Gouvernance et intelligence économique
Fatima Zohra SOSSI ALAOUI
Ms.
Institut des Études Africaines - Laboratoire d’Études et de Recherches Interdisciplinaires sur
l’Afrique (LERIA)
Université Mohamed V - Souissi - Rabat
Rabat, 10000
Téléphone : (+212) 6 61 76 99 98
E-mail : sossi.elalaoui@gmail.com
Mohamed OUMLAL
Faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Sa
Université Mohamed V - Souissi
Omar OUHEJJOU
Institut des Études Africaines, Laboratoire d’Études et de Recherches Interdisciplinaires sur
l’Afrique (LERIA), Université Mohamed V - Souissi - Rabat. E-Mail : omar22x@gmail.com
Presented at the
Economics and Management of Networks Conference
(EMNet 2013)
(http://emnet.univie.ac.at/)
Robinson Hotel and University Ibn Zohr
Agadir, Morocco
November 21-23, 2013
Gouvernance et intelligence économique
Fatima Zohra SOSSI ALAOUI1 Mohamed Oumlal2 Omar OUHEJJOU3
Introduction
Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui place la compétitivité des individus,
entreprises, organisations et même des territoires au centre des rapports économiques,
plusieurs motifs laissent penser qu’aujourd’hui le développement ou la compétitivité d’une
économie n’est garantie que par la perfection et l’innovation en terme de la gestion de ses
entités économiques et ses collectivités publiques.
Cette perfection basée principalement sur la production de la connaissance structurée, la prise
en considération de la pluralité des acteurs dans le processus de la prise des décisions et la
mise en œuvre des stratégies garantissant la sécurité économique, émane de la manière dont
s’exerce l’autorité politique, économique et administrative dans la gestion des affaires, ou
bien du processus par lequel ces affaires se pilotent et se dirigent. Tout simplement cette
perfection émane de la bonne gouvernance.
En effet cette dernière est définie et entendue aujourd’hui de manières très diverses et parfois
contradictoires, néanmoins il existe une dynamisme commune dans l’usage de ce terme chez
la plupart de ceux qui, au sein du secteur public comme au sein du secteur privé, emploient le
terme de gouvernance qui désigne un mouvement de (décentrement) de la prise de décision
avec une multiplication des lieux et des acteurs impliqués dans cette décision. En effet la
gouvernance au sens large du terme implique la participation, la négociation, la coordination
et la construction de consensus stratégique, ces élements sont les fondamenteaux de
l’intelligence économique du fait qu’au sein d’un univers incertain, marqué par l’immatériel,
les nouvelles regles de pilotage, qui visent à impliquer tout acteur dans le processus de la prise
de decision par une approche collective qui fait appel à toute competence au sein de
l’organisation, s’imposent.
1 Doctorante à l’Institut des Études Africaines, Laboratoire d’Études et de Recherches Interdisciplinaires sur
l’Afrique (LERIA), Université Mohamed V - Souissi - Rabat. E-Mail : [email protected]m
2 Doctorant à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de salé -Université Mohamed V-Souissi.
E-Mail : [email protected], Tel : 06 61 76 99 98
3 Doctorant à l’Institut des Études Africaines, Laboratoire d’Études et de Recherches Interdisciplinaires sur
l’Afrique (LERIA), Université Mohamed V - Souissi Rabat. E-Mail : [email protected]
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L’ensemble des activités coordonnées qui traitent et utilisent l’information utile aux agents
économiques est connu sous le nom de (l’intelligence économique) définie par Harold
Wilensky, dans un ouvrage intitulé : "L'intelligence organisationnelle" en 1967 comme
l'activité de production de connaissance servant les buts économiques et stratégiques d'une
organisation, recueillie et produite dans un contexte légal et à partir de sources ouvertes. En
effet c’est un mode de pilotage basé sur le recueil, traitement et interprétation des données
afin de mettre en œuvre la stratégie la plus adéquate par rapport aux objectifs visés
Très recemment, l’intelligence économique a été définie comme étant, « …Mode de
gouvernance dont l’objet est la maitrise de l’information strategique et qui a pour finalité la
securité de l’économie et la competitivité des entreprises4 ».
Dans cette perspective, le seul véritable avantage concurrentiel, défendable et durable dans la
compétition internationale actuelle, réside pour l’entreprise, dans sa capacité à maitriser
l’information strategique, afin de construire une base de connaissance strategique capable de
la proteger à tout moments et à tous lieux.
Cela est bien comfirmé par l’Association française pour le developpement de l’intelligence
économique qui affirme que, «…Pour une entreprise ou une organisation, l’IE est l’ensemble
des moyens qui, organisés en systéme de management par la connaissance, produisent de
l’information utile à la prise de décision dans une perspective de performance et de création
de valeur pour toutes les parties prenantes… »5.
D’apres cet aperçu concernant le sujet, nous pouvons constater que le fait de relier la
gouvernance à l’intelligence économique permet de relever la dimention organisationnelle de
cette derniere qui induit certains types d’inflexions par rapport aux pratiques traditionnelles :
-Maitriser l’information strategique ;
-Optimiser la decision strategique ;
-Mobiliser une intelligence collective dans l’organisation.
Nonobstant cette convergence qui existe entre la gouvernance et l’intelligence économique,
les rapports complexes qui caractérisent la relation entre les deux approches nous poussent à
développer des réflexions concernant de nouveaux modes de gouvernance ou de pilotage tout
en se basant sur les principes de l’intelligence économique, ainsi qu’une exploration des
potentialités de ce concept, à cet égard plusieurs questions se posent, qu’est ce que
4 Alain Juillet, discours lors de la créationdu « Cercle IE » du CPA- Executive MBE d’HEC-, le 9 juin 2004.
5 Définition retenue par Association française pour le developpement de l’IE (AFDIE), dans son ouvrage :
AFDIE, Modèle d’intelligence économique, (2004), Economica.
