyroïdiennes (hormones du métabolisme intermédiaire), au cours de cette anomalie il y a une diminution de la capacité de conjugaison de la bilirubine. -la maladie de Gilbert Ce syndrome est une affection totalement bénigne et très fréquente (3 à 10 % de la population), Il doit être considéré comme un polymorphisme non pathogène. TABLEAU BIOLOGIQUE : Bil libre ↗↗↗ Bil conj ↘ strecobilinogéne ↘ (selles décolorées ) 2 – ictére à BC On retrouve dans les ictéres à BC différents mécanismes physiopathologiques,à savoir : - Ictère cholestasique sans obstacles dans les canaux biliaires Ictère cholestasique avec obstruction des voies biliaires A - ictère cholestasique sans obstacles dans les canaux biliaires : C’est un défaut d’excrétion d’une BRB conjuguée dans les canaux biliaires - syndrome de Dubin-Johnson : Ictère de la petite enfance (5 premières années), l’ictère repose sur le défaut d’excrétion de la BRB conjuguée dans la bile via un transporteur canaliculaire de la bilirubine. - syndrome de Rotor : Ictère plus précoce que le précédent. L'anomalie moléculaire n'est pas connue . TABLEAU BIOLOGIQUE Bil conj ↗↗↗ Bil libre ↗ Bilirubinurie positive Epreuve BSP anormale B-Ictère cholestasique avec obstruction des voies biliaires – cholestase intra-hépatique C’est une diminution du débit sécrétoire du liquide biliaire à l’intérieur des voies biliaires intra hépatique. Le tableau biologique : • Bil conj ↗↗↗ • Urobilinogéne ↘ • Bilirubinurie positive • Transaminases ↗↗↗ (6 à 10 N hépatites aigues) et (2 à 4 N hépatites chroniques) • BSP anormale La cholestase intra hépatique est observée au cours soit : ♣ HEPATITES Inflammation aigue ou chronique du parenchyme hépatique due à un agent : - viral ++++ (hépatite virale) - toxique ou médicamenteux ++ - radiations - pathologie auto-immune 05 virus sont responsables d’hépatite virale : Virus Incubation Transmission Affection A 2 – 4 semaines Voie hydrique (eau, aliments souillés) aiguë (bénigne) B 6 semaines – 4 mois Voie sexuelle - sang (groupes à risque) aiguë ou chronique C 4 semaines Sang ou matériel souillé aiguë ou chronique Nosocomiale : dialyse, endoscopie, cathétérismes, soins dentaires, transplantation Percutanée : percing, scarification, tatouage D co-infection avec B Identique à celle de B aiguë ou chronique E 2 – 3 semaines Voie hydrique aiguë Les hépatites B,C,D peuvent passer à la chronicité et développer ainsi une cirrhose →hépatocarcinome Hépatite virale A Le virus responsable est l’entérovirus de la famille picornavirus à ARN Les signes cliniques : état pseudo-grippal (asthénie, courbatures, maux de tête) + ictère (10 % ) L’évolution : généralement asymptomatique sans évolution à la chronicité, rarement fulminante (mortelle) Le diagnostic de certitude : Sérologie : IgM anti- HVA qui sont présents 1 mois après l’infection, persistent 06 mois, alors que les IgG anti HVA apparaissent 2 mois après l’infection et persistent toute la vie (rôle protecteur) La prévention : la bonne hygiène Hépatite virale B L’agent causal est l’entérovirus de la famille hepadnavirus à ADN Les signes cliniques sont identiques à la précédente L’évolution : 90 % asymptomatique et ne passe pas à la chronicité alors que 10% peut évoluer vers la chronicité. Le diagnostic repose sur la sérologie (voir tableau ci-dessous) On parle de chronicité quand l’AgHBs est positif au cours de 02 déterminations à au moins 06 mois d’intervalle. La présence de l’Ag HB e est un signe de complications. Hépatite virale C L’infection est due à l’entérovirus La forme chronique est la plus souvent silencieuse : Symptôme = fatigue Diagnostic par Ac anti VHC : IgM → infection récente IgG → infection ancienne Il existe un autre paramètre biologique qu’on appelle : charge virale ou ARN du VHC, ce paramètre trouve toute son importance dans certaines conditions : immunodéprimés, les nouveau né de mère ayant l’hépatite C , a fin de