– l’Elévation du membre doit être maintenu le plus long-
temps possible ;
– la Compression peut être réalisée avec une chevillère élas-
tique,un bandage en 8 par bande cohésive,un strapping
(bandage adhésif extensible),un tapping (bandage adhésif
non extensible),ou une orthèse stabilisatrice préfabriquée
dont de nombreux modèles sont à la disposition des
patients dans les officines des pharmaciens de ville.
Ce traitement peut se compléter par la prescription
d’un antalgique pur comme le paracétamol et (ou) d’un AINS
sous forme orale ou locale (gel, crème ou pommade). Un
traitement préventif des thromboses veineuses n’est pas néces-
saire en cas de traitement fonctionnel,sauf en cas de facteurs
de risques ou d’antécédent de thrombose veineuse, mais
recommandé en cas d’immobilisation stricte.
LA PLACE DE LA KINÉSITHÉRAPIE
DANS L’ENTORSE DE CHEVILLE
Les recommandations de la conférence de consensus sur la
rééducation de la cheville 2concernent l’entorse externe
récente sans fracture,chez l’adulte non sportif, traitée fonc-
tionnellement quel que soit le stade de gravité.
Le généraliste, en fonction de ses compétences, peut
prescrire la rééducation en rédigeant une ordonnance com-
portant uniquement «rééducation de la cheville droite (ou
gauche) pour entorse» sans autre précision.
Le kinésithérapeuteen effectue le bilan fonctionnel et éta-
blit un protocole de traitement avec pour objectifle rétablisse-
ment de la mobilité et la lutte contre l’instabilité de la cheville.
LE PROTOCOLE DE PRISE EN CHARGE1
J0 ou J1 :1re évaluation avec traitement adapté
Évaluer cliniquement un risque de fracture ou de lésion
associée par les critères d’Ottawa.
En l’absence de signes de complications ou de lésions
associées évidentes, avec ou sans radiographie, un examen
à la recherche d’une rupture ligamentaire peut être
entrepris; mais en aucun cas, un diagnostic définitif
ne doit être fait.
Mettre en place le protocole RICE ou GREC adapté
à l’état du patient en privilégiant la mobilité et l’appui en
fonction de la douleur: de l’appui autorisé avec un simple
bandage à l’immobilisation plus stricte réalisée par orthèse
ou attelle postérieure.
Fournir au patient les informations sur la nature des
lésions diagnostiquées et les conseils sur les modalités du trai-
tement : la conférence de consensus de 1995 de la SFUM pré-
conise la remise d’une feuille-conseil dont un exemplaire se
trouve dans le texte long de la conférence.
Quelle que soit la symptomatologie initiale, le patient
doit être revu à J3-J5.
J3 ou J5 : réévaluer systématiquement
Cette consultation permet de réévaluer la situation clinique,
de relire les radiographies initiales éventuelles,d’apprécier le
niveau d’impotence,de réexaminer le patient.
Trois situations se présentent en fonction du degré d’impotence.
Impotence discrète ou absente associée à une simple
sensibilité du faisceau antérieur du ligament latéral:arrêt du
traitement et éviction des activités physiques et sportives pen-
dant 3 semaines.
Impotence modéréeavec marche possible mais dou-
loureuse, associée à un hématome ou une ecchymose de
la région malléolaire externe, une mobilisation passive dou-
loureuse et la palpation douloureuse d’un ou deux fais-
ceaux: poursuite du traitement pendant 3semaines avec
immobilisation relative autorisant l’appui et prescription
de kinésithérapie d’emblée si la contention est amovible,
ou à l’issue des 3semaines.
Impotence importante avec marche impossible ou très
douloureuse associée à un hématome puis une ecchymose
des faces interne et externe, une mobilisation passive très
douloureuse,une palpation douloureuse du ligament laté-
ral et fréquemment du ligament médian:
– si la marche est impossible,le diagnostic doit être réévalué
avec l’aide d’un bilan radiologique orienté en fonction de
l’examen, même si des radiographies initiales ont été
négatives;
– immobilisation de 5 à 6semaines dont les 3premières doi-
vent être plus strictes avec prescription de cannes anglaises et
port soit d’un plâtre,soit d’une résine,soit d’une orthèse,
avec appui autorisé s’il n’est pas douloureux; après
3semaines, le patient est revu,le diagnostic réévalué,un
appui ferme est autorisé avec orthèse ou strappinget pres-
cription de kinésithérapie.
CONCLUSION
Dans la majorité des cas, la prise en charge d’une entorse
externe de la cheville peut s’effectuer par le médecin géné-
raliste avec ou sans radiographie en s’appuyant sur le test
d’Ottawa et le traitement fonctionnel RICE ou GREC.Mais
en fonction de ses compétences,il ne devra pas hésiter à faire
appel à un confrère plus spécialisé en traumatologie,en
présence de fracture,d’évolution anormale ou d’une impo-
tence importante. ■
TAB LEAU I I – LEXIQUE POUR LES PLUS ANCIENS D’ENTRE NOUS
•Latéral=externe
•Médian=interne
•Fibula=péroné
•Talus =astragale
•Os naviculaire=scaphoïde tarsien
•Ligament latéral=ligament latéral
externe
•Ligament médian=ligament latéral
interne
•Ligament talo-fibulaire
antérieur=faisceau antérieur du LLE
•Ligament talo-fibulaire
postérieur=faisceau postérieur
du LLE
•Ligament calcanéo-fibulaire=
faisceau moyen du LLE
La nomenclature anatomique a changé,mais vous pouvez constater
dans les référentiels un mélange des nouveaux et des anciens termes:
1092 LA REVUE DU PRATICIEN - MÉDECINE GÉNÉRALE. TOME 18. N°664/665 DU 11 OCTOBRE 2004
Références
1.L’entorse de cheville au
service des urgences
–5eConférence de con-
sensus en médecined’ur-
gence de la Société fran-
cophone d’urgence mé-
dicale – Roanne,28 avril
1995.
http://www.sfmu.org/
documents/consensus/
cc_cheville.pdf
http://www.amuhf.com
/consensus/cheville.pdf
2. Rééducation de l’en-
torse de cheville – recom-
mandations pour la pra-
tique de soins – Anaes –
janvier 2000.
Anaes://www.anaes.fr
3. Bachmann L, Kolb E,
Koller M et al. Accuracy
of Ottawa ankle rules
to exclude fractures of
ankle and mid-food:
systematic review . BMJ
2003 ; 326 : 417-23.
Atelier:
« Diagnostic et
traitement de
l’entorse de cheville
au cabinet
du généraliste »
animé par
Bernard Desnus
et Yves Demarais
le samedi 9 octobre
de 15 h 30 à 17 h.
•Les autres entorses :
– du tarse (Chopart) ou de la tarso-
métatarsienne (Lisfranc) ;
– de l’articulation tibio-fibulaire
(péronéo-tibiale),de la membrane
interosseuse parfois associée à
une fracture proximale de la fibula
(fracture de Maisonneuve) ;
– de la talo-calcanéenne
(sous-astragalienne).
•Les lésions tendineuses :
– luxation des tendons des péroniers ;
– rupture du tendon d’Achille.
•Les fractures osseuses :
– malléolaire ou du pilon tibial ;
– du calcanéum, du talus,
d’un métatarsien (base du
5emétatarsien le plus souvent).
•Les lésions cartilagineuses (dôme
du talus le plus souvent).
TA BL EAU I – DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS D’UNE ENTORSE DE LA CHEVILLE
ENTORSE DE CHEVILLE