Le rôle de
l’assurance dans
les pays du
Moyen-Orient et
d’Afrique du Nord
I. Introduction 1
II. Principaux défis de la région MENA 1
III. Le rôle critique de l’assurance dans la région MENA 4
La place de l’assurance dans l’économie et la société 4
Protéger et aider une classe moyenne en pleine expansion 5
Encourager les investissements et la formation du capital 7
Le potentiel de l’assurance est intact 8
IV. Défis de l’assurance dans la région MENA 9
Défis économiques 9
Défis réglementaires 10
Le développement du marché de l’assurance au Maroc 11
V. Conclusion 12
Le présent document a été rédigé par Roy Suter et Benno Keller, membres de l’unité
Government and Industry Affairs du Zurich Insurance Group («Zurich»). Les auteurs remercient
Frank Bodmer, Francis Bouchard, Daniel Hofmann, Christian Hott, Brandon Mathews, Saad
Mered, Jürgen Stanowsky et Nasser Saidi pour leurs commentaires et contributions utiles. Le
présent document reflète les points de vue personnels de ses auteurs, qui ne correspondent
pas nécessairement à celui du Zurich Insurance Group.
Le rôle de lassurance dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
Sommaire
Lassurance offre la possibilité d’apporter une aide vitale aux marchés émergents. Mais ses
avantages ont souvent tendance à être négligés. Le présent document a pour objectif de
mettre en lumière les avantages qu’offre une assurance, tant à l’économie qu’à la société,
en se concentrant spécifiquement sur les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Middle
East and North Africa = MENA).1 Encourager la prise de conscience de ces avantages contribue
à créer les conditions nécessaires pour que l’assurance puisse soutenir le développement
économique dans la région.
Les pays MENA ont fait des progrès considérables sur le plan économique au cours de
la dernière décennie. Pourtant, il reste encore de nombreux défis formidables à relever,
notamment celui de transformer les économies locales et créer des emplois, en particulier
pour une population jeune de plus en plus nombreuse. Lassurance a le potentiel pour relever
ces défis et aider les pays de la région à atteindre leurs objectifs de croissance. Elle permet
aux individus et à leurs familles d’être acteurs de leur propre destin en protégeant leurs actifs
durement acquis, garantissant ainsi la stabilité économique pour toutes les classes sociales.
En transférant les risques et en facilitant la formation du capital, les assureurs encouragent le
développement économique. En assurant les investissements directs étrangers et en soutenant
le commerce, l’assurance contribue à la croissance durable de tous les secteurs économiques.
Malgré les avantages potentiels qu’il offre, le secteur de l’assurance est sous-dévelop
dans les pays MENA. Son potentiel de stimulation de la croissance n’est pas suffisamment
exploité. On peut en partie l’expliquer par les aspects culturels et religieux qui influencent le
comportement du consommateur en matière de souscription dassurances. Une autre raison
serait le manque de confiance dans les assurances et la connaissance limitée des avantages
qu’elles offrent. De plus, lassurance est souvent inaccessible pour une bonne partie de la
population. Enfin, des obstacles importants au niveau de la réglementation et des pouvoirs
publics ont entravé le développement d’un secteur de l’assurance puissant et compétitif.
La mobilisation de leaders d’opinion, de décisionnaires, de législateurs et dacteurs du secteur
peut contribuer à surmonter ces entraves. Les efforts à consentir doivent être soutenus par
un dialogue permanent constructif entre tous les acteurs des secteurs publics et privés.
Depuis le début du millénaire, la région MENA enregistre une croissance économique positive.
La croissance réelle annuelle dans la région était en moyenne de l’ordre de 5%.2 Même s’il
reste inférieur aux taux de croissance annuels moyens des pays asiatiques émergents, ce
taux est supérieur à celui enregistré en Amérique latine. Si l’on considère la forte croissance
démographique, cette performance n’a pas eu les mêmes effets positifs sur la croissance
du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant. Même si la croissance démographique s’est
récemment ralentie, la région affiche encore les plus forts taux de croissance démographique
du monde.3
Les chiffres agrégés masquent des variations importantes entre les différents pays de la
région. La disponibilité du pétrole, du gaz et des ressources énergétiques est le principal
facteur derrière ces variations. A cet égard, on peut catégoriser les pays MENA soit en tant
que pays riches en ressources, soit en tant que pays pauvres en ressources. La première
catégorie regroupe les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), ainsi que l’Algérie,
l’Irak et la Libye. La seconde catégorie est constituée de l’Egypte, de la Jordanie, du Liban,
du Maroc, de la Tunisie, de la Syrie, du Yémen et de la Turquie.
1 Il n’existe pas de définition standard du terme «MENA». Aux fins du présent document, nous incluons dans le terme MENA la majorité des pays du Moyen-Orient et du Maghreb, et la Turquie.
2 Les prévisions économiques mondiales du FMI du mois d’avril contiennent les dernières informations sur la croissance économique régionale. La croissance de la région MENA afche une certaine volatilité
depuis les événements du Printemps arabe. En 2011, le taux de croissance réelle annuelle de la région a baissé à 3,5%. En effet, plusieurs pays de la région MENA toucs par des bouleversements politiques
et des conflits sociaux ont vu leur courbe de croissance s’infléchir. Malgré des regains de croissance en 2012, les perspectives de croissance régionale pour 2013 et 2014 restent toutefois inférieures à la
moyenne. La mise à jour des perspectives de l’économie mondiale du FMI du 20 avril 2012 contient des informations plus détaillées sur le développement économique de la région.
