w SERM : concept et mécanismes d`action

publicité
D
O
S
S
I
E
R
▼ SERM : concept et mécanismes d’action
● P. Pujol*, T. Maudelonde*
MOTS
CLÉS
Récepteurs des estrogènes, SERM, effets agonistes, spécificité tissulaire, cofacteurs.
RÉSUMÉ
Les modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes (SERM) représentent un nouveau concept de
traitement ciblé sur les récepteurs des estrogènes (RE). Les effets prolifératifs des estrogènes dans les
cancers du sein ont conduit dans un premier temps au développement de molécules à activité antiestrogénique tel que le tamoxifène. La découverte des effets agonistes estrogéniques spécifiques d’un
tissu ou d’un gène cible de ces composés, et parfois délétères (induction de cancer de l’endomètre par le
tamoxifène), a par la suite mené à rechercher de nouvelles molécules possédant des effets plus sélectifs.
Le terme de “SERM” a émergé lors du développement pharmacologique d’autres anti-estrogènes, tels
que le raloxifène. Celui-ci a été commercialisé pour ses effets agonistes sur l’os dans le traitement de
l’ostéoporose postménopausique alors qu’il est antagoniste au niveau du sein et paraît dépourvu d’effets
sur l’endomètre. Le concept de SERM peut s’élargir à toutes molécules endogènes, exogènes ou environnementales, susceptibles de se lier au RE et d’induire des effets agonistes et/ou antagonistes des estrogènes. Les connaissances portant sur les mécanismes moléculaires de la modulation de ces effets différents en fonction de la cible ont bénéficié d’avancées récentes dans trois domaines fondamentaux :
l’existence de deux formes α et β des RE, la caractérisation de protéines régulatrices de la transcription
associées aux récepteurs nucléaires (cofacteurs) et la cristallographie du complexe RE-ligand. La distribution tissulaire spécifique des REα et β, ainsi que leur affinité respective variable selon le ligand, les cofacteurs transcriptionnels associés (co-activateurs ou co-inhibiteurs) et la structure tridimensionnelle du
complexe SERM-RE, sont donc autant de facteurs modulateurs de l’action d’un SERM.
Les connaissances acquises sur les mécanismes de modulation des RE vont de pair avec l’élaboration
de nouveaux SERM, c’est-à-dire de composés à action estrogénique variable en fonction du tissu.
Les composés idéaux devront conserver un effet estrogénique sur certains tissus cibles (os, cœur
et vaisseaux, cerveau…) tout en étant antagonistes ou neutres au niveau du sein et de l’endomètre.
L
es estrogènes interviennent dans le développement et
la régulation des tissus gynécologiques (sein, utérus,
ovaire) mais aussi dans celui d’un grand nombre
d’autres tissus. Leur action biologique au niveau des cellules
cibles passe par leur liaison à des protéines nucléaires réceptrices, les récepteurs aux estrogènes (RE) (38, 39). Les RE sont
* Laboratoire de biologie cellulaire, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU de
Montpellier, 371, avenue du Doyen-G.-Giraud, 34295 Montpellier Cedex 5 ;
INSERM U540, 70, rue de Navacelles, 34090 Montpellier.
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
des régulateurs transcriptionnels capables de moduler la production de facteurs intervenant dans la prolifération et la différenciation cellulaire. Leur participation dans la cancérogenèse
de certains tissus cibles est bien démontrée (sein, utérus). Les
travaux de Lacassagne dans les années 1930 ont mis en évidence une relation entre les estrogènes et le développement des
cancers du sein (52). Il a fallu attendre la découverte du premier récepteur des estrogènes (REα) (39) pour développer les
premières molécules anti-estrogéniques (MER 25, nafoxidine,
29
D
O
S
S
I
E
clomiphène, tamoxifène…). Le tamoxifène, depuis les années
1970, est devenu le traitement antihormonal de référence pour
tous les stades du cancer du sein. L’expérience clinique du
tamoxifène représente 10 millions de femmes-années (avec
actuellement environ 1 million de femmes traitées dans le
monde) (43). Les études in vitro (28) ainsi que les dernières
méta-analyses concernant le produit ont permis de mettre en
évidence des activités agonistes, in vivo, qui ont une spécificité tissulaire (16, 17). Les effets délétères du tamoxifène au
niveau de l’utérus ont incité les pharmacologues à rechercher
d’autres molécules possédant ses avantages sans ses inconvénients. Le terme d’“anti-estrogène” n’étant plus approprié, ces
molécules sont maintenant désignées sous le terme de SERM
(Selective Estrogen Receptor Modulator). Les connaissances
acquises sur le mécanisme d’action des estrogènes permettent
de mieux appréhender les caractéristiques biochimiques les
plus adaptées à leurs indications spécifiques. Il s’agit d’une
thérapeutique ciblée sur une famille de protéines bien définie :
les récepteurs aux estrogènes. Leurs indications principales
pourraient être le traitement des cancers du sein (préventif et
adjuvant) et une nouvelle approche du traitement de la ménopause.
R
d’autres, comme les cellules endothéliales des vaisseaux, c’est
la forme β qui est prépondérante. Des études récentes menées
dans notre laboratoire et par d’autres équipes permettent de
penser que la forme α pourrait être liée à la prolifération cellulaire induite par les estrogènes alors que la forme ß serait plus
investie dans le processus de différenciation dépendant des
estrogènes (63, 49).
Structure
La structure primaire des RE est organisée en 6 domaines (de
A à F) (figure 2) dont les fonctions sont bien définies (80).
α
Domaines fonctionnels AF1
1
185
protéine
A/B
D
96 % 29 %
A/B
C
96
D
161 202
512
E
F
50 %
17 %
E
F
595
477
447
β
Il existe deux formes de RE, le REα et le REβ. Leurs gènes
sont situés sur 2 chromosomes différents : le chromosome 6
pour le REα et le chromosome 14 pour le gène du REβ (19).
Ils appartiennent à une grande famille de protéines nucléaires
(plus de 150 membres) qui sont des facteurs de régulation de la
transcription.
Localisation tissulaire
Les REα et les REβ ont une distribution non uniforme dans les
différents tissus cibles (18) (figure 1). Certains organes,
comme le sein et l’utérus, possèdent plus de REα. Pour
α
Sein
Foie
Utérus
β
Vaisseaux
Os
Poumon
Tractus urogénital
α et β
Système nerveux central
Ovaire
■α
Figure 1. Distribution tissulaire des REα et REβ.
30
E2/AF2
250 302
C
Pourcentage homologie 17 %
1
LES RÉCEPTEURS AUX ESTROGÈNES
ADN
■β
Figure 2. Relation structure fonction des RE.