réaliser un diagnostic précoce quand les anticorps sont négatifs. Evolution vers 60 à 70 % des formes chroniques dont la moitié sont actives 20 % de ces formes actives vont évoluer vers la cirrhose 1/3 se compliquent en cancer Traitement : Interféron δ et nouveaux antiviraux Marqueur Antigène HBc Origine Capside Site de détection hépatocyte Signification biologique Période Antigène HBs Surface membranaire sérum Signe de contagion (1er à apparaitre) Phase pré-ictérique et phase ictérique Antigène HBe Capside sérum Signe de contagion et de réplication du virus Phase pré-ictérique et phase ictérique Anticorp anti- HBc sérum Premier à apparaitre Couvre la période entre la disparition de l’Ag HBs et l’apparition de l’anticorp antiHBs De la phase ictérique jusqu’à plusieurs années Anticorp anti- HBs sérum Indique une infection antérieure 20 -25 éme semaine durable le restant de la vie Anticorp anti- HBe sérum Apparait vers la fin de la phase aigue Synonyme de guérison 12 éme semaine Tableau récapitulatif de la sérologie de l’hépatite virale B ♣ CIRRHOSE La cirrhose est un syndrome anatomopathologique correspondant à l’évolution naturelle de la plupart des maladies chroniques du foie: Se définissant par l’association de 03 lésions : Lésions hépatocellulaires Fibrose annulaire Présence de nodules de régénération. Suivant la taille des nodules, on distingue des cirrhoses macro (> 10 mm) ou micro (< 3 mm) nodulaires. Les nodules sont formés d’amas d’hépatocytes ayant perdus les connexions vasculaires et biliaires normales du lobule hépatique. Découverte : La cirrhose est longtemps asymptomatique. L’évolution de la cirrhose peut être divisée en deux périodes : non compliquée (compensée) et compliquée (non compensée): – Cirrhose compensée: elle peut être découverte lors d’un examen clinique révélant une hépatomégalie caractéristique, par des tests biologiques hépatiques ou par un examen morphologique (échographie, endoscopie). – Cirrhose décompensée: la cirrhose est découverte à l’occasion d’une de ses complications (ascite, hémorragie digestive, ictère, encéphalopathie). Complications : Les complications sont nombreuses : - hémorragie digestive - ascite - carcinome hépatocellulaire - manifestations pulmonaires (hydrothorax,..) - encéphalopathie hépatique. L’évaluation biologique de la cirrhose est réalisée par le biais du calcul du Fibrotest qui combine 7 paramètres : a2-macroglobuline, haptoglobine, apolipoprotéine A1, bilirubine totale, GGT, âge et sexe, actuellement l’utilisation de ce test nous permet de confirmer le diagnostic de la cirrhose au cours de l’hépatite chronique C Etiologies : ♦ ♦ Cirrhose alcoolique : 1 ére cause dans les pays européens Cirrhose post-hépatitique B et C Leur diagnostic repose sur la sérologie (Ag HBe, anticorp HVC) ♦ Cirrhose médicamenteuse ♦ Cirrhose auto-immune : Survient habituellement chez une femme jeune, souvent associée à d’autres affections autoimmunes. Cliniquement, l’hépatite auto-immune se manifeste par des poussées ictériques, une asthénie, une fièvre, des arthralgies et des éruptions. Elle peut être asymptomatique , une hypergammaglobulinémie est fréquente. Le diagnostic repose sur la présence d’auto-anticorps anti muscle lisse et antinucléaire (hépatite auto-immune de type I) ou anti microsomes de foie et de rein anti-LKM1 (hépatite auto-immune de type II, plus rare). Exp : Cirrhose biliaire primitive Survient le plus souvent chez une femme de plus de 40 ans. Il existe une cholestase clinique ou biologique. Le diagnostic repose sur l’augmentation importante des IgM et surtout la présence à un titre élevé d’anticorps anti mitochondries (de type M2) – présents dans 90 % des cas – et l’histologie. Elle n’est responsable d’une véritable cirrhose qu’à un stade évolué. ♦ Cirrhose métabolique : Hémochromatose génétique Il s’agit d’une affection héréditaire transmise selon le mode autosomique