PROBLEME On suppose 𝑛 ≥ 2. 1. Définition-Propriétés : on appelle trace de la matrice 𝐴 = (𝑎𝑖,𝑗 )1≤𝑖,𝑗≤𝑛 carrée d’ordre 𝑛 la 𝑛 ∑ somme des termes de sa diagonale : autrement dit, Tr(𝐴) = 𝑎𝑘𝑘 = 𝑎11 + 𝑎22 + ⋅ ⋅ ⋅ + 𝑎𝑛𝑛 . 𝑘=1 ⎞ ⎞ ⎛ ⎛ ( ) 1 −1 1 1 2 3 1 2 ⎟ ⎟ ⎜ ⎜ Exemples : Tr = 5, Tr ⎝ 3 −4 5 ⎠ = −12, Tr ⎝ 3 −3 1 ⎠ = 0. 3 4 3 1 2 −7 8 −9 Il est clair que la trace permet de définir une forme linéaire sur l’espace vectoriel ℳ𝑛 (ℝ). On admet le résultat suivant que l’on pourra utiliser sans démonstration : ∙ pour tout (𝐴, 𝐵) ∈ ℳ𝑛 (ℝ)2 , Tr(𝐴𝐵) = Tr(𝐵𝐴). On rappelle également les résultats suivants : ∙ une matrice carrée est inversible si, et seulement si, son déterminant est non nul. ∙ le déterminant n’est pas une forme linéaire. ∙ si les matrices 𝐴 et 𝐵 sont carrées d’ordre 𝑛, alors Dét(𝐴 × 𝐵) = Dét(𝐴)Dét(𝐵). On dit que deux matrices 𝐴 et 𝐵 carrées d’ordre 𝑛 sont semblables s’il existe une matrice carrée d’ordre 𝑛 inversible 𝑃 telle que 𝐴 = 𝑃 𝐵𝑃 −1 . Question : montrer que deux matrices semblables ont la même trace. On attend une preuve détaillée où toute opération sera clairement justifiée. 𝑖 2. Définition : une matrice 𝑀 ∈ ℳ (𝑛 (ℝ) est ) nilpotente s’il existe un entier 𝑖 ≥ 1 tel que 𝑀 = 0. 𝑎 𝑏 Pour cette question : soit 𝐴 = ∈ 𝑀2 (ℝ). 𝑐 𝑑 (a) Vérifier l’égalité (où 𝐼2 désigne la matrice unité de ℳ2 (ℝ)) : 𝐴2 − Tr(𝐴).𝐴 + Dét(𝐴).𝐼2 = 0. (b) On suppose maintenant que 𝐴 est nilpotente : montrer que Dét(𝐴) = 0. (c) En déduire, pour tout entier 𝑘 ≥ 1 une expression simple de 𝐴𝑘 . Montrer alors que Tr(𝐴) = 0. (d) En déduire : 𝐴2 = 0. ( 3. Pour cette question : soit 𝐴 = 𝑎 𝑏 𝑐 𝑑 ( (a) Soit 𝑘 ∈ ℕ∗ . On pose 𝐴𝑘 = ) ⎞ 𝑎 𝑏 0 ⎜ ⎟ ∈ 𝑀2 (ℝ) et 𝐵 = ⎝ 𝑐 𝑑 0 ⎠ ∈ 𝑀3 (ℝ). 𝑒 𝑓 0 ) 𝑎𝑘 𝑏𝑘 𝑐𝑘 𝑑 𝑘 ⎛ . ⎞ 𝑎𝑘 𝑏𝑘 0 ⎟ ⎜ Montrer qu’il existe 𝑒𝑘 , 𝑓𝑘 ∈ ℝ tels que 𝐵 𝑘 = ⎝ 𝑐𝑘 𝑑𝑘 0 ⎠. 𝑒𝑘 𝑓𝑘 0 ⎛ (b) On suppose ici que 𝐵 est nilpotente. Montrer que 𝐴 est nilpotente. En déduire que Tr(𝐵) = 0. (c) Réciproquement : montrer que, si 𝐴 est nilpotente, alors 𝐵 l’est aussi, et plus précisément 𝐵 3 = 0. 4. Pour cette question, on considère une matrice 𝑀 ∈ ℳ3 (ℝ). On suppose que 𝑀 est nilpotente. On appelle 𝜑 l’endomorphisme de ℝ3 canoniquement associé à cette matrice 𝑀 . Ainsi, en notant 𝒞 = (⃗𝑒1 , ⃗𝑒2 , ⃗𝑒3 ) la base canonique de ℝ3 , 𝑀 = Mat𝒞 (𝜑). (a) Justifier que Ker(𝜑) n’est pas réduit au vecteur nul, (i.e) Ker(𝜑) ∕= {⃗0}. (b) Soit ⃗𝑣3 ∈ Ker(𝜑) − {⃗0} : montrer qu’il existe une base de ℝ3 de la forme ℱ = (⃗𝑣1 , ⃗𝑣2 , ⃗𝑣3 ). (c) On note 𝐵 la matrice de l’endomorphisme 𝜑 dans cette nouvelle base ℱ : quelle est sa forme générale ? Quelle relation y-a-t-il entre les matrices 𝐵 et 𝑀 ? En déduire que Tr(𝑀 ) = 0. (d) Montrer que 𝑀 3 = 0. 