Problème II Vite « pile » 1. Le score S d’un joueur est le nombre de face(s) obtenus avant d’obtenir pile ou après n lancers. S est compris entre 0 et n, S suit la loi géométrique tronquée • Pour 0 6 i 6 n , P (S > i) = (1 − p)i : le joueur obtient face lors des i premiers lancers • Pour 0 6 i < n , P (S = i) = (1 − p)i p : le joueur obtient face lors des i premiers lancers et pile au (i+1)-ième 2. • Un joueur donné est le seul gagnant avec un score i < n si son score est i et si celui des autres joueurs est strictement plus grand. La probabilité de cet évènement est k−1 = p (1 − p)i(1+k−1)+k−1 = p (1 − p)ki+k−1 (1 − p)i p (1 − p)i+1 • La probabilité qu’il y ait un seul gagnant de score i est kp (1 − p)ki+k−1 • La probabilité qu’il y ait un seul gagnant est n−1 n−1 X X i 1 − (1 − p)kn (1 − p)k = kp (1 − p)k−1 kp (1 − p)ki+k−1 = kp (1 − p)k−1 1 − (1 − p)k i=0 i=0 Quand n tend vers +∞ cette probabilité tend vers kp (1 − p)k−1 1 − (1 − p)k 3. Le raisonnement précédent appliqué à g gagnants (0 < g 6 n) donne : • La probabilité qu’un groupe de g joueurs gagnent avec un score i < n est g k−g = pg (1 − p)i(g+k−g)+k−g = pg (1 − p)ki+k−g (1 − p)i p (1 − p)i+1 k g • La probabilité qu’il y ait g gagnants de score i < n est p (1 − p)ki+k−g g • La probabilité qu’il y ait g gagnants de score < n n−1 X k 1 − (1 − p)kn k g g ki+k−g p (1 − p) = p (1 − p)k−g g g 1 − (1 − p)k i=0 Le nombre G de gagnants n’est pas loin de suivre la loi binomiale B(k, p) sauf que G = 0 est impossible et G = k est à part : à la probabilité calculée dans le dernier point il faut ajouter la probabilité qu’aucun joueur n’obtienne jamais pile soit (1 − p)nk Cette ressemblance à la loi binomiale donne l’espérance de G : E(G) = kp × 1 − (1 − p)kn + k(1 − p)nk 1 − (1 − p)k Quand n tend vers +∞ cette espérance tend vers kp 1 − (1 − p)k Problème III Des chiffres pour des lettres • L’alphabet est restreint aux 10 premières majuscules de l’alphabet latin. • Une attribution d’un mot est un nombre dont l’écriture décimale s’obtient en remplaçant bijectivement les lettres du mots par des chiffres. • Un bloqueur d’un entier naturel non nul n est un mot dont aucune attribution ne multiplie n • Un entier est bon s’il n’a pas de bloqueur c’est à dire si tout mot a une attribution qui le multiplie. Quelques remarques • Un mot n’ayant qu’une lettre ne bloque aucun entier puisque 0 en est une attribution • Un bloqueur a donc au moins 2 lettres distinctes 1. Toute attribution de AB est strictement inférieure à 100 donc n’est jamais divisible par 100 : AB est un bloqueur de 100 . . .et idem pour tout entier plus grand que 100 2. (a) 10 est bon car il suffit de choisir 0 comme représentant de la dernière lettre d’un mot pour en construire une attribution divisible par 10 (b) La divisibilité par 8 ne dépend que des 3 derniers chiffres de l’écriture décimale donc un mot est bloqueur de 8 si et seulement le mot formé de ses 3 dernières lettres l’est. Un mot de 3 lettres est de la forme AAA ou AAB ou ABA ou BAA ou ABC. Il