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La poésie Le théâtre
Convaincre… Le roman
L’autobiographie Les réécritures
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Cherchez pour chaque type de double jeu l’intérêt qu’il peut
présenter.
Les conséquences de ce double jeu sur :
la situation, la suite de l’action ou l’intrigue…
la position du spectateur par rapport à ce double jeu, le rôle du spec-
tateur en présence de ce double jeu ;
la mise en scène, le jeu des acteurs (dimension scénique, théâtralité) ;
récapitulez les différents éléments de la représentation (décor, cos-
tumes, objets, espace scénique, jeu des acteurs…).
La mise en valeur du double jeu : comment le rendre
le plus efficace ?
Cherchez comment chacun des éléments ci-dessus fait ressortir le
double jeu, le rend plus efficace, émouvant, poignant, amusant…
Indiquez les moyens dont disposent l’auteur, le metteur en scène, les
acteurs pour tirer profit de ce double jeu… Faites autant que possible
référence à des mises en scène que vous avez vues.
Attention ! Les indications en couleur ne sont qu’une aide à la lecture et ne
doivent pas figurer dans votre rédaction.
Introduction
(Amorce) L’introduction d’un double jeu est une situation élémentaire et
récurrente dans la littérature ; il est le ressort de l’action de genres aussi
populaires et anciens que le conte, mais aussi du théâtre et, plus récem-
ment, du roman. Ainsi, par stratagème le loup du Petit Chaperon rouge se
déguise en grand-mère… Cependant, il revêt une forme particulière au
théâtre : en effet, en l’absence de narrateur, seules sont perçues les atti-
tudes extérieures, tandis que, dans les genres narratifs – simples comme le
conte ou plus complexes comme le roman –, le narrateur peut faire
entendre, par ses incursions dans l’âme de ses personnages et par la foca-
lisation interne, les mouvements de l’âme de celui qui mène un double jeu.
(Annonce des parties) Ainsi, au théâtre ce double jeu peut prendre diverses
formes et constitue un ingrédient efficace, une ressource précieuse pour le
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dramaturge : il crée la tension et occasionne de multiples rebondissements
dans l’intrigue, augmentant par là l’intérêt du spectateur ; il donne aussi sa
coloration à la pièce – tragique ou comique – et confère au public un statut
privilégié qui intensifie son plaisir.
I. Qu’est-ce que le double jeu au théâtre ? La variété
et la complication pour le plaisir du spectateur…
Au théâtre, tout est jeu… Mais qu’est-ce que le double jeu, qui existe aussi
bien dans la vie que sur scène ?
1. Un comportement multiple et une identité double
Ce comportement, volontaire, fait qu’on l’on agit différemment selon les
personnes à qui l’on a affaire et suppose que certains personnages ne
soient pas au courant de ce double jeu. Il implique aussi que le personnage
ait l’intention de maintenir l’équivoque. La base du double jeu est la double
identité connue de certains personnages et non des autres.
Ainsi, le valet Silvestre des Fourberies de Scapin se fait passer devant le
vieil Argante pour le frère d’une jeune fille qu’Octave, le fils du vieillard, a
épousée sans le consentement de son père, sous cette identité, et il
menace de le tuer ; dans cette même scène, Scapin, complice de Silvestre,
initiateur de la farce, feint de défendre le vieil Argante, alors même qu’il est
en train de lui jouer, en accord avec Silvestre, ce mauvais tour ; mais, pour
Silvestre, il est bien toujours Scapin, son complice ! Le stratagème porte ses
fruits : Argante se « résout à donner les deux cents pistoles » que les deux
valets cherchaient à lui extorquer…
C’est le stratagème, tant de fois repris dans les comédies de Molière et si
efficace, du jeune amoureux qui s’introduit déguisé chez sa belle, sous les
yeux même du vieux père : Cléonte, amoureux de Lucile, fille du Bourgeois
gentilhomme réussit, déguisé en Turc, ainsi à épouser la jeune fille. Dans Le
Malade imaginaire, la servante Toinette fait passer Cléante pour un envoyé
du maître de musique, venu donner, à la barbe d’Argan, le père bougon,
une leçon à Angélique qui reconnaît sous l’habit son soupirant !