Deux régions sont responsables de l’activité régulatrice de la
transcription du RE :
– le domaine A/B a une fonction régulatrice, dite AF1, qui
serait dépendante du tissu et serait activée dès que le RE se
fixe sur l’ADN quel que soit le ligand (composé qui lie le
RE) ;
– la région E/F est la région de liaison des ligands physiologiques (estradiol) et par extension des SERM. Elle est aussi
responsable d’une activité régulatrice AF2 qui va dépendre du
composé qui est lié au récepteur. La faible homologie de
séquence des 2 isoformes du RE dans les régions AF1 et AF2
suggère que leurs fonctions biologiques pourraient être différentes ;
– la région C est le domaine de liaison à l’ADN. Il se lie à des
régions spécifiques du RE appelées “éléments de réponse aux
estrogènes” (ERE) et qui sont situées dans les régions régulatrices des gènes dont la transcription dépend des estrogènes.
Activation du RE
En l’absence d’hormone, le RE est sous la forme d’un complexe oligomérique inactif, lié à un certain nombre de protéines incluant des protéines chaperonnes (certaines sont des
protéines de choc thermique) qui ont pour rôle de maintenir le
RE dans une conformation propice à sa liaison aux estrogènes.
Lorsque l’estradiol se lie au RE, les molécules chaperonnes
s’en détachent, lui permettant ainsi, après sa dimérisation,
d’assurer sa fonction de régulateur transcriptionnel soit en se
liant à l’ADN sur des ERE (figure 3), soit en modulant l’activité d’autres facteurs transcriptionnels.
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
(E2)
(RLX)
Ligands des RE
ER
α/β
cofacteurs
dimérisation
ERE
Transcription
ADN
ARNm
Figure 3. Activation transcriptionnelle des RE.
Au niveau moléculaire
Le complexe RE-E2 dimérisé et lié à l’ADN pourrait, soit
entrer en contact direct avec le complexe général de transcription (ARN-polymérase et facteurs transcriptionnels), soit agir
indirectement par interaction avec des protéines intermédiaires
appelées cofacteurs (44). Ces protéines interfèrent avec tous
les récepteurs nucléaires et favorisent (co-activateurs) ou inhibent (co-inhibiteurs) l’activité transcriptionnelle AF2 (80). Un
de leurs rôles serait, respectivement, d’acétyler ou de désacétyler les histones autour desquelles sont enroulés les gènes à
transcrire. Une fois acétylées, les histones permettent le déroulement de l’ADN qui peut entrer en contact avec les protéines
constituant la machinerie transcriptionnelle. Quel que soit le
mécanisme, ces événements vont entraîner la stabilisation du
complexe de pré-initiation et une modification de l’expression
du gène régulé. Une majorité des co-activateurs (exemple :
CBP, RIP140) mis en évidence à ce jour peuvent se lier au RE
activé par l’E2 (figure 4). Ainsi une balance entre co-activa-
[RIP 140]
acétylation des histones
déstabilisation du nucléosome
CBP/p300 activation de la transcription
p/CAF
SRC-1
teurs et co-inhibiteurs pourrait-elle être responsable des effets
agonistes partiels des anti-estrogènes selon les tissus (utérus,
os, cardiovasculaire…).
Nos connaissances du mécanisme d’action du REα au niveau
de l’AF2 ont largement progressé grâce aux études de cristallographie de la région de liaison à l’hormone avec ou sans ligand
(6). Ce domaine est formé de 12 hélices α et de 2 feuillets β
formant une poche dans laquelle se loge l’estradiol ou tout
autre composé ayant une affinité pour le REα. L’extrémité C
terminale comporte l’hélice H12 qui, lors de la liaison de l’hormone, se replie sur la poche de liaison en découvrant probablement des sites de liaison pour différents co-activateurs (RIP140,
SRC1, ...). L’activité agoniste d’une molécule n’est donc pas
corrélée à son affinité pour le RE. Il semblerait plutôt qu’elle
dépende de la faculté qu’a le produit en question de placer
l’hélice H12 dans la même configuration que l’estradiol.
Comme l’activité AF1 ou l’activité AF2 paraissent être suffisantes à l’action du RE dans certaines conditions tandis que les
2 sont nécessaires dans d’autres, il est possible que le rôle du
RE dans des cellules différentes ne soit pas le même. Le RE
peut ainsi réguler la transcription par des voies indirectes. Il
peut médier la transcription non seulement en se fixant sur les
ERE mais aussi en interagissant avec les complexes AP1 (79).
Cette voie semble importante dans le mécanisme d’action des
anti-estrogènes (12, 61).
Les isoformes α et β pourraient avoir des fonctions différentes.
En effet, des expériences in vitro utilisant le site AP1 comme
élément de régulation transcriptionnelle, montrent que l’estradiol, via le REα, stimule cette activité transcriptionnelle alors
que, via le REβ, il l’inhibe (60).
Au niveau cellulaire
En fait, l’activité de ces RE peut être modulée par un grand
nombre d’intervenants qui agissent de différentes manières :
par une diminution de sa synthèse comme le font certains produits naturels de l’organisme tels que les androgènes ou la progestérone ; par une activation via des phosphorylations
induites notamment par les facteurs de croissance ; en se liant
sur le site de liaison hormonale. Ce dernier mécanisme ne produit pas systématiquement un effet biologique de type estrogénique. Selon la structure biochimique du composé utilisé,
l’action induite pourra être estrogénique (agoniste), anti-estrogénique pur (antagoniste), agoniste partiel selon le tissu
(exemple : le tamoxifène), voire spécifique du composé
(exemple : l’effet antifacteur de croissance du tamoxifène).
+ Hormone
TAFs
TBP
ARN Pol II
TATA box
+ antihormone
Sin3
N-CoR
SMRT
HDAC
désacétylation des histones
compaction du nucléosome
répression de la transcription
Figure 4. Cofacteurs transcriptionnels.
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
CLASSIFICATION DES SERM
On peut les classer de deux manières. L’une est restreinte et ne
concerne que les dérivés non stéroïdiens de synthèse qui ont
des effets à la fois agonistes et antagonistes. L’autre généralise
le concept et considère que toute molécule capable de lier le
RE et de moduler son activité transcriptionnelle peut être
considérée comme un SERM. Classiquement, on établissait
une relation entre l’affinité d’un produit pour le RE et son effet
biologique. Les connaissances actuelles permettent de penser
31
D
O
S
S
I
E
que si l’affinité joue certes un rôle important pour la liaison
compétitive avec le RE, les effets agonistes ou antagonistes
sont plutôt liés à la conformation du RE adoptée après la liaison du ligand considéré. Ces effets sont évalués par des tests in
vitro faisant appel à la culture de cellules, à des techniques de
biologie moléculaire (exemple : expériences de transfection) et
à des études chez l’animal, avant d’être testés cliniquement
(1, 54, 55). Une représentation biochimique des principaux
SERM utilisés en clinique est donnée dans la figure 5.
