L`allongement de la repolarisation cardiaque est un facteur prédictif

publicité
L’allongement de la repolarisation cardiaque est un facteur
prédictif d’accidents vasculaires cérébraux chez le
diabétique de type II
Si l’âge, l’hypertension artérielle, la fibrillation auriculaire
ainsi que le fait d’être un homme constituent les principaux
facteurs de risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC),
plusieurs études ont également montré que le diabète
augmentait non seulement le risque de survenue de ce type
d’accident mais également la sévérité ainsi que la fréquence
des récidives après un premier AVC. Peu de travaux ont
cependant porté sur l’identification des facteurs de risque
d’AVC chez les diabétiques et en particulier aucun ne semble
avoir été consacré à l’analyse des anomalies
électrocardiographiques. Cependant, un allongement de la
repolarisation cardiaque a été observé chez les sujets
diabétiques et cette anomalie de l’ECG est bien connue pour
être un facteur prédictif de morbi-mortalité cardiovasculaire.
La revue Stroke vient de publier les résultats d’une étude
prospective portant sur les anomalies de la repolarisation
cardiaque chez des diabétiques de type II. Ce travail a porté
sur une cohorte de 471 patients âgés de 42 à 84 ans (moyenne
61 ans) à l’inclusion. Les sujets qui présentaient une
fibrillation auriculaire, une kaliémie ou une calcémie
anormale avaient été préalablement éliminés. Tous les
participants ont été soumis à une série d’examens cliniques et
biologiques incluant en particulier un enregistrement ECG 12
dérivations effectué entre juillet 1994 et juin 1996. Les
patients ont été ensuite revus au moins 2 fois par an jusque
juin 2001. Les AVC ont été classés sur la base des données
d’imagerie obtenues dans les 48 heures suivant l’accident.
Le suivi de ces diabétiques a été de 2 à 84 mois (médiane
57 mois), période au cours de laquelle 40 AVC ont été
répertoriés dont 32 d’origine ischémique et 3 d’origine
hémorragiques, et 9 ont été fatals. Les patients qui ont
présenté un AVC étaient en moyenne plus âgés, souffraient
de diabète depuis plus longtemps ou avaient une affection
cérébro-vasculaire, étaient plus volontiers hypertendus ou
insuffisants cardiaques, avaient des signes électriques et
échographiques d’hypertrophie cardiaque et un allongement
de l’intervalle QT corrigé maximal (QTcmax). Des anomalies
biochimiques telles qu’une hypertriglycéridémie, une baisse
du cholestérol HDL et une protéinurie étaient également plus
fréquentes chez les sujets qui avaient fait un AVC que chez
les personnes indemnes. Les courbes de survie des patients
qui présentaient soit une valeur de QTcmax > 470 ms, soit
des signes de néphropathie (protéinurie > 0,5 g/24h), soit un
cholestérol HDL < 0,9 mmol/l, soit des signes d’hypertrophie
cardiaque, montraient des espérances de vie sans AVC
significativement plus faibles que chez les patients dont les
paramètres correspondants restaient dans les fourchettes de
valeurs normales. L’analyse multivariée a montré qu’un
intervalle QTcmax ≥
470 ms constituait un risque
indépendant d’AVC, puisque, après ajustement sur les autres
facteurs potentiels, celui-ci était augmenté de presque 3 fois.
En revanche, ni la dispersion des valeurs de QT, ni les
troubles de conduction n’étaient associés à une augmentation
du risque. Les autres facteurs indépendants prédictifs d’un
AVC étaient l’âge, des antécédents d’affections cérébrovasculaires, une protéinurie, un cholestérol HDL bas, des
triglycérides élevés et une hypertrophie ventriculaire gauche,
tous facteurs déjà identifiés au cours de travaux
précédemment publiés.
Les résultats de cette étude prospective montrent ainsi que
l’allongement de la repolarisation cardiaque constitue un
facteur de risque indépendant d’AVC chez le diabétique de
type II. Cependant, ni ce nouveau facteur de risque ni les
autres facteurs identifiés n’ont une valeur suffisamment
prédictive pour être utilisés de manière isolée afin identifier
les sujets à risque. Quoi qu’il en soit, des études
d’intervention permettront peut-être dans le futur de dire s’il
est possible de modifier ce facteur de risque.
G. Hamon
Successful Aging Database
Paramètre
Risque
(intervalle à 95%)
HVG (par augmentation de 50 g)
1,43 (1,16-1,76)
Présence d’un QTcmax ≥ 470 ms
2,63 (1,31-5,28)
Age (pour 10 années supplémentaires)
1,52 (1,10-2,08)
Antécédents d’affection cérébro-vasculaire
3,41 (1,17-9,91)
Triglycéridémie (par mmol/L supplémentaire)
1,30 (1,02-1,67)
Facteurs de risque calculés sur l’ensemble de la cohorte selon le modèle multivarié de Cox
HVG : hypertrophie ventriculaire gauche
Cardoso CRL, Salles GF and Deccache W. QTc interval prolongation is a predictor of future strokes in patients with
type 2 diabetes mellitus. Stroke. 2003; 34: 2187-2194
©2003 Successful Aging SA
Af 177-2003
Téléchargement