Act. Méd. Int. - Angiologie (15) n° 4, avril 1999
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échographique, proposé par Aranowitz
et Conte, qui a entraîné une rémission
complète dans sept cas sur huit.
• Le drainage percutané avec injection
de produits sclérosants, qui est une alter-
native intéressante en raison du peu de
récidive et de la courte durée du traite-
ment par rapport aux autres techniques.
Zuckerman et Yeager (7) ont traité trente-
deux patients, sur une période de six ans
par injection d’alcool absolu avec succès
pour trente d’entre eux. La technique
consiste à injecter grâce à un cathéter de
drainage, mis en place sous échographie
ou scanner, un volume égal à 30 à 50 %
de la taille de la cavité avec un maxi-
mum de 60 ml (100 % si la cavité est
petite). Le cathéter est laissé en place un
quart d’heure, le patient changé plu-
sieurs fois de position, puis l’alcool est
réaspiré. Le traitement est jugé efficace
si disparaissent les signes cliniques et
d’imagerie, avec un drainage maximal
inférieur à 10 ml/j. Les cavités drainées
variaient de 2 à 300 ml, la quantité d’al-
cool de 1 à 60 ml, le nombre de jours
durant lesquels le cathéter est resté en
place a été de dix-neuf en moyenne, le
nombre de séances d’instillation est de
sept en moyenne.
Les complications sont mineures et
essentiellement infectieuses (9 %), sen-
sibles au traitement antibiotique et à
l’ablation du cathéter avec nouveau
drainage.
Ce traitement leur est maintenant fami-
lier, et ils le réalisent de première inten-
tion, car les autres techniques sont plus
lourdes même sous laparoscopie (com-
plications opératoires, plaies vésicales,
urétérales, vasculaires, voire impossibi-
lité technique).
• L’exérèse avec marsupialisation sous
laparoscopie, rapportée par Molnar (6) à
l’occasion du traitement de deux lympho-
cèles pelviennes (D et G) apparues après
hystérectomie totale élargie avec lympha-
dénectomie pour cancer de l’endomètre.
Abord du kyste sous contrôle vidéo-
laparoscopique, aspiration, lavage de la
cavité, libération des organes voisins,
excision de la paroi kystique avec
marsupialisation par suture de la
paroi restante au péritoine adjacent
(165 minutes d’intervention), et guéri-
son complète à deux ans et demi.
• L’exérèse par laparoscopie ou par lapa-
rotomie avec épiploplastie. Gill et coll.
(5) ont fait une étude comparative entre
techniques laparoscopiques (12 cas) et
“open” (26 cas), fénestration du kyste,
mise à plat de différentes logettes après
identification des structures avoisi-
nantes, épiploplastie fixée par clips ou
fils dans la cavité de la lymphocèle.
L’intervention sous cœlioscopie est plus
longue mais les suites plus simples,
l’hospitalisation plus courte, la reprise
du travail plus précoce. Aucune récidive
sur les douze cas contre sept récidives
sur vingt-six en “open” (mais moins de
recul sur les laparoscopies qui restent
néanmoins leur technique standard
après échec des ponctions simples
échoguidées ou instillation de produits
sclérosants).
Il est important pour ceux qui pratiquent
des actes chirurgicaux avec risque de lym-
phocèles post-opératoires de connaître les
moyens théoriques de prévention.
Le traitement préventif
• En région axillaire
La pulvérisation de colle de fibrine n’est
absolument pas entrée dans les habi-
tudes de la chirurgie du cancer du sein.
Le capitonnage de la loge du curage,
réalisant deux plans superposés de fer-
meture solidarisés entre eux (muscu-
laires et sous-cutanés) sans drainage,
serait, selon Garnier et coll. (4), le
moyen le plus fiable, mais cette tech-
nique est inesthétique et source de dou-
leurs post-opératoires.
Plus intéressante, mais en cours d’éva-
luation, serait la technique de lipoaspi-
ration du creux axillaire suivie d’un
curage par voie endoscopique, car elle
permettrait selon les auteurs (Suzanne
et coll., Clermond-Ferrand) de dimi-
nuer la durée et la quantité de liquide
ainsi que le nombre de lymphocèles.
• En région pelvienne
La non-péritonisation avec épiploplas-
tie (si l’épiploon est conservé) reste un
geste préventif essentiel qui abaisserait
l’incidence de 30 % à 10 %. Caubel et
Baladur, sur 124 cas, rapportent une
diminution de l’incidence de l’ordre de
20 % sur les 83 cas avec péritonisation,
et de 2,5 % pour les 41 cas sans périto-
nisation avec épiploplastie.
La lymphadénectomie ilio-obturatrice
laparoscopique permet d’évaluer avec
un rendement comparable et une faible
morbidité le statut ganglionnaire pel-
vien, seulement 4 % de lymphocèles
sur 200 patients dans la série publiée
par Dargent en 1993 (3). L’explication
avancée serait l’absence de laparotome,
la non-péritonisation habituelle et la
barolymphostase.
• En région inguinale
Il convient de lier tous les éléments du
tissu cellulaire sous-cutané, en sachant
que l’on s’expose au risque de créer un
lymphœdème.
Conclusion
Si une lymphocèle apparaît malgré les
moyens de prévention utilisés – c’est-à-
dire l’absence de péritonisation et
d’épiploplastie de la région pelvienne,
et l’injection d’anticoagulants dans la
partie supérieure du corps –, il ne fau-
dra la traiter que si elle est symptoma-
tique, volumineuse ou tardive.
On débutera :
– par des ponctions simples ou répétées
en région axillaire ou inguinale, voire
Angio-Clinique
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