5. RESUME : on a donc établi le résultat suivant, pour 𝑛 ∈ {2, 3} (compléter les pointillés) : « si une matrice 𝑀 ∈ ℳ𝑛 (ℝ) est nilpotente, alors ⋅ ⋅ ⋅ = 0 (∈ ℝ) et ⋅ ⋅ ⋅ = 0 (∈ ℳ𝑛 (ℝ)). » 6. Les matrices ⎛ ⎞ 1 2 3 ⎜ ⎟ 𝑀1 = ⎝ 4 5 6 ⎠ 7 8 9 sont-elles nilpotentes ? ⎛ et ⎞ 2 0 0 ⎜ ⎟ 𝑀2 = ⎝ 0 −1 −1 ⎠ 0 1 −1 ⎛ et ⎞ 0 1 0 ⎜ ⎟ 𝑀3 = ⎝ 0 0 1 ⎠ 0 0 0 PROBLEME PREMIÈRE PARTIE : étude des endomorphismes 𝑢 tels que 𝑢 ∘ 𝑢 = 0 Soit 𝐸 un 𝕂-espace vectoriel de dimension 𝑛, 𝑢 un endomorphisme non nul de 𝐸 tel que 𝑢∘𝑢 = 0 : on note 𝑟 le rang de 𝑢 et 𝑝 la dimension du noyau de 𝑢. 1. (a) Il existe une inclusion reliant les ensembles Ker(𝑢) et Im(𝑢) : quelle est-elle ? La prouver. 𝑛 𝑛 (b) En déduire : 𝑟 ≤ et 𝑝 ≥ . 2 2 2. Pour cette question on suppose 𝑛 = 2. (a) Justifier que Im(𝑢) = Ker(𝑢). (b) Soit ⃗𝑖, un vecteur non nul appartenant à Im(𝑢) et ⃗𝑗 un vecteur tel que 𝑢(⃗𝑗) = ⃗𝑖. Montrer que (⃗𝑖, ⃗𝑗) est une base de 𝐸, et donner la matrice de 𝑢 dans cette base. 3. Pour cette question, on suppose 𝑛 = 3. (a) Montrer que 𝑟 = 1. Quelle est la dimension de Ker(𝑢) ? (b) Soit ⃗𝑘 un vecteur de 𝐸 n’appartenant pas à Ker(𝑢) et ⃗𝑖 = 𝑢(⃗𝑘). Justifier l’existence d’un vecteur ⃗𝑗 de Ker(𝑢), non colinéaire à ⃗𝑖, puis démontrer que (⃗𝑖, ⃗𝑗, ⃗𝑘) est une base de 𝐸. (c) Déterminer la matrice de 𝑢 dans cette base. SECONDE PARTIE : application à un exemple On rappelle que ℳ3 (ℝ) désigne l’ensemble des matrices carrées d’ordre 3 à coefficients réels, et 𝐺𝐿3 (ℝ) l’ensemble constitué par les matrices inversibles de ℳ3 (ℝ). Dans cette partie, 𝐼 désigne la matrice unité de ℳ3 (ℝ) et 𝐽 la matrice définie par : ⎞ ⎛ −1 1 1 ⎟ ⎜ 𝐽 = ⎝ −2 2 2 ⎠. 1 −1 −1 1. Soit 𝑣 l’endomorphisme de ℝ3 dont la matrice relativement à la base canonique 𝒞 = (⃗𝑒1 , ⃗𝑒2 , ⃗𝑒3 ) de ℝ3 est 𝐽. (a) Vérifier que 𝑣 ∘ 𝑣 = 0. (b) Donner la valeur de 𝐽 𝑛 pour tout entier 𝑛 ≥ 0. (c) Déterminer le noyau et l’image de 𝑣. Préciser leur dimension, une base et une équation (ou système d’équations) pour chacun d’entre eux. Ces deux sous-espaces vectoriels sont-ils supplémentaires dans ℝ3 ? ⃗ 2. (a) Justifier que la famille ℬ = (⃗𝑖, ⃗𝑗, ⃗𝑘), avec ⃗𝑖 = (1, 2, −1), ⃗𝑗 = (1, ⎛ 0, 1), 𝑘 =⎞(0, 0, 1) est une 0 0 1 ⎜ ⎟ 3 base de ℝ dans laquelle la matrice de 𝑣 est la matrice 𝑁 = ⎝ 0 0 0 ⎠. 