Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 3, mai/juin 2003
Compte-rendu de congrès
Allaitement maternel et nutrition
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confirmés par d’autres groupes, dans
la littérature. Nous-mêmes avons
démontré la reproductibilité de cet
effet lors de trois épisodes différents,
réalisés à une semaine d’intervalle,
ainsi que la présence d’un phéno-
mène de rebond à l’arrêt de la perfu-
sion (6) (figure 1).
Nous avons ensuite démontré que la
perfusion d’OT inhibe également la
réponse en ACTH au stress méta-
bolique induit par l’hypoglycémie
insulinique, ainsi que les réponses
induites par l’injection d’AVP, confir-
mant ainsi une action au niveau hypo-
thalamo-hypophysaire.
La mise en évidence, par d’autres
groupes, de récepteurs à l’AVP au
niveau surrénalien nous a amenés
à tester l’action possible de l’OT
au niveau surrénalien ; nous avons
confirmé une faible activité inhibi-
trice à ce niveau. Ces résultats vont
donc dans le sens d’une action
opposée, antagoniste, de l’AVP et de
l’OT sur l’activité corticotrope (7).
Sachant que l’AVP est particuliè-
rement impliquée dans l’activation
corticotrope en rapport avec le stress
“neurogène” ou “psychogène” (alors
que le CRH serait plus spécifique-
ment dans l’activation corticotrope
en rapport avec le stimulus “méta-
bolique” ou “homéostasique”), il
nous a semblé intéressant de retenir
l’hypothèse que dans certaines condi-
tions de libération physiologique,
ou induites par des manipulations
non pharmacologiques, la libération
d’OT endogène pourrait induire une
inhibition de l’axe corticotrope per-
mettant de lutter contre les effets
délétères (en particulier mnésiques,
par l’action sur les récepteurs de
l’hippocampe) de l’hyperimprégna-
tion en glucocorticoïdes.
Réaction au stress
et libération d’OT endogène
dans l’espèce humaine
Peu de groupes ont étudié les rela-
tions entre l’importance de la libé-
ration en OT et la réponse au stress
dans l’espèce humaine. C’est essen-
tiellement Mme Uvnas-Moberg qui
attira l’attention, il y a plus de quinze
ans, sur les effets inhibiteurs cortico-
tropes de la lactation, chez le rat tout
d’abord, puis dans l’espèce humaine.
Récemment, celle-ci a démontré que
le massage abdominal provoquait,
chez le rat, une libération d’OT que
l’on peut mettre en relation avec
une diminution de l’activité cortico-
trope (8). Une action inhibitrice de
ce type vient d’être confirmée dans
l’espèce humaine (9) et il est certain
que plusieurs études psychoneuro-
endocriniennes quantifiant la libé-
ration d’OT et les paramètres de
réponse au stress seront réalisées
dans les prochaines années.
En ce qui nous concerne, nous avons
abordé ce problème en réalisant, en
collaboration avec le Dr Madame
Faymonville (service d’anesthésiolo-
gie, université de Liège, Pr M. Lamy),
une étude pilote concernant l’in-
fluence possible de l’hypnose sur
l’axe ocytocinergique. Nous avons
mesuré les taux plasmatiques
d’ACTH, cortisol, AVP et OT chez
dix-neuf patients subissant une
lobectomie thyroïdienne partielle.
Les prélèvements ont été réalisés à
deux reprises dans la demi-heure
précédant l’intervention, puis à trois
reprises au cours de l’intervention
sous hypnosédation (une heure
trente environ par patient). Outre
ces prélèvements, les opérés ont
également rempli un questionnaire
concernant les différentes caracté-
ristiques subjectives de la qualité de
l’hypnose.
L’OT plasmatique s’est élevée chez
six des dix-neuf patients (de + 0,2
à + 61,5 pg/ml), concomitamment
à une baisse d’ACTH (de – 0,9 à
– 11,7 pg/ml). Chez trois patients,
par contre, une nette élévation de
l’ACTH (de + 52,7 à + 245,5 pg/ml)
a été démontrée. Chez ces patients, la
libération d’OT était nulle ou faible,
tandis que la libération d’AVP était
nette, voire importante (de + 3,8 à
+ 20 pg/ml). Il existe donc une cor-
rélation hautement significative entre