2èmes rencontres d’Oncogériatrie Bourgogne-Franche Comté Besançon 24 avril 2015 Dr Anne-Sophie ALZINGRE Oncogériatre Hôpital Nord Franche-Comte Introduction Le syndrome confusionnel Syndrome grave Morbi-mortalité lourde Urgence neuro-psychiatrique Diagnostic parfois difficile Principal facteur de risque troubles cognitifs Approche oncogériatrique avant/pendant la chimiothérapie pour les patients fragiles Risque décompensation cognitive ? Syndrome confusionnel : très fréquent, sous diagnostiqué Fréquence sous estimée dans la pratique quotidienne en cancérologie où 1/3 à 2/3 des cas sont Sous diagnostiqués Détectés tardivement Non détectés Pourtant le syndrome confusionnel concerne Près de 80% des patients en phase terminale de cancer 8 à 40% des patients hospitalisés en cancérologie En post-opératoire, 15 à 70 % des personnes âgées Au domicile ?? pas de données Int Med J 2004 ; 34 : 115 – 121 Année Gérontologique 1996 ; 103 – 108 Référentiel s inter régionaux en Soins Oncologiques de Support Confusion : urgence neuro-psychiatrique A l’Hôpital Mortalité intra-hospitalière (10-65 %) DMS x 2 Pronostic/évolution Mortalité à 12 mois x 2 Réhospitalisations à 12 mois x 2 Entrées en institution à 6 mois x 3 A 6 mois, retour à l’état antérieur 18-21 % MAIS avec une prise en charge adaptée et précoce : la réversibilité peut atteindre 50 % Importance d’un diagnostic précoce et d’une prise en soins efficace Jags 1997 ; 45 : 174 – 178 Arch Int Med 2002 ; 162 : 457 – 463 Neuropsychology review 2004 ; 14 : 87 – 98 Confusion (Delirium) • Dysfonctionnement cérébral, temporaire et réversible, secondaire à une cause organique, métabolique, toxique ou psychologique. – Installation rapide – Intensité des troubles très fluctuante • Tableau clinique – Vigilance altérée, inversion rythme nycthéméral – Troubles cognitifs (mémoire, désorientation…) – Troubles psycho-comportementaux : • • Agitation, anxiété, hallucinations, délires (formes hyperactives) Apathie, somnolence (formes apathiques) + grave Diagnostic positif : Confusion Assessment Method (CAM) présence des critères 1 + 2 + (3 ou 4) : diagnostic de syndrome confusionnel aigu rempli dans un délai de 5 à 10 minutes par des professionnels sans formation spécialisée excellente sensibilité ( 91-94%) et spécificité ( 90-100%)). SK Inouye, CH Von Dyck, CA Alessi, S Balkin, AP Siegal, RJ Horwitz RJ.. Clarifying confusion : the confusion assessment method. A new method for detection delirium. Ann Intern Med 1990; 113: 941-8. Facteurs prédisposants et précipitants du syndrome confusionnel Facteurs prédisposants : facteurs de risque A rechercher lors de l’évaluation oncogériatrique initiale chez les patients fragiles Risque de décompensation par la chimiothérapie Troubles cognitifs, autonomie limitée, traitement psychotrope, polymédication, dénutrition, désafférentation sensorielle, isolement social, syndrome anxio-dépressif…. A prendre en charge et à suivre avant et pendant le traitement Facteurs précipitants : causes aigües Démarche étiopathogénique globale nécessaire Causes métaboliques (déshydratation++), surdosage médicamenteux, sepsis, syndrome rétentionnel, causes métaboliques, cardio-vasculaires…. prise en charge urgente en hospitalisation Confusion mentale Facteurs de risque (prédisposants) Déficit visuel/auditif Facteurs démographiques Comorbidités sévères (insuffisances cardiaques, rénales… Poly médications (corticoïdes +opioïdes+ BZD) AGE > 65 ans Sexe masculin ATCD de confusion Troubles cognitifs préexistants (fonctions supérieures) Déshydratation Évolutions métastatiques, douleur non contrôlée Risque de Confusion augmenté Psychopathologies Changements de lieux de soins Hospitalisation de longue durée Émotions, conflits Inactivité ATCD d’addictions immobilité Facteurs comportementaux / Hygiène de vie Adapté du référentiel AFSOS 2011 Facteurs précipitants Facteurs médicaux Causes infectieuses : pneumopathie, infections urinaires… Causes métaboliques :déshydratataion, hypo/hyperglycémies, hypo/hypernatrémie, hypercalcémie, hypoxie Insuffisance cardiaque/respiratoire/rénale aigüe avec bas débit cérébral, hypoxie, encéphalopathie métabolique Causes iatrogènes médicamenteuses : morphine, corticoïdes, psychotropes Douleurs aigües Progression tumorale/métastatique/localisations cérébrales ou méningées Facteurs environnementaux : changement du cadre de vie habituel Hospitalisation, entrée en institution Facteurs psychologiques Stress Syndrome anxiodepressif Facteurs précipitants: TOUT La réserve cognitive Réserve cognitive Syndrome confusionnel Facteur déclenchant Déclin cognitif et cancer du sujet âgé : état des lieux Très forte incidence des affections neurodégénératives au sein de la population âgée ET augmentation du risque de cancer avec avancée en âge --> association fréquente des 2 ! Evaluation avant traitement : MMSE, 5 mots de Dubois, fluences d’Isaacs Mémoire, praxies, orientation TS, attention, calcul, langage, fonctions executives, attention examen rapide d’un large spectre des fonctions cognitives Aucune étude sur proportion de démences diagnostiquées à l’issu du dépistage d’un déclin cognitif au cours d’un cancer Pas d’étude spécifique sur prise en charge patient âgé dément/cancer Augmentation de l’incidence du déclin cognitif en rapport avec la chimiothérapie : « chemobrain » Gerarda S, Lozanoa S, Gaudina C, Balardya L. Declin cognitif et cancer du sujet âgé : Impact du déclin cognitif sur la prise en charge des cancers. JOG J oncogériatrie 2014; 5(1-2) : 37-40 Prévention du syndrome confusionnel Dépister les facteurs de risques : facteurs prédisposants Mettre en place les mesures correctives Médicales : révision de l’ordonnance et surveillance observance (IDE) limiter les psychotropes prudence avec les corticoïdes (diabète)/les morphiniques (patch) attention cardiotropes et bas débit cérébral, diurétiques et déshydratations (diarrhées/vomissements)… Surveiller hydratation, nutrition Environnementales/Sociales : Personne de confiance , inventaire des aidants familiaux et non familiaux Mise en place d’aides au domicile si besoin (alerte en cas de souçi/confusion +++) Réévaluer à chaque consultation/hospitalisation la tolérance du traitement Rechercher le syndrome confusionnel débutant, interrogatoire des aidants, changement de comportement Réévaluer le bénéfice-risque de la chimiothérapie Traitement du syndrome confusionnel Traitement étiologique +++ Rechercher tous les facteurs précipitants : démarche étiopathogénique rigoureuse Déshydratation, troubles métaboliques, sepsis, syndrome rétentionnels, iatrogénie médicamenteuses, cause organique cérébrale, insuffisance cardiaque/respiratoire/hépatique/rénale… Dans 50 % des cas : pas de cause spécifique retrouvée mais « décompensation globale multifactorielle » Hospitalisation « Nettoyer la pancarte » Réévaluation des prescriptions en tenant compte de la chronologie des prescriptions et des fonctions hépatiques et rénales Diminuer opioïdes ou rotation Diminuer antidépresseurs et hypnotiques Diminuer corticoïdes Attention hyponatrémie et IPP/IRS Traitement symptomatique du syndrome confusionnel avec agitation du sujet âgé Si agitation délirante : neuroleptique Risperdal 0.25mg à 0.5mg, 2 à 3x/j, en augmentant progressivement et en arrêtant rapidement Alternative si prise orale impossible : Loxapac SC 12.5 à 25 mg, 2 à 3x/j Si agitation anxieuse : benzodiazépines à T1/2 courte Temesta 1mg/Seresta 10mg/Xanax 0.25 mg, 2à 3x/j Hydratation, nutrition, soins de bouche, prévention constipation… Attitude apaisante, repères (calendrier, horloge), explications à donner aux proches, éviter l’alitement, lever, kinésithérapie de rééducation à la marche… Conclusion Le risque confusionnel au cours d’un traitement par chimiothérapie peut être prévenu par : Une évaluation cognitive avant traitement (réserve cognitive) Une surveillance accrue en cours de traitement Tout stress médical, psychologique, environnemental peut engendrer une confusion Il n’y a pas de chimiothérapie plus confusiogène spécifiquement identifiée, la confusion est souvent l’expression d’une fragilité globale Un diagnostic précoce et une prise en soins adaptée permettent une révérsibilité dans 50 % des cas Un retard au diagnostic, une négligence des symptômes peuvent rapidement compromettre l’autonomie et le pronostic Une prise en charge globale et multidisciplinaire est nécessaire