suffit de vérifier qu’aucun de ces mots n’est un bloqueur de 8 : 000 , 008 , 080 , 800 , 016 sont des attributions de ces mots toutes multiples de 8. (c) Soit aab une attribution de AAB. aab = 110a + b , 110 = 4 × 27 + 2 , aab ≡ 2a + b [ 27 ] or 1 6 2a + b 6 26 ne peut pas être divisible par 27 Aucune attribution de AAB ne multiple 27, AAB est un bloqueur de 27. (d) Soit abbab = 10010a + 1101b une attribution de ABBAB. • 100 = 3 × 32 + 4 ≡ 4 [ 32 ] • 1000 ≡ 40 ≡ 8 [ 32 ] • 1101 ≡ 13 [ 32 ] • 10000 ≡ 80 ≡ 16 [ 32 ] • 10010 ≡ 26 [ 32 ] • abbab ≡ 26a + 13b [ 32 ] Si 32 divise 26a + 13b = 13(2a + b) alors il divise (2a + b) ce qui n’est pas possible car 1 6 2a + b 6 26 Aucune attribution de ABBAB ne multiple 32, ABBAB est un bloqueur de 32. (e) • Soit d un diviseur d’un bon b Tout mot a une attribution divisible par b donc aussi par d donc d est bon. • 32 est mauvais alors que 8 est bon donc non, un diviseur positif d’un mauvais n’est pas nécessairement mauvais. 3. Décomposition en facteurs premiers des bons (a) Soit n une attribution de ω, d’écriture décimale aaāp−2 bāp−2 cāp−2 dāp−2 eāp−2 f ap−2 gāp−2 hāp−2 iāp−2 jāp−2 où ār désigne l’entier dont l’écriture décimale est la répétition de r chiffres a n = j 10p−2 + i 10p−2+p−1 + h 10p−2+2(p−1) + · · · + a 10p−2+9(p−1) +a 109(p−1) i h +āp−2 1 + 10p−1 + 102(p−1) + · · · + 109(p−1) Puisque p est premier autre que 2 ou 5, le petit théorème de Fermat dit que 10p−1 ≡ 0 [ p ] : n ≡ 10p−2 (j + i + dots + a) + a + āp−2 × 10 [ p ] • La première parenthèse contient la somme de tous les chiffres soit 45 • a + āp−2 × 10 = āp−1 = a × 1̄p−1 Or 9 × 1̄p−1 = 9̄p−1 = 10p−1 − 1 est un multiple de p. Comme p 6= 3, p est premier avec 9 donc 1̄p−1 ≡ 0 [ p ] Finalement n ≡ 45 × 10p−2 [ p ] , 2n ≡ 9 × 10p−1 [ p ] et donc n n’est pas un multiple de p (b) • Pas de bon à partir de 100 • Le caractère « bon » se transmet aux diviseurs • Les seuls bons premiers sont 2, 3 et 5 • 27 et 32 sont mauvais La décomposition d’un bon en produit de facteurs premiers est 5α 3β 2γ avec β 6 2 et γ 6 4 On peut faire l’inventaire des entiers de 1 à 99 vérifiant ces critères : • (α, β) = (0, 0) : 1 , 2 , 4 , 8 , 16 • (α, β) = (0, 1) : 3 , 6 , 12 , 24 , 48 • (α, β) = (0, 2) : 9 , 18 , 36 , 72 • (α, β) = (1, 0) : 5 , 10 , 20 , 40 , 80 • (α, β) = (1, 1) : 15 , 30 , 60 • (α, β) = (1, 2) : 45 , 90 • (α, β) = (2, 0) : 25 , 50 • (α, β) = (2, 1) : 75 Ce qui fait un total de 27 cas possibles 4. 9 est bon (a) Un nombre est congru à la somme de ses chiffres modulo 9. En remarquant que 0 ≡ 8 + 1 [ 9 ] , quand on passe de a à a′ , chaque chiffre autre que 9 est augmenté de 1 modulo 9 donc a′ = a + (n − k) [ 9 ] (b) Si n − k n’est pas un multiple de 3, il est premier avec 9 et on peut écrire une égalité de Bezout , (n − k)u + 9v = 1 (u > 0) qui donne ru(n − k) ≡ r [ 9 ] En choisissant pour r le reste de la division de −a par 9 on obtient a + ru(n − k) ≡ 0 [ 9 ] : à partir de a, appliquer ru fois la permutation décrite dans l’énoncé conduit à une attribution de ω divisible par 9