grande base de données, soit dans un essai thérapeutique.
Le travail ici analyséconcerneles 427 malades âgés de18 ans
au moins, ayant eu une biopsie hépatique (relue et évaluée
par un comité indépendant), consommant moins de 14 ver-
res d’alcool par semaine en moyenne pour les hommes, et
sept pour les femmes, n’ayant pas d’autre cause de maladie
du foie, et ayant complété un questionnaire diététique
détaillé dans les trois mois précédant la biopsie.
Dans l’analyse diététique, seul le fructose contenu dans les
boissons a été évalué, et finalement la consommation
hebdomadaire a été considérée comme nulle, minime à
moyenne (une à six boissons par semaine), ou quotidienne
(supérieure à six boissons par semaine).
Résultats
La consommation de fructose moyenne était d’une boisson
par semaine. Quatre-vingt-quatre malades ne consom-
maient pas de fructose, 224 une à six boissons au fructose
par semaine et 119 plus d’une par jour. Les patients
consommant le plus de fructose étaient plus jeunes, plus
souvent des hommes, avaient un IMC plus élevé, des
triglycérides plus élevés, un HDL-cholestérol (HDL-c) plus
bas, une uricémie plus élevée. En revanche, leur glycémie
à jeun tendait à être plus basse, leur insulinémie identique
et donc leur HOMA-IR (homeostasis model assessment of
insulin resistance) tendait à être plutôt plus bas (mais
encore bien élevé, entre 5,8 et 6,5). La consommation
calorique totale était beaucoup plus élevée (2 600 kcal/j
dont 1 310 glucidiques dans le groupe à consommation
élevée de fructose). L’intensité de la stéatose, de l’inflam-
mation lobulaire, de la ballonnisation et de la fibrose n’était
globalement pas différente dans les trois groupes.
Après ajustement sur l’âge, le sexe et l’IMC, la consomma-
tion quotidienne de fructose était significativement liée à
un HDL-c plus bas, une uricémie plus élevée par rapport aux
non-consommateurs. En revanche, les consommateurs
« minimes-modérés » avaient une glycémie, des triglycé-
rides et un HDL-c plus bas que les abstinents. L’ajustement
sur la ration calorique totale faisait disparaître les différen-
ces concernant l’uricémie, mais pas celles concernant la
glycémie et les lipides.
En régression logistique, la consommation de fructose
n’était pas associée à la sévérité de la stéatose (elle
diminuait plutôt le risque pour les consommations élevées),
mais était significativement associée à un degré de fibrose
plus sévère si le modèle était ajusté pour l’âge, le sexe,
l’IMC, l’origine hispanique et la ration calorique totale, et
encore plus si on ajustait aussi sur les triglycérides, l’HDL-c,
le LDL-c, l’uricémie et le score HOMA-IR. Les différences
étaient plus marquées dans le groupe des malades de plus
de 48 ans (l’âge médian), où les consommateurs quotidiens
de fructose avaient cinq fois moins de chances d’avoir une
stéatose sévère, mais deux fois et demi plus de chances
d’avoir une inflammation ou une ballonnisation sévères.
Quant à la fibrose, le risque était triplé, aussi bien chez les
jeunes que chez les moins jeunes.
Interprétation
Globalement, le régime des malades ayant une stéatose
non alcoolique est plus riche en glucides simples et en
graisses insaturées (reproduit caricaturalement dans un
modèle de souris fast-food [4]).
Dans les études épidémiologiques disponibles, la ration de
fructose est associée à l’obésité, au syndrome métabolique
et au foie gras, mais pas jusqu’ici à la progression des
1961
0
10
Prévalence du surpoids et de l’obésité (%)
20
30
40
1970 1975 1980 1985 1990 1995
Fructose total
Prévalence de l'obésité Fructose libre
Sirop de maïs
enrichi en fructose (HFCS)
2000
0
25
50
75
Disponibilité du fructose, du HFCS
et du fructose libre (g/personne/jour)
100
Figure 1. Évolution comparée de la disponibilité du fructose et du pourcentage de personnes en surpoids ou obèses aux États-Unis
entre 1961 et 2000 [1].
244 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 17 n
o
3, mai-juin 2010
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