Comité de l`antibiogramme* de la Société Française de Microbiologie

Communiqué 1997
*Coordonnateur : Pr C.J. Soussy, Centre Hospitalier
Universitaire Henri Mondor, 94010 Créteil Cedex.
Tél. : 01.49.81.28.31 - Fax : 01 49 81 28 39
Membres : J. Acar, G. Carret, J.D. Cavallo, H. Chardon,
P. Choutet, P. Courvalin, H. Dabernat, H. Drugeon,
L. Dubreuil, F. Goldstein, V. Jarlier, C. Morel,
A. Philippon, B. Rouveix, J. Sirot, C.-J. Soussy, A. Thabaut
Ala suite des recommandations du Comité d'Experts
de la Standardisation biologique de l'OMS (rapports
techniques n° 610, 1977), la Société Française de
Microbiologie a créé un Comité de l'Antibiogramme
(CA-SFM) chargé de proposer les valeurs critiques
qui délimitent les catégories cliniques (antérieure-
ment catégories thérapeutiques). Les concentrations
et diamètres critiques correspondants, ainsi que les
recommandations spécifiques à certaines espèces ou
à certains groupes d'antibiotiques, sont publiés dans
un rapport annuel.
Valeurs critiques pour l’antibiogramme
Les valeurs des concentrations et des diamètres cri-
tiques qui délimitent les catégories résultent de l'in-
tégration de plusieurs données : distribution des CMI
pour les populations de souches sensibles et résis-
tantes appartenant à diverses espèces, concentrations
humorales et tissulaires obtenues avec les posologies
recommandées, confrontation des résultats in vitro et
des résultats cliniques, variabilité statistique des
méthodes utilisées.
Définition des catégories cliniques
Trois catégories cliniques ont été retenues pour l'in-
terprétation des tests de sensibilité in vitro : Sensible
(S), Résistant (R) et sensibilité Intermédiaire (I) :
Sensible
Les souches Ssont celles pour lesquelles la pro-
babilité de succès thérapeutique est acceptable
dans le cas d'un traitement par voie systémique
avec la posologie recommandée.
Résistant
Les souches Rsont celles pour lesquelles il exis-
te une forte probabilité d'échec thérapeutique
quel que soit le type de traitement.
Intermédiaire
Les souches Isont celles pour lesquelles le suc-
cès thérapeutique est imprévisible.
Ces souches forment un ensemble hétérogène pour
lequel la seule valeur de la CMI n'est pas prédictive
de succès thérapeutique :
-elles peuvent présenter un mécanisme de résis-
tance dont l'expression in vitro est faible, pou-
vant entraîner leur classement dans la catégorie
S. Cependant, in vivo, une partie de ces souches
apparaissent résistantes à la thérapeutique. Bien
que les observations cliniques soient partielles
ou inexistantes, un risque d'échec thérapeutique
existe ;
-elles peuvent présenter un mécanisme de résis-
tance dont l'expression n'est pas suffisante pour
justifier un classement dans la catégorie R, mais
qui favorise l'apparition d'une résistance in vivo
en cours de traitement ;
-elles peuvent présenter un mécanisme de résis-
tance dont l'expression n'est pas suffisante pour
justifier un classement dans la catégorie R, mais
qui permet d'espérer un effet thérapeutique dans
certaines conditions (fortes concentrations
locales ou posologies accrues) ;
-la catégorie intermédiaire est aussi une zone tam-
pon qui tient compte des incertitudes techniques
et biologiques (les souches, pour lesquelles les
CMI sont au voisinage des concentrations cri-
tiques, peuvent être, en raison de ces incerti-
tudes, accidentellement catégorisées I).
Le tableau I comprend les valeurs critiques des
concentrations (c,C) et des diamètres d'inhibition
correspondants (D,d) pour les principaux agents
antimicrobiens. L'interprétation en est la suivante :
133 133
Comité de l’antibiogramme*
de la Société Française de Microbiologie
Plan du chapitre
1• Valeurs critiques pour l’antibiogramme
2• Antibiotiques à étudier pour les bactéries
à croissance rapide
3•
Haemophilus influenzae
Etude de l’activité des antibiotiques
CMI (mg/l) Diamètres (mm)
CMI c : souche sensible ; ø D : souche sensible ;
CMI > C : souche résistante ; ø< d : souche résistante ;
c < CMI C : souche intermédiaire. d ø< D : souche intermédiaire.
Il est indispensable de lire attentivement les notes additionnelles.
