MÉDECINE DU SPORT Entretien avec deux médecins orthopédistes spécialisés.
Optimiser la récupération
LE MAG SANTÉ
HÔPITAL DE LA PROVIDENCE
Spécialistes de médecine du sport
En vue du 32e BCN Tour, une
conférence publique se dérou-
lera sur le thème de la méde-
cine du sport. Elle réunira des
spécialistes de l’hôpital de la
Providence, à Neuchâtel, et de
la clinique Montbrillant, à La
Chaux-de-Fonds, avec qui cette
page est réalisée en collabora-
tion. Tous deux sont les parte-
naires médicaux des manifesta-
tions sportives BCN,
Cressier-Chaumont, Raiffeisen
Trans et Groupe E-Tour.
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BRIGITTE REBETEZ
Comment optimiser la récupé-
ration d’un sportif blessé? Com-
ment récupérer après une chirur-
gie orthopédique? Deux
questions auxquelles le Dr Vin-
cent Villa, spécialiste en orthopé-
die, traumatologie et médecine
du sport à l’hôpital de la Provi-
dence, à Neuchâtel, apportera
des réponses à loccasion d’une
conférence organisée la semaine
prochaine (lire encadré). En pré-
ambule, il constate que l’hyper-
sollicitation est une cause fré-
quente de complications: trop
souvent, les sportifs continuent à
sentraîner quand ils sont blessés.
«C’est difficile de leur faire com-
prendre que la douleur est un signal
d’alarme à prendre au sérieux. Par
ailleurs, pour augmenter la perfor-
mance, des périodes de repos sont
indispensables!»
Pour améliorer la récupération
d’un sportif après blessure, lob-
jectif est de rééquilibrer les mus-
cles, stimuler les récepteurs, soi-
gner les contractures. Cela passe
par des séances de physiothéra-
pie, d’ostéopathie et/ou de massa-
ges. Lélectrostimulation peut
être utilisée pour la récupéra-
tion de la force musculaire. «En
phase aiguë, après une chirurgie
notamment, la cryothérapie (trai-
tement par le froid) appliquée lo-
calement savère utile: elle dimi-
nue l’œdème, les saignements et les
douleurs post-opératoires. Les pa-
tients consomment par consé-
quent moins d’antalgiques», expli-
que le Dr Villa.
Mobilisation précoce
La récupération post-opéra-
toire a passablement évolué ces
vingt dernières années. Lever et
mobilisation (physiothérapie)
interviennent plus précoce-
ment pour solliciter les mus-
cles. Quant aux attelles, on y re-
court moins longtemps
qu’auparavant. Additionnées à
la cryothérapie, ces mesures
permettent de récupérer plus
vite. En revanche, insiste le spé-
cialiste, «le temps de rééducation
est incompressible: sportif de
pointe ou pas, il n’y a pas de rac-
courci possible pour la réadapta-
tion. Pour une lésion ligamentaire
du genou, il faut compter avec une
convalescence de six mois avant de
pouvoir reprendre le sport
Pluridisciplinaire, la rééduca-
tion est personnalisée, car cha-
que patient est différent. Adapté
aux spécificités de chacun, le
programme est réévalué à plu-
sieurs reprises durant la période
de réadaptation.
Lésions du genou
Egalement orateur à la confé-
rence, le Dr Alain Perrenoud,
spécialiste en orthopédie et
traumatologie à la clinique
Montbrillant, à La Chaux-de-
Fonds, sexprimera sur les lé-
sions traumatiques du genou
(entorses, déchirures ligamen-
taires et du ménisque, lésion du
cartilage, fractures ou luxations
de la rotule). Pas spécifiques à la
course à pied, ces blessures peu-
vent être provoquées par des
chutes ou accidents de ski, foot-
ball, hockey, etc.
Toujours plus fréquente, la chi-
rurgie du ligament croisé anté-
rieur est pratiquée pour proté-
ger le genou de lésions
méniscales secondaires et pré-
venir une arthrose précoce.
En 30 ans, les techniques opéra-
toires (grâce à l’arthroscopie no-
tamment), les connaissances
biologiques et la rééducation
sont devenues plus pointues.
Meilleure compréhension
de la pathologie
«On a une meilleure compré-
hension de la pathologie, ce qui a
débouché une chirurgie moins in-
vasive. Autrefois, on opérait rare-
ment des patients au-delà de 30
ans, se souvient le Dr Perre-
noud. Aujourd’hui de nombreu-
ses personnes font du sport jus-
qu’à un âge avancé et il nous ar-
rive de les opérer pour une lésion
du ligament croisé antérieur.
Mais la décision découlera tou-
jours d’une pesée d’intérêts: plu-
sieurs paramètres (âge, état phy-
sique et biologique, mode de vie,
type de profession) entrent en li-
gne de compte.»
Lévolution est
aussi significa-
tive dans le traitement des
déchirures accidentelles d’un
ménisque. Lorsqu’une inter-
vention chirurgicale est néces-
saire, dans la plupart des cas,
seul 20 ou 30% de cette struc-
ture fibrocartilagineuse est re-
tirée, alors quauparavant
l’ablation était totale. «Nous
essayons de sauver un maxi-
mum de tissu méniscal pour évi-
ter que le patient ne développe
une arthrose précoce», expli-
que le chirurgien orthopé-
diste. Cela dit, les traitements
des traumatismes du genou
ne se résument pas forcément
à la chirurgie: c’est le cas des
déchirures partielles du liga-
ment collatéral interne, d’une
majorité de luxations de la ro-
tule et de certaines lésions ac-
cidentelles du cartilage.
}
Un échauffement complet avant une étape du BCN Tour permet aux systèmes musculaire, cardio-vasculaire et nerveux de se mettre
progressivement en action.
