Concepts en hygiène IMFSI 1ère année 09/09/2016 Dr C. MIQUEL 1 Chaîne épidémiologique Une maladie infectieuse est la résultante de l’introduction dans l’organisme d’un micro-organisme vivant qui s’y développe. Il est possible d’identifier : - Un réservoir - Un vecteur - Un hôte = l’ensemble constitue la chaîne épidémiologique 2 Les réservoirs Ce sont les milieux naturels où se développent les micro-organismes. Supports inertes : Eau Sol, végétaux Supports vivants : Animal Homme 3 Réservoirs inertes : l’eau L’eau est un milieu où se développe une flore naturelle : La flore hydrique est composée de : - Bactéries aérobies non pathogènes - Légionella - Amibes non pathogènes L’eau peut aussi être un milieu propice à la survie d’autres micro-organismes : - Bactéries d’origine animale - Bactéries pathogènes : pseudomonas aeruginosa - Virus - Parasites Seule l’eau stérile est indemne de micro-organisme. 4 Réservoirs inertes : le sol Dans le sol se développent particulièrement les bactéries telluriques : = Bactéries anaérobies pouvant survivre sous forme de spores bactériennes Clostridium botulinum Clostridium tetani Clostridium difficile Clostridium perfringens Bacteroides fragilis Le sol et les végétaux sont aussi le réservoir de champignons pathogènes pour l’homme 5 Aspergillus sp. Les réservoirs vivants : l’animal L’animal peut constituer un réservoir de micro-organismes qui sera à l’origine de maladies infectieuses humaines : Les zoonoses Du grec zôon (το ζωον), « animal » et nosos, « maladie » Le risque zoonotique augmente, il est à l’origine de beaucoup de maladies émergentes. 6 Les réservoirs vivants : l’animal* Zoonoses bactériennes : Brucellose (ovins et bovins) Peste (rongeurs sauvages) Leptospirose (rats): MP chez les égouttiers Pasteurellose (chiens, chats) *L’animal réservoir peut être porteur sain. Zoonoses virales : Rage (renards, chiens, chauve-souris) Fièvre virale hémorragique (rongeurs, chauve-souris) Grippe aviaire (oiseaux, canards, volailles) Zoonoses parasitaires : Toxoplasmose (chats) Echinococcose (renards) Zoonoses autres : 7 Maladie de Creuzfeldt-Jakob, nouveau variant (bovins) 8 Les réservoirs vivants : l’homme Des bactéries sont normalement présentes sur la peau et les muqueuses des sujets sains, sans y causer de dommage, elles constituent la flore commensale : du latin cum, avec, et mensa, table : compagnon de table = flore cutanée, respiratoire, digestive et génitale La flore commensale participe activement à la défense contre les infections. 9 Flore commensale La flore cutanée : variable en qualité et en quantité (102 à 106/cm2) selon la topographie. La flore de l'arbre respiratoire supérieur : très abondante au niveau du rhinopharynx (108/ml de sécrétion pharyngée) flore minime au niveau de la trachée, activement combattue par le mucus, les cils, les macrophages, etc… L'arbre respiratoire inférieur est stérile. La flore génitale : rôle de protection essentiel chez la femme. La flore digestive la plus abondante et la plus importante. Elle varie en fonction des différents étages du tube digestif. - 108 à 109 germes par ml de salive. - 1011-1012 bactéries/gr de selles, nette prédominance des anaérobies10stricts, Entérobactéries (E.coli, 108/gr, Proteus, Klebsielle...) Flore commensale La flore cutanée Variable selon les zones •en espèce: zone riche en squame Zone riche en sébum •en nombre: 102/cm2 zones sèches 106/cm2 zones humides Staphylocoques coagulase nég. 11 Les vecteurs Une maladie vectorielle est transmise par un vecteur, souvent un arthropode se nourrissant de sang, tel le moustique. En piquant une personne ou un animal infecté, il ingère les parasites, virus ou bactéries contenus dans le sang. Après un délai d’incubation de quelques jours, l’insecte contaminé peut transmettre l’agent pathogène à une personne saine à l’occasion d’une autre piqûre. Moustique : Chikungunya Dengue Zika Paludisme Fièvre jaune Puce : Peste Tique : Maladie de Lyme Phlébotome : Leishmaniose 12 Paludisme 13 14 15 16 Les facteurs liés au micro-organisme Sa virulence, Son pouvoir pathogène, Son potentiel épidémique, Sa sensibilité aux traitements et désinfectants existants, Son ou ses réservoirs, Sa capacité à se développer selon l’environnement où il se trouve. 