Comité de l’antibiogramme de la Société Française de Microbiologie
134
Tableau 1 : Concentrations critiques et diamètres critiques correspondants
pour les bactéries à croissance rapide
Antibiotique Concentrations Diamètres Charge
(Dénominations communes) critiques critiques du
(mg/l) (mm) disque
c C D d
Pénicilline G1,2 0,25 > 16 29 < 8 6 µg (10 UI)
Ampicilline3,4 (entérobactéries) 4 > 16 19 < 14 10 µg
Ampicilline + sulbactam5 4 > 16 19 < 14 10 + 10 µg
Amoxicilline2,4 4 > 16 21 < 14 25 µg
Amoxicilline + ac. clavulanique6 4 > 16 21 < 14 20 + 10 µg
Ticarcilline4,7 (entérobactéries et P. aeruginosa) 16 > 64 22 < 18 75 µg
Ticarcilline + ac. clavulanique8(entérobactéries
et P. aeruginosa) 16 > 64 22 < 18 75 + 10 µg
Mezlocilline4 8 > 32 21 < 16 75 µg
Azlocilline (P. aeruginosa) 16 > 64 19 < 13 75 µg
Pipéracilline4,7 - Entérobactéries 8 > 64 20 < 12 75 µg
-P. aeruginosa 16 > 64 18 < 12 75 µg
Pipéracilline + tazobactam9- Entérobactéries 8 > 64 21 < 14 75 + 10 µg
-P. aeruginosa 16 > 64 19 < 14 75 + 10 µg
Oxacilline10 (staphylocoques) 2 > 2 20 < 20 5 µg
Mécillinam19 2 > 8 22 < 18 10 µg
Imipénème2,10 4 > 8 22 < 17 10 µg
Méropénème10 4 > 8 20 < 15 10 µg
Aztréonam12 4 > 32 23 < 17 30 µg
Céfalotine10,11 8 > 32 18 < 12 30 µg
Céfotiam10 4 > 32 22 < 15 30 µg
Céfuroxime2,10 8 > 32 22 < 15 30 µg
Céfamandole10 8 > 32 22 < 15 30 µg
Céfoxitine10 8 > 32 22 < 15 30 µg
Céfotétan10 4 > 32 23 < 17 30 µg
Céfotaxime2,10,12 4 > 32 21 < 15 30 µg
Ceftizoxime10,12 4 > 32 21 < 15 30 µg
Ceftriaxone2,10,12 4 > 32 21 < 15 30 µg
Céfopérazone10 4 > 32 21 < 14 30 µg
Ceftazidime10,12 4 > 32 21 < 15 30 µg
Cefsulodine (P. aeruginosa) 8 > 32 22 < 14 30 µg
Céfépime2,10,12 4 > 32 21 < 15 30 µg
Cefpirome2,10,12 4 > 32 21 < 15 30 µg
Latamoxef10 4 > 32 23 < 17 30 µg
Cefadroxil10 8 > 32 18 < 12 30 µg
Cefalexine10 8 > 32 18 < 12 30 µg
Cefradine10 8 > 32 18 < 12 30 µg
Céfaclor10 2 > 8 22 < 16 10 µg
Céfatrizine10 2 > 8 22 < 15 10 µg
Loracarbef10 2 > 8 23 < 14 10 µg
Cefotiam-héxétil10 1 > 2 22 < 19 10 µg
Céfuroxime-axétil2,10 1 > 4 26 < 20 10 µg
Céfixime10,12 1 > 2 25 < 22 10 µg
Cefpodoxime-proxétil10,12 1 > 2 24 < 21 10 µg
Les valeurs indiquées en italiques sont provisoires.
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135
Notes :
1. Interprétation valable pour la pénicilline G et la
phénoxyméthyl-pénicilline. Les souches de sta-
phylocoques productrices de pénicillinase sont
résistantes à la pénicilline G et aux autres péni-
cillines hydrolysables (amino-, carboxy- et uréi-
do-pénicillines). Seule la pénicilline G doit être
testée.
2. La sensibilité des pneumocoques à la pénicilline
G est mieux définie à l'aide d'un disque d'oxacil-
line 5 µg (OXA-5) selon les critères suivants :
diamètre OXA-5 26 mm : souche sensible
à pénicilline G
Cette interprétation est prédictive de l'activi-
té des autres ß-lactamines
diamètre OXA-5 < 26 mm : souche I ou R à
pénicilline G
Ce test ne permet pas de distinguer les souches I
(BNR, bas niveau de résistance) des souches R
(HNR, haut niveau de résistance) à la pénicilline G,
ni le niveau de résistance acquise, de façon croisée
mais variable, aux autres ß-lactamines.