N
OH
N
O
O
N
HO
I
OH
CI
Estradiol
N
O
Torémifène
O
O
O
Droloxifène
Tamoxifène
HO
Raloxifène
(CH2)9 SOC5H4F7
ICI 182,780
Figure 5. Structure biochimique de l’estradiol et des SERM.
Classification restreinte aux composés non stéroïdiens
Les SERM de première génération sont essentiellement les
anti-estrogènes utilisés comme inducteur de l’ovulation (clomifène) ou pour traiter les cancers du sein. Le plus utilisé est le
tamoxifène. D’autres produits ont été conçus par la suite pour
retrouver ses qualités tout en évitant ses inconvénients. Au
niveau du sein, ces composés agissent non seulement comme
des anti-estrogènes, mais aussi comme des “antifacteurs de
croissance”. Au niveau de ce tissu, ils doivent donc être considérés principalement comme des agents antiprolifératifs dont
l’effet est “médié” par le RE.
Les composés triphényléthyléniques (SERM 1)
Ils sont dérivés du diéthylstilbestrol (DES) et ont été primitivement synthétisés pour obtenir une activité contraceptive (36).
L’activité anti-estrogénique observée sur les cellules tumorales
mammaires de rates (41) a incité à les utiliser dans les cancers
du sein. Le mieux toléré de ces premiers composés sur des
longues périodes fut le tamoxifène dans sa forme trans.
Au niveau moléculaire et cellulaire
Le mécanisme d’action du tamoxifène reste encore assez mal
connu. Ses effets agonistes vont dépendre du type cellulaire,
du voisinage de l’ERE sur l’ADN et de l’isoforme du RE (78).
Le tamoxifène se lie aux RE avec une affinité 100 fois plus
faible que l’estradiol, mais très voisine pour les formes α et β
(50). Il induit la dimérisation du RE et sa liaison à l’ADN. Les
activités transcriptionnelles liées à AF1 seront alors induites,
32
pouvant expliquer les activités estrogéniques partielles du produit. En revanche, celles qui sont liées à la région AF2 sont
inhibées. Du fait d’un mauvais repliement de l’hélice H12 du
domaine de liaison à l’hormone (70), les co-activateurs qui s’y
fixent normalement ne vont plus la reconnaître (RIP140, TIF1)
(7). D’autres co-activateurs ou co-inhibiteurs (exemple :
SMRT) (72) peuvent cependant se fixer sur le RE et induire
des activités transcriptionnelles propres au tamoxifène (24).
Celles-ci peuvent être responsables de l’activité antifacteur de
croissance du tamoxifène.
En culture de cellules tumorales mammaires, il inhibe la prolifération cellulaire par un effet cytostatique avec un blocage du
cycle cellulaire en G0/G1 ainsi que l’apparition d’une apoptose (2) qui s’accompagne de modifications de l’expression de
gènes comme celui de bcl-2 ou c-myc. Si l’effet global est
antiprolifératif au niveau du sein, le tamoxifène a des effets
estrogéniques sur certains gènes (exemple : le récepteur de la
progestérone, la cathepsine D…) et dans certains tissus. Il stimule ainsi la prolifération de lignées de cellules cancéreuses
endométriales (28).
OH
N
OH
HO
Idoxifène
R
Au niveau de l’organisme
Le tamoxifène s’oppose à l’effet des estrogènes sur la prolifération cellulaire mammaire. Son effet biologique est long car sa
demi-vie est de 7 jours. Il agit comme une antihormone et
comme une prodrogue puisqu’il se métabolise partiellement
(1 à 3 %) en un produit plus actif, le 4-hydroxytamoxifène qui a
une affinité 100 fois plus grande pour le RE. Il est largement
utilisé dans le traitement adjuvant des cancers du sein de la
femme ménopausée. Dans les cancers du sein avancés ayant
des RE, il permet d’obtenir 50 à 60 % de rémission. En traitement adjuvant d’une durée de 5 ans, il améliore à 10 ans l’intervalle libre de récidive (47 %) et la survie globale (26 %) chez la
femme présentant un cancer du sein avec des récepteurs aux
estrogènes aussi bien en pré- qu’en postménopause (17).
De plus, il diminue l’incidence d’apparition d’un nouveau cancer du sein controlatéral. En traitement préventif, son effet est
discuté, mais l’étude la plus structurée comportant le plus
grand nombre de sujets suivis sur 4 ans, montre une diminution de 47 % de l’apparition de cancer du sein (17).
Lors du traitement adjuvant par le tamoxifène des cancers du
sein RE positifs (RE +), ce même groupe montre une diminution de 15 % de la mortalité de cause coronarienne par rapport
à une population contrôle. Son effet sur la mortalité due à
d’autres causes vasculaires est un peu plus faible. Son activité
agoniste sur les facteurs de risque cardiovasculaire a été largement documentée (cholestérol, LDL…). Il en est de même de
son effet protecteur contre l’ostéoporose chez la femme ménopausée (62). En revanche, chez la femme en préménopause, il
semblerait, pour certains auteurs, qu’il induise la résorption
osseuse (62, 26). Ce phénomène pouvant s’expliquer par le fait
qu’une molécule à faible effet estrogénique (le tamoxifène)
déplace une molécule à effet estrogénique fort.
Le tamoxifène n’est pas dépourvu d’effets secondaires. Si la
plupart sont bénins (bouffées de chaleur, troubles digestifs…),
justifiant la réputation de bonne tolérance du produit, d’autres
peuvent avoir un retentissement plus important sur la santé. Le
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
tamoxifène augmente ainsi le risque d’apparition d’un cancer
de l’endomètre dont le risque relatif est de 2,2 (65). De plus,
des résistances au tamoxifène peuvent se développer ou exister
d’emblée. Les traitements de longue durée semblent aussi augmenter le risque de thrombose veineuse (22, 42).
