La forte chute du prix du pétrole accroit le risque
d’accident financier
La chute du pétrole en dessous de 60$ est pourtant une bonne nouvelle pour les pays
importateurs. Elle s’analyse comme une diminution de la fiscalité payée aux pays pétroliers qui
bénéficient de la rente pétrolière. Pour les Etats Unis, cela représenterait l’équivalent d’une
hausse du pouvoir d’achat pour les ménages en année pleine de 45Md$. En France, le chiffrage
effectué pour les entreprises montre que l’impact pourrait être le double de celui du CICE.
Rappelons que ce sont des chocs pétroliers à l’envers qui ont provoqué les fortes reprises
économiques de la fin des années 80 et 90….
La baisse du pétrole serait en revanche pour de nombreux investisseurs, le signe d’une
baisse de la demande, ce qui fait entrer les marchés dans une phase de forte turbulence. L’indice
S&P 500 Energy représentatif des valeurs pétrolières américaines est en baisse de plus de 50%
par rapport à son plus haut de juin dernier ; Le CAC a ainsi perdu près de 10% en six jours ; les
obligations High Yield US, fortement exposées au secteur de l’énergie offrent maintenant un
rendement supérieur à 9%, car les faillites vont augmenter fortement ; la rouble russe s’est
effondrée, obligeant la banque centrale de Russie à augmenter son taux de base de 10% à 17%
dans la journée ; la hausse du dollar déstabilise les pays émergents dont les sociétés auront du
mal à rembourser leurs emprunts contractés dans la devise américaine.
L’ Europe est entrée dans une phase de reflation lente selon François-Xavier Chauchat de
GaveKal à Paris. La BCE a accordé 130Md€ de prêts à 0,15% sur quatre ans à 306 établissements.
C’est la moitié du chiffre qui pouvait être alloué. Comme les montants empruntés par les banques
ont été faibles, la BCE sera obligée d’annoncer de nouvelles mesures l’année prochaine. Jens
Weidman président de la Bundesbank a une fois de plus expliqué ses réticences à l’égard d’une
nouvelle offensive monétaire voulue par Mario Draghi le président de la BCE. Si aucune mesure
n’est prise, il serait dangereux que les Etats, les entreprises, les ménages et les marchés ne
croient plus dans la capacité de la BCE à faire remonter l’inflation à 2% à moyen terme.
En France, l’économie détruit toujours des emplois. Plus de 55 000 postes ont été encore
supprimés entre juillet et septembre. La vague de faillites reste à un niveau historiquement élevé
(63 000 en 2014 contre 50 000 en 2007). La production industrielle s’inscrit en baisse de 1% sur
les douze derniers mois. La baisse du pétrole n’est pas suffisante pour compenser un marché du
travail qui est structurellement malade. L’année 2015 est partie pour être encore une année
noire.
La Loi Macron ne sera pas suffisante pour relancer l’économie. C’est un ensemble de mesures qui
vont dans la bonne direction, car tout ce qui peut redonner de l’espoir aux jeunes générations et
aux entrepreneurs est positif. Toutefois, la vision pragmatique du ministre de l’économie est en
opposition frontale avec celle de Martine Aubry maire de Lille, qui souhaite mettre en avant un
socialisme français dans lequel « la société est gentille et tout le monde est gentil, car la vraie vie