3 Voir Anthony O’Sullivan, Marie-Estelle Rey et Jorge Galvez Mendez, 2011, «Opportunities and Challenges in the MENA region,» document préparé dans le cadre du programme MENA-OCDE pour
l’investissement.
1Le rôle de lassurance dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
II. Principaux défis de
la région MENA
I. Introduction
Graphique 1:
Population vs. PIB par habitant
60
70
80
Population
(en millions)
PIB par habitant (en USD, PPA)
50
40
30
20
10
0
020 000
Egypte Turquie
Algérie
Maroc
Arabie saoudite
Yémen
Tunisie
Jordanie Libye
Liban Oman
Bahreïn
Koweït Emirats arabes unis Qatar
40 000 60 000 100 000 120 00080 000
Le PIB par habitant est exprimé en dollars américains, ajusté pour la parité du pouvoir d'achat (PPA). Source: informations issues de la base de
données des perspectives économiques du FMI pour 2012.
Parmi les pays MENA, la Turquie, l’Egypte, l’Algérie et le Maroc sont les plus peuplés, avec
220 millions d’habitants. A part l’Algérie, ces pays sont pauvres en ressources. Il n’est donc
pas surprenant de les retrouver parmi les pays les plus pauvres de la région (voir graphique 1).
A contrario, les pays riches en ressources, pays du CCG inclus, comptent parmi les pays les
plus riches du monde.
Les fortes expansions démographiques constatées ont été qualifiées par de nombreux
observateurs de «vagues de jeunesse» (voir graphique 2). Cette part de la population
a notamment été durement touchée par le chômage, important dans cette région. Le
taux de chômage chez les jeunes est en moyenne de 25% dans la région MENA. Celle-ci
devra créer 55 à 70 millions d’emplois d’ici à 2020, ne serait-ce que pour suivre le rythme
démographique, et réduire globalement le chômage à un niveau plus acceptable.4 Il est
clairement nécessaire de développer une économie équilibrée et diversifiée, capable
d’intégrer une large frange de chômeurs.
La forte dépendance des pays riches en ressources aux exportations énergétiques est une
raison de plus qui montre qu’il est urgent de diversifier léconomie. Une baisse des prix de
l’énergie ou la diminution des réserves est considérée comme un frein à la croissance qui
réduirait les perspectives de développement à long terme. Par conséquent, la diversification
de l’économie constitue l’un des plus importants défis auxquels devront faire face les pays
riches en ressources à l’avenir.
4 Voir Daniel Hofmann, 2012, «The Demographic Challenge for Economic Policy Makers: Labor Market Developments in a Framework of Sustainable Economic Growth and Financial Sector Development,» dans:
H.Groth et A.Sousa-Poza (eds.), «Population Dynamics in Muslim Countries,» Berlin, Heidelberg.
Le rôle de lassurance dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord2
II. Principaux défis de
la région MENA
suite
Graphique 2:
Taux de dépendance des jeunes (en % de la population)
70
60
50
40
30
20
10
0
Qatar
Emirats arabes unis
Europe & Asie centrale
Bahreïn
Asie de l'Est & Pacifique
Tunisie
Liban
Koweït
Oman
Turquie
Algérie
Maroc
Arabie saoudite
Libye
MENA
Rép. arabe d’Egypte
Jordanie
Le taux de dépendance des jeunes est le rapport qui existe entre la population âgée de moins de 15 ans et la population en âge de travailler
entre 15 et 64 ans. Source: données de la Banque mondiale, indicateurs du développement mondial pour 2010.
Les progrès réalisés à ces niveaux sont inégaux. Avec différents degrés de réussite, les pays
golfiques riches en ressources ont cherché à développer de nouveaux services et/ou industries,
notamment dans le secteur financier. Lémergence des centres financiers dans les E.A.U. et au
Qatar témoigne de ces efforts. Le tourisme s’est également développé dans différents pays
de la région. Les pays pauvres en ressources, quant à eux, n’ont pas réussi à développer leurs
secteurs financiers qui restent réduits et sous-développés. L’industrie manufacturière continue
à jouer un rôle marginal dans la plupart des pays de la région MENA. L’intégration de ces
économies dans l’économie mondiale reste un défi majeur.5
Labsence d’un cadre institutionnel adéquat représente un autre obstacle de taille pour
transformer et stimuler les économies régionales et augmente les risques – et les coûts –
liés aux affaires. La qualité des systèmes législatifs et administratifs dans les pays pauvres
en ressources, en particulier, pose un problème majeur.6
En outre, le risque politique qui a augmenté et qui s’est intensifié depuis le Printemps
arabe aggrave le risque déjà élevé quant au développement des affaires dans la région.
Ces risques se sont traduits par un recul des investissements directs étrangers dans les
pays de la région MENA. Ils ont pratiquement diminué de moitié entre 2008 et 2011.
De plus, ces investissements directs étrangers se concentrent essentiellement sur les
pays riches en ressources. Ils continueront probablement à décliner dans les pays
MENA touchés par l’instabilité politique.7
5 Voir FMI, 2011, «Regional economic outlook,» Washington, D.C.
6 Voir Banque mondiale, 2013, «Doing Business. Regional Profile: Middle East and North Africa» pour avoir un aperçu global des réglementations affectant les conditions commerciales dans la région.
7 Voir UNCTAD, 2012, «World Investment Report,» et Anthony O’Sullivan, 2010, «FDI trends in the MENA region and persisting policy challenges,» publiés dans le cadre du programme MENA-OCDE
pour l’investissement.
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