Afin de pallier ces inconvénients, les laboratoires se sont
orientés vers deux grandes voies :
– la synthèse de stéroïdes anti-estrogéniques purs dépourvus
d’effets agonistes plutôt réservés pour les cancers du sein
avancés ;
– le développement de molécules de structure proche de celle
du tamoxifène qui posséderaient des effets agonistes bénéfiques sur l’os, le système cardiovasculaire et le système nerveux notamment, mais des effets anti-estrogéniques sur le sein
et l’utérus. Les études in vitro de ces produits se font en les
comparant non seulement aux estrogènes mais aussi au
tamoxifène ou à son métabolite le plus actif (le 4-hydroxytamoxifène). Ces produits pourraient s’appeler “les SERM de
seconde génération”.
Les SERM de seconde génération (SERM 2)
C’est la seconde génération de molécules avec des effets antagonistes (ou moins agonistes) des estrogènes plus importants
que le tamoxifène sur le sein et l’endomètre, et des effets agonistes sur les autres tissus cibles en particulier l’os et les cellules endothéliales vasculaires.
Certains sont dérivés du tamoxifène par de simples modifications de sa structure et ont été commercialisés pour traiter les
cancers du sein.
● Le droloxifène (3-hydroxytamoxifène)
Ce dérivé du tamoxifène a une affinité dix fois supérieure à
celle du tamoxifène pour le RE (20, 45). Ses effets sur les tissus ont été comparés à ceux du tamoxifène et des estrogènes in
vitro. Il agirait au niveau du sein peut-être en stimulant l’apoptose, sans doute en augmentant l’expression du TP53 (29). Il
est aussi capable d’inhiber la prolifération de la lignée MCF-7
(cellules mammaires cancéreuses RE+) en stimulant l’expression du TGFβ (48). Les études faites chez la rate ont montré
que ce produit bloquait l’ostéoporose en diminuant la formation des ostéoclastes (29). Par ailleurs, il exerce un effet utérotrophique moins important que le tamoxifène chez la rate (45).
Chez l’humain, il a une demi-vie de 24 heures, plus courte que
celle du tamoxifène (33). Il est utilisé avec de bons résultats
dans le traitement des cancers du sein avancés de la femme
ménopausée (5, 64) et a une activité estrogénique plus faible
sur l’endomètre que le tamoxifène. Ses effets n’ont pas été étudiés dans d’autres tissus.
● L’idoxifène
C’est un anti-estrogène apparenté au tamoxifène qui a été utilisé dans le traitement des cancers du sein avancés (10). Il a
une affinité pour le REα deux fois supérieure à celle du
tamoxifène, mais son pouvoir anti-estrogénique est 10 fois
inférieur, tout en ayant un effet agoniste plus faible sur l’endomètre (8). Sur les xénogreffes de cellules mammaires cancéreuses chez la souris athymique ovariectomisée, l’idoxifène
induit moins de résistance que le tamoxifène (40).
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
● Le torémifène
C’est aussi un dérivé du tamoxifène qui a un pouvoir antiestrogénique plus faible. Il a des effets agonistes partiels sur
l’endomètre, similaires à ceux que produisent le tamoxifène
(73). Il s’est montré efficace dans le traitement des cancers du
sein avancés ayant des RE et dans les cancers du sein résistant
au tamoxifène (25, 35). Il améliore le profil lipidique et protégerait de l’ostéoporose (66).
D’autres composés présentent des caractéristiques structurales
plus éloignées comme les naphtolènes, les benzothiophènes.
Le plus étudié d’entre eux est le raloxifène qui a été développé, tout d’abord, pour traiter l’ostéoporose ménopausique.
● Le raloxifène
Le raloxifène (anciennement appelé kéoxifène) est un produit
non stéroïdien ayant une structure benzothiophène.
Au niveau moléculaire et cellulaire
Les études cristallographiques du REα montrent que le raloxifène empêche le recouvrement de la “poche” par l’hélice H12
(partie de la région AF2), ce qui conduit à une absence de
reconnaissance par les co-activateurs du complexe REαraloxifène (6). La fixation de la chaîne latérale du raloxifène à
l’asp 351 est étroitement liée à son potentiel anti-estrogénique.
En effet, lorsqu’on fait une mutagenèse dirigée pour transformer cet asp 351 du REα en tyrosine, le raloxifène, en se liant
au REα muté, induit alors une configuration spatiale identique
à celle provoquée par la liaison de l’estradiol et produit un
effet estrogénique (53). Il est possible que le complexe REαraloxifène puisse se lier à un co-inhibiteur non reconnu par le
complexe REα-E2 comme il l’a été montré pour les complexes
REα-tamoxifène (72) et REα-ICI 182,780 (37).
Un deuxième niveau de différence d’action se situe au sein de
la région de l’ADN sur laquelle se fixe le complexe RE-raloxifène. Il peut se lier à l’ADN sur un endroit différent de l’ERE.
Il active in vitro la transcription du TGF- β3 par le biais d’une
séquence de polypurine appelée “élément de réponse au raloxifène” (RRE) (81) localisée dans la région 5’ non transcrite du
gène et qui n’est pas reconnue par le complexe RE-E2. L’interaction du récepteur avec cette région semble se faire par
l’intermédiaire d’une protéine co-activatrice et pourrait être un
des mécanismes de la sélectivité tissulaire des effets estrogéniques du raloxifène.
Le complexe RE-ligand est aussi capable de se lier au complexe AP1. En fonction du type de RE qui est lié par le raloxifène, le complexe RE-raloxifène peut avoir des effets opposés.
In vitro, les études de transfection, dans des lignées de cellules
cancéreuses (HeLa, MCF-7), d’un gène rapporteur possédant
un site AP1 dans sa région régulatrice, montrent que le raloxifène, en se fixant au REα n’induit qu’une faible activité transcriptionnelle comparable à celle des anti-estrogènes purs mais
moins importante que celle induite par l’E2 ou le tamoxifène
(60). En revanche, en présence du REβ, il activera le processus
transcriptionnel, tout comme le tamoxifène, alors que l’E2 est
dépourvu d’effet. La différence d’activité anti-estrogénique du
raloxifène par rapport au tamoxifène provient probablement de
l’orientation différente de la chaîne latérale de ces deux molécules dans l’espace (32) induisant possiblement des conforma33
D
O
S
S
I
E
tions différentes du domaine de liaison à l’hormone du RE, en
particulier de son hélice H12. Des co-activateurs ou des corépresseurs différents pourraient alors être reconnus.
Dans l’ensemble des études faites in vitro et chez l’animal, l’effet
du raloxifène est plutôt antagoniste sur le sein et l’utérus. In vitro,
en culture de cellules mammaires cancéreuses (MCF-7), le
raloxifène inhibe la prolifération cellulaire induite par les estrogènes (76). Cependant il paraît moins efficace que le tamoxifène
pour inhiber la croissance d’un cancer du sein chez la rate (27).