0 0 0 (b) Dans la suite du problème, on notera 𝑃 la matrice de passage de la base canonique 𝒞 de ℝ3 à la base ℬ. Pourquoi la matrice 𝑃 est-elle inversible ? Préciser 𝑃 −1 (le détail des calculs est attendu sur la copie). (c) Quelle relation existe-t’il entre les matrices 𝐽, 𝑁 et 𝑃 ? 3. On considère l’ensemble ℰ des matrices 𝑀𝑎,𝑏 de ℳ3 (ℝ) de la forme 𝑀𝑎,𝑏 = 𝑎𝐼 + 𝑏𝐽 avec (𝑎, 𝑏) ∈ ℝ2 . (a) Démontrer que ℰ est un sous-espace vectoriel de ℳ3 (ℝ). On en précisera une base 𝒟 et la dimension. (b) Si (𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑) ∈ ℝ4 , prouver que le produit 𝑀𝑎,𝑏 × 𝑀𝑐,𝑑 est aussi un élément de ℰ. (c) A quelle condition sur (𝑎, 𝑏) ∈ ℝ2 une matrice 𝑀𝑎,𝑏 est-elle inversible ? Lorsque c’est le cas, montrer que son inverse peut s’écrire sous la forme 𝑀𝑐,𝑑 . 𝑛 (d) Si (𝑎, 𝑏) ∈ ℝ2 , déterminer, pour tout entier 𝑛 ≥ 1, les coordonnées de 𝑀𝑎,𝑏 sur la base 𝒟 de ℰ. 4. On considère l’ensemble Δ des matrices 𝑀 de ℳ3 (ℝ) de la forme 𝑀 = 𝐼 + 𝑘𝐽 (avec 𝑘 ∈ ℝ). (a) Démontrer que Δ est stable pour la multiplication matricielle. (b) Vérifier que Δ est inclus dans 𝐺𝐿3 (ℝ), l’ensemble des matrices inversibles de ℳ3 (ℝ). (c) Montrer alors que Δ est un groupe pour la multiplication matricielle. Est-ce un groupe commutatif (i.e abélien) ? (d) L’ensemble Δ est-il un sous-espace vectoriel de ℳ3 (ℝ) ? 5. Soit 𝑀 = 𝐼 + 𝑘𝐽 où 𝑘 est un réel non nul fixé. On se propose dans cette question de trouver toutes les matrices 𝑋 de ℳ3 (ℝ) solutions de l’équation (∗) : 𝑋 2 = 𝑀 . (a) Quelles sont les solutions de (∗) appartenant à Δ ? ⎛ ⎞ 1 0 𝑘 ⎜ ⎟ (b) Justifier l’égalité 𝑃 −1 𝑀 𝑃 = 𝑇 , 𝑇 désignant la matrice ⎝ 0 1 0 ⎠. 0 0 1 (c) Montrer qu’en posant 𝑌 = 𝑃 −1 𝑋𝑃 , l’équation (∗) équivaut à l’équation (∗∗) : 𝑌 2 = 𝑇 . (d) Soit 𝑌 , une matrice ⎛ de ℳ3 (ℝ) ⎞ solution de (∗∗). Montrer que 𝑌 𝑇 = 𝑇 𝑌 . 𝑎 𝑏 𝑐 ⎜ ⎟ Si on pose 𝑌 = ⎝ 𝑑 𝑒 𝑓 ⎠, en déduire que 𝑌 est triangulaire supérieure et que 𝑖 = 𝑎. 𝑔 ℎ 𝑖 (e) Résoudre l’équation (∗∗). On vérifiera qu’il y a une infinité de solutions dont on précisera la forme. (f) Exprimer alors les solutions de (∗) à l’aide de la matrice 𝑃 (aucun calcul n’est demandé). PROBLEME 2 Soit E, un R-espace vectoriel non réduit à son vecteur nul. On s’intéresse aux endomorphismes f de E vérifiant la relation : 1 f 2 = (f + IdE ) (∗) 2 PARTIE A : 1. Montrer que (∗) possède une solution évidente. 