Beaumarchais lui-même fait dire au comte Almaviva, un de ses person-
nages du Barbier de Séville, alors même qu’il s’est introduit sous le
déguisement de maître de musique dans la maison du vieux Bartholo pour
donner une (fausse) leçon à Rosine : « Prenez garde que toutes ces histoires
de maîtres supposés sont de vieilles finesses, des moyens de comédie… »
(acte III, scène 2).
2. Variété des types de doubles jeux : on ne s’ennuie pas…
Le double jeu comporte ainsi toujours une part de dissimulation. Cepen-
dant, cette « tactique » peut répondre à des intentions très variées.
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De bonnes intentions…
Les mobiles du double jeu ne sont pas toujours malhonnêtes et il ne naît
pas toujours de l’intention de nuire. La politesse peut imposer un double
jeu : Alceste, le misanthrope, vient de prôner à Philinte la franchise, quoi
qu’il en coûte, et de condamner l’hypocrisie sociale :
« Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode
Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode… […]
Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre
Le fond de notre cœur dans nos discours se montre »
À la scène suivante, il tente de garder les formes lorsqu’Oronte lui fait
lecture d’un poème ridicule et lui demande son avis : Alceste, au lieu d’être
sincère, alors même qu’il peste tout bas à l’oreille de Philinte, joue un
double jeu, se dérobe et dissimule sa pensée pour ne pas contrevenir aux
règles de la bienséance.
Plus positivement, le double jeu peut naître du désir de venir en aide à
autrui : ainsi, lorsque Cyrano, caché sous le balcon, prend l’identité, sinon
physique du moins intellectuelle, de Christian en lui soufflant les mots
d’amour qui sauront reconquérir la belle Roxane, il met son intelligence, son
esprit et sa poésie – et aussi son propre amour – au service de son ami
incapable de s’exprimer et lui obtient le « baiser » qu’il aurait bien voulu
cueillir lui-même sur les lèvres de Roxane… Il continuera, pendant plus de
dix ans, ce double jeu commencé sous la forme de lettres prétendues de
Christian – en réalité de sa propre plume – envoyées à Roxane. Par ce
double jeu qui le mortifie, car il est amoureux de Roxane, il sert son ami et
en même temps apaise son amour en l’exprimant de façon détournée.
La volonté de nuire…
Cependant, le plus souvent, celui qui mène un double jeu vise à nuire et
ses intentions ne sont pas pures. Le double jeu, malfaisant, devient alors de
l’hypocrisie, dont un des exemples les plus aboutis est le personnage de
Tartuffe, devenu du reste un nom commun : le faux dévot se comporte en
homme plein de componction, suit des voies tortueuses, se sert de la reli-
gion pour son profit et la perte de la famille d’Orgon devant lequel il prend
des airs pleins d’onction, tandis qu’il se comporte en vil séducteur avec
Elmire, la femme d’Orgon.
Curieusement du reste, c’est par le théâtre – que la Compagnie du Saint-
Sacrement condamnait pour en avoir deviné le danger …– qu’est dévoilé,
démasqué le double jeu de l’imposteur et de tous ses semblables.
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3. Quand le double jeu se multiplie et se complique…
Des constructions acrobatiques qui réjouissent le spectateur
et satisfont son goût de l’embrouille : comment s’y reconnaître ?
Triple…
Le schéma de base du double jeu peut aussi se compliquer et devenir triple,
pour la joie du spectateur : ainsi, dans une même scène du Barbier de
Séville, le comte Almaviva est bien lui-même pour son valet Figaro, mais il
est Lindor, jeune bachelier – c’est-à-dire étudiant – désargenté pour la jeune
Rosine qu’il veut séduire, et, pour le vieux tuteur Bartholo, un cavalier ivre
muni d’un billet de logement ou, plus loin, un élève de Don Bazile venu
donner un cours de chant à Rosine à la place de son maître malade… C’est
à partir de cet enchevêtrement d’identités, ce triple jeu, que se noue une
situation périlleuse et de plus en plus acrobatique… qui se termine parfois
par une joyeuse débandade quand la supercherie est découverte, à la suite
d’un mot malheureux prononcé un peu trop fort (le mot « déguisement » !) :
Figaro, le meneur de jeu, et le comte Almaviva se voient contraints de fuir
avec la plus grande célérité pour échapper à la colère de Bartholo !