Chez la souris athymique, le raloxifène a un effet estrogénique
plus faible que le tamoxifène sur la croissance d’une lignée de
cellules endométriales cancéreuses (EnCa101) et s’oppose à
l’effet estrogénique du tamoxifène (28). Sur l’utérus, le raloxifène est en revanche capable de neutraliser l’effet prolifératif des
estrogènes et du tamoxifène (4, 27). Enfin, en cultures de cellules
humaines ostéoblastiques (21) et nerveuses RE + (59), le raloxifène a les mêmes effets que l’estradiol.
Au niveau de l’organisme
Il a une demi-vie de 7,7 jours, peu différente de celle du
tamoxifène. Contrairement au tamoxifène, le développement
du raloxifène a été orienté par ses effets agonistes sur l’os. Il a
été montré que sa prise prolongée à raison de 60 mg/j entraînait une diminution du turn over osseux, une augmentation de
la densité osseuse à 24 mois (14) et une réduction significative
du risque fracturaire vertébral. Dans l’étude MORE (Multiple
Outcomes of Raloxifene Evaluation), la muqueuse endométriale des femmes ménopausées ne montre pourtant pas
d’épaississement important (0,01 mm) sous raloxifène pris sur
une période de 40 mois (11) et l’apparition de cancer du sein
RE+ diminue de 90 % par rapport au groupe contrôle. L’effet
sur le risque cardiovasculaire est plus difficile à analyser (3).
Chez l’animal, dans plusieurs modèles (lapines, rates), et sur
les cellules endothéliales humaines de la veine ombilicale, le
raloxifène paraît protecteur. Dans un modèle de primate, il n’y
a pas de protection cardiovasculaire du raloxifène (9). Chez
l’humain, une étude en double aveugle, randomisée, a évalué
le taux d’homocystéinémie, marqueur du risque d’athérosclérose. Si le taux d’homocystéinémie chutait de façon significative sous 150 mg de raloxifène, il n’était pas modifié à
l60 mg/j, qui est la dose utilisée pour la protection du risque
d’ostéoporose (56). Une étude est actuellement en cours pour
envisager son utilisation dans le cadre de la protection du
risque cardiovasculaire (RUTH) (3).
Afin d’obtenir des composés plus performants, notamment au
niveau du sein, et guidé par les études de cristallographie,
d’autres produits ont été synthétisés et sont en cours d’évaluation (31, 68).
Conception généraliste
Ce concept de SERM qui regroupe les molécules capables de
lier les RE et d’induire des effets agonistes ou antagonistes en
fonction du tissu considéré, peut s’élargir à d’autres composés.
Il y a en effet des estrogènes qui présentent des effets antagonistes par rapport à l’estradiol et des produits qui ont des effets
anti-estrogènes purs sur certains tissus et des effets estrogéniques faibles sur d’autres. L’avantage de cette classification
est de prendre en compte un certain nombre de produits encore
34
R
plus ou moins bien caractérisés, mais qui sont capables de lier
les RE et d’induire des effets agonistes et antagonistes
variables selon le tissu et le composé considéré.
Les estrogènes stéroïdiens
Outre le 17β-estradiol qui est le ligand physiologique majeur
des RE, il existe dans l’organisme un certain nombre de ses
métabolites qui peuvent avoir des effets agonistes et/ou antagonistes en fonction du temps d’exposition et du tissu. Ainsi,
l’estriol empêche le développement des cancers du sein chez
les rongeurs et le 17α-estradiol exerce un effet neuroprotecteur
dans une lignée humaine de neuroblastomes (SK-N-SH) (30).
Le 2-méthoxyestradiol est, quant à lui, impliqué dans l’inhibition de l’angiogenèse (46) et de la croissance tumorale de
lignées de cellules mammaires cancéreuses (23).
Le 17α-éthynil-estradiol (EE2) a un profil d’activité accru par
rapport à celui du 17β-estradiol.
Les estrogènes conjugués équins (Prémarin®) sont formés de
deux familles d’estrogènes : ceux avec un noyau B saturé
incluant les estrogènes classiques (estradiol, estrone) et ceux
qui ont un noyau B insaturé, tels que l’équiline et l’équiléine.
Ces derniers ont des effets estrogéniques variables. Ainsi, des
études chez le rongeur ont-elles montré que le 17α-dihydroéquilénine a un effet estrogénique complet sur l’os mais qu’il
est un agoniste partiel sur l’utérus (15).
L’OD14 (tibolone) est un stéroïde particulier qui agit pour partie comme une prodrogue dont les métabolites possèdent des
propriétés estrogéniques et/ou progestatives et/ou androgéniques. Il diminue le remodelage osseux sans induire d’hyperplasie de l’endomètre (47).
Les anti-estrogènes purs stéroïdiens
Ils représentent une classe de composés dépourvus d’activité
estrogénique quel que soit le tissu considéré. L’ICI 164,384 et
l’ICI 182,780 en sont les représentants les plus connus (77).
D’autres molécules avec des actions similaires sont en cours
d’étude (le RU58 668, l’EM-800) (51, 74, 75).
Au niveau moléculaire et cellulaire
Le mécanisme de leur action anti-estrogénique totale semble
polymorphe. En plus du mauvais repliement de l’hélice H12,
d’autres voies semblent possibles. In vitro, ils favoriseraient la
dégradation rapide du RE (13, 80), empêchant de ce fait la liaison du RE sur l’ADN. En présence de ICI 182,780, les RE
s’accumulent dans le cytoplasme par inhibition de la translocation nucléaire. Il est possible que ces effets soient provoqués
par un blocage de la dimérisation par le ICI 182,780. Leurs
effets sont plus puissants que ceux du 4-hydroxytamoxifène
sur l’induction du TGF- b2 en culture de cellules MCF-7 (58).
L’ICI 182,780 a cependant une action complexe au niveau de
l’os chez la rate. En effet, une perte osseuse est observée chez les
rates intactes après administration de ce produit, mais elle n’est
pas observée si les rates sont ovariectomisées (71), peut-être à
cause de la diminution du nombre de RE après ovariectomie.
Les estrogènes environnementaux
Les estrogènes environnementaux incluent les phytoestrogènes
(génistéine, daidzéine, le coumestrol) qui ont une structure chiLa Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
mique voisine de celle de l’estradiol (qui comporte un noyau
phénolique), et des produits chimiques industriels tels que les
détergents comme le p-octylphénol, les pesticides organochlorés tels que le DDT ou le méthoxychlore et les plastiques
comme le bisphénol A (1). En général, ils se lient faiblement au
RE (50) et, par conséquent, leurs effets estrogéniques doivent
être discrets chez les femmes en préménopause. Il est probable
que les quantités qui arrivent dans l’organisme soient insuffisantes pour produire un effet biologique avant leur dégradation.