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l’intelligence économique ? Comment rendre la pratique de l’intelligence économique un
mode de gouvernance ?...etc.
Notre problématique s’inscrit dans ce cadre et se fonde sur la question suivante : Est-ce que
l’intelligence économique est le meilleure mode qui peut assurer à la fois le pilotage et le
contrôle de l’entreprise moderne, soit disant assurer sa bonne gouvernance ?
Dans le cadre de ce mémoire nous nous limitons à montrer et argumenter notre hypothèse qui
affirme dans un premier temps que l’intelligence économique est le meilleur mode de la
gouvernance de l’entreprise dans le contexte économique actuel, pour ce faire une
présentation des différentes variables qui font partie de cet enchaînement théorique
d’argumentation, s’avère primordiale.
En effet le plan suivi dans la partie théorique de notre recherche contient trois grands axes :
Intelligence et gouvernance des connaissances : dans cet axe nous tenterons de
présenter les concepts qui sont en relation avec notre problématique, ainsi que
leurs origines, leurs différentes définitions et leurs dimensions théoriques.
Gouvernance et intelligence économique : au niveau de cet axe nous tenterons
d’établir les liens entres les deux concepts à travers les corpus théoriques déjà
présentés au niveau du premier chapitre du travail, afin de vérifier l’hypothèse
poser comme réponse préalable pour notre problématique.
Un troisième axe sera consacré à une étude empirique qui vise à situer le contexte
entrepreneurial marocain par rapport aux pratiques de l’intelligence économique.
I- L’intelligence économique : outil au service de l’organisation
1-Historique
La pratique de l’intelligence économique, au sens large du terme et contrairement à ce que
nous pouvons imaginer, remonte à l’ère de la République de Venise, à l’époque, l’intelligence
économique consistait à découvrir les itinéraires les plus propices à la maximisation du profit
en terme du commerce secteur de base dans l’économie- au XX siècle, en se basant sur les
réseaux de communication et des informations fournies par les capitaines des vaisseaux.
En effet ce processus de collecte, analyse, et exploitation de l’information stratégique pour
objectif de maximisation de profit, désigne la première grande réussite en terme de stratégie,
ce qui a rendu la République de Venise la plus prospère et la plus riche au détriment d’autres
centres de l’Europe comme, paris, Londres, Madrid...etc. mais juste pour une période donnée
à cause de la mauvaise gestion du changement, ce qui a exposé cette expérience de
l’intelligence économique à l’échec.
4
Un peu plu tard dans les années 50, sont les japonais qui misent en place la deuxième
expérience dans la l’histoire de l’intelligence économique, c’est à cause de la deuxième guerre
mondiale que l’économie japonaise a été détruite, la mission du gouvernement était de plus
en plus, difficile pour reconstruire le tissu économique national, inspirés de l’expérience
vénitienne, les décideurs du MITI6, vont satisfaire leur besoin en information à travers
l’installation des Télex7 dans les services stratégiques pour obtenir l’information sur
l’évolution du marché mondiale, ainsi que la coopération des responsables de ces services
avec le MITI, afin de cibler et développer les secteurs porteurs dans le futur8.
C’est ce processus de collaboration qui a permet au Japon de marquer sa présence dans les
premiers rangs de l’économie mondiale.
Dans cette perspective, le début du XX siècle s’est caractérisé par l’émergence de deux
visions de l’intelligence économique, (Bulinge, 2002), l’une anglo-saxonne, l’autre japonaise,
ces visions posent l’utilité des services de renseignement implantés dans les organisations
militaires dans d’autres type d’organisation à but lucratif et à finalités économiques, en
principe, le concept de l’intelligence économique au s’est évolué selon plusieurs chercheurs
en la matière en trois phases :
1-1 : Competitve intelligence (1958-1967)
Cette phase est caractérisée par l’apparition de quelques nouveaux concepts qui visent à
décrire certaines pratiques comme « Business intelligence » avancé par (Luhn) en 1958 et qui
vaut dire, un système de communication servant à la conduite des affaires.
Aussi l’utilisation du concept « Competitive intelligence » qui désigne aujourd’hui
l’intelligence économique, par ( Alden & Al), ainsi que l’apparition de ( Environnemental
scanning), introduit par (G. Albaum), qui visait à décrire la veille, était un indice fort de
l’émergence d’une pratique qui prendra de l’envergure dans le monde entiers dans les années
qui suivent.
Un peu plu tard, dans les années 60, plus précisément en 1965 le livre de (W. T.Kelly) a été
paru en Grande Bretagne.
1-2 : Competitve strategy (70-80)
La deuxième période de ce processus selon A. Pode, durant les années 70 et 80, ou la majorité
des chercheurs ont essayés d’enlever cette mauvaise image d’espionnage collée au pratique de
l’intelligence économique, citant ainsi l’ouvrage « Competitive Strategy » de Porter en 1980,
6 Le MITI : Minéstere japonais qui dirige les finances, le commerce extérieur et l’industrie.
7 Télex :Systéme developpé dans les années 20 qui permettait de transmettre à distance des textes tapés sur un
clavier.
8 A.ALAOUI, Intelligence économique et guerres secretes au Maroc, Koutoubia, Editions Alphée, 2009.
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