ARCHIVES LUCAS VUITEL
Avant de sélancer dans une course telle que
le BCN Tour, un échauffement complet est re-
commandé à la fois pour éviter les blessures et
d’être prêt pour leffort. Il permet aux systè-
mes musculaire, cardio-vasculaire et nerveux
de se mettre progressivement en action. Un
bon échauffement comprend cinq phases. Le
point avec Jessica Nzamba, physiothérapeute à
l’hôpital de la Providence et triathlète
«S’échauffer permet de diminuer le risque de lé-
sions (claquage, élongation, tendinite ou en-
torse), d’améliorer l’effort physique et à effets favo-
rables sur la récupération».
PHASE 1
Trottiner au minimum 10 minu-
tes. Lobjectif est d’augmenter progressivement
la température du corps. S’il fait froid, ce temps
peut être un peu plus long. Cette étape vise à
stimuler le système cardio-vasculaire et le pré-
pare à fournir un effort important. Echauffés,
les muscles sont mieux irrigués, plus aptes à la
performance.
PHASE 2
Mobiliser les articulations qui se-
ront sollicitées pendant la course. Tourner les
chevilles et les épaules, effectuer des flexions, ex-
tensions et rotations des genoux et des hanches
dans leurs amplitudes sous-maximales. Lobjectif
est d’améliorer la lubrification des articulations
et de stimuler leurs récepteurs proprioceptifs.
PHASE 3
Cinq minutes d’étirements dynami-
ques (pas d’étirements passifs, en revanche!)
Ces mouvements répétés constituent une
bonne mise en condition des muscles et des
tendons. Cibler les mollets, les ischios-jam-
biers, les quadriceps.
PHASE 4
Série d’exercices qui préparent
aux mouvements plus spécifiques effectués du-
rant la course: sautillements et montée de ge-
noux par exemple.
PHASE 5
Conclure léchauffement par 3-
5 petits sprints ou accélérations progressi-
ves. L’idée est de monter en puissance, his-
toire de propulser le coureur dans le vif du
sujet. Par exemple, courir deux fois sur une
centaine de mètres en augmentant progressi-
vement le rythme, puis une dernière fois en
adoptant la vitesse de la course. Conclure
l’échauffement à dix minutes du départ de la
course au plus tard, pour éviter que lorga-
nisme se refroidisse. Attention, le fait de
transpirer ne signifie pas que le corps est
prêt à leffort!
Bon à savoir: l’importance de l’échauffement
croît avec l’âge parce que les tendons perdent
de leur élasticité tandis que les muscles sont
moins endurants. }
L’échauffement est primordial
Deuxième au classement général du BCN
Tour 2016, Jonathan Raya se prépare active-
ment pour sa saison 2017. Ancien hockeyeur de
première ligue et vététiste, le Vallonnier de 34
ans est aujourd’hui un coureur aguerri avec plu-
sieurs victoires à son palmarès, dont le mara-
thon du Défi du Val-de-Travers. Il sexpliquera
sur sa préparation physique au quotidien et livre-
ra des conseils lors d’une conférence publique le
28 mars (voir encadré).
«Je cours presque toute l’année, mais à certaines
périodes beaucoup plus qu’à d’autres. En parallèle,
je mefforce de pratiquer d’autres sports – vélo, ski,
ski de fond, peaux de phoque, natation et hockey sur
glace – car il est très important de faire travailler
d’autres groupes musculaires et éviter de solliciter
toujours les mêmes articulations, tendons et mus-
cles.
Je pratique régulièrement du renforcement mus-
culaire, un atout pour les compétitions mais égale-
ment dans la vie de tous les jours. Travailler les
muscles permet de corriger les défauts de posture et
d’améliorer le maintien. J’avais auparavant des
problèmes de sciatique que j’ai pu faire disparaître
en me gainant.
Etre à l’écoute de son corps est primordial quand
on pratique du sport: si j’ai une douleur dans une
jambe, je mettrai la course momentanément entre
parenthèses et j’irai plutôt nager, faire du vélo ou je
me concentrerai sur des exercices qui sollicitent le
haut du corps.»
Le programme de Jonathan Raya inclut aussi
des périodes de récupération et des sessions de
massage. C’est essentiel avec un calendrier de
courses qui comprend les semi-marathons de
l’Harmony Geneve Marathon et la StraLugano
en mai ainsi que le Trail de lAbsinthe en juin. }
L’entraînement de Jonathan Raya
Jonathan Raya, coureur chevronné après
une carrière de hockeyeur.
ARCHIVES LUCAS VUITEL
CONFÉRENCE:
CONSEILS
ET TÉMOIGNAGE
Une conférence publique aura lieu
mardi 28 mars à 18h au faubourg
de l’Hôpital 65 (ex-bâtiment du
Scan), à Neuchâtel, dans le cadre
du partenariat médical des courses
BCN Tour, Cressier-Chaumont et
Raiffeisen Trans. Elle réunira quatre
orateurs: le Dr Vincent Villa, orthopé-
diste et spécialiste en médecine du
sport à l’hôpital de la Providence,
parlera de la récupération optimi-
sée du sportif; le Dr Alain Perre-
noud, spécialiste en orthopédie et
traumatologie à la clinique
Montbrillant, s’exprimera sur les lé-
sions traumatiques du genou; Jessi-
ca Nzamba, physiothérapeute et
triathlète, expliquera comment
s’échauffer de manière optimale
avant une course à pied; Jonathan
Raya, ancien hockeyeur et 2e au
classement général du BCN Tour
2016, évoquera son expérience en
tant que coureur aguerri.
Entrée libre sur inscription, jus-
qu’au 27 mars, par e-mail (sjag-
gi@providence.ch) ou par télé-
phone (032 720 31 57). Places
limitées. }
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