Aussi, les tests d’estrogénicité (1), in vitro, ne sont pas adaptés
pour apprécier leurs effets à l’échelon d’un organisme entier.
Cependant, certains d’entre eux, non dégradés, vont s’accumuler jusqu’à atteindre des concentrations suffisantes pour produire des réponses estrogéniques (57). Leur impact en termes
de santé publique reste discuté.
Une relation a été recherchée entre le faible taux de cancers du
sein dans la population japonaise et une consommation importante de soja riche en phytoestrogènes. Ce rôle protecteur reste
cependant hypothétique (69) et controversé ; peut-être passe-til par un mécanisme voisin de celui des anti-estrogènes du type
tamoxifène au niveau du sein, s’associant à des effets agonistes partiels sur d’autres tissus cibles (67). À l’heure actuelle,
il n’existe cependant pas assez d’études cliniques méthodologiquement assez fortes pour valider leurs effets bénéfiques
potentiels en pratique courante.
CONCLUSION
Les SERM sont des molécules qui modulent quantitativement
ou qualitativement le fonctionnement des RE. Cette famille de
molécules regroupe des composés naturels de l’organisme, des
produits de synthèse élaborés dans un but thérapeutique, ou
bien des produits existant dans l’environnement. Ils ont, en
fonction de leur structure, des effets biologiques agonistes ou
antagonistes de l’estradiol selon le tissu cible ou le gène considéré. Les connaissances acquises quant aux relations entre la
structure et la fonction biologique, l’importance relative des
REα et β, et le rôle des cofacteurs transcriptionnels, devraient
permettre de mieux cerner les effets agonistes ou antagonistes
des SERM et d’élaborer des thérapeutiques spécifiques en
fonction des effets recherchés (antagonistes au niveau du sein
et de l’endomètre, et plutôt agonistes dans les autres tissus
cibles tels que l’os, les vaisseaux ou le cerveau).
■
R
É
F
É
R
E
N
C
E
S
B
I
B
L
I
O
G
R
A
P
H
I
Q
U
E
S
1. Andersen HR, Andersson AM, Arnold SF et al. Comparaison of short-term
estrogenicity tests for indentification of hormone-disrupting chemicals. Environ
Health perspect 1999 ; 107 (suppl 1) : 89-108.
2. Bardon S, Vignon F, Montcourrier P, Rochefort H. Steroid receptor-mediated cytotoxicity of an antiestrogen and an antiprogestin in breast cancer cells.
Cancer Res 1987 ; 47 : 1441-8.
3. Barrett-Connor E, Wenger NK, Grady D et al. Coronary heart disease in
women, randomized clinical trials, HERS and RUTH. Maturitas 1998 ; 31 : 1-7.
4. Black L, Jones CD, Falcone JF. Antagonism of estrogen action with a new
benzothiophene-derived antiestrogen. Life Sci 1983 ; 32 : 1031-6.
5. Bruning PF. Droloxifene, a new anti-estrogen in postmenopausal advanced
breast cancer : preliminary results of a double-bind dase-finding phase II trial.
Eur J Cancer 1992 ; 28A : 1404-7.
6. Brzozowski AM, Pike ACW, Dauter Z et al. Molecular basis of agonism and
antagonism in the estrogen receptor. Nature 1997 ; 389 : 753.
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
7. Cavailles V. À la recherche de modulateurs de l’activité transcriptionnelle
des récepteurs nucléaires. Médecine/Sciences 1996 ; 12 : 229-33.
8. Chander SK, Mccague R, Luqmani Y et al. Pyrrolidino-4-iodotamoxifen and
4-iodotamoxifen, new analogues of the antiestrogen tamoxifen for the tratment
of breast cancer. Cancer Res 1991 ; 51 : 5851-8.
9. Clarkson TB, Anthony MS, Jerome CP. Lack of effect of raloxifene on coronary artery atherosclerosis of postmenopausal monkeys. J Clin Endocrinol
Metabol 1998 ; 83 : 721-6.
10. Coombes R, Haynes B, Dowsett M. Idoxifene : report of a phase I study in
patients with metastatic breast cancer. Cancer Res 1995 ; 55 : 1070-4.
11. Cummings SR, Eckert S, Grady D et al. The effects of raloxifene on risk of
breast cancer in postmenopausal women. Results from the MORE randomized
Trial. JAMA 1999 ; 281 : 2189-97.
12. Curtis SW, Washburn T, Sawall C et al. Physiological coupling of growthfactor and steroid-receptor knockout mice lack estrogen-like response to epidermal growth-factor. Proc Natl Acad Sci USA 1996 ; 93 : 12626.
13. Dauvois S, Danielan PS, White R, Parker MG. Antiestrogen ICI 164,384
reduces cellular estrogen receptor content by increasing its turn over. Proc
Acad Natl Sci USA 1992 ; 89 : 4037.
14. Delmas PD, Bjarnason NH, Mitlak BH et al. Effects of raloxifene on bone
mineral density, derum cholesterol concentrations, and uterine endometrium in
postmenopausal women. N Engl J Med 1997 ; 337 : 1641-7.
15. Dodge JA, Glasebrook AL, Magee DE et al. Environmental estrogens :
effects on cholesterol lowering and bone in the ovariectomized rat. J Steroid
Biochem Mol Biol 1996 ; 59 : 155-61.
16. Early breast cancer trialists’collaborative group. Systemic treatment of
early breast cancer by hormonal, cytotoxic, or immune therapy. 133 randomized
trials involving 31 000 recurrences and 34 000 recurrences and 24 000 deaths
among 75 000 women. Lancet 1992 ; 339 : 1.
17. Early breast cancer trialists’collaborative group. Tamoxifen for early breast
cancer : an overview of the randomized trials. Lancet 1998 ; 351 : 1451-67.
18. Enmark E, Gustafsson JÄ. Estrogen receptor β : a novel receptor opens up
new possibilities for cancer diagnosis and treatment. Endocrine-Related Cancer
1998 ; 5 : 213.
19. Enmark E, Pelto-Huikko M, Grandien K et al. Human estrogen receptor β gene structure, chromosomal localization, and expression pattern. J Clin
Endocrinol Metab 1997 ; 82 : 4258.
20. Eppenberger U, Wosikinski K, Kung W. Pharmacologic and biologic properties of droloxifene, a new antiestrogen. Am J Clin Oncol (CCT) 1991 ; 14
(suppl.2) : S5-14.
