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6.9. L’économie européenne immunisée contre le ralentissement de la
croissance aux Etats-Unis ?
À
présent que l'économie américaine
se trouve
manifestement dans une phase de
ralentissement de la croissance, la question de savoir si l'économie européenne peut
se
soustraire à cette tendance déflatoire ne fait que s'intensifier.
La
clé semble
se trouver
entre
les mains du consommateur européen qui, malgré une nette amélioration de l'emploi, n'a pas
desserré les cordons de sa
bourse ces dernières années.
Avec une faible croissance du taux d’emploi, une baisse
des commandes de biens durables et des achats de fin
d’année très décevants, il semble clair à présent que
l’économie américaine traverse une période difficile. Au
cours du dernier trimestre de 2007, la croissance
économique aura baissé de près de 1 % et 2008 semble
avoir démarré encore plus mal. La ‚Féderal Reserve’,
voyant les nuages noirs s’amonceler, a baissé ses taux
pour la 3e fois le 22 janvier.
Même s'il ne faut certainement pas le considérer
comme négligeable, l'intérêt du marché américain
pour les exportateurs européens ne doit toutefois pas
être surestimé. Les Etats-Unis représentent quelque
14% de l'exportation totale pour l'ensemble de l'Union
économique et monétaire (UEM) européenne. Pour un
exportateur de biens d'équipement important comme
l'Allemagne, par exemple, le marché américain ne
représente que 9% des exportations. Le fait que
l'expansion dans les marchés de croissance tels que
l'Asie et dans l'UEM proprement dite reste à niveau,
est par conséquent bien plus important pour ces
secteurs.
Ce ralentissement considérable de la croissance dans
l'un des principaux marchés d'exportation n'est
toutefois que l'un des nuages noirs qui s'amoncellent
sur l'horizon conjoncturel européen depuis quelques
mois. Les conditions de crédit se sont sensiblement
dégradées ces derniers mois. Le responsable est la
crise du crédit qui trouve son origine dans le marché
hypothécaire américain, mais qui, via le marché des
produits dérivés, a également contraint un certain
nombre de banques européennes à procéder à de
nombreux amortissements. Les capitaux sont de ce
fait redevenus une denrée très rare dans le paysage
bancaire et les banquiers sont devenus beaucoup
plus stricts pour ce qui est de l'octroi de nouveaux
prêts (voir graphique 1). En outre, la paranoïa qui
existe entre les banques s'est amplifiée, ce qui fait
que le taux en vigueur sur le marché interbancaire a
nettement dépassé le taux de gestion de la BCE et
cela se traduit de facto par un nouveau resserrement
de la gestion des taux d'intérêt.
Un fait non négligeable est également le renforcement
de l'euro. La hausse de l'euro vis-à-vis d'un panier de
partenaires commerciaux importants ces derniers
mois a été moins spectaculaire que l'appréciation par
rapport au dollar américain, mais quand même
significative.
Et puis, il y a encore les prix du pétrole. L’OCDE a
calculé que si les taux de change et les prix du pétrole
restent au niveau de la mi-décembre au cours des
douze prochains mois, cela coûtera à l’Europe environ
un demi-pou cent de croissance économique.
Il ne faut donc pas s'étonner que la plupart des
indicateurs économiques qui servent d'exemple dans
l'Euroland aient fait un sacré plongeon au cours de
ces derniers mois (voir graphique 2). Un chiffre de
croissance comme les 3% qui ont encore été
enregistrés au cours du troisième trimestre de 2007
semble dès lors fort invraisemblable pour les mois
à
venir et la plupart des analystes comptent pour cette
année sur une croissance du PIB de seulement 1,5 à
2 %.
PARADOXE
La question de savoir si le taux de croissance
susmentionné sera supérieur ou inférieur aux
prévisions dépendra en grande partie du
consommateur européen. Force est de constater
qu’au cours de l’accélération de la croissance qu’a
connue l’économie mondiale entre 2005 et 2007, les
économies européennes sont, elles, restées à la
traîne. Les taux de croissance de 3,5 à 4 % qui ont
encore été enregistrés lors des expansions mondiales
antérieures ne pouvaien tplus être atteints. La