La méthode des disques ne peut être utilisée pour
déterminer valablement l'activité in vitro des ß-lacta-
mines sur les souches OXA-5 < 26 mm.
En cas d’infection sévère, d’échec clinique ou
devant toute souche de sensibilité diminuée (OXA-5
< 26 mm), il y a lieu de déterminer la CMI de la
pénicilline G et celle des ß-lactamines dont les pro-
priétés pharmacologiques sont compatibles avec une
efficacité thérapeutique : amoxicilline, imipénème,
céfuroxime, céfotaxime, ceftriaxone, céfépime, cef-
pirome. Les concentrations critiques définies dans le
tableau ci-dessous sont valables pour une adminis-
tration par voie parentérale et, à titre provisoire, pour
les formes orales d’amoxicilline et de céfuroxime.
L’interprétation des CMI (mg/l) se fait ainsi :
3. Interprétation valable pour bacampicilline,
métampicilline, pivampicilline.
4. Les souches de Klebsiella sp. produisent une
ß-lactamase naturelle à faible niveau inactivant
les amino-, carboxy- et uréido-pénicillines. Elles
peuvent apparaître sensibles aux carboxy- et/ou
uréido-pénicillines. Dans ce cas, la réponse
interprétée doit être "intermédiaire".
5. Concentrations critiques d'ampicilline avec une
concentration fixe de 8 mg/l de sulbactam.
6. Concentrations critiques d'amoxicilline avec une
concentration fixe de 2 mg/l d'acide clavula-
nique.
7. Résultat valable pour traitement intraveineux.
8. Concentrations critiques de ticarcilline avec une
concentration fixe de 2 mg/l d'acide clavula-
nique.
9. Concentrations critiques de pipéracilline avec
une concentration fixe de 4 mg/l de tazobactam.
10. La résistance des staphylocoques aux isoxazolyl-
pénicillines (oxacilline, cloxacilline, dicloxacil-
line), molécules stables aux pénicillinases, doit
être recherchée à l'aide d'un disque d'oxacilline
5 µg après incubation de 24 h à 30°C, ou à 37°C
sur milieu hypersalé.
Après 24 h, la croissance des staphylocoques
coagulase négative peut être faible dans les
conditions précitées.
Dans ce cas, le test sera effectué avec un inocu-
lum de 107UFC/ml, ou l'incubation sera pro-
longée jusqu'à 48 h.
Les souches résistantes à l'oxacilline doivent être
rapportées résistantes à toutes les pénicillines
(associées ou non à un inhibiteur de ß-lactama-
se), aux céphalosporines et aux carbapénèmes,
même s'il existe une sensibilité apparente in
vitro, car la réponse au traitement, avec ces
ß-lactamines, est défavorable.
11. Interprétation valable pour les autres céphalo-
sporines injectables de 1re génération.
12. Pour les entérobactéries (en particulier
Klebsiella pneumoniae) productrices d’une
ß-lactamase à spectre étendu (ßLSE) entrant
dans la catégorie sensible, la réponse doit être
intermédiaire. La détection d’une ßLSE repose
sur la mise en évidence d’une synergie entre une
céphalosporine de 3egénération (ceftazidime, de
préférence) et/ou l’aztréonam et un inhibiteur
enzymatique (acide clavulanique, de préféren-
ce). L’utilisation de céfépime ou cefpirome est
plus appropriée à la détection de ßLSE pour les
souches également hyperproductrices de cépha-
losporinase (Enterobacter, par exemple). En pra-
tique, le test de synergie est réalisé à l’aide d’un
disque d'Augmentin®placé à 3 cm (centre à
centre) des disques des ß-lactamines ci-dessus.
S I (BNR) R (HNR)
Pénicilline G 0,06 0,12-1 > 1
Autres ß-lactamines
sus-citées (cf. texte) 0,5 1-2 > 2
Comité de l’antibiogramme de la Société Française de Microbiologie
Notes :
13. Interprétation valable pour néomycine, framycé-
tine, paromomycine.
14. Seuls les disques fortement chargés de strepto-
mycine (S), kanamycine (K) et gentamicine (G)
doivent être utilisés pour les streptocoques et
entérocoques, espèces naturellement résistantes
à bas niveau (BNR) aux aminosides. Ils permet-
tent de détecter une résistance acquise à haut
niveau (HNR) aux aminosides qui abolit l'effet
synergique bactéricide de leur association avec
les ß-lactamines.