17 Les facteurs de risque de l’hôte Ages extrêmes de la vie (enfants en bas âge et personnes âgées). L’immunodépression, le diabéte Les risques liés aux soins Les toxicomanies et addictions de manière générale La précarité sociale Les rassemblements de population Facteurs environnementaux (climat/saison) Défaut de vaccination 18 Modes de transmission des agents infectieux à l’homme Transmission inter-humaine directe : = Maladie qualifiée de contagieuse - Par contact : ex : gale - Par voie aérienne : - Par des particules de gros calibre (> 5 µ) ex : grippe, méningocoque - par des particules de petit calibre (< 5 µ) ex : tuberculose, rougeole - Par voie sexuelle : ex : infections sexuellement transmissibles -Par le sang : ex: VIH, hépatite B et C 19 Modes de transmission des agents infectieux à l’homme - Transmission materno-fœtale : par voie transplacentaire ou au moment de l’accouchement Transmission inter-humaine indirecte : - Par l’intermédiaire d’un vecteur - Par l’intermédiaire de l’environnement : eau, alimentation (contaminations d’origine fécale, TIAC) - Par l’intermédiaire des soins : = Infections associées aux soins Transmission à partir de l’environnement : - Zoonoses - Exposition directe à un réservoir inerte (eau…) 20 Contamination Du latin : souillure Envahissement d'un organisme vivant ou d'un support par des micro-organismes pathogènes. Certaines bactéries peuvent survivre longtemps sur des supports inertes et s’y multiplier. Les virus ne peuvent pas se reproduire en dehors des cellules qu'ils infectent, mais certains peuvent cependant survivre sur une surface inerte (VRS, rotavirus). 21 Survie des micro-organismes dans l’environnement Staphylococcus aureus : plusieurs semaines sur surfaces sèches Norovirus : jusqu’à 7 jours Virus de la grippe : 1 à 2 jours VRS : 6 heures Rotavirus : 10 jours Clostridium difficile (spore) : 5 mois 22 Colonisation Envahissement d'un germe dans une région du corps. Les patients colonisés contrairement aux patients infectés n'ont aucun signe d'infection. Une colonisation bactérienne ne doit pas conduire à une antibiothérapie. Ex: colonisation urinaire sur sonde vésicale, colonisation trachéo-bronchique sur bronchite chronique 23 Infection Pénétration dans un organisme d'un agent étranger (bactérie, virus, champignon, parasite) capable de s'y multiplier et d'y induire des lésions pathologiques. L'infection peut s'accompagner de manifestations cliniques. Dans un certains nombre de cas, une phase de colonisation précède le stade d’infection. Ex: infection urinaire, pneumopathie 24 Asepsie : définition Préfixe « a » : sans Sepsis (grec) : microbe Méthode préventive qui correspond à l’ensemble des mesures propres à empêcher tout apport exogène de micro-organisme. 25 Asepsie : objectif Prévention d’une complication infectieuse lors d’un acte au cours duquel : -l’équilibre entre l’organisme et la flore commensale est rompu (ex : ouverture de la barrière cutanée) - des tissus ou matériels stériles sont exposés à un apport exogène de micro-organismes (ex : introduction d’un dispositif médical au contact d’un tissu naturellement stérile) 26 Asepsie : moyens utiles Mains et tenue des opérateurs Matériel utilisé Antisepsie de la zone où se situe l’acte Environnement : surfaces, air Moyens à adapter en fonction du niveau de risque infectieux de l’acte. 27 Asepsie : des mesures à adapter selon le risque infectieux Exemple 1 : Réfection d’un pansement de cathéter veineux central. -Masque, coiffe -Désinfection des mains par friction (PHA) -Set à pansement stérile -Plan de travail désinfecté -Porte et fenêtre fermées -Masque au patient si cathéter thoracique Exemple 2 : Intervention chirurgicale. -Masque, coiffe, habillage stérile, gants stériles -Désinfection chirurgicale des mains par friction (PHA) -Antisepsie du champ opératoire -Champs opératoires stériles -Matériel chirurgical stérile -Maîtrise de la qualité de l’environnement du bloc opératoire : règles de bio28 nettoyage, qualité de l’air, consignes d’entrée dans un bloc opératoire. Antisepsie : définition Opération au résultat momentané, permettant au niveau de tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux microorganismes présents au moment de l’opération. 29 Antiseptiques Les produits antiseptiques sont qualifiés en fonction de l’activité anti-microbienne qu’ils possèdent : leur spectre d’activité Cette activité est testée in vitro, selon les normes françaises (NF-T) ou européennes (EN) : - Bactéricidie (NF EN 13727) - Virucidie (NF EN 14476) - Fongicidie (NF EN 13624, NF EN 14562) - Mycobactéricidie (NF EN 14348) - Sporicidie (NF EN 14347) 30 Illustration de Semmelweis Philip Semmelweis devine en 1846 les vrais mécanismes de la contagion. C’est l’observation des taux de mortalité qui le met sur la piste : les femmes meurent moins en accouchant à leur domicile, à la maternité des sages-femmes de Vienne ou même dans la rue qu’à l’hôpital. Un comble ! Il arrive à la conclusion que les fièvres puerpérales sont véhiculées par les médecins eux-mêmes lorsqu’ils passent des salles de dissection et d’autopsie aux salles d’accouchement sans se laver les mains ni changer de blouses. 31 Illustration de Semmelweis Il instaure le lavage et le brossage des mains des médecins dans du chlorure de chaux entre les salles d’autopsie et les salles d’accouchement : la mortalité des femmes chute de moitié. Puis il demande aux médecins de se laver les mains entre chaque patiente et de nettoyer soigneusement les instruments utilisés : la mortalité tombe à 0,20 %. Il meurt en 1865 d’une blessure mal lavée, tué par ces fameux microbes que lui seul redoutait. 32