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mt cardio, vol. 4, n° 3, mai-juin 2008
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de suivi a été réalisée sur 61 ± 50
mois après l’événement initial sans
aucun perdu de vue. La récurrence
d’événement rythmique était plus
fréquente chez les sujets présentant
un aspect de repolarisation précoce
(41 versus 23 %). Le hazard ratio de
récurrence était de 2,1 (IC 95 % :
1,2-3,5 ; p = 0,008), même après
ajustement sur le sexe. En outre, les
patients ayant la plus haute éléva-
tion du point J (> 5 mm) présentaient
plus de 50 épisodes de fibrillation
ventriculaire (mortelle pour un
sujet). Quatre patients ont été traités
par quinidiniques, ce qui diminuait
les anormalités dans la repolarisa-
tion et éliminait la récurrence des
arythmies.
Résultat essentiel
L’aspect de repolarisation précoce sur
les dérivations latérales et inférieures
est plus fréquent chez les patients
ayant présenté une FV idiopathique.
Le suivi de ces patients montre que
les récidives d’événements ryth-
miques majeurs sont 2 fois plus
fréquentes chez les patients présen-
tant un aspect de repolarisation
précoce sur l’ECG, et certains anti-
arythmiques (quinidiniques) seraient
efficaces pour prévenir la récidive
des arythmies chez ces patients (sous
réserve d’un petit nombre de patients
traités).
Commentaires
La mort subite d’origine rythmique
peut se produire en l’absence d’ano-
malie structurelle d’origine cardiaque
et en l’absence d’anomalie électro-
cardiographique. Dans cette étude,
l’aspect de repolarisation précoce
avait une prévalence plus élevée
chez les patients ayant présenté une
mort subite d’origine rythmique que
chez les témoins (pour lesquels la
prévalence était la même que dans
la population générale). Dans 1/3
des cas, l’ECG avant la mort subite
était interprétable et montrait déjà
un aspect de repolarisation précoce.
Cela permet de conclure que cet aspect
n’était pas en rapport avec le traite-
ment ou le traumatisme dû à l’arrêt
cardiaque.
Comme l’ont montré Eisenberg
et al. [3], le seul facteur déterminant
le succès d’une ressuscitation est
l’accès rapide à un défibrillateur ce
qui rend peu probable l’hypothèse
selon laquelle l’aspect de repolarisa-
tion précoce serait plus fréquent chez
les patients survivant après un arrêt
cardiaque. En outre, l’étude a montré
que les patients présentant un aspect
de repolarisation précoce étaient plus
fréquemment exposés à la récurrence
d’événements rythmiques durant le
suivi.
Les explications possibles concernant
la relation entre repolarisation précoce
et arrêt cardiaque sont les suivantes :
- la définition de la repolarisation
précoce dans cette étude est singulière
(touchant les dérivations inférieures
et latérales en particulier). En général,
l’aspect de repolarisation précoce est
décrit sur l’ensemble des dérivations et
particulièrement les dérivations droites.
Les auteurs auraient donc sélectionné
un nouveau type de patients présen-
tant une anomalie ECG où les patients
seraient plus fréquemment sujets aux
troubles du rythme ;
- dans cette étude, peu de patients
font partie des groupes où tradition-
nellement on décrit une fréquence
importante de repolarisation précoce
(les sujets noirs et les athlètes). Il y
aurait donc des cofacteurs (autres que
l’ aspect de repolarisation précoce) qui
influenceraient la mort subite d’origine
cardiaque ;
- certaines études expérimentales sont
en faveur de la présence d’une forme
d’hétérogénéité électrique transmu-
rale lors de la présence à l’ECG d’une
repolarisation précoce. Cette hétérogé-
néité peut être amplifiée dans certaines
conditions, se compliquant alors
d’arythmies malignes [4]. L’arythmogé-
nicité potentielle serait donc en rapport
avec une modulation de la repolari-
sation et de changements temporels
dynamiques.
Pour les auteurs, le lien entre l’ aspect
électrocardiographique et les aryth-
mies malignes est d’autant plus proba-
ble que :
- une accentuation de la repolari-
sation précoce avant la survenue
d’un événement rythmique était
observée ;
- la cartographie par exploration
électrophysiologique montrait que les
zones gâchettes étaient situées là où
l’on observait l’aspect de repolarisa-
tion précoce ;
- la quinidine, qui est connue pour
restaurer l’homogénéité électrique
transmurale et éviter les événements
arythmiques dans ces conditions,
diminuait l’aspect de repolarisation
précoce et les événements rythmi-
ques chez les 4 patients traités.
Cette piste doit être explorée plus en
avant, notamment sur le plan géné-
tique, avec de nouvelles études,
d’autant plus que chez 10 des patients
de cette étude, il existait un antécé-
dent de mort subite familiale. Ceci
pourrait constituer une nouvelle piste
génétique liée à des canaux ioniques,
pouvant expliquer des morts subites
d’origine rythmique à ce jour mécon-
nues chez le sujet jeune [5].
Limites de l’étude
Cette étude de cohorte a cependant
des limites :
- malgré une définition stricte des
caractéristiques à collecter, les
données n’étaient pas uniformes selon
les centres ;
- il y avait peu de sportifs et de sujets
noirs, et aucun patient avec une
anomalie structurelle cardiaque. Les
résultats ne peuvent donc pas s’appli-
quer dans ces sous-groupes ;
- bien que les résultats suggèrent que
l’aspect de repolarisation précoce est
un marqueur de risque d’arythmies
malignes, les études sur l’histoire
naturelle prédisent une évolution
bénigne pour la plupart des patients
présentant un aspect de repolarisa-
tion précoce. Des études complé-
mentaires sont donc nécessaires pour
identifier les facteurs qui modulent
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