Interprétation des résultats :
SBNR, KBNR et GBNR (CMI c) : synergie
possible avec les ß-lactamines
SHNR : les autres aminosides sont utilisables en
association avec les ß-lactamines
KHNR : kanamycine, amikacine et isépamicine
ne peuvent être utilisées
GHNR : kanamycine, tobramycine, dibékacine,
gentamicine, sisomicine, amikacine, isépamicine
et nétilmicine ne peuvent être utilisées. Pour les
valeurs "intermédiaires" des diamètres, le niveau
de résistance devra être confirmé par dilution en
agar ou en bouillon contenant 1 000 µg/ml de
S, K ou G. Les combinaisons SHNR + KHNR,
KHNR + GHNR et SHNR + KHNR + GHNR
sont possibles.
136
Tableau 1 (suite) : Concentrations critiques et diamètres critiques correspondants
pour les bactéries à croissance rapide
Antibiotique Concentrations Diamètres Charge
(Dénominations communes) critiques critiques du
(mg/l) (mm) disque
c C D d
Streptomycine14
streptocoques, entérocoques 250 > 500 14 < 12 500 µg
autres bactéries 8 > 16 15 < 13 10 UI
Kanamycine13,14
streptocoques, entérocoques 250 > 500 14 < 10 1 000 µg
autres bactéries 8 > 16 17 < 15 30 UI
Tobramycine14 4 > 8 16 < 14 10 µg
Dibékacine14 4 > 8 16 < 14 10 µg
Amikacine14 8 > 16 17 < 15 30 µg
Isépamicine14 8 > 16 17 < 15 30 µg
Gentamicine14
streptocoques, entérocoques 250 > 500 17 < 11 500 µg
autres bactéries 4 > 8 16 < 14 15 µg (10 UI)
Sisomicine14 4 > 8 16 < 14 10 µg
Nétilmicine14 4 > 8 19 < 17 30 µg
Spectinomycine (gonocoque) 64 > 64 100 µg
Notes :
15. Interprétation valable pour thiamphénicol.
16. Interprétation valable pour roxithromycine et
clarithromycine.
17. Interprétation valable pour josamycine et midé-
camycine.
Comité de l’antibiogramme de la Société Française de Microbiologie
137
Tableau 1 (suite) : Concentrations critiques et diamètres critiques correspondants
pour les bactéries à croissance rapide
Antibiotique Concentrations Diamètres Charge
(Dénominations communes) critiques critiques du
(mg/l) (mm) disque
c C D d
Chloramphénicol15 8 > 16 23 < 19 30 µg
Tétracycline, Oxytétracycline 4 > 8 19 < 17 30 UI
Doxycycline 4 > 8 19 < 17 30 UI
Minocycline 4 > 8 19 < 17 30 UI
Erythromycine16 1 > 4 22 < 17 15 UI
Dirithromycine 0,12 > 4 28 < 16 15 µg
Azithromycine 0,12 > 4 32 < 19 15 µg
Spiramycine17 1 > 4 24 < 19 100 µg
Lincomycine 2 > 8 21 < 17 15 µg
Clindamycine 2 > 2 15 > 15 2 UI
Pristinamycine 2 > 2 19 < 19 15 µg
Virginiamycine 2 > 2 19 < 19 15 µg
Tableau 1 (suite) : Concentrations critiques et diamètres critiques correspondants
pour les bactéries à croissance rapide
Antibiotique Concentrations Diamètres Charge
(Dénominations communes) critiques critiques du
(mg/l) (mm) disque
c C D d
Bacitracine 2 > 2 15 < 15 130 µg
Colistine18 2 > 2 15 < 15 50 µg
Sulfamides19 100 > 350 17 < 12 200 µg
Triméthoprime19 4 > 8 16 < 12 5 µg
Triméthoprime + sulfaméthoxazole20
(cotrimoxazole) 2/38 > 8/152 16 < 10 1,25 + 23,75 µg
Furanes19 25 > 100 17 < 14 300 µg
Notes :
18. Interprétation valable pour les autres poly-
myxines.
19. Interprétation valable uniquement pour les bac-
téries isolées dans les infections urinaires.
20. Interprétation valable pour les autres associa-
tions triméthoprime-sulfamide.
1 / 10 100%

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