récessif. Le gène responsable de la maladie est situé sur le chromosome 6. Le plus souvent, la mutation concerne le gène HFE en position 282Y; plus rarement, il s’agit d’une autre mutation(H63D). Dans certains cas, l’hémochromatose n’est pas due à une anomalie du gène HFE. Le fer est alors stocké au niveau du foie, puis dans d’autres organes. Le diagnostic est évoqué devant: – Des signes cliniques associés à ceux de la cirrhose (asthénie, diabète, hypogonadisme, cardiopathie, mélanodermie, arthropathies ). – Le début de la forme majeure, entre 30 et 40 ans chez l’homme et après la ménopause chez la femme. – le tableau biologique : bilan martial perturbé : Fer , ferritine et coefficient de saturation (>65 %) ↗↗ Transferrine ↘ Elévation chronique des transaminases (3 N) Diabéte (glycémie ↗) Le diagnostic est confirmé par: – Les lésions histologiques: surcharge ferrique diffuse et importante (appréciée à la coloration de Perls) dans les hépatocytes, les cellules de Kupffer et le tissu conjonctif. – Le dosage du fer intra hépatique. Le traitement repose sur les saignées jusqu’à ce que le fer sérique soit inférieur à 10µmol/l et la ferritine inférieure à 50 µg/l. Maladie de Wilson C’est une maladie héréditaire autosomique récessive (gène sur le chromosome 13), exceptionnelle, caractérisée par une accumulation de cuivre, notamment dans le foie et les noyaux gris centraux. Le diagnostic est évoqué devant une cirrhose chez l’adulte jeune. Il existe souvent des manifestations associées: neurologiques (dyskinésie d’attitude), hématologiques (anémie hémolytique aiguë) et ophtalmologiques (anneau de Kayser-Fleischer cornéen). Le diagnostic est confirmé par la diminution du taux sérique de la céruléoplasmine, et de la cuprémie et l’augmentation de la cupriurie et, histologiquement, par l’augmentation de la concentration de cuivre hépatique. Une anémie hémolytique est souvent associée. Le traitement repose sur la D-pénicillamine (Trolovol) au long cours, la transplantation hépatique est indiquée en cas d’insuffisance hépatique sévère. Déficit en α 1 anti-trypsine Maladie génétique due à une mutation ponctuelle empêchant l’ α 1 anti-trypsine d’inhiber les élastases, cliniquement cette maladie est diagnostiquée suite à un emphysème pulmonaire avec un ictère plus cirrhose. Le diagnostic biologique repose sur l’EPP (α 1 globuline basse) et le dosage immunoturbidimétrique de l’ α 1 anti-trypsine. Tyrosinémie, galactosémie, fructosémie, glycogénoses, maladie de gaucher, maladie de Niemannpick ♣ CANCER DU FOIE La cirrhose est un terrain de prédilection pour le développement d’un hépatocarcinome surtout chez les hommes, révélé par le dosage sérique d’un marqueur qui est l’ α foetoproteine (manque de sensibilité), ainsi le diagnostic est posé par échographie et analyse anatomopathologique. - cholestase post-hépatique ( extra hépatique) Stagnation de la bile dans les canaux biliaires situés en dehors du foie Cliniquement on retrouve, un ictère sévère, douleurs vives et profondes, frissons, persistance de la fièvre après disparition de l’ictère, prurit ,diarrhée , carence en vitamines A ,D ,E ,K Conservation d’un état général normal, vésicule biliaire palpable sans hépatomégalie. Les causes : - obstruction de la voie principale d’évacuation de la bile (canal du cholédoque) - cancers du foie, de la tête du pancréas ou du cholédoque - pancréatite (inflammation du pancréas) Tableau biologique : • • • • • Bil conj ↗↗↗ Strecobilinogéne ↘ (selles décolorées) Bilirubinurie positive PAL ↗↗↗ BSP anormale Phase pré ictérique Phase ictérique Convalescence VIREMIE TRANSAMINASES ICTERE IgM ANTI- HVA IgG ANTI-HVA 6 12 MANIFESTATIONS CLINICO-BIOLOGIQUES DE L’HEPATITE VIRALE A 18 semaines Phase pré Ictérique Ictère Convalescence Ag HBs Ag HBe Transaminases Ictère Anti- HBc Anti- HBe Anti- HBs 10 15 20 25 SEMAINES MANIFESTATIONS CLINICO-BIOLGIQUES DE L’HEPATITE VIRALE B