Médecine d'Afrique Noire : 1991, 38 (2)
- Epreuve d’effort quasi-maximale, positive électrique-
ment à 60 W dans le territoire latéral avec des extrasys-
toles auriculaires et ventriculaires sans élément de par-
ticulière gravité.
- Echographie cardiaque normale;
- Epreuve au tallium négative
- Coronarogramme normal.
CAS N°3: D. GUIN... 51 ans. Commerçant consulte le 8
Septembre 1986 pour une HTA de découverte récente et
traitée par NODURETIC (1 c/j). Il s’agit d’un polyfactoriel
présentant un tabagisme ancien, un excès pondéral et une
dyslipémie.
L’examen cardiaque est normal. Tous les pouls périphé-
riques sont perçus et sans souffle. La TA : 150/100.
Le bilan étiologique est négatif de même que la recherche
de retentissement viscéral.
Seul l’ECG est perturbé inscrivant un rythme régulier à
82/mn. sinusal avec ischémie sous épicardique en V5, V6,
D1, AVL.
Le patient est mis sous Captopril® 25 (l c/J) associé à des
mesures hygiénodiététiques (restriction sodée, régime
hypocalorique global). Le 19 Janvier 1989, il est revu pour
une surveillance de routine et à cette occasion on note à
l’auscultation cardiaque une tachycardie irrégulière sans
souffle.
L’ECG fait le même jour enregistre des extrasystoles
ventriculaires répétitives monomorphes associées à une
ischémie lésion sous épicardique en V1, V2, V3, V4 et à
une ischémie sous épicardique en V5, V6, AVL.
M r. D. GUI... est mis sous cordarone qui corrige l’ano-
malie rythmique mais les troubles de la repolarisation per-
sistent imposant la réalisation d’explorations complémen-
taires. Il se rend à Toulouse dans le Service du Pr. BOUN-
HOURE pour bilan angiocoronarographique dont le
compte rendu suit :
- Au temps angiographique : une cinétique ventriculaire
gauche normale, une fraction d’éjection à 70 %, une
hypertrophie ventriculaire gauche modérée de type
concentrique ou occlusive. Il n’existe pas d’insuffisance
mitrale ou de prolapsus mitral. Les pressions et volumes
télédiastoliques ventriculaires gauches sont normaux.
- Au temps coronarographique : un réseau coronaire droit
et gauche équilibré et normal.
Le bilan élimine donc une coronaropathie et conclut à des
anomalies de la repolarisation non spécifiques du Noir.
COMMENTAIRE
Ces trois (3) observations sont toutes au début considérées
comme pathologiques à cause de leur description chez des
cadres de sexe masculin, d’âge adulte et avec au moins un
facteur de risque. Mais des investigations poussées à cha-
que fois écartent l’hypothèse ischémique et aboutissent
invariablement aux atypies de la repolarisation non spéci-
fiques du Noir.
Depuis 1946 différentes enquêtes effectuées en Amérique
(LITTMAN (6)) et en Afrique (KOATE (5), BERTRAND
(1)) ont accrédité la notion que l’ECG normal du Noir était
différent de celui du Blanc en individualisant 3 principaux
types d’anomalies :
- Type 1 : sous décalage de ST et T négatives surtout dans
les précordiales droites.
- Type 2 : sus décalage de ST et T positives dans les pré-
cordiales gauches.
- Type 3 : T arrondies ou plates notamment dans les déri-
vations précordiales.
On peut parfois noter une association des différents types.
De nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer
les variantes de l’ECG du Noir mais aucune n’a été confir-
mée par des études en série :
- Caractère racial : elles s’observent en Europe et chez les
blancs américains.
- Anomalies du réseau coronaire : elles ne sont pas confir-
mées notamment chez nos patients qui ont tous un sys-
tème coronaire normal.
- Morphotype longiligne : ce n’est pas toujours le cas dans
la littérature et nos 3 patients sont tous brévilignes.
- Malnutrition : les soldats étudiés à Dakar ont une ration
normale et dans notre série personnelle il s’agit de
cadres supérieurs. Cependant, rien ne permet actuel-
lement d’affirmer que de telles anomalies n’ont pas de
signification pathologique car elles n’intéressent que
20 % des Noirs (BERTRAND (1)) et des études (KEL-
LER (4) et JOHNSON (4), GREENE et KELLY (2))
montrent que dans des groupes sociaux homogènes (Mé-
decins, infirmiers) on note un pourcentage d’anomalies
non différent chez les Noirs et chez les Blancs.
Selon BERTRAND (1), ces atypies ne seraient pas nor-
males et pourraient être soit un signe précurseur d’affection
cardiaque évolutive mais encore latente, soit des séquelles
d’affections myocardiques aiguës ou subaiguës oubliées.
B.A. DIALLO, M.K. TOURE
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