2. Montrer que, si f vérifie (∗), alors f est bijective, et exprimer f −1 comme combinaison linéaire de f et IdE . 3. Déterminer les homothéties vectorielles vérifiant (∗). 4. L’ensemble des endomorphismes vérifiant (∗) est-il un sous-espace vectoriel de L(E), espace des endomorphismes de E ? On suppose dans la suite que f est une solution de (∗) et que f n’est pas une homothétie. PARTIE B : Etude des puissances de f 1. Justifier que la famille (f, IdE ) est libre (i.e) que f et IdE sont linéairement indépendants. 2. (a) Exprimer f 3 et f 4 comme combinaison linéaire de IdE et f . (b) Montrer que pour tout entier n ∈ N, il existe un unique couple (an , bn ) de réels tels que f n = an f + bn IdE . (c) Déterminer a0 , b0 , a1 , b1 et exprimer an+1 et bn+1 en fonction de an et bn . (d) Montrer que, pour tout entier n ≥ 1, 2an+1 − an − an−1 = 0. 3. (a) En déduire une expression de an ne faisant intervenir que n. (b) Calculer alors bn en fonction de n, puis lim (an ) et lim (bn ). n→+∞ n→+∞ PARTIE C : Etude des combinaisons linéaires de f et IdE 2 1 On pose p = f + IdE . 3 3 1. Montrer que p est un projecteur. 2. Montrer que Im (p) = Ker (f − IdE ). Caractériser de même Ker (p). 3. Justifier que E =Ker(f − IdE )⊕Ker(f + 21 IdE ). 4. Montrer que Im(f − IdE ) ⊂ Ker(f + 12 IdE ) et Im(f + 21 IdE ) ⊂ Ker(f − IdE ). 5. Vérifier que IdE est une combinaison linéaire de (f + 12 IdE ) et (f − IdE ). En déduire que E =Im(f − IdE )⊕Im(f + 12 IdE ). PARTIE D : Un exemple R2 On définit l’application g : (x, y) −→ 7−→ R2 g(x, y) = x−y , −x 2 1. Montrer que g est un endomorphisme de R2 . 2. On note id pour IdR2 . Pour tout (x, y) de R2 , déterminer (g − id)(x, y) et (2g + id)(x, y). Calculer alors (g − id) ◦ (2g + id). Conclusion ? 3. Déterminer3 les sous-espaces F = Ker(g − id) et G = Ker(2g + id). En particulier, préciser leur nature géométrique et une base simple de chacun. 4. Justifier que F et G sont supplémentaires dans R2 . Pour tout vecteur ~u = (x, y) ∈ R2 , déterminer ~u1 ∈ F et ~u2 ∈ G tels que ~u = ~u1 + ~u2 . 5. Si ~a ∈ F , que vaut g(~a) ? g n (~a), où n ∈ N ? De même, si ~b ∈ G, que vaut g(~b) ? g n (~b) ? 6. En déduire l’expression analytique de g n pour n ∈ N : autrement dit, g n (x, y) = ? .