
Dossier thématique
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - nos 5-6 - mai-juin 2007
à la clarithromycine, dans certains pays comme ceux d’Eu-
rope du Sud. Les trithérapies combinant IPP à double dose et
clarithromycine associés à de l’amoxicilline ou à du métroni-
dazole pendant une semaine restent le traitement de première
ligne recommandé dans les populations où la résistance à la
clarithromycine est inférieure à 15-20 %. Quand le taux de
résistance au métronidazole est inférieur à 40 %, la trithérapie
la plus effi cace paraît être celle qui associe IPP, métronidazole
et clarithromycine (11). Les quadrithérapies comportant du
bismuth restent utilisables dans les pays où celui-ci est autorisé.
Compte tenu de l’augmentation des résistances, la détermination
de la sensibilité à la clarithromycine est utile. En ce qui concerne
la résistance au métronidazole, l’accent a été mis sur l’absence de
méthode consensuelle pour déterminer la résistance in vitro et
l’absence de corrélation avec les résistances in vivo, ce qui rend
inutile la détermination de la sensibilité au métronidazole en
routine. Enfi n, une méta-analyse des études réalisées avec une
trithérapie sur 7 jours et/ou 14 jours montre que les trithérapies
de 14 jours sont en général plus effi caces que les trithérapies
de 7 jours (12).
Le traitement de deuxième ligne recommandé est de deux types.
Dans les pays où le bismuth est utilisable et lorsque le traitement
de première ligne n’en a pas comporté, un traitement par quadri-
thérapie comportant du bismuth semble bien adapté. Dans les
autres pays comme la France, où le bismuth n’est pas utilisable,
il paraît surtout utile de ne pas redonner en deuxième ligne de la
clarithromycine lorsque celle-ci a été administrée en première
ligne, car la résistance à la clarithromycine entraîne un échec
quasi systématique du traitement in vivo. Le traitement par IPP,
amoxicilline et métronidazole pendant 14 jours, tel qu’il a été
utilisé dans une étude française, paraît le mieux adapté.
Quant au traitement de troisième ligne, les participants ont
reconnu qu’il ne devait être entrepris qu’après étude de la sensi-
bilité des bactéries aux antibiotiques. Deux nouvelles classes
d’antibiotiques peuvent être utilisées. La rifabutine tout d’abord,
proche de la rifampicine, en sachant que son usage doit être
limité du fait du risque d’apparition de résistance sur les myco-
bactéries. L’autre classe d’antibiotiques utilisable est la classe
des nouvelles quinolones ; la lévofl oxacine, en particulier, est
utilisée avec d’importants succès (13). Cependant, le taux de
résistance primaire aux quinolones est en augmentation.
PRÉVENTION DU CANCER GASTRIQUE
Contrairement à la conférence de consensus française, la confé-
rence de Maastricht II avait en 2000 recommandé l’éradication de
l’infection à H. pylori en cas de gastrite atrophique, de résection
gastrique antérieure pour cancer gastrique et en cas de relation
du premier degré avec un parent ayant un cancer gastrique. Ces
indications n’ont pas été remises en cause par la conférence de
Maastricht III, qui a revu l’état des données concernant le cancer
gastrique et ses relations avec l’infection à H. pylori.
Le cancer gastrique est un problème de plus en plus important
dans les pays en voie de développement, et l’infection à H. pylori
est le facteur de risque le mieux prouvé pour le cancer gastrique
non cardial. De même, il est maintenant bien admis que certains
facteurs de virulence de la bactérie et certains facteurs immu-
nitaires de l’hôte sont impliqués dans le risque de cancer. Enfi n,
l’existence de facteurs associés, telle l’alimentation pauvre en
inhibiteurs des radicaux libres de l’oxygène, est en cause dans le
risque de cancer observé dans les pays en développement.
Le groupe qui a travaillé sur le thème du cancer gastrique
a considéré, par ailleurs, qu’il existait maintenant dans la littéra-
ture des arguments permettant d’établir que l’infection à H. pylori
joue un rôle majeur dans la physiopathologie du cancer gastrique
chez l’homme et chez l’animal (14). Dans les modèles animaux,
l’éradication de l’infection à H. pylori est effi cace pour prévenir le
cancer gastrique. Des études non contrôlées chez l’homme vont
dans le même sens. Deux grandes études randomisées montrent
l’eff et bénéfi que de l’éradication sur les lésions prénéoplasiques
telles que l’atrophie avec ou sans métaplasie intestinale, avec soit
une régression, soit au moins une absence de progression par
rapport au groupe contrôle. Enfi n, la seule grande étude rando-
misée eff ectuée en Chine sur la prévention du cancer gastrique
après éradication de l’infection à H. pylori montre une absence
d’eff et signifi catif à 5 ans sur l’ensemble du groupe, mais une
réduction signifi cative, en revanche, dans le groupe sans lésion
prénéoplasique initiale (15). Cela renforce l’idée selon laquelle
l’éradication de l’infection à H. pylori est d’autant plus effi cace
qu’elle est réalisée avant la survenue des lésions prénéoplasiques
(atrophie avec ou sans métaplasie intestinale).
Toutes ces études ont amené le groupe à conclure que l’éradica-
tion de l’infection à H. pylori avait le potentiel nécessaire pour
réduire le risque de cancer gastrique. En revanche, compte tenu
des méthodes d’éradication actuellement disponibles, il n’a pas
été recommandé de rechercher et d’éradiquer systématiquement
l’infection à H. pylori pour prévenir le cancer. De nouvelles
thérapeutiques sont nécessaires pour développer une stratégie
globale d’éradication dans le but de prévenir le cancer gastrique.
En revanche, il a été conclu que l’éradication de l’infection à
H. pylori devait être envisagée dans les groupes particulièrement
à risque : malades ayant des lésions prénéoplasiques, apparentés
au premier degré à un malade ayant un cancer gastrique, ayant
subi une résection partielle de l’estomac pour cancer. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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