21. Fiorelli G, Gori F, Frediani U, Morelli AM et al. Evidence for bioeffects of
LY 139478 on the human pro-osteoclastic cell line FLG 29.1. Biochem Biophys
Res Comm 1995 ; 211 : 857.
22. Fisher B, Costantino P, Wickerham DL et al. Tamoxifen for prevention of
breast cancer report of the national surgical adjuvant breast and bowel project
P-1 study. J Natl Cancer Inst 1998 ; 90 : 1371-88.
23. Fotsis T, Zhang Y, Pepper MS et al. The endogenous estrogen metabolite 2methoxyestradiol inhibits angiogenesis and suppresses tumour growth. Nature
1994 ; 368 : 237-9.
24. Freiss G, Vignon F. Antiestrogens increase protein tyrosine phosphatase
activity in human breast cancer cells. Mol Endocrinol 1994 ; 8 : 1389-96.
25. Gerskanovich M, Hayes DE, Ellman J et al. High dose toremifen versus tamoxifen on postmenopausal advanced breast cancer. Oncology 1997 ; 11 : 29-36.
26. Gotfredsen A, Christiansen C, Palshof T. The effect of tamoxifen on bone
mineral content in premenopausal women with breast cancer. Cancer 1984 ;
53 : 853-7.
27. Gottardis M, Jordan V. Antitumour actions of keoxifene and tamoxifen in
the N-nitrosomethylurea-induced rat mammary carcinoma model. Cancer Res
1987 ; 47 : 4020-4.
28. Gottardis MM, Ricchio ME, Satyaswaroop PG, Jordan VC. Effect of steroidal
and nonsteroidal antiestrogen on the growth of a tamoxifen-stimulated human endometrial carcinoma (EnCa101) in athymic mice. Cancer Res 1990 ; 50 : 3189-92.
29. Grasser WA, Pan LC, Thompson DD, Paralkar VM. Common mechanism
for the estrogen agonist and antagonist activities of droloxifene. J Cell Biochem
1997 ; 65 : 159-71.
30. Green PS, Bishop J, Simpkins JW. 17α-estradiol exerts neuroprotective
effects on SK-N-SH cells. J Neurosci 1997 ; 17 : 511-5.
31. Grese TA, Pennington LD, Sluka JP et al. Synthesis and pharmacology of
conformationally restricted raloxifene analogues : highly potent selective estrogen receptor modulators. J Med Chem 1998 ; 41 : 1272-83.
35
D
O
S
S
I
E
32. Grese TA, Sluka JP, Bryant HU et al. Molecular determinants of tissue
selectivity in estrogen receptor modulators. Proc Natl Acad Sci USA 1997 ; 94 :
14105-10.
33. Grill H, Pollow K. Pharmacokinetics of droloxifene and its metabolites in
breast cancer patients. Am J Clin Oncol 1991 ; 14 (suppl 2) : S21-9.
34. Gronemeyer H, Laudet V.Transcription factors 3 : nuclear receptors.
Protein profile 1995 ; 2 : 1173.
35. Hamm J, Tormey D, Kohler P. Phase I study of toremifene in patients with
advanced cancer. J Clin Oncol 1991 ; 36 : 117-22.
36. Harper M, Walpole A. Mode of action of ICI 46,474 in preventing implantation in rats. J Reprod Fertil 1967 ; 13 : 101-19.
37. Jackson TA, Richer JK, Bain DL et al. The partial agonist activity of antagonist-occupied steroid receptors is controlled by a novel hinge domain-binding
co-activator L7/SPA and the corepressors N-Cor or SMRT. Molecul Endocrinol
1997 ; 11 : 693.
38. Jensen EV, De Sombre ER. Estrogen receptor interaction. Estrogenic hormones effect transformation of specific receptor proteins to a biochemestry
functional form. Science 1973 ; 182 : 126.
39. Jensen EV, Jacobson HI. Basic guides to the mechanism of estrogen action.
Recent Prog Horm Res 1962 ; 18 : 387-414.
40. Johnson SDR, Riddler S, Haynes BP et al. The novel anti-estrogen idoxifene inhibits the growth of human MCF-7 breast cancer xenografts and reduces
the frequency of acquired anti-estrogen resistance. Br J cancer 1997 ; 75 : 804.
41. Jordan V, Jaspan T. Tamoxifen as an anti-tumour agent : estrogen binding
as a predictive test for tumour response. J Endocrinol 1976 ; 68 : 453-60.
42. Jordan VC, Fritz NF, Tormey DC. Long term adjuvant therapy with tamoxifen : effects on sex hormone binding globulin and antithrombin III. Cancer Res
1987 ; 47 : 4517-9.
43. Jordan VC. Molecular biology of the estrogen receptor aids in the understanding of tamoxifen resistance and breast cancer prevention with raloxifene.
Recent Results. Cancer Res 1998 ; 152 : 265-76.
44. Katzenellenbogen JA, O’Malley BW, Katzenellenbogen BS. Tripartite steroid hormone receptor pharmacology : interaction with multiple effector sites as
a basis for the cell- and promoter- specific action of these hormones. Mol.
Endocrinol 1996 ; 10 : 119.
45. Ke H, Simmons H, Pirie C et al. Droloxifene, a new estrogen
antagonist/agonist prevents bone loss in ovariectomized rats. Endocrinology
1995 ; 136 : 2435-41.
46. Klauber N, Parangi S, Flynn E et al . Inhibition of angiogenesis and breast
cance in mice by the microtubule inhibitors 2-methoxyestradiol and taxol.
Cancer Res 1997 ; 57 : 81-6.
47. Kloosterboer HJ. Tibolone and its metabolites : pharmacology, tissue specificity and effects in animal models of tumors. Gynecol Endocrinol 1997 ;
11 suppl. 1 : 3.
48. Knabbe C, Zugmaier G, Schmahl M, Dietel M et al. Induction of transforming growth factor ß by the antiestrogens droloxifene, tamoxifen, and toremifen
in MCF-7 cells. Am J Clin Oncol 1991 ; 14 (suppl. 2) : S15-20.
49. Kuiper GGJM, Gustafsson JA. The novel estrogen receptor-β subtype :
potential role in the cell- and promoter- specific actions of estrogens and antiestrogens. FEBS Lett 1997 ; 410 : 87.
50. Kuiper GGJM, Carlsson B, Grandien K, Enmark E et al. Comparison of the
ligand binding specificity and transcript tissue distribution of estrogen receptors
α and β. Endocrinology 1997 ; 138 : 863-70.
51. Labrie C, Martel C, Dufour JM et al. Novel compound inhibit estrogen formation and action. Cancer Res 1992 ; 52 : 610.