La multiplication des jeux, jeux en cascade, jeux croisés…
Ce n’est pas un triple jeu mais une « demi-douzaine » de jeux et plus aux-
quels se livre Scapin, lorsque, après avoir fait entrer le vieillard dont il veut
se venger dans le fameux sac, il joue simultanément son propre rôle de ser-
viteur zélé et dévoué, et celui, en contrefaisant leur voix, de six spadassins
à la recherche du vieillard pour le bastonner.
Parfois même, le dramaturge construit un réseau compliqué de doubles jeux
qui se croisent : les personnages du Jeu de l’amour et du hasard se livrent,
sous la houlette de Marivaux devenu presque chorégraphe, à un chassé-
croisé d’identités : Silvia est pour Lisette sa maîtresse, mais à son préten-
dant Dorante elle se présente comme sa servante ; de son côté, Dorante est
bien, pour Arlequin, son maître, mais à sa promise Silvia il se présente
comme son valet… Ces scènes très complexes satisfont le goût de la
construction et de l’« embrouille ».
Un double jeu commandité à distance…
Plus subtilement, le double jeu peut se jouer par personnes interposées,
dirigé à distance par un commanditaire : dans Les Précieuses ridicules de
Molière, les deux gentilshommes, La Grange et Du Croisy, qui ont été mal-
proprement reçus par les deux « pecques provinciales » qu’ils étaient venus
demander en mariage, se vengent en leur envoyant leurs valets, déguisés en
marquis et vicomte : les deux lascars – qui s’adressent l’un à l’autre des
sous-entendus amusés – jouent aux jolis cœurs et aux précieux : Cathos et
Magdelon n’y voient que du feu et tombent ridiculement dans le panneau…
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Toute la pièce repose sur ce double jeu, dont le spectateur se demande
comment il va finir.
II. Les cas de figure multiples d’une bombe
à retardement : plaisir et angoisse du spectateur
Avec le double jeu, simple ou complexe, le dramaturge dispose d’un
« ingrédient » théâtral – et scénique – très efficace.
1. Multiplicité des cas de figure : la variété sur scène
Par la multiplicité des combinaisons et le large éventail de situations qu’il
offre, le double jeu introduit de la variété sur la scène, variété qui surprend
le spectateur, et c’est là une raison de son intérêt.
À deux
Il peut se construire par rapport à deux personnages, l’un absent, l’autre
présent : c’est Perdican qui tient à Rosette – présente sur scène – des
propos que la pauvre paysanne prend pour argent comptant mais qui sont
en fait destinés à Camille, cachée derrière un buisson, témoin blessé de ce
double jeu qui fait de Rosette une victime sacrifiée sur l’autel du dépit
amoureux. Plus amusant, mais tout aussi périlleux est le stratagème
d’Elmire qui veut dévoiler à Orgon les menées hypocrites de son « pauvre
homme » de Tartuffe (acte IV, scène 5) ; c’est alors elle qui mène un double
jeu pour… dénoncer celui de Tartuffe : elle enjoint à Orgon de se cacher
sous la table – Orgon, spectateur invisible qui est sur la scène est en
quelque sorte absent…– et feint de céder aux avances du faux dévot qui,
dans cette scène, ne joue plus un double jeu et se dévoile tel qu’il est ; pour
Tartuffe Elmire joue le rôle de la femme qui se laisse séduire, pour Orgon
elle est une femme fidèle qui veut dessiller les yeux de son mari incrédule.
Le double jeu peut aussi s’exercer sur deux personnages présents sur
scène, créant ainsi une situation périlleuse pour son meneur – et sans doute
possible uniquement au théâtre – : Dom Juan, dans la scène 4 de l’acte II de
la pièce de Molière, est à la fois acteur, personnage et metteur en scène
d’un double jeu qui prend pour cible deux paysannes, Mathurine et Char-
lotte, à qui il adresse simultanément une déclaration d’amour enflammée.
Pour maintenir son double jeu et prolonger de façon invraisemblable ce qui-
proquo, il doit déployer des trésors d’habileté et user de toutes les
ressources du langage qui réjouissent le public.
À plusieurs
Le double jeu peut enfin prendre pour cible une multitude de personnages,
envahissant toute la pièce : Sartre fait reposer toute sa comédie burlesque
Nekrassov sur la supercherie inventée par un escroc, Georges de Valera, qui
se fait passer auprès des journalistes d’un quotidien anticommuniste pour
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