Une aubaine pour notre économie

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L'OR NOIR PASSE DANS LE ROUGE : UNE AUBAINE POUR NOTRE
ECONOMIE !
Ces six derniers mois, les prix du pétrole brut ont plongé sur les marchés internationaux. Alors qu'en juillet 2014, le
baril de brut se négociait encore à plus de 100 USD, ce cours est tombé à 46 USD en janvier 2015, soit une baisse
de plus de 50 % sur un semestre. Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette forte perte de valeur.
D'une part, l'économie mondiale ne tourne pas à plein régime. D'autre part, l'offre de pétrole est en hausse, en
raison de l'augmentation de production, décidée principalement par l'Arabie saoudite, mais aussi par la Russie et
l'Iran, et en raison de l'exploitation de gaz de schiste aux États-Unis. On a ainsi induit une offre excédentaire, avec
pour corollaire une correction à la baisse des prix sur les marchés internationaux, dans un souci d'équilibrer l'offre et
la demande.
Source : Factset
Dans tous les cas, cette baisse de prix fait l'affaire de l'économie belge, fortement dépendante des importations de
pétrole brut. Prédire avec certitude l'envergure de ce ballon d'oxygène reste un exercice plus complexe. Tout
dépend de l'ampleur de la baisse de prix et de sa durée. S'il est impossible de formuler des prévisions précises quant
à la durée et à l'ampleur des baisses de prix, il est certain que les marchés financiers s'attendent à ce que le cours
du pétrole brut reste, pendant quelques années, largement sous la barre maximale atteinte en 2014 (106,91 USD
le baril).
Selon les estimations de la BCE et de la BNB, le cours du pétrole a un impact considérable sur le produit intérieur
brut belge (PIB, c.-à-d. la somme de la richesse - salaires et bénéfices - générée annuellement en Belgique). Ces
institutions partent du principe qu'une variation de 10 % du cours du pétrole se traduit par un mouvement du PIB
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de l'ordre de 0,1 % après un an, de 0,3 % après deux ans et de 0,4 % après trois ans. Sur la base de la baisse
attendue du prix du pétrole mentionnée ci-dessus, cela équivaut à une augmentation du PIB belge de 0,6 % à 2 %
après trois ans, par rapport au statu quo de l'or noir. La perte de valeur de l'euro par rapport au billet vert va certes
tempérer, en partie, cet effet, mais il est clair que la baisse de prix est un ballon d'oxygène bienvenu pour notre
économie.
2,5%
Influence sur le PIB
2,0%
1,5%
1,0%
0,5%
0,0%
année 1
année 2
scénario 1: baisse de 50%
année 3
scénario 2 : baisse de 15 %
Qui profite de ces baisses de prix ?
Tout le monde perçoit l'effet de la baisse de prix sur son portefeuille, tout d'abord parce que tous les produits
énergétiques (pas seulement le mazout de chauffage, le diesel, l'essence mais aussi le gaz et l'électricité)
deviennent meilleur marché. Le prix du pétrole a aussi une influence sur le niveau général des prix. Certains de ces
effets (directs) ne tardent pas à se faire sentir. Ainsi, la baisse des prix du pétrole brut est déjà prise en compte
après quatre semaines sur le prix de l'essence, du diesel et du mazout de chauffage. Pour les autres biens de
consommation, tout dépend de la mesure dans laquelle les fabricants seront enclins à répercuter la baisse de leurs
coûts de production sur le prix de vente final (effets indirects). La BCE estime qu'une diminution de 10 % du prix du
pétrole a un impact de 0,1 % après un an et 0,2 % après trois ans sur l'inflation structurelle belge (c.-à-d. l'inflation
hors produits énergétiques ou alimentaires). Selon l'évolution du taux de change EUR/USD, une plongée des prix du
pétrole dans le contexte actuel de faible inflation est donc de nature à occasionner une baisse de prix généralisée.
C'est tout bénéfice pour le revenu disponible des Belges, ce qui pourrait relancer la consommation (dans la mesure,
évidemment, où la population n'épargnerait pas plus).
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Pour les entreprises, la baisse des prix du pétrole est une bonne nouvelle. Elle présente des avantages, tant du
point de vue des coûts que des recettes : la baisse du prix de l'énergie leur permet en effet de produire à moindre
coût, de gonfler leur marge bénéficiaire et d'accroître leur rentabilité. Par ailleurs, l'augmentation du revenu
disponible du consommateur peut doper les ventes globales, avec à la clé un second renfort du bénéfice
d'exploitation. Tous les secteurs ne profitent pas de la même manière de l'aubaine : ceux dont le processus de
production est plus tributaire du pétrole brut (chimie et transport par exemple) ont plus à y gagner que les autres.
Les investisseurs obligataires et les candidats emprunteurs tirent aussi parti des baisses de prix. Comme nous
l'avons déjà dit, la baisse du prix du pétrole endigue l'inflation générale : on s'attend à ce que l'inflation totale
atteigne le degré zéro sur l'ensemble de l'année. On pourrait même enregistrer une vraie déflation au cours des
premiers mois. Cette tendance va totalement à l'inverse de la politique de la BCE, qui a fixé l'objectif inflationniste
proche mais en dessous des 2 % par an. La plongée du prix du pétrole éloigne donc l'inflation réelle de l'ambition
affichée par la BCE. Cette dernière sera donc plus encline qu'auparavant à mettre tous les moyens en œuvre pour
réaliser son objectif. Concrètement, on peut encore tabler sur une baisse du taux (sur toutes les classes d'actifs).
Dans ce contexte, les détenteurs d'obligations dégagent une plus-value complémentaire. Les candidats
emprunteurs qui souhaitent par exemple faire construire, pourront mener leurs projets à bien à moindre coût (la
part de revenu disponible après déduction de la charge d'emprunt sera plus importante et devrait encore doper
davantage la consommation). Les taux bas conduisent à leur tour à un affaiblissement de l'euro par rapport au
dollar, ce qui peut donner un coup de fouet aux exportations et relancer la croissance économique.
Tout le monde y trouverait-il son compte ?
Ce serait trop beau. Les segments et les entreprises du secteur pétrolier, et pas nécessairement le raffinage, et les
entreprises de services du secteur pourraient voir leurs revenus s'amenuiser. Ils investiront et engageront moins.
L'économie paiera donc les pots cassés. Les détenteurs d'actions d'entreprises de ce secteur percevront aussi
l'onde de choc sur la valeur de leur portefeuille.
Les pouvoirs publics ressentiront dans un premier temps une influence négative, vu la baisse des recettes TVA sur
les produits pétroliers. La Fédération pétrolière belge estime le manque à gagner à 220 millions d'euros pour 2015.
Ce n'est pas de bon augure pour le budget de l'État. Heureusement, pour ses dépenses, l'État profite de la baisse
du prix de l'énergie. La baisse des taux est aussi une bonne chose pour la dette publique. Ces deux effets
compensent même le manque à gagner. On peut donc dire que l'État en sort lui aussi gagnant.
En résumé, la baisse du prix du pétrole est un ballon d'oxygène qui tombe à point nommé pour notre économie en
cette période de croissance lente, et ce malgré le spectre de la déflation.
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