52. Lacassagne A. Hormonal pathogenesis of adenocarcinoma of the breast.
Am J Cancer 1936 ; 27 : 217-25.
53. Levenson AS, Craig Jordan V. The key to the antiestrogenic mechanism of
raloxifen is amino acid 351 (aspartate) in the estrogen receptor. Cancer Res
1998 ; 58 : 1872.
54. Markiewicz L, Gurpide E. Estrogenic and progestagenic activities coexisting in steroidal drugs : quantitative evaluation by in vitro bioassays with
human cells. J Steroid Biochem Molec Biol 1994 ; 48 : 89.
55. Mcdonnell DP, Clemm DL, Hermann T, Goldman ME, Pike JW. Analysis of
estrogen receptor function in vitro reveals three distinct classes of antiestrogens. Mol Endocrinol 1995 ; 9 : 659.
56. Mijatovic V, Netelenbos C, Van der Mooren M et al. Randomized, doubleblind, placebo-controlled study of the effects of raloxifene and conjugated
equine estrogen on plasma homocysteine levels in healthy postmenopausal
women. Fertil Steril 1998 ; 70 : 1085-9.
36
R
57. Miller WR, Sharpe RM. Environmental estrogens and human reproductive
cancers. Endocrine-Related Cancer 1998 ; 5 : 69.
58. Muller V, Jensen EV, Knabbe C. Partial antagonism between steroidal and
nonsteroidal antiestrogens in human breast cancer cell lines. Cancer Res 1998 ;
58 : 263-7.
59. Nilsen J, Mor G, Naftolin F. Raloxifene induces neurite outgrowth in estrogen receptor positive PC12 cells. Menopause 1998 ; 5 : 211-6.
60. Paech K, Webb P, Kuiper GGJM et al. Differential ligand activation of
estrogen receptors ERα and ERβ at AP1 sites. Science 1997 ; 277 : 1508.
61. Philips A, Chalbos D, Rochefort H. Estradiol increases and anti-estrogens
antagonize the growth factor-induced activator protein-1 in MCF-7 breast cancer cells without affecting c-fos and c-jun synthesis. J Biol Chem 1993 ; 268 :
14103-8.
62. Powles T, Hickish T, Kanis J, Tidy A, Ashley S. Effect of tamoxifen on bone
mineral density measured by dual-energy X-ray absorptiometry in healthy premenopausal and postmenopausal women. J Clin Oncol 1996 ; 14 : 78-84.
63. Pujol P, Rey JM, Nirde P et al. Differential expression of estrogen receptor
α and ß as a potential marker of ovarian carcinogenesis. Cancer Res 1998 ;
58 : 5367-73.
64. Rauschning W, Pritchard KI. Droloxifene, a new antiestrogen : its role in
metastatic breast cancer. Breast Cancer Res Treat 1994 ; 31 : 83-9.
65. Rose PG. Endometrial carcinoma. New Engl J Med 1996 ; 335 : 640-9.
66. Saarto T, Blomqvist C, Vällmäki M et al. Clodronate improves bone mineral density in postmenopausal breast cancer patients treated with adjuvant antiestrogens. Br J Cancer 1997 ; 75 : 602-5.
67. Sathyamoorthy N, Wang TTY. Differential effects of dietary phyto-estrogens
daidzein and equol on human breast cancer MCF-7 cells. Eur J Cancer 1997 ;
33 : 2384.
68. Sato M, Zengg GQ, Rowley E. LY353381.HCL : An improved benzothiophene analog with bone efficacy complementary to parathyroid hormone-(1-34).
Endocrinology 1998 ; 139 : 4642-51.
69. Shao ZM, Wu J, Shen ZZ, Barsky SH. Genistein exerts multiple suppressive
effects in human breast carcinoma cells. Cancer Res 1998 ; 58 : 4851-7.
70. Shiau AK, Barstad D, Loriapm et al. The structural basis of estrogen receptor/co-activator recognition and the antagonism of this interaction by tamoxifen.
Cell 1998 ; 95 : 927-37.
71. Sibonga JD, Dobnig H, Harden RM, Turner RT. Effect of the high-affinity
estrogen receptor ligand ICI 182,780 on the rat tibia. Endocrinology 1998 ;
139 : 3736-42.
72. Smith CL, Nawaz Z, O’Malley BW. Co-activator and corepressor regulation of the agonist/antagonist activity of the mixed antiestrogen, 4-hydroxytamoxifen. Mol Endocrinol 1997 ; 11 : 657.
73. Tomas E, Kauppila A, Blanco G et al. Comparaison between effects of
tamoxifen and toremifene on the uterus in postmenopausal women. Gynecol
Oncol 1995 ; 59 : 261-6.
74. Tremblay A, Tremblay GB, Labrie C, Labrie F, Giguere V. EM-800, a
novel antiestrogen, acts as a pure antagonist of the transcriptional functions of
estrogen receptors α and β. Endocrinol 1998 ; 139 : 111.
75. Van de Velde P, Nique F, Bouchoux F et al. RU 58 668, a new pure antiestrogen inducing a regression of human mammary carcinoma implanted in
nude mice. J Steroid Biochem Molec Biol 1994 ; 48 : 187-96.
76. Wakeling A, Valaccia B, Newboult E, Green L. Non-steroidal antiestrogens-receptor binding and biological response in rat uterus, rat mammary carcinoma and human breast cancer cells. J Steroid Biochem 1984 ; 20 : 111-20.
77. Wakeling AE. The future of new pure antiestrogens in clinical breast cancer. Breast Cancer Res Treatment 1993 ; 25 : 1.
78. Watanabe T, Inoue S, Ogawa S et al. Agonistic control of tamoxifen is
dependent on cell type, ERE-promoter context, and estrogen receptor subtype :
functional difference between estrogen receptors α and β. Biochem Biophys Res
Comm 1997 ; 236 : 140-5.
79. Webb P, Lopez GN, Uht RM, Kushner PJ. Tamoxifen activation of the
estrogen receptor/AP1 pathway : potential origin for the cell-specific estrogenlike effects of antiestrogens. Mol Endocrinol 1995 ; 9 : 443-56.
80. White R, Parker MG. Molecular mechanisms of steroid hormone action.
Endocrine-related Cancer 1998 ; 5 : 1-14.
81. Yang NN, Venugopalan M, Hardikar S, Glasebrook A. Identification of an
estrogen response element activated by metabolites of 17b-estradiol and raloxifene. Science 1996 ; 273 : 1222.
La Lettre du Gynécologue - n° 258 